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III

Table des matières

LE TOUR DU LAC & LE TOUR DU MONDE

«Quel joli endroit qu’Annecy, ce petit pays retiré, verdoyant, avec son lac à lui, et tout autour des vergers frais, des vallons montants, des cimes à portée !»

Cette réflexion de Töpffer était sur toutes les lèvres quand, à deux heures, le bataillon rallié se rassemblait sur le quai du port.

Les deux vapeurs, la Couronne de Savoie et l’Allobroge, nous attendent: ils doivent partir à quelques minutes d’intervalle. Les capitaines donnent des ordres; les équipages, en grande tenue comme les navires, sont à leur poste; les drapeaux et les banderoles multicolores flottent au vent; nous prenons place sur le pont, abrités du soleil par une vaste tente que gonfle la brise; un coup de sifflet strident, hourrahs échangés entre les passagers et la terre ferme, et les bâtiments, luttant de vitesse et d’élégance, s’élancent sur le miroir azuré du lac.

Commodément assis à l’arrière de l’Allobroge, une lorgnette de Lafontaine à la main, nous étions là, quelques alpinistes d’Italie et de France, formant un groupe à part, les yeux braqués sur les aspects divers qui se déroulaient à notre vue, l’oreille tendue à la légende intéressante d’un spirituel Annécien connaissant son lac, passez-moi le mot, comme sa poche, et mieux encore, si c’est possible, tous les écrivains qui l’ont décrit.

Grâce à lui, et il y avait des cicerones de la même trempe dans les autres groupes, ce lac, à la physionomie chatoyante et mobile, n’eut bientôt plus de secrets pour nous.

La Tour, où mourut Eugène Suë ; les Barattes, où s’éteignit Replat; la maison où s’abrita Rousseau; Menthon, où Taine écrit ses Origines de la France contemporaine; l’antique château qui vit naître saint Bernard, le héros des Alpes, et où un illustre enfant de la Savoie, Mgr Dupanloup , vient se reposer chaque année des fatigues de son apostolat; celui de Duingt, près duquel de Custine traça son Histoire de la campagne de Russie; Talloires, «le joyau de cette rive,» comme l’appelait Francis Wey , où s’élevait jadis une majestueuse abbaye; Doussard, dont les ours hantent les forêts vierges; le port de Bredannaz, dont la prise par les Espagnols fut célébrée par un Te Deum triomphal dans la cathédrale de Madrid: tout est passé en revue pendant que nous naviguons, en face de ces rives pleines de souvenirs, sur ce lac riant et gracieux au départ, sévère et presque sauvage à l’autre extrémité, pittoresque partout.

«On a fait le Tour du monde en 80 jours, — s’écrie au retour un passager enthousiaste. — Belle merveille! Sur le lac d’Annecy, on le fait en deux heures! En voguant sur ses ondes, on passe tour à tour des rivages plantureux de l’Italie méridionale aux régions des neiges éternelles, des plus frais vallons de l’Oberland aux plus ombreux vergers de la Normandie, des castels les plus mystérieux des bords du Rhin aux jardins les plus ensoleillés de la Provence; on y goûte et on y voit de tout, voire même de grands bois dignes de la Savane.»

Charles Yriarte, qui a pourtant bien vu, n’avait-il pas raison de le dire:

«Je ne vois pas de rival à ce lac heureux et, dans quelques années, on découvrira qu’on a tort d’aller chercher si loin le repos et l’ombre, quand on a en France... le lac d’Annecy .»

Trois jours en Savoie. Congrès des clubs alpins à Annecy (août 1876)

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