Читать книгу Amélie Gex: un poète savoyard - François Vermale - Страница 7
ОглавлениеENFANCE
(1835-1849)
AMÉLIE Gex a laissé quelques notes écrites au crayon qui donnent des dates fort intéressantes pour sa biographie:
«12 décembre 1839: Mort de ma mère, j’avais 4 ans et deux mois.»
«19 mars 1842: Entrée au Sacré-Cœur de Chambéry. »
«14 juin 1846: Je sors du Sacré-Cœur pour cause de maladie; je prends les eaux de Challes; on me croit poitrinaire et à cause de cela je guéris.»
«3 avril 1848: Je sors du Sacré-Cœur pour aller à Challes. Les «Voraces» arrivent à Chambéry, on se bat. Le 4, les troupes reviennent et je rentre le 15 en pension.»
«Le 6 mai 1848: Mort de ma grand’mère.»
«Le 19 mars 1849: Je sors du Sacré-Cœur pour tout de bon.»
Ainsi à 4 ans Amélie Gex fut orpheline de mère; à 7 ans, elle entra comme interne dans le pensionnat du Sacré-Cœur de Chambéry; à 11 ans, les médecins la déclarèrent atteinte de tuberculose. Elle quitta le pensionnat sur ce sombre diagnostic, et fut envoyée pour se soigner à Challes-les-Eaux. Elle guérit, puis retourna au pensionnat, qu’elle quitta définitivement à 14 ans, après avoir mal supporté 7 ans d’internat. L’année 1848 fut particulièrement douloureuse pour la jeune Amélie, car elle perdit cette année-là, où les «Voraces» arrivèrent à Chambéry, sa grand’mère paternelle, Mme Rose Gex, dont elle était tendrement aimée. C’était chez cette grand’mère gâteau qu’Amélie passait ses vacances et ses convalescences. Ces séjours, l’hiver rue Croix d’Or à Chambéry, l’été dans une maisonnette située hors du village de Challes, restèrent toujours pour la jeune captive des souvenirs enchanteurs, que l’écrivain plus tard aima à rappeler. La grand’mère Rose était toute faiblesse pour cette enfant qu’elle craignait de perdre et que le médecin, son complice, ordonnait de laisser s’ébattre librement. Habillée en garçon, Amélie prenait part aux jeux des enfants du village. Cette liberté devait rendre les retours au pensionnat particulièrement difficiles. «Cette nature exubérante était comprimée dans les murs du Sacré-Cœur, nous écrit Mme Caroline Landriani. Elle saisissait toutes les occasions pour sortir de la classe, soit pour cueillir des violettes dont une de ses compagnes se montrait désireuse, soit pour jouir d’un rayon de soleil, ce qui lui faisait tout à coup escalader la fenêtre de la classe. En même temps, elle amusait ses camarades par ses drôleries.» Mais si Amélie méritait souvent des zéros de conduite, elle était très aimée de ses compagnes, à cause surtout de sa bonté native. Néanmoins sa situation d’orpheline, s’ajoutant au poids de l’internat, embuait, à certains jours, la jeune pensionnaire de brusques tristesses. Ces deuils de son enfance et cette claustration scolaire contribuèrent à aviver précocement la sensibilité d’Amélie Gex.