Читать книгу Mémoires sur la campagne du corps d'armée des Pyrénées-Orientales en 1808 - Gabriel Laffaille - Страница 10
Départ de la division Chabran. Première expédition du Mont-Serrat. Insurrection de la Catalogne. Première affaire du Llobrégat. Poste de Saint-Pierre-Martyr. Retour de la division Chabran. Combats d’Arbos et de Villa-Franca. Deuxième expédition du Mont-Serrat. Affaire de Mongat. Prise de Mataro.
ОглавлениеNapoléon qui, lorsque l’Espagne était encore tranquille, avait tant recommandé au général Duhesme de concentrer tout son corps d’armée dans Barcelone, et qui, pour ne pas en distraire quelques bataillons, avait négligé de s’assurer des forteresses les plus importantes, ne craignit plus, au moment où l’insurrection éclatait de toutes parts, de détacher et de faire marcher sur Valence la plus nombreuse et la plus sûre des deux divisions qui composaient ce corps d’armée. Le général Duhesme sentit qu’on allait ainsi allumer en Catalogne l’incendie qu’on voulait éteindre ailleurs; mais il n’osa désobéir à un ordre formel. Il chercha seulement à tirer un dernier service des troupes qu’il allait perdre, en les faisant passer par les villes de Tarragone et de Manrèse, où des mouvements insurrectionnels s’étaient déjà manifestés. Il fit prendre au général Chabran la route de Tarragone; et il détacha de sa division deux bataillons, qu’il dirigea sur Manrèse avec un bataillon et deux escadrons napolitains. Le général Schwartz, qu’il mit à leur tête, devait fouiller le couvent du Mont-Serrat, où il existait, disait-on, un grand dépôt d’armes et de munitions, continuer ensuite sa marche sur Manrèse, pacifier cette ville, et détruire les moulins à poudre qui s’y trouvaient. Ayant ainsi rempli l’objet principal de sa mission, il devait pousser jusqu’à Igualada, et de là revenir sur Barcelone avec les Napolitains, après s’être assuré que les deux bataillons français pourraient sans difficulté poursuivre leur route et aller rejoindre leur division du côté de Lérida. Les ordres reçus de Bayonne prescrivaient au chef de cette division de se porter à la hauteur de Sarragosse, et de combiner son mouvement, de manière à pouvoir arriver en masse à Valence avec le maréchal Moncey, qui s’y dirigeait d’un autre côté.
Les deux colonnes partirent de Barcelone le 4 et le 5 juin. La première marcha sur Tarragone sans trouver d’obstacles. La seconde, commandée par le général Schwartz, n’en trouva pas non plus jusqu’au village de Bruch, situé à huit lieues de Barcelone, au pied de la célèbre montagne de Mont-Serrat. Mais, en avant de ce village, au point où le chemin de Manrèse se sépare de la route de Lérida, elle fut attaquée par une troupe de paysans et de déserteurs embusqués entre les arbres et les rochers. Elle les mit en fuite avec la plus grande facilité, et atteignit en les poursuivant la Casa-Masana, maison bâtie à l’embranchement du chemin de Manrèse et de celui qui conduit au couvent du Mont-Serrat.
Le général Schwartz ne voyait plus d’ennemis devant lui: rien ne paraissait s’opposer à ce qu’il continuât sa marche;mais il entendit le tocsin sonner de tous les côtés. A ce signal d’un soulèvement général, il crut devoir renoncer à son expédition, et il reprit avec toutes ses troupes, tant françaises que napolitaines, le chemin de Barcelone.
Les habitants des environs accoururent aussitôt à sa poursuite; et déjà sur ses derrières ils travaillaient à lui couper la retraite. Il fut forcé de s’ouvrir un passage à travers la petite ville d’Esparaguéra, composée d’une seule rue qu’ils avaient barricadée. Il avait deux canons de 4: au passage d’un pont, qu’on avait commencé de détruire, l’un de ces canons tomba dans un ravin. Il était déjà nuit. Après quelques efforts inutiles pour le retirer, la colonne, obligée de l’abandonner, poursuivit sa marche avec précipitation, toujours harcelée sur ses flancs et sur ses derrières. Elle traversa Martorell, où heureusement elle ne trouva point les mêmes obstacles qu’à Esparaguéra; et elle ne s’arrêta que lorsqu’elle fut arrivée sous les murs de Barcelone.
Ainsi, dès le premier jour des hostilités, les Catalans, encore sans chefs et presque sans armes, virêtit nos troupes fuir devant eux. La nouvelle d’un Succès aussi inespéré, le premier qui fut remporté par les Espagnols dans cette guerre, se répandit avec la rapidité de l’éclair et avec toute l’exagération de l’orgueil national. Elle acheva d’enflammer tous les esprits, qui n’étaient déjà que trop préparés à un soulèvement. On courut aux armes de tous les côtés; et l’on peut dire avec raison que ce fut du Mont-Serrat que partit l’étincelle qui embrâsa toute la Catalogne. Aux yeux des Catalans, elle parut descendre du ciel même. Ils ne purent croire qu’un corps de ces troupes françaises si renommées se fût ainsi retiré devant un essaim de paysans sans une intervention surnaturelle; et ils en attribuèrent l’honneur à Notre-Dame du Mont-Serrat, dont ils sont habitués dès l’enfance à entendre raconter des miracles sans nombre. L’insurrection éclata sur tous les points. La ville de Gérone, dont la position était si importante pour nos communications avec la France, fut des premières à y prendre part. Mataro, où la bonne discipline des troupes françaises nous avait fait beaucoup d’amis, fut entraînée par l’exemple général. Des juntes ou comités insurrectionnels se formèrent dans tous les chefs-lieux des corrégimens. Des bandes de déserteurs, de contrebandiers, d’hommes sans aveu, (car ce sont presque toujours ces hommes-là qu’on voit figurer les premiers dans les révolutions, même les plus légitimes, parcouraient les villes et les bourgs, et les forçaient à se déclarer contre nous, en égorgeant sans pitié les gouverneurs, les magistrats, les habitants paisibles qui voulaient maintenir la tranquille. Ce fut ainsi que périt le gouverneur de Villa-Franca
Jugeant dès le premier instant Je caractère que prenait l’insurrection, le général Duhesme n’hésita point à rappeler le gros de la division Chabran, qu’il n’avait laissé partir qu’à regret. Il fut obligé, pour lui faire parvenir ses ordres, de se servir de la voie de la mer ses communications par terre étant déjà toutes interceptées.
Le combat de Bruch avait eu lieu le 6 juin. Dès le lendemain les insurgés étaient répandus en foule autour de Barcelone; quelques-uns vinrent jusqu’au pied des glacis attaquer un de nos caissons de cartouches et faire feu sur les sentinelles des remparts; mais la masse, dirigée par des moines et des déserteurs, prit position sur le Llobrégat, s’appuyant aux deux villages de Saint-Boy et de Molins-de-Rey, qu’ils armèrent de canons, de barricades et d’abattis.
Les habitants de Barcelone manifestaient une joie insultante, et cherchaient à semer le découragement parmi nos troupes. Le général Duhesme en sentit davantage la nécessité de tomber sur ce premier rassemblement, qu’il était d’ailleurs nécessaire de dissiper pour ouvrir le passage à la division Chabran. Dès le 8, il avait porté les avant-postes en avant de Saint - Féliu, à plus de deux lieues de Barcelone. Le 9, il reconnut la position des insurgés; et le 10, à une heure du matin, il marcha pour les attaquer, à la tête de quatre bataillons et des deux régimens de cavalerie, italien et napolitain, qui lui restaient.
Au point du jour, toutes les troupes étaient rendues vis-à-vis de leurs points d’attaque respectifs. Deux colonnes, commandées par le général Schwartz et par le chef d’escadron Ordonneau, passèrent le Llobrégat, l’une auprès de Saint-Boy, et l’autre devant Saint-Jean, village intermédiaire entre Saint - Boy et Molins-de-Rey. Elles avaient de l’eau jusqu’au milieu du corps. Deux hommes se noyèrent: un troisième fut tué par un boulet au milieu de la rivière; mais le passage forcé, il n’y eut plus de résistance. Saint-Boy, où l’on sonnait en vain le tocsin, fut emporté et livré aux flammes: les insurgés y perdirent leurs canons et s’enfuirent dans les montagnes. Dans le même temps, Molins-de-Rey était attaqué, et malgré ses barricades, enlevé au pas de charge par le général Milossevitz.
Ce brillant succès nous coûta fort peu de monde. Une partie des troupes rentrèrent le jour même dans Barcelone avec le général en chef, traînant à leur suite deux canons de bronze pris sur les insurgés. Nous avions jeté dans la rivière quelques mauvaises pièces en fer qu’ils avaient mises en batterie à Saint-Boy. Nous avions aussi repris le canon qu’avait perdu le général Schwartz .
Pendant que nous combattions sur le Llobrégat, une bande d’insurgés était descendue de l’ermitage de Saint-Pierre-Martyr pour intercepter nos communications et tomber sur nos soldats isolés. Cet ermitage est situé sur la pointe méridionale de la chaîne de montagnes qui, à une lieue de distance de Barcelone, borne la plaine entre le Bésos et le Llobrégat, dont les embouchures, l’une au nord et l’autre au midi, sont à-peu-près aussi à une lieue de cette place. Le général Duhesme jugea convenable de s’en emparer et de le retrancher. Le 11, avant la pointe du jour, il y fit marcher deux bataillons, l’un par Esplugas et l’autre par Sarria. Le premier (avec lequel je me trouvais) suffit pour en chasser les insurgés. Ils y laissèrent les dépouilles sanglantes de plusieurs de nos soldats tombés sous leurs coups. On s’occupa de suite à fortifier ce poste. Un bataillon resta pour protéger les travailleurs. L’autre alla rejoindre à Molins-de-Rey le général Léchi, que le général en chef avait envoyé au devant de la division Chabran.
Les insurgés s’étaient portés de l’autre côté du Llobrégat sur les hauteurs du village de Paléja. Ils étaient encore en nombre considérable, et l’on remarquait parmi eux plusieurs moines qui, parcourant leur ligne, semblaient les exciter et les encourager au combat. Aussi ne furent-ils débusqués de leur position qu’après une assez longue résistance. La division Chabran ne paraissait pas encore; mais enfin, sur le déclin du jour, nous la vîmes arriver.
Le général Chabran s’était présenté le 7 juin devant Tarragone, dont les portes lui avaient été ouvertes sans difficulté. Le 8, il avait déjà mis son avant-garde en marche sur le chemin de Lérida, lorsqu’il reçut l’ordre de retourner à Barcelone. Il la fit rétrograder sur-le-champ; et le lendemain, il repartit de Tarragone avec toutes ses troupes, après avoir reçu les protestations du gouverneur et de Soutes les autres autorités, ainsi que la parole d’honneur des officiers du régiment suisse de Wimpfen qui s’y trouvait en garnison, que, loin de prendre part à l’insurrection, ils emploieraient toute leur influence pour l’empêcher d’éclater dans cette place.
A cette époque, les chefs civils et militaires, et presque tous les habitans qui avaient quelque chose à perdre, tremblaient encore à la seule idée de lutter contre le pouvoir colossal de la France. Ils semblaient déplorer l’aveuglement de leurs compatriotes; mais la suite prouva combien peu l’on devait compter sur leurs discours. Changeant bientôt de conduite et de langage, après avoir commencé par plaindre les insurgés, ils les excitèrent eux-mêmes et finirent par les diriger.
Prévoyant combien il lui serait difficile de tenir la parole qu’il avait donnée, le colonel de Wimpfen, qui était de bonne foi, avait prié le général Chabran d’emmener avec lui son régiment à Barcelone; mais ce général n’avait pas cru devoir le faire. Ce fut un malheur qu’il n’acceptât pas cette proposition et ne laissât pas, à la place du régiment suisse, une garnison française à Tarragone. S’il avait pris ce parti, il eût changé le coure des événements, non-seulemen t de la campagne de 1808, mais encore de toute la guerre de Catalogne; car cette place ne fût pas alors devenue le plus ferme boulevart des insurgés de cette province, et ils n’y eussent pas trouvé pendant trois ans un refuge assuré contre la poursuite de nos armées .
En allant à Tarragone, la division Chabran avait vu partout sur sa route, comme il avait été prescrit par le capitaine-général de la Catalogne, les autorités des villes et des autres, communes venir au devant d’elle en signe de soumission. Il n’en fut pas de même à son retour. Dès la seconde journée, la petite ville d’Arbos s’opposa à son passage, tandis qu’une nuée d’insurgés l’attaquait en queue du côté de Vendreil. Ceux-ci furent dissipés en un clin d’oeil; mais les habitants d’Arbos, barricadés dans leurs maisons, se battirent avec fureur et opposèrent une longue et imprudente résistance, dont le résultat fut l’incendie de leur ville et la mort d’un grand nombre d’entre eux. Les Français eurent de leur côté six hommes tués et quinze blessés.
Le même jour, un rassemblement nombreux, soutenu par deux batteries de deux canons de gros calibre chacune, voulut encore les arrêter à Villafranca; mais il ne put tenir devant eux, et se dispersa dès la première attaque, abandonnant la ville à leur merci.
Les habitants, du moins la plus grande partie y ne s’étaient pas joints aux insurgés; mais, comme dans de pareils moments on distingue rarement les innocents des coupables, ils n’en craignaient pas moins le pillage de leurs maisons. Ils ne désespérèrent pas cependant de la justice ou de la générosité des Français, et ils ne l’implorèrent pas en vain. La ville fut entièrement épargnée. Nos soldats la traversèrent sans commettre le moindre désordre, et allèrent bivouaquer trois lieues plus loin.
Le lendemain, la division n’eut plus d’insurgés à combattre; mais elle fut très-retardée dans sa marche à travers les montagnes par des coupures qu’ils avaient faites sur la route. Le soir, elle opéra sa jonction avec le général Léchi en avant de Molins-de-Rey; et le corps d’armée des Pyrénées-Orientales se trouva de nouveau réuni tout entier.
Le général Duhesme, voulant venger l’affront que nos armes avaient reçu sous le Mont-Serrat, y dirigea le général Chabran avec toute sa division. Elle campa le i3 en avant de Martorell, après avoir chassé les insurgés des montagnes environnantes. Arrivée le 14 près de Bruch, elle faisait une halte, lorsqu’elle fut tout-à-coup assaillie par une fusillade très-vive, qui causa un instant de surprise et de désordre, parce qu’on ne voyait point d’ennemis. Ils étaient embusqués, comme le 6 juin, au pied du Mont-Serrat. Les voltigeurs français s’élancèrent pour les attaquer, et les virent presque aussitôt fuir devant eux. Ce n’étaient qu’une bande de déserteurs et quelques compagnies de volontaires nouvellement formées.
La division s’attendait à marcher sur le couvent du Mont-Serrat, et de là sur Manrèse; mais, à son grand étonnement et à celui des Espagnols eux-mêmes, son chef, sans aller plus loin, la fit revenir sur ses pas, et la ramena tranquillement à Barcelone. Elle ne fut suivie par aucun ennemi.
Dans cette seconde retraite du Mont-Serrât, moins concevable encore que la première, les Catalans virent un nouveau miracle de la Vierge qu’on révère sur cette montagne. Ils se confirmèrent dans l’idée que le ciel se déclarait pour eux, et cette idée doubla leurs forces et leurs espérances.
Le général Chabran dit, dans son rapport au général en chef, que le chemin du couvent du Mont-Serrat était coupé et miné en divers endroits, qu’il était fermé par un pont-levis, défendu par plusieurs batteries, et semé d’obstacles de toute espèce. Les insurgés avaient en effet amené quelques mauvais canons en arrière de Bruch; mais les mines, le pont-levis et la plupart des autres obstacles étaient entièrement imaginaires. On en eut la preuve sept mois plus tard, lorsque, sans même en avoir reçu l’ordre, (ce qui le fit mettre en prison au fort Montjouy), l’adjudant-commandant Devaux pénétra jusqu’au fameux couvent à la tête d’une faible partie de cette même division Chabran. qui toute entière avait paru reculer à la seule vue des rochers du Mont-Serrat.
Les deux faibles engagements qui avaient eu lieu près de Bruch méritaient à peine le nom de combats: ils n’en eurent pas moins une influence prodigieuse. Les batailles de Marathon et de Platée ne furent pas célébrées dans l’ancienne Grèce avec plus d’enthousiasme. Il fut proposé d’éléver un monument à Bruch, avec ces inscriptions pompeuses:
Les Français, qui avaient passé partout, ne purent passer ici.
Ici furent vaincus, le 6 et le 14 juin 1808, les vainqueurs de Marengo, d’Austerlitz et d’Iéna. Mais ce monument néanmoins ne fut jamais exécuté.
Cessant de craindre pour Tarragone et pour Manrèse, les insurgés ne songèrent plus qu’à nous enfermer dans Barcelone du côté de la France. Ils portèrent presque toutes leurs forces au nord de cette ville, et ils en réunirent la majeure partie, au nombre de plus de dix mille hommes, sur le point de Mongat, où la nouvelle route de Gérone est barrée par un contre-fort des montagnes qui s’étend jusqu’à la mer. La gauche de leur position était flanquée par deux frégates anglaises, qui depuis notre arrivée à Barcelone en bloquaient étroitement le port. Elle était encore défendue par le château de Mongat et par deux batteries placées sur les côtés de la route, qui avait été rendue impraticable par deux coupures très-larges et très - profondes. Cette gauche pouvait être regardée comme inattaquable. Mais il n’en était pas de même de la droite qui, s’étendant vers le haut des montagnes, n’avait pas les mêmes appuis. Elle était en l’air, comme on dit vulgairement; et cela n’échappa point à l’œil exercé du général Duhesme.
Ce général avait déjà reconnu la position le 16. La nuit suivante, il se porta devant Mongat avec la division Léchi; et le 17, au point du jour, tandis que par des démonstrations d’attaque il attirait l’attention des insurgés sur leur gauche et sur le centre, il les fit tourner sur leur droite par un bataillon italien et par le régiment d’infanterie napolitaine, commandé par le colonel Pégot. Cette manœuvre, que nous le verrons répéter souvent, et dont cette fois il confia la direction au chef d’escadron Ordonneau, eut le succès le plus complet. Les insurgés, pris en flanc et de revers, furent mis en pleine déroute. Nous restâmes maîtres du château de Mongat et de quatorze canons.
Pendant qu’à la tête de la division Léchi, le général en chef forçait la position de Mongat et rouvrait ainsi la route de la Marine, les deux bataillons français du 37e et du 93e forçaient également, entre Moncade et Saint-André, le défilé que forme l’autre route de Gérone au point où elle est resserrée entre le Bésos et le pied des montagnes. Ce défilé était aussi défendu par des coupures et par quatre canons; mais les insurgés n’en furent pas moins culbutés, et ils perdirent leurs canons comme à Mongat.
Ce ne furent pas encore là les derniers que nous prîmes dans cette journée. Le général Duhesme était rentré dans Barcelone; mais il avait ordonné au général Léchi de marcher avec sa division sur Mataro. On pensait que cette ville n’opposerait aucune résistance. C’était le vœu des habitants; mais ils n’osèrent pas même le manifester. Ils étaient comprimés par un petit nombre d’hommes audacieux, presque tous étrangers à leurs murs, et qui, pour en défendre l’entrée, avaient amené plusieurs canons sur la route de Barcelone. Le général Léchi leur envoya des parlementaires: il les reçurent à coups de fusil. Alors ce général donna le signal de l’attaque; et dans un instant les canons furent enlevés. Les Italiens et les Napolitains entrèrent dans la ville de toutes parts; et moins heureuse que Villafranca, Mataro ne fut pas sauvée du pillage.