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LETTRE CCCXLII

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À M. HOPPNER

25 octobre 1819.

«Vous n'aviez pas besoin de me faire d'excuses au sujet de votre lettre; je n'ai jamais dit que vous ne dussiez et ne pussiez avoir raison; j'ai seulement parlé de mon état d'incapacité d'écouter un tel langage dans ce moment et au milieu de telles circonstances. D'ailleurs, vous n'avez pas parlé d'après votre propre autorité, mais d'après les rapports qui vous ont été faits. Or, le sang me bout dans les veines quand j'entends un Italien dire du mal d'un autre Italien, parce que, quoiqu'ils mentent en particulier, ils se conforment généralement à la vérité en parlant mal les uns des autres; et quoiqu'ils cherchent à mentir, s'ils n'y réussissent pas, c'est qu'ils ne peuvent rien dire d'assez noir l'un de l'autre qui ne puisse être vrai, d'après l'atrocité de leur caractère depuis si long-tems avili3.

Note 3: (retour) Ce langage est violent, dit M. Hoppner dans quelques observations sur cette lettre, mais c'est celui des préjugés, et il était naturellement porté à exprimer ses sensations du moment, sans réfléchir si quelque chose ne lui en ferait pas bientôt changer. Il était à cette époque d'une si grande susceptibilité au sujet de Mme G***, que c'était seulement parce que quelques personnes avaient désapprouvé sa conduite, qu'il déclamait ainsi contre toute la nation: «Je n'ai jamais aimé Venise, continue M. Hoppner, elle m'a déplu dès le premier mois de mon arrivée; cependant j'y ai trouvé plus de bienveillance qu'en tout autre pays; et j'y ai vu des actes de générosité et de désintéressement que j'ai rarement remarqués ailleurs.»

»Quant à E***, vous vous apercevrez bien de l'exagération monstrueuse de ses comptes, sans aucun document pour les justifier. Il m'avait demandé une augmentation de salaire qui m'avait donné des soupçons. Il favorisait un train de dépense extravagant, et fut mécontent du renvoi du cuisinier. Il ne s'en plaignit jamais, comme son devoir l'y obligeait, pendant tout le tems qu'il me vola. Tout ce que je puis dire, c'est que la dépense de la maison, comme il en convient lui-même, ne monte maintenant qu'à la moitié de ce qu'elle était alors. Il m'a compté dix-huit francs pour un peigne qui n'en avait en effet coûté que huit. Il m'a aussi porté en compte le passage de Fusine ici, d'une personne nommée Jambelli, qui l'a payé elle-même, comme elle le prouvera s'il est nécessaire. Il s'imagine ou se dit être la victime d'un complot formé contre lui par les domestiques; mais ses comptes sont là et les prix déposent contre lui; qu'il se justifie donc en les détaillant d'une manière plus claire. Je ne suis pas prévenu contre lui, au contraire; je l'ai soutenu contre sa femme et son ancien maître, qui s'en plaignaient, à une époque où j'aurais pu l'écraser comme un ver de terre. S'il est un fripon, c'est le plus grand des fripons, car il joint l'ingratitude à la friponnerie. Le fait est qu'il aura cru que j'allais quitter Venise, et qu'il avait résolu de tirer de moi tout ce qu'il pourrait. Maintenant, le voilà qui présente mémoire sur mémoire, comme s'il n'avait pas eu toujours de l'argent en main pour payer. Vous savez, je crois, que je ne voulais pas qu'on fît chez moi des mémoires de plus d'une semaine. Lisez-lui cette lettre je vous prie; je ne veux rien lui cacher de ce dont il peut se défendre.

»Dites-moi comment va votre petit garçon, et comment vous allez vous-même. Je ne tarderai pas à me rendre à Venise, et nous épancherons notre bile ensemble. Je déteste cette ville et tout ce qui lui appartient.

»Votre, etc.»

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

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