Читать книгу Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12 - George Gordon Byron - Страница 29

LETTRE CCCLXXI

Оглавление

A M. MURRAY

Ravenne, 8 mai 1820.

«Comme vous ne m'avez pas r'écrit, intention que votre lettre du 7 courant indiquait, je dois présumer que la Prophétie du Dante n'a pas été jugée meilleure que les pièces qui l'avaient précédée, aux yeux de votre illustre synode. En ce cas, vous éprouvez un peu d'embarras. Pour y mettre fin, je vous répète que vous ne devez pas vous considérer comme obligé ou engagé à publier une composition, par cela seul qu'elle est de moi, mais toujours agir conformément à vos vues, à vos opinions ou à celles de vos amis; et demeurez sûr que vous ne m'offenserez en aucune façon en refusant l'article, pour me servir de la phrase technique. Quant aux observations en prose sur l'attaque de John Wilson, je n'entends point les faire publier à présent; et j'envoie des vers à M. Kinnaird (je les écrivis l'an dernier en traversant le Pô), vers qu'il ne faut pas qu'il publie. Je mentionne cela, parce qu'il est probable qu'il vous en donnera une copie. Souvenez-vous-en, je vous prie, attendu que ce sont de purs vers de société, relatifs à des sentimens et des passions privés. De plus, je ne puis consentir à aucune mutilation ou omission dans l'oeuvre de Pulci: le texte original en a toujours été exempt dans l'Italie même, métropole de la chrétienté, et la traduction ne le serait pas en Angleterre, quoique vous puissiez regarder comme étrange qu'on ait permis une telle liberté au Morgante pendant plusieurs siècles, tandis que l'autre jour on a confisqué la traduction entière du premier chant de Childe-Harold, et persécuté Leoni, le traducteur. – Lui-même me l'écrit, et je le lui aurais dit s'il m'avait consulté avant la publication. Ceci montre combien la politique intéresse plus les hommes dans ces contrées que la religion. Une demi-douzaine d'invectives contre la tyrannie font confisquer Childe-Harold en un mois, et vingt-huit chants de plaisanteries contre les moines, les chevaliers et le gouvernement de l'église, sont laissés en liberté pendant des siècles: je transcris le récit de Leoni.

«Non ignorerà forse che la mia versione del 4º canto del Childe-Harold fu confiscata in ogni parte; ed io stesso ho dovuto soffrir vessazioni altrettanto ridicole quanto illiberali, ad arte che alcuni versi fossero esclusi dalla censura. Ma siccome il divieto non fa d'ordinario che accrescere la curiosità, così quel carme sull'Italia è ricercato più che mai, e penso di farlo ristampare in Inghilterra senza nulla escludere. Sciagurata condizione di questa mia patria! se patria si può chiamare una terra così avvilita dalla fortuna, dagli uomini, da se medesima33

Note 33: (retour) «Vous n'ignorez peut-être pas que ma traduction du quatrième chant de Childe-Harold a été confisquée partout, et moi-même j'ai dû souffrir des vexations aussi ridicules qu'illibérales, parce que la censure a trouvé quelques vers à retrancher. Mais comme la défense ne fait d'ordinaire qu'accroître la curiosité, ce poème est plus que jamais recherché en Italie, et je songe à le faire réimprimer en Angleterre sans rien retrancher. Malheureuse condition de ma patrie! si l'on peut nommer patrie une terre avilie par la fortune, par les hommes et par elle-même.»

»Rose vous traduira cela. A-t-il eu sa lettre? je l'ai envoyée dans une des vôtres, il y a quelques mois. Je dissuaderai Leoni de publier ce poème, ou bien il peut lui arriver de voir l'intérieur du château Saint-Ange. La dernière pensée de sa lettre est le commun et pathétique sentiment de tous ses compatriotes.

Sir Humphrey Davy était ici la dernière quinzaine, et j'ai joui de sa société chez une fort jolie Italienne de haut rang, qui, pour déployer son érudition en présence du grand chimiste, décrivant sa quatorzième visite au mont Vésuve, demanda «s'il n'y avait pas un semblable volcan en Irlande.» Le seul volcan irlandais que je connusse était le lac de Killarney, que je pensai naturellement être désigné par la dame; mais une seconde pensée me fit deviner qu'elle voulait parler de l'Islande et de l'Hécla: – et il en était ainsi, quoiqu'elle ait soutenu sa topographie volcanique pendant quelque tems avec l'aimable opiniâtreté du beau sexe. Elle se tourna bientôt après vers moi, et m'adressa diverses questions sur la philosophie de sir Humphrey, et j'expliquai aussi bien qu'un oracle le talent qu'il avait déployé dans la construction de la lampe de sûreté contre le gaz inflammable, et dans la restauration des manuscrits de Pompéïa. «Mais comment l'appelez-vous? dit-elle. – Un grand chimiste, répondis-je. – Que peut-il faire? reprit-elle. – Presque tout, lui dis-je. – Oh! alors, mio caro, demandez-lui, je vous prie, qu'il me donne quelque chose pour teindre mes sourcils en noir. J'ai essayé mille choses, et toutes les couleurs s'en vont; et d'ailleurs, mes sourcils ne croissent pas: peut-il inventer quelque chose pour les faire croître?» Tout cela fut dit avec le plus grand empressement; et ce dont vous serez surpris, c'est que la jeune Italienne n'est ni ignorante ni sotte, mais vraiment bien élevée et spirituelle. Mais toutes parlent comme des enfans quand elles viennent de quitter leurs couvens; et, après tout, elles valent mieux qu'un bas-bleu anglais. Je n'ai pas parlé à sir Humphrey de ce dernier morceau de philosophie, ne sachant pas comment il le prendrait. Davy était fort épris de Ravenne et de l'italianisme PRIMITIF du peuple, qui est inconnu aux étrangers; mais il ne s'est arrêté qu'un jour.

»Envoyez-moi des romans de Scott et quelques nouvelles.

»P. S. J'ai commencé et poussé jusqu'au second acte une tragédie sur la conspiration du doge, c'est-à-dire sur l'histoire de Marino Faliero; mais mes sentimens actuels sont si peu encourageans sur ce point, que je commence à croire que j'ai usé mon talent, et je continue sans grande envie de trouver une veine nouvelle.

»Je songe quelquefois (si les Italiens ne se soulèvent pas) à retourner en Angleterre dans l'automne, après le couronnement (où je ne voudrais point paraître, à cause du schisme de ma famille); mais je ne puis rien décider encore. Le pays doit être considérablement changé depuis que je l'ai quitté, il y a déjà plus de quatre ans.»

Œuvres complètes de lord Byron, Tome 12

Подняться наверх