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INTRODUCTION

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Table des matières

Le malouin Jacques Cartier, envoyé par François Ier, après la paix de Cambrai, arriva à Terre-Neuve, le 10 mai 1534. Il pénétra dans le Saint-Laurent, découvrit, le 3 juillet, la biae des Chaleurs et rentra à Saint-Malo, après avoir exploré le quartier appelé par les Indiens «Canada». L’année suivante, il entreprend un second voyage, arrive à l’embouchure du Saint-Laurent, le remonte jusqu’à Québec et découvre une île voisine d’une haute montagne verdoyante, qu’il appelle «île de Mont-Royal ou de Montréal».

Dieppois, Malouins et Rochellois continuèrent leurs pêches à la morue et à la baleine, rapportant, en outre, de leurs voyages sur les côtes canadiennes des quantités de fourrures, ce qui donna l’idée de fonder des comptoirs.

Henri IV confia l’entreprise de ces établissements à Champlain. Le 24 mai 1603, une première expédition parcourut le Saint-Laurent, une deuxième eut pour résultat la fondation de Port-Royal et la troisième s’arrêta, le 13 avril 1608, en un petit hameau, nommé Québec, qui devait devenir le centre du commerce de pelleteries.

Cependant, les Français émigrés, cherchant surtout des mines d’or et d’argent, ne songeaient pas à cultiver le sol. Le premier, un Parisien, nommé Hébert, eut l’idée de s’installer définitivement et de s’adonner à la culture. La légende fait remonter à lui l’origine de la race canadienne. La prospérité de nos établissements éveilla bientôt la jalousie des Anglais et, en pleine paix, ils attaquèrent et brûlèrent Port-Royal. Champlain, après une héroïque résistance, dut capituler et, en 1629, le Canada appartint aux Anglais. Trois ans plus tard, Richelieu revendiqua énergiquement nos possessions et réussit à faire reconnaître aux autres puissances notre suprématie dans la Nouvelle-France.

En 1642, sous le commandement de Pierre de Chamédy, sieur de Maisonneuve, une petite troupe aborda à la pointe Callières et occupa la ville de Montréal. Grâce aux efforts de Joliet, qui s’empara de la vallée du Mississipi, de Robert de la Salle, qui gagna le golfe du Mexique et conquit Saint-Louis, du chevalier d’Yberville, de Maisonneuve et de Champlain, la France était maîtresse absolue du Canada.

L’Angleterre, qui connaissait le prix de notre colonie, profita de la désorganisation intérieure de notre pays sous Louis XV, pour nous attaquer. Le chevalier de Montcalm, envoyé au secours des Canadiens, tomba mortellement frappé, en même temps que le général Wolff, son adversaire. Trois armées d’invasion marchaient sur Montréal. Amherst, général en chef des troupes anglaises, arriva au fort Levis, à l’entrée supérieure du Saint-Laurent, avec douze mille hommes. Le capitaine Pouchot, qui commandait ce fort depuis le 17 mars, tint en respect pendant douze jours les douze mille Anglais et ne mit bas les armes que le 25 août quand il vit ses remparts détruits, son artillerie hors de service et ses officiers morts tous jusqu’au dernier. Les Anglais, en entrant dans le fort, demandèrent au capitaine: «Ou est donc la garnison». — Vous la voyez tout entière, répondit Pouchot en montrant ses soixante braves, voilà ce qu’il me reste.» Quand les Anglais virent que cette résistance était l’œuvre d’un si petit nombre de soldats, ils ne purent retenir ces mots: Oh! France! quoique vaincue, tu restes la fille de la force et de la valeur.

Le marquis de Lévis, après une lutte héroïque et admirable, dut, à son tour, capituler dans Montréal. Le général Amherst lui refusa les honneurs de la guerre. Lévis fit alors dresser un bûcher et, devant la garnison, rangée en bataille, ordonna de brûler les étendards. M. Louis Fréchette, poète canadien, a décrit celte scène émouvante dans son poème «Fors l’Honneur».

Alors, spectacle étrange et sublime, la foule,

Ondulant tout à coup, comme une vaste houle,

S’agenouille en silence, et, solennellement,

Dans le bûcher sacré, qui, sur le firmament,

Avec des sifflements rauques comme des râles,

Détache en tourbillons ses sanglantes spirales,

Parmi les flamboiements d’étincelles, parmi

Un flot de cendres en feu, par la braise vomi,

Sous les yeux du héros, grave comme un apôtre,

Chaque drapeau français tomba l’un après l’autre!

Quelques crépitements de plus et ce fut tout.

Alors, de Montréal, de Longueuil, de partout,

Les postes ennemis crurent, dans la rafale,

Entendre une clameur immense et triomphale.

C’étaient les fiers vaincus qui, tout espoir détruit,

Criaient: «Vive la France!» aux échos de la nuit.

La race française appelée race canadienne, de nature riche et heureuse, s’accrut en proportions considérables. De 1774, où les Français n’étaient que 98.000, ils sont devenus, en 1889, 1.490.000. Elle se développe particulièrement à Montréal, ainsi qu’en font foi les statistiques.


Cette ville a une situation pittoresque exceptionnelle, une position commerciale sans rivale, et l’on peut, à juste titre, l’appeler la reine des cités du Nord. Elle a pour devise: Toujours plus haut. Notre race y devient peu à peu prépondérante, et les Canadiens comptent mettre bientôt en regard de la France d’Europe une nouvelle France d’Amérique, digne de sa première patrie.

Mademoiselle Flammette

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