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CHAP. III.

Table des matières

Cultivateur.

Ce changement me plut, parce qu’il me rapprochait de mon père et qu’il me procurait le plaisir d’aller au village, jouer avec les jeunes gens de mon âge, les dimanches et jours de fête. Bien que je quittasse mon cher oncle avec regret, la vie sauvage que nous menions depuis six ans, commençait à me peser, mais je ne tardais pas à la regretter.

Les premiers jours qu’il me fallut piocher et labourer, me causèrent des douleurs insupportables dans tous les membres. Moi qui étais habitué à être étendu par terre ou debout en marchant, je fus forcé de me tenir courbé des journées entières pour faire le pénible métier de fermier, il n’y avait d’exception que les jours de fête. Ces jours de fête, cher lecteur, étaient réservés au repos, au service divin et aux amusements dans le pays avec les paysans et les paysannes.

Le lundi matin, nous partions, mon père et moi, pour la ferme. Notre bonne et vieille mère restait seule à la maison. Cette vie régulière est celle de presque tous les cultivateurs-fermiers corses, sauf ceux qui ont leurs biens près de leurs habitations. Ceux-là couchent tous les jours chez eux.

Quelques années plus tard, celle qui m’avait élevé, ma grand’mère, mourut en bénissant son fils et son petit-fils qui restaient seuls.... Alors, pour notre malheur et bien que je n’eusse que 19 ans, mon père me maria à une de mes cousines, jeune fille aux mœurs douces, simples et vertueuses. Elle était en quelque sorte de la famille et avait bien des fois, avant notre mariage, aidé à notre mère aux travaux de la maison.

Mais cette jeune cousine ne fut pas plutôt madame Griscelli que de colombe elle se fit vautour. Poussée par sa mère, femme rouée et rompue aux intrigues, elle ne savait que faire pour chercher querelle.

Jamais, au grand jamais, on ne pouvait vivre en paix. Elle nous volait tous les jours, tout ce qu’elle pouvait voler, pour en enrichir son ancienne famille. En outre, si nous l’eussions écouté, mon père et moi, nous eussions fini par nous entr’égorger.

Heureusement pour moi que la conscription et un numéros très bas me firent soldat. Bien que mes parents m’eussent procuré un remplaçant, je me présentai le jour du conseil de révision devant le préfet en déclarant que je ne voulais pas de remplaçant et que je voulais partir moi-même.

Le soir même, à dix heures, pour éviter les pleurs et les cris de nos parents, nous partions, mon père et moi, pour Ajaccio, chef-lieu du département.

Aussitôt arrivé dans cette ville, berceau des Bonaparte, je me rendis chez le capitaine de recrutement, fus incrit sous le N° 7703 comme jeune soldat et incorporé dans la 4e compagnie du 1er bataillon du 60e régiment de ligne.

Mémoires de Griscelli, agent secret

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