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3.3. Stratégies de contournement

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Dans cette section, il s’agit d’examiner rapidement les représentations dans les textes de fiction des adaptations des locuteurs face à ces empêchements. Ces tentatives de contournementcontournement des obstacles à la parole peuvent se solder par des échecs ou des succès.

L’évitement de l’empêchement peut se faire progressivement, révélant un glissement dans le conflitconflit entre pressions, celles contre le dire cédant peu à peu devant les pressions pour le dire, renforcées par les dynamiques interactionnelles, comme dans le passage ci-dessous, où le discours de Ron et de Hermione est soumis aux injonctions contradictoirescontradiction de la révélation de la véritévérité, et la crainte de la réaction de Harry devant cette vérité.

‘Did someone get my Nimbus?’

Ron and Hermione looked quickly at each other.

‘Er –’

‘What?’ said Harry, looking from one to the other.

‘Well… when you fell off, it got blown away,’ said Hermione hesitantlyhesitantly.

‘And?’

‘And it hit – it hit – oh, Harry – it hit the Whomping Willow.’

Harry’s insides lurched. The Whomping Willow was a very violent tree which stood alone in the middle of the grounds.

‘And?’ he said, dreading the answer.

‘Well, you know, the Whomping Willow,’ said Ron. ‘It –

It doesn’t like being hit.’

‘Professor Flitwick brought it back just before you came round,’ said Hermione in a very small voice.

Slowly she reached down for a bag at her feet, turned it upside-down and tipped a dozen bits of splittered wood and twig onto the bed, the only remains of Harry’s faithful, finally beaten broomstick. 1

Il est à noter que la construction progressive de la représentation du contournementcontournement de l’auto-empêchement de parole n’est pas explicitement marquée. Seuls les dynamiques interactionnelles et les cohésions pragmatiques et conversationnelles reliant les interventions de chacun permettent de saisir le déroulé du dialogue.

L’exemple suivant est celui représentant un échec de contournement. Il est patent lorsque Junie rencontre Britannicus à la scène VI de l’acte II2, et se trouve empêchée de lui déclarer son amour, laissant Britannicus dans le désarroi total : « Après ce coup, Narcisse, à quoi dois-je m’attendre ? ». Il faut dire qu’il n’a sans doute pas saisi l’avertissement cachécaché de Junie tentant de lui faire comprendre justement la situation dans laquelle elle se trouve, qui l’empêche de lui dire, surveillée par Néron qui assiste, caché, à leur entretien, tout ce qu’elle ressent : « Vous êtes en des lieux plein de sa puissance. Ces murs mêmes, Seigneur, peuvent avoir des yeux ; et jamais l’empereur n’est absent de ces lieux ». Pourquoi cet échec n’a-t-il pas pu être épargné à Junie ? C’est qu’elle a été soumise à un empêchement sémiologique total de la part de Néron : non seulement sa parole linguistique a été empêchée, mais également toute manifestation du langage du corps, comme Néron le lui a bien signifié à la scène précédente :

Junie

Moi ! Que je lui prononce un arrêt si sévère !

Ma bouche mille fois lui dira le contraire.

Quand même jusque-là je pourrais me trahir,

Mes yeux lui défendront, Seigneur, de m’obéir.

Néron

Caché près de ces lieux, je vous verrai, Madame.

Renfermez votre amour dans le fond de votre âme.

Vous n’aurez point pour moi de langages secretsecrets :

J’entendrai des regards que vous croirez muetmuets ;

Et sa perte sera l’infaillible salaire

D’un gestegeste ou d’un soupir échappé pour lui plaire.

Face à un empêchement si total, sémiologiquement holistique, l’échec de Junie ne pouvait qu’advenir, et c’est cet échec qui est si évidemment manifesté intrinsèquement dans le discours de Junie.

Mais parfois les contournementcontournements peuvent être couronnés de succès. Ainsi la scène de la fameuse partie de cartes dans le film de Marcel Pagnol Marius peut-il présenter un magistral exemple de la façon dont un empêchement de parole peut être contourné. De la même façon le roman de Siegfried LenzLenz (Siegfried) Deutschstunde est-il la manifestation discursive concrète de la réussite du locuteur diégétique Siggi parvenant à surmonter les Pressions contre le dire, qui consistaient en un « trop à dire » ce qui représente entre autres une belle prouesse narrative, tant au niveau diégétique (le récit homo-auto-diégétique de Siggi) qu’au niveau auctorial (le roman de Siegfried Lenz).

La parole empêchée

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