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Le Karma
ОглавлениеLes causes de la souffrance sont les actions défavorables, non vertueuses. Les causes du bonheur sont les actions favorables, vertueuses. On parle aussi de Karma vertueux ou de Karma non vertueux. Karma est un mot sanskrit qui signifie action. Par nos propres actions, positives ou négatives, vertueuses ou non vertueuses, nous créons notre bonheur ou notre souffrance. Nous sommes nous-mêmes les auteurs de nos maux. Les produire ou les éviter, le choix est entre nos mains. Par ailleurs, si nous ne créons pas les causes du bonheur en réunissant des actions positives, vertueuses, il n’a aucune chance d’advenir. Certains se révolteront peut-être en songeant aux douleurs qu’ils endurent sans avoir pour autant commis d’actions négatives si graves et se demanderont d’où leur viennent toutes ces souffrances. Or, les causes des souffrances présentes ne sont pas nécessairement créées dans le présent. Elles ont pu être accumulées dans le passé, soit dans cette vie, soit dans une existence antérieure. Si nous sommes nés humains, c’est parce que cette naissance dépend d’actions favorables précédemment accomplies. Un Karma vertueux en est la cause principale. Nos parents actuels en sont les conditions.
Nombre d’entre vous seront vraisemblablement sceptiques quant à l’existence de vies passées et futures. Il est normal que ces conceptions, nouvelles pour certains, suscitent le doute et nous reviendrons ultérieurement sur ces points. Il est tout à fait possible que les néophytes soient déroutés par la teneur de cet enseignement au fil de sa progression. Les sujets exposés leur sembleront probablement d’un abord difficile. Il leur faudra faire d’autant plus d’efforts pour bien comprendre ce qu’ils entendent. Diverses catégories précisent la notion de Karma. Il existe notamment des Karmas contaminés et des Karmas non contaminés. Les Karmas contaminés sont constitués par les actions des êtres ordinaires, celles que nous accumulons. Les Karmas non contaminés sont produits par les êtres réalisés. Il sera question ici du Karma contaminé, celui qui est la cause denotre existence conditionnée. A ce propos, on distingue le Karma projeteur, qui propulse l’individu vers une naissance donnée et le Karma complémentaire qui détermine nos conditions de vie (souffrance, bonheur...).
Si nous respectons les préceptes éthiques, que nous nous abstenons de tuer, etc., nous obtiendrons une renaissance humaine. Toutefois, les vies humaines des uns et des autres ont des sorts très divers. Il y a des êtres beaux et d’autres laids; des corps sains et d’autres malades; des puissants et des faibles; des riches et des pauvres. Or, toutes ces conditions d’existence sont produites par des causes. La richesse, par exemple, est le résultat d’un Karma précédemment accumulé; en l’occurrence, elle est le fruit de la pratique de la charité, de la générosité. La beauté est issue de la pratique de la patience. La santé et la longévité ont également leur cause spécifique et résultent du respect de la vie, d’attitudes bienveillantes, des soins dont nous avons entouré autrui dans le passé. Le pouvoir et la puissance résultent de l’humilité, de l’absence d’orgueil, et des bienfaits divers antérieurement prodigués aux autres, qu’ils soient d’ordre moral ou matériel. Nous pouvons certes penser que nos acquisitions, notre réussite sociale sont le fruit de notre travail ou de nos démarches, de l’aide et des interventions de parents, d’amis, etc. Ces facteurs ne sont que des conditions secondaires permettant à la cause première, principale, de produire son effet, tout comme l’arbre ou la plante trouvent dans la graine leur cause première, originelle, dont le développement sera favorisé par des circonstances propices.
L’ensemble de nos conditions d’existence est déterminé par la conjonction d’une cause (un Karma vertueux ou non vertueux) et de circonstances (qui permettent à la cause de manifester son effet). Si les circonstances devaient suffire à la production du résultat, pourquoi certaines entreprises ou tentatives se révéleraient-elles vaines et infructueuses en dépit des efforts fournis et de la réunion de toutes les conditions propices à l’aboutissement d’un projet ? Si le résultat ne se produit pas, c’est que la cause fondamentale fait défaut. Si nous voulons être heureux dans le futur, c’est aujourd’hui que nous devons créer les causes du bonheur par des actions et une conduite conformes à une certaine éthique.
Il y a des individus qui obtiennent une renaissance humaine; cela est le fruit de l’observance de l’éthique et en particulier du respect de la vie. Mais ils vivent dans la misère. Or la pauvreté est le résultat de l’avarice, du refus de donner. La laideur est le fruit de la haine et de la discorde volontairement entretenue. La brièveté de la vie, la faiblesse du corps, la maladie trouvent leur cause dans le refus de protéger les autres du danger, soit en intervenant pour empêcher qu’on leur porte secours, soit en nuisant directement à leur vie et à leur santé. La mauvaise santé, la maladie, ne seront, là encore, qu’une condition et non la cause profonde qui, elle, s’est produite antérieurement. Certaines personnes, bien que s’exprimant mal, voient leur discours naturellement respecté et accepté. Ceci est également le résultat d’une cause précédemment accumulée; elles se sont auparavant abstenues de toute parole non vertueuse, qu’il s’agisse de mensonges, de médisance ou de propos rudes. D’autres, au contraire, qu’elles disent ou non la vérité, n’inspirent jamais confiance et ne sont pas prises au sérieux, parce qu’elles ont, auparavant, menti ou usé de paroles perfides.
Nous avons, par le passé et dans nos existences antérieures, accumulé de nombreux Karmas qui sont autant de causes d’expériences à venir. Au cours de notre vie, lorsque ces causes rencontrent des circonstances favorables à l’éclosion du résultat, celui-ci apparaît. Nous voulons tous être heureux dans le futur. Or, nous avons à présent la liberté de créer les causes du bonheur à venir par une vie noble et vertueuse. La valeur d’une vie noble ne s’apprécie pas uniquement du point de vue du Dharma. Ceux qui vivent honnêtement, dont les actions mentales, physiques et verbales sont vertueuses, sont naturellement estimés de par le monde. Si nous sommes bons, généreux et bienveillants, si nous donnons aux pauvres, aidons les malades et concourons à protéger ceux dont la vie est menacée, nous serons appréciés et respectés de tous. Que de telles actions nobles aient ou non l’étiquette de Dharma, même si le nom de Dharma ne leur est pas donné, peu importe; elles sont de toute façon une pratique du Dharma. Même si nous réfutons le Dharma, lorsque, poussés par la compassion, nous aidons ou sauvons une personne en danger, notre acte altruiste est une pratique du Dharma. Pour pratiquer le Dharma, on peut passer sa vie en méditation, mais on peut aussi agir pour le bien des autres par le corps, la parole et l’esprit. C’est ainsi que nous rechercherons et analyserons les causes du bonheur et de la souffrance.
Nous avons vu, notamment, que le Karma produit ses résultats sur le plan individuel. Mais il y a aussi des Karmas collectifs qui engendrent des expériences vécues en commun par un ensemble d’individus. Les habitants d’un même pays jouissent en commun de sa prospérité économique, de sa stabilité politique, du fonctionnement équitable de ses institutions ou au contraire connaissent le sous-développement, des régimes dictatoriaux ou corrompus : les causes ayant été accumulées collectivement, les résultats sont expérimentés en commun.
Donc, aussi longtemps que nous produirons les causes de la souffrance, nous ne pourrons pas l’éviter. Nous aurons beau la fuir, à partir du moment où les causes et les conditions auront été réunies, le résultat se produira inéluctablement. Quand la graine semée rencontre toutes les conditions nécessaires à son développement, (terrain, eau, chaleur, etc.) la plante pousse indépendamment de toute volonté, même si sa croissance n’est pas souhaitée.