Читать книгу Dessins, gouaches, estampes et tableaux du XVIIIe siècle - Gustave Bourcard - Страница 13

1723-1769

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Le Coucher de la mariée (gravé à l’eau-forte par Moreau

le jeune, et terminé au burin par Simonet), 1768.

Cinq états. In-folio.

Dans une riche chambre à coucher, la jeune mariée, en élégant déshabillé de nuit, s’apprête à se mettre au lit; elle semble essuyer une larme de la main gauche; à ses pieds son mari en robe de chambre, un genou en terre, et près de lui une femme debout murmure quelques mots à l’oreille de la jeune épousée. Dans la chambre, trois caméristes, celles de gauche éteignant les bougies et installant un écran, celle de droite relevant la couverture.



Cette estampe, une des plus jolies de l’École, a été grossièrement postichée en couleur et en réduction; on a aussi regravé la planche, et on en fait des tirages sans valeur. Le pendant est: Le Lever de la mariée d’après Dugoure, gravé par Trière.

L’œuvre de Baudouin, Lavereince, Chardin, Lancret, A. de Saint-Aubin, Moreau le jeune, a été décrit par M. Emmanuel Bocher avec une conscience, une clarté et une intelligence remarquables; nous ne connaissons pas, et il n’existe pas de travail plus complet; aussi nous permettons-nous d’adresser ici à l’éminent iconographe nos remerciements bien sincères, mais aussi nos regrets les plus vifs de le voir abandonner une partie si brillamment commencée. Le nombre d’états que nous signa-Ions de ces différents Maîtres, a été pris dans les fascicules publiés.

La gouache originale du Coucher de la mariée, qui avait figuré au Salon de 1767, se trouve actuellement chez M. le baron Edmond de Rothschild. Une autre gouache du Couché de la mariée nous est obligeamment signalée par M. Groult comme faisant partie de son cabinet; évidemment l’une est la réplique de l’autre. Nous nous contentons d’enregistrer.

A la vente Kinnen il s’est vendu, pour 14 francs, un Couché de la mariée en couleur, pastiche de l’original, publié vers 1820, à Paris, chez Begat, md d’Estampes, rue de la Croix, n° 2. Petit in-folio sans valeur, ayant au bas une légende commençant par ces mots: La jeune mariée hésite à se coucher.

Le Carquois épuisé. — Dans une riche alcôve, une jeune femme à droite, dans un galant négligé, est occupée à se faire des mouches en regardant, assis à gauche sur un canapé, un jeune seigneur, à l’air alangui, son épée et son chapeau sont près de lui à terre; à droite un écran, à trois feuilles, préserve du feu qui brille dans la cheminée; un petit chien gambade près de sa maîtresse, et un carquois vide est renversé au pied d’un socle supportant une statue de l’Amour.

Les Soins tardifs. — Dans un grenier, un jeune gars est en train d’embrasser et de lutiner une villageoise demi-nue renversée sur des couvertures; à droite on aperçoit, montant par une échelle, la mère tout effarée avec un jeune enfant.

Pendants, par N. de Launay. Trois états chaque. In-folio.





Cette pièce a été regravée par M. Henry Lemoine: avant la lettre avec les armes; — avec la lettre et avec les armes.

Le Lever (par Massard, 1771). — Une jeune femme demi-nue de face, la tête de trois quarts à gauche, est assise sur son lit, les pieds touchent terre; elle regarde un chat posé sur le lit. Une servante agenouillée est en train de lui donner ses pantoufles, tandis qu’une autre lui passe un peignoir. Un paravent à droite complète le tableau.

La Toilette (par M. Ponce, 1771). — Une jeune femme de profil à droite, debout devant sa toilette, cause avec un jeune seigneur assis à droite sur un fauteuil, les jambes croisées, pendant que sa soubrette lui lace son corset.

Pendant. Cinq états chaque. In-folio.



La gouache de la Toilette un peu différente de l’estampe, actuellement dans la collection d’Edmond de Goncourt.

L’Amour à l’épreuve ou l’Amour surpris. — Dans un intérieur Louis XV, deux jeunes gens enlacés sur un lit bas; la femme laisse voir sa gorge et son derrière, tandis qu’un abbé, à gauche, soulève indiscrètement le rideau; à terre un chien est couché à droite.

L’Amour frivole. — Une jeune femme assise presque de face est endormie près de sa table de toilette à droite; sa jambe gauche est posée sur un haut tabouret; un jeune homme, entr’ouvrant une porte vitrée à droite, soulève le fichu de la dormeuse et découvre sa gorge nue.

Pendants, par Beauvarlet. Trois états chaque.

In-folio.



Ces deux pièces sont toujours classées dans l’œuvre de Baudouin, quoique portant sous le trait carré à gauche: Boucher pinxit 1er Ptre du Roi. On sait que Baudouin était le gendre de Boucher et le beau-frère de Deshayes.

L’Amour frivole, au deuxième et troisième état, porte le nom de Marel; au deuxième, l’adresse est: rue St-Julien, 12... et au troisième: rue des Noyers, 27.

Annette et Lubin. — Les Cerises.

Pendants, par N. Ponce. Quatre états chaque. In-folio.



La planche de Annette et Lubin existe encore, avec l’adresse de Marel. Ces deux estampes sont bien fadasses et vraiment peu intéressantes; aussi n’avons-nous pas pris la peine d’en donner la description.

Rose et Colas. — Au bas de d’escalier d’une cour de ferme, à gauche, Colas debout de face, les bras étendus, tenant une quenouille enrubannée, à laquelle il vient d’attacher un bouquet, regarde à droite Rose qui sort de dessous l’escalier; près de lui la chaise et le rouet de son amoureuse. Au milieu de l’estampe, debout un tonneau sur lequel est un chat; au pied du tonneau un gros chou pomme.

La Soirée des Thuileries. — Sous un ciel nuageux laissant percer la lune à droite, assis aux Thuileries sur un banc de bois de trois quarts à gauche, un jeune homme regarde languissamment la jeune femme qui va le quitter et qui se lève en remettant son gant. En face d’eux, à gauche sur une chaise de paille, un chien les regarde.

Pendants, par Simonet. Quatre états chaque.

Petit in-folio.




De ces deux pièces, La Soirée des Thuileries est de beaucoup la plus jolie; on se demande pourquoi élles se font pendants? La gouache originale de La Soirée se trouve dans la collection du baron Edmond de Rothschild, et dans celle de M. G. Mühlbacher; certainement l’une des deux se trouve être une réplique.

En avril 1891, à la vente de la collection de M. Ch. Cousin, la gouache de Rose et Colas fut adjugée 550 francs, elle avait été payée 4.000 francs (prix d’ami) à l’expert Gandouin, et était archi-fausse, paraît-il; furieux d’avoir été ainsi trompé, M. Cousin fut sur le point de poursuivre pour tromperie sur la marchandise vendue, mais ayant consulté Edmond de Goncourt, celui-ci lui répondit: «En art, quand on se trompe, il faut avoir la sérénité de sa gaffe; maintenant, si vous le faites, ce procès, je vous autorise parfaitement à invoquer mon témoignage. » La chose en resta là, et il n’y eut point de poursuite. L’acquéreur était un marchand de curiosités, M. Romeuf, demeurant, 57, rue de Châteaudun.

Un an plus tard, en mai 1892, une autre gouache de Rose et Colas, de mêmes dimensions, 30 centimètres de hauteur sur 24 centimètres de largeur, passe à la vente Hulot, et est adjugée 790 francs à M. Lacroix. Est-ce la même qui reparaît? Est-ce une répétition? Il nous a été impossible d’élucider la question: n’ayant vu ni l’une ni l’autre, nous ne pouvons nous prononcer. Quant au point de vue de l’authenticité, le cas est si particulièrement délicat que nous déclinerions toute compétence s’il nous avait été donné d’avoir à trancher la question. Quoi qu’il en soit, une vraie gouache de Baudouin, n’atteignant en vente publique que 790 francs, ressemble furieusement pour nous à du Château Yquem qu’on vendrait 40 sous la bouteille; il y a donc fort à parier qu’elle est aussi douteuse que la précédente.

L’Enlèvement nocturne (par N. Ponce). Quatre états.

In-folio.

La nuit, au pied des murs élevés d’un couvent, se dresse une échelle au bas de laquelle un jeune homme reçoit dans ses bras une jeune femme; en haut de l’échelle à califourchon sur le mur, une autre femme: à gauche deux hommes et une voiture attelée de deux postiers, et à droite deux autres chevaux avec un cavalier.



Existe en tirage moderne.

Le Chemin de la fortune (par Voyez Junior). Deux états.

In-folio.

Dans un riche intérieur, un vieil homme assis dans un fauteuil à droite, et un musicien tenant d’une main son violon, et de l’autre son archet, lèvent tous deux les bras en admirant la jambe d’une danseuse que leur montre une vieille femme accroupie à gauche, en soulevant la jupe de la jeune fille.



La gouache originale passa à la vente Prault en 1780. La même estampe, avec quelques modifications, a été dessinée par Du Bois de Sainte-Marie, ainsi que le pendant, La Toilette de la petite maîtresse, et gravées toutes deux par Bonnet. Ces deux dessins originaux, au crayon noir rehaussé de blanc, sur papier bleuté, furent adjugés 300 francs à la vente Baudet. Nous avons vu l’eau-forte du Chemin de la fortune, pièce de toute rareté, chez M. Louis Valentin.

Nous n’oublierons jamais les heures charmantes passées en compagnie de l’aimable collectionneur, dans ce quartier tranquille du quai de Béthune, qui nous rappelait la province; c’est là que nous avons pu admirer longuement et en détail une des plus belles collections de Paris. Amateur éclairé, très modeste, mais passionné et délicat, M. Valentin a su réunir, depuis trente ans qu’il collectionne, nous pouvons dire toute l’École française du XVIIIe siècle; les vingt mille pièces qu’il possède sont classées par ordre alphabétique des noms de peintres, et renfermées dans une centaine de cartons à recouvrement, rangés en cercle dans un casier placé dans un cabinet, un sanctuaire! près d’une bibliothèque aux livres précieux. Ces estampes, toutes montées à charnières, sur des bristols de même dimension, sont de condition de fraîcheur et d’état irréprochables.

«C’est, nous disait-il, dans la recherche, dans la réunion progressive de cette collection que j’ai goûté une des plus douces joies de ma vie, et c’est la possession de ces estampes qui en charme le plus encore l’arrière-saison.»

Qu’il nous soit donc permis, en passant, de remercier publiquement ici l’homme charmant et courtois, qui s’est mis si galamment à notre disposition chaque fois que nous avons eu l’indiscrétion d’abuser ou de ses conseils, ou de son hospitalité.

Le Modèle honnête (eau-forte de Moreau le jeune,

burin de Simonet) 1770. Cinq états. In-folio.

Dans son atelier un peintre à droite, assis dans un fauteuil près d’une toile qu’il était en train d’esquisser, se retourne émerveillé vers une jeune fille nue et confuse, assise à gauche sur un escabeau, qu’une vieille femme vient de lui dévoiler.



La gouache originale fut exposée au Salon de 1769; elle figura à la vente de la danseuse Testard, où elle fut retirée à 1750 livres. Elle est actuellement chez M. Groult.

Le Fruit de l’amour secret (par Voyez Junior).

Trois états. In-folio.

Une jeune femme qui vient d’accoucher, assise presque de face, ayant un tabouret sous les pieds, tourne le dos à un lit dont les rideaux sont fermés; elle tend la main à son amant assis à droite près de la croisée, et l’enveloppe d’un tendre regard; une amie, vue de dos, semble la consoler: à gauche une femme passe le nouveau-né emmaillotté à un homme qui entre par une porte à gauche. Au premier plan, toujours à gauche, on aperçoit un lit pliant sur lequel a eu lieu l’accouchement.



La pièce est fort jolie, mais n’est recherchée cependant qu’en épreuve d’état. Le dessin original à la plume lavé d’encre de chine, première pensée du Maître pour cette composition, fut adjugé 500 francs à la vente du comte de la Béraudière, en avril 1883. La gouache fut adjugée 895 francs à la vente Bécherel, en novembre 1883. Elle reparaît à la vente Mailand, sous le n° 4, et fut achetée par M. Henry Josse, chez qui elle se trouve actuellement; il l’a fit figurer au Trocadéro, à l’exposition rétrospective en 1889, et la considère comme la plus belle gouache connue du Maître. Cette gouache nous est également signalée dans la collection du baron Edmond de Rothschild; elle présente quelques différences avec la gravure. L’une des deux est sans doute une réplique de l’autre; nous ne nous permettons pas de trancher la question, nous nous bornons simplement à signaler le fait.

Le baron Edmond de Rothschild possède une autre gouache, L’Enfant retrouvé, qui n’a pas été gravée et qui doit être le pendant; cette pièce a toute une odyssée, elle fut achetée par M. Charles Magne, de Marseille, 125 fr. il y a 17 ans, vendue par lui 5,000 francs à deux marchands de Paris qui la revendirent 10,000 francs, et, présentée plus tard au baron qui l’acheta; elle est d’une conservation merveilleuse, signée et datée 1765.

Le Matin — Le Midi — Le Soir — La Nuit —

(par de Ghendt). Suite de 4 pièces. In-folio.

Le Matin. — Dans une chambre à coucher, un abbé entre par la porte à gauche et regarde une femme couchée sur un lit, demi-nue, sur le dos, la chemise relevée; il cherche à masquer cette vue à l’aide du pan de son manteau, au jeune enfant qui entre avec lui.

Le Midi. — Dans un jardin, une jeune femme assise, la gorge nue, est à demi pâmée, renversée en arrière; la main droite a abandonné le livre qu’elle lisait, tandis que la gauche s’est glissée sous sa robe, entre ses jambes; à droite, par terre, son ombrelle ouverte.

Le Soir. — Une jeune femme toute nue, prête à se mettre au lit, est en train de se faire essuyer par une de ses caméristes, quand soudain elle jette un cri d’effroi en apercevant un curieux qui la regarde par une porte entrebâillée à droite, et vers laquelle sa seconde soubrette se précipite pour tirer la portière et la mettre ainsi à l’abri des regards indiscrets.

La Nuit. — Sous un bois, à la clarté de la lune, et près d’un socle à droite surmonté d’une statue de l’Amour, un doigt sur la bouche, un jeune homme vient de renverser à gauche sur le dos une jeune femme à la gorge deminue et aux jambes écartées.

Le Matin, trois états, Le Midi, deux états,

Le Soir, trois états, La Nuit, trois états.




Les quatre pièces existent en tirage moderne.

Les quatre gouaches originales sont chez M. G. Mühlbacher.

L’aquarelle originale du Matin, sur traits de plume, avec quelques changements, est actuellement dans la collection d’Edmond de Goncourt; elle a passé sucessivement dans les cabinets Prault et Tondu.

De cette suite, la plus rare estampe est le Midi, dont l’intention est fort libre.

Le Bain (par N.-F. Regnault.) Deux états. Pièce en

couleur. In-8°

Une jeune femme de profil à gauche sort de sa baignoire appuyant ses deux mains sur une camériste qui en aide une seconde à essuyer sa maîtresse avec un drap. Par terre à droite, un vase plat dans lequel est une éponge; à gauche un paravent complète le tableau.


Cette pièce est très recherchée. Le premier état porte l’adresse de Regnault, le second celle de Delalande; il y a des tirages postérieurs de cette pièce portant la date de 1731, qui est l’époque à laquelle Baudouin la dessina. Le pendant est Le Lever, dessiné et gravé par N.-F. Regnault. (Voir ce nom). Ces deux estampes ont été reproduites par M. Magnier.

Il existe de ces deux estampes de mauvaises copies coloriées ovale réduit, faites chez Aubert; sans valeur.

Le Catéchisme. — Dans une église, pleine de petites filles assises et de quelques jeunes hommes debout, un jeune abbé, assis à droite, interroge une fillette debout à gauche, de profil à droite; elle a les yeux modestement baissés, tenant son catéchisme entr’ouvert. A gauche, un jeune homme glisse un billet à une jeune fille.

Le Confessionnal. — Dans une église remplie de fidèles, un prêtre, vêtu de son surplis, sort brusquement de son confessionnal à gauche, le bras étendu vers deux jeunes seigneurs à droite, qui se retournent pour le regarder; il semble leur reprocher d’écouter la confession. A quelque distance, en face du confessionnal, une femme à genoux sur une chaise, sous laquelle est un chien.

Pendants, par Moitte. Trois états chaque.

In-folio en travers.


Ces deux pièces ne portent de titre dans aucun de leurs états; on les a ainsi dénommées parce que les deux gouaches de Baudouin, d’après lesquelles elles ont été gravées, figuraient, la première à l’Exposition du Louvre en 1763, sous la rubrique: Un Prêtre catéchisant de jeunes filles, et la deuxième en 1765, sous celle de: Un Confessionnal.

La gouache originale du Confessionnal, légèrement restaurée, provenant de chez le comte Welles de Lavalette, est actuellement chez M. H. Josse; celle du Catéchisme, chez le baron Edmond de Rothschild.

Ces deux estampes, cependant assez jolies, sont peu appréciées; l’amateur ne les recherche qu’en épreuve d’état.

Perrette ou la jeune Laitière (par H. Guttenberg). Trois états.

Marton ou la jeune Bouquetière (par N. Ponce), 1776. Deux états.

Jusque dans la moindre chose (par Masquelier). Quatre états.

Sa taille est ravissante (par Lebeau), 1776. Quatre états.

Suite de quatre pièces in-4°.

Perrette. — Une main sur son pot au lait, à mi-jambes, et vue de face, la jolie laitière tient dans l’autre main le ruban qui est passé à l’anse de son pot. Sous le titre, vers commençant par ces mots:

Voilà, voilà, la petite laitière...

Marton. — A mi-jambes et de face, une jeune fille tient d’une main une corbeille de fleurs qu’elle a sur la tête, tandis que son autre main tient une rose dont elle respire le parfum. Sous le titre, vers commençant par ces mots:

Je vends des bouquets...

Jusque dans la moindre chose. — Assise de trois quarts à droite, une jeune fille, un livre ouvert sur les genoux, effeuille une rose. Sous le titre, vers commençant par ces mots:

Jusques dans la moindre chose...

Sa taille est ravissante. — A mi-jambes et en corset, une jeune femme, la tête enveloppée d’une fanchon, a les deux mains sur sa poitrine. Sous le titre, vers commençant par ces mots:

Sa taille est ravissante...




Cette suite de quatre pièces est charmante. La copie en couleur de Marton est, croyons-nous, en contre-partie. Le pendant de Sa taille est ravissante est Roxelane, d’après Dugoure, également gravé par Le Beau.

Les Amours champêtres, 1767 (par P.-L. Choffard). Quatre états.

Les Amants surpris, 1767 (par P.-L. Choffard). Quatre états.

Marchez tout doux, parlez tout bas, 1782 (par P.-L. Choffard). Trois états.

Le Jardinier galant, 1778 (par Helmann). Trois états.

Suite de quatre pièces. Petit in-folio.

Les Amours champêtres. — A la porte d’une ferme à gauche, deux femmes, l’une assise sur un banc, ayant laissé tomber son fuseau, l’autre debout à sa gauche, près d’elle, un doigt sur la bouche, regardent deux colombes qui se becquettent. Au-dessus d’elles, à une croisée, un jeune gars les surveille.

Les Amants surpris. — Dans une chambre de ferme, une fille, les vêtements en désordre, laissant voir un des seins complètement nu, pleure la tête dans sa main, sous la verte semonce que lui adresse sa mère vue de profil, les poings sur les hanches, tandis que par une porte entr’ouverte s’échappe l’amoureux qui, dans sa précipitation, a laissé par terre son chapeau.

Marchez tout doux... — Dans une chambre de ferme, une jeune et jolie villageoise, debout en chemise, les seins nus, introduit furtivement dans sa chambre, en le faisant passer par la croisée à droite, un jeune gars coiffé d’un chapeau et tenant ses souliers dans sa main droite; à gauche, par une porte entrebâillée, on aperçoit, couchés dans leur lit et dormant profondément, les parents de la fille.

Le Jardinier galant. — Assis près d’un puits sur un banc de bois, un jeune garçon, de trois quarts à gauche, embrasse une fillette et lui prend tendrement les mains; derrière eux à droite, en haut d’un perron, une autre fille contemple la scène d’un air jaloux.





Les trois pièces de cette suite, gravées par Choffard, n’ont de titre dans aucun de leurs états. Les deux, gravées par Harleston, portent la rubrique sous lesquelles nous les avons désignées, c’est-à-dire, Les Amants surpris et Les Amours champêtres cette dernière, lorsqu’elle est gravée par Choffard, est dédiée à Monsieur Trudaine de Montigny; et à Monsieur le marquis de Reinach, lorsqu’elle l’est par Harleston. M. Bocher en signale une mauvaise copie en contre-partie et en manière noire, portant le titre L’Innocence, à Augsbourg, chez J.-J. Haid et fils.

La gouache originale des Amants surpris figura au Salon de 1765, sous le titre: Une Fille querellée par sa mère.

La gouache originale du Jardinier galant fut adjugée 5,500 francs à la vente Bérend, en décembre 1889; elle était signée et datée 1768; elle avait passé successivement par les cabinets du marquis de Bonnières, Brun-Neergaard (dispersé en 1814), et provenait, cette fois, de la collection Alexandre Delaherche de Beauvais.

Marchez tout doux..... prend quelquefois le titre de: Les Rendez-vous bourgeois ou villageois. La réduction in-4° en couleur, faite par Metz, est charmante, c’est une imitation de lavis, la rubrique est L’Éveillé ; cette petite estampe est assez rare, elle avait passé à la vente Michelot, en 1881, où elle fut adjugée 60 francs. L’estampe Marchez tout doux est très inégale de beauté et de tirage; nous signalons cette particularité aux collectionneurs.

Le Goûter (par Bonnet). En couleur. Petit in-folio.

Un état.

Dans la campagne, une jeune femme de profil à droite, tenant un éventail fermé à la main, et coiffée d’un chapeau à larges bords, est assise près d’une table, faisant face à un jeune seigneur également assis près d’elle: un jeune nègre, coiffé d’un turban, leur offre des glaces sur un plateau. Près de la jeune femme, une petite fille à genoux et vue de dos; à droite au premier plan, par terre, la poupée de l’enfant.


Cette pièce fait partie d’une suite de trois autres: Le Déjeuner, Le Dîner et Le Souper, gravées également par Bonnet, mais d’après J.-B. Huet (voir ce nom). Nous possédons du Goûter et du Déjeuner deux épreuves d’une éblouissante fraîcheur; elles ont leur marge vierge et sont absolument avant toutes lettres, sans les numéros et même sans les noms des artistes; cet état est d’une insigne rareté, sinon unique.

Nous les avons trouvées en Bretagne, chez notre sœur, au grenier, dans une armoire contenant de vieux rouleaux de papier à tapisser; il y avait en plus: L’Amant écouté, La Bonté maternelle et deux superbes exemplaires de L’Indiscrétion et de L’Aveu difficile, dont nous raconterons plus loin l’odyssée (voyez Lavereince).

Il existe un Goûter gravé par Janinet, très supérieur, paraît-il, à celui de Bonnet; il fut vendu le 26 février 1883, par MM. Danlos fils et Delisle, et adjugé 405 francs.

Le graveur Bonnet, dont l’œuvre dépasse plus de mille pièces, avait aussi un commerce d’estampes. Son catalogue imprimé à l’époque, vers 1781, est introuvable; nous ne connaissons à le posséder que M. Georges Duplessis, du département des Estampes, qui a bien voulu nous en donner gracieusement communication; c’est une petite plaquette de 40 pages, dont le texte est encadré d’un double filet, qui contient une liste de 1,054 numéros avec les prix de vente; ces prix variaient de 12 livres à 6 sous; la plupart du temps le graveur ne mentionne pas le nom de l’artiste d’après lequel il a gravé ses estampes. Sa boutique était située: A Paris, rue Saint-Jacques, au coin de celle de la Parcheminerie; au Magasin Anglais.

Il imprimait quelquefois aussi en or les encadrements de ses gravures, comme par exemple: The Woman Taking Coffee. The Milk Woman. Il se servit de ce procédé pour la première fois le 16 novembre 1774; l’effet en est assez joli.

Son genre de reproduction en manière de pastel, aux deux crayons, le noir rehaussé de blanc sur papier bleu, était vraiment très curieux, et arrivait à donner la sensation de l’original reproduit; il se servait de plusieurs planches et saupoudrait très probablement ses blancs pour leur donner plus de rehaut, plus de vigueur; un autre artiste cependant lui était supérieur, suivant nous, c’était Demarteau dont l’œuvre bien moins considérable ne comptait guère qu’environ 600 pièces.

La vente de Bonnet eut lieu le 7 novembre 1793.

Signalons en passant, gravé par Bonnet, d’après Dubois de Sainte-Marie, une rarissime et intéressante pièce: La Toilette de la petite maîtresse, adjugée 349 francs à la vente Mühlbacher, que l’on considère quelquefois comme le pendant de: Le premier Pas à la fortune.

Les deux dessins originaux (?) de ces pièces, crayon noir rehaussé de blanc sur papier bleuté, furent adjugés 300 francs à la vente Baudet, en mars 1892.

L’Épouse indiscrète, 1771 (par N. de Launay).

Cinq états. In-folio.

Dans une chambre à coucher, éclairée par une fenêtre, à droite le mari a renversé la soubrette sur le lit qu’elle est en train de faire, et commence à la lutiner; sa femme à droite, blottie derrière un amas de matelas, assiste à cette scène.



La gouache originale est actuellement dans la collection d’Edmond de Goncourt, où nous l’avons admirée. C’est par erreur que, dans La Maison d’un Artiste, du célèbre collectionneur, la gravure est indiquée comme étant de Simonet; c’est bien par de Launay qu’il faut lire. — Existe en tirage récent sur papier teinté.

Dans le troisième état, avec les armes et les noms des artistes, le titre n’est pas Épouse indiscrète, mais bien Les Indiscrets.

Cette estampe existe en tirage moderne.

La Sentinelle en défaut, 1771 (par N. de Launay).

Quatre états. In-folio.

Chez des paysans, par une porte entr’ouverte à gauche, un jeune gars pieds nus se faufile sous les couvertures que lui soulève une jeune fille demi-nue: à gauche, derrière un rideau, on entrevoit dormant profondément une vieille femme de trois quarts à droite.



Existe en tirage moderne. — Une estampe de même rubrique existe d’après Lavereince (voir ce nom). M. Bocher en signale une réduction ovale au pointillé, gravée dans le même sens.

Le Curieux (par Malœuvre). Six états. Petit in-folio.

Dans un riche intérieur de l’époque, à droite une jeune femme demi-couchée sur un canapé, relève complètement ses jupes, tandis qu’une soubrette à gauche s’approche d’elle, une seringue à la main; un carlin appuie ses pattes de devant sur le canapé ; à gauche encore, une porte vitrée laisse entrevoir, par le rideau levé, la tête d’un personnage à rabat, curieux de voir la scène.



Il existe un méchant pastiche, allemand croyons-nous, horriblement rendu en couleur, même format et en contre-partie, ligné : gravé par Bonnet, 1782, dont Bonnet ne revendiquerait certes pas la paternité.

La gouache originale s’est vendue en 1870, dans la collection San-Donato; elle est actuellement chez le baron Edmond de Rothschild.

Cette estampe, connue aussi sous le nom du Remède, existe en tirage moderne; les épreuves qui proviennent du cuivre très usé portent le nom déposérons l’inscription: Chez l’auteur, rue des Mathurins; et encore, dans un tirage postérieur et dernier, les mots: A Paris chez Le Loutre, placés sous l’inscription: Tiré du cabinet de M. Langlier.

Le Danger du tête-à-tête (par Simonet). Trois états.

Petit in-folio.

Dans un très riche intérieur Louis XV, un jeune homme, à droite, est à genoux aux pieds d’une femme, la gorge découverte, assise à gauche et regardant à droite, près d’une cheminée; il a les mains jointes et une posture suppliante; la femme l’écarte de la main gauche.



Le poète Anacréon (par N. de Launay). Cinq états. Petit

in-folio en travers.

Pièce bien médiocre et bien délaissée des amateurs; on se demande qui a pu la payer 350 francs à la vente Roth, quand, treize ans plus tard, à la vente Bayard, où pourtant les estampes ne se donnaient pas, elle a péniblement atteint le prix de 11 fr.!!! Dans ces deux ventes la pièce était en premier état, eau-forte pure: à cette dernière vente, un exemplaire avant la dédicace, toute marge, a été adjugé 32 francs, et un autre avec la lettre, 12 francs.

La pièce existe en tirage moderne, ainsi que son pendant La gayeté de Silène, d’après N. Bertin.

Le Désir amoureux (par Mixelle). Deux états. Petit in-

folio ovale en couleur.

Une jeune femme assise au pied d’un arbre, entourée d’Amours et de colombes, jette un livre au milieu des flammes; à gauche des colombes se becquettent.



Cette pièce est vraiment bien insignifiante et n’est recherchée que comme rareté en premier état.

L’agréable Négligé (par Janinet.) En couleur, in-4°

ovale équarri. Un état. Ou:

Le léger Vêtement (par Chevillet). Trois états. Même

format en noir.

Jeune femme décolletée assise et accoudée de profil à droite, tenant une guirlande de roses, un rang de perles sur la poitrine.



L’agréable Négligé a pour pendant L’aimable Paysanne, d’après Saint-Quentin, également gravé par Janinet.

Il existe une réduction du Léger Vêtement qui se vendait chez Crépy, sous la rubrique La jeune Flore, pièce rare, mais sans valeur.

Quest là ! — Ji vais (par L. Marin). Coloriée.

Petit in-4° en travers.

Très mauvaises petites pièces coloriées au pouce, qui ne valent pas la peine d’une description. Elles représentent une jeune femme à demi nue: le sujet seul, un peu décolleté, les fait rechercher d’une certaine catégorie d’amateurs.


Le graveur L. Marin n’était autre que Bonnet; du reste, ces pièces portent les nos de son catalogue 823 et 824.

Le Rendez-vous, 1771 (par Bonnet). Imitation de pastel.

Deux états. Petit in-folio.

N’ayant jamais rencontré cette pièce dans des conditions à en pouvoir prendre la description, nous nous permettons de l’emprunter à l’ouvrage de M. E. Bocher; ce dont nos lecteurs ne se plaindront certainement pas.

«Un jeune homme à droite, en train de caresser la poitrine d’une jeune fille, qu’il tient par l’épaule.

«Ce sont les deux mêmes têtes que celles que l’on voit dans l’estampe intitulée: Les Soins tardifs. Ici les personnages sont à mi-corps. A gauche, sur une tablette, un chandelier, arec un pot et un verre.»


Bonnet a gravé une fort jolie petite pièce, très rare, que nous avons vue chez M. Louis Valentin; elle a pour titre La Méfiance. Elle représente une jeune femme, assise de profil à gauche, le chapeau sur la tête et écrivant; un jeune homme s’avance derrière elle pour la surprendre. Nous ne savons d’après qui elle a été gravée, et n’avons pas eu connaissance qu’elle ait passé en vente publique.

Les Plaisirs réunis (par Briceau). Un état. Sanguine.

In-4° en travers.

Au pied d’un arbre dans la campagne, un satyre serre amoureusement la taille d’une nymphe languissamment couchée entre ses jambes: il tient une coupe, de la main droite, et elle, une grappe de raisin, de la main gauche.

Cette pièce est de toute rareté, ce qui n’a pas empêché que, vu sa mince valeur artistique, elle ait été adjugée en épreuve ancienne 3 malheureux francs à la vente Bayard, encore y avait-il avec elle une autre pièce. M. Bocher l’a fait reproduire par le procédé Durand, en tète de son fascicule de Baudouin.

On lui donne quelquefois pour pendant Le Réveil dangereux, d’après Eisen. Ne pas confondre Les Plaisirs réunis avec la Réunion des plaisirs représentant une jeune femme à mi-corps, de profil à droite, la gorge nue, assise devant une table sur laquelle est une bouteille, des cartes et des pièces d’argent; elle porte, de la main gauche, un verre à ses lèvres, et montre deux cartes qu’elle tient dans la droite. Cette pièce a été adjugée 210 francs, avant toutes lettres, à la vente Mühlbacher, et 86, avec la lettre, à celle de Decloux; elle est d’après Le Clerc, gravée par Janinet. — M. Magnier l’a reproduite.

La Rencontre dangereuse (par Leveau). Quatre états.

In-folio.

Au pied d’un arbre, sur la lisière d’un champ de blé, un jeune paysan à droite, le chapeau sur la tête, est en train de lutiner une jeune villageoise, qui a un panier passé au bras gauche; à terre un bâton.


Tout l’œuvre gravé de Baudouin est particulièrement intéressant et se recommande aux collectionneurs; il personnifie l’École française dans une de ses plus délicates expressions.

Dessins, gouaches, estampes et tableaux du XVIIIe siècle

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