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III

Table des matières

L’hygiène chez les Grecs.

Les Grecs savaient distinguer l’hygiène de la médecine, nous en avons comme preuve la racine même du mot qui est grecque () et ce fait que dans leur mythologie, au milieu de leurs demi-dieux et de leurs héros, ils avaient fait une place distincte à la déesse de l’hygiène, Hygie, fille d’Esculape.

L’idée de Lycurgue, au point de vue de l’hygiène, fut de doter sa patrie d’hommes forts et bien portants; ne le fallait-il pas, en effet, pour que les 32.000 citoyens de Sparte puissent maintenir sous le joug leurs 340.000 esclaves?

L’individu se trouvant subordonné à l’État, ainsi que le fait remarquer Fustel de Coulanges dans ses profondes études sur la cité antique, la raison d’État conduisit à décréter l’élimination dès la naissance des individus débiles et mal constitués, et à abandonner aux esclaves les travaux manuels pour ne pas exposer les citoyens aux insalubrités professionnelles.

Les jeunes Spartiates recevaient une nourriture fortifiante et sobre (brouet noir) et leur éducation toute spéciale comprenait surtout des exercices physiques. Les jeunes filles elles-mêmes n’en étaient pas exemptes et cela contribua à faire des Lacédémoniennes les femmes les plus fortes de la Grèce.

Les résultats de leur éducation frappèrent les autres Grecs qui ne tardèrent pas à suivre leur exemple, et la Gymnastique devint le plus estimé de tous les arts. Dans les divers pays où ils allèrent coloniser, sur les côtes de la Méditerranée ou de la mer Noire, les Grecs élevèrent toujours des gymnases, de sorte qu’on peut dire qu’on reconnaissait une ville grecque au milieu des populations barbares à ce qu’elle possédait, en général, près d’une source, cette grande construction carrée contenant des bains et des salles d’exercices et entourée de portiques et d’allées où les citoyens prirent l’habitude de venir causer et se promener et qui devint, dans la suite, un lieu de réunion pour les oisifs.

Il faut cependant reconnaître que vers les Ve et IVe siècles avant Jésus-Christ l’hygiène devint plus rationnelle et surtout plus scientifique. Une grande part de ce progrès revient à Hippocrate (460-380 av. J.-C.) que les Anciens vénéraient à l’égal d’un demi-dieu et qui ne fut peut-être qu’un pseudonyme sous lequel se cache toute une pléiade de médecins. Se préoccupant non pas tant de guérir, que d’éviter la maladie, il mériterait pour cette cause le nom de «Père de l’Hygiène» ; ce qui est certain, c’est que le premier il étudia l’hygiène dans toute sa généralité, recherchant l’influence des climats, des saisons, de la chaleur et de l’humidité sur la santé, ainsi que l’origine contagieuse de certaines maladies. Pour éviter le danger des épidémies, il enseigna à ses concitoyens le meilleur emplacement à donner aux villes au point de vue de l’orientation et de la direction des vents dominants.

Nous savons malheureusement peu de choses relativement à l’hygiène publique dans l’antiquité. Les écrits des historiens et les fouilles archéologiques nous permettent d’établir que les cités antiques étaient entourées d’un mur percé de portes monumentales (). Les maisons s’entassaient un peu au hasard autour des temples et des lieux de réunions publiques, et les rues ou plutôt les chemins ne furent au début que les espaces libres laissés entre elles pour y parvenir. La circulation des chars du reste insignifiante se faisait difficilement sur ce sol non pavé et inégal, dégradé le plus souvent par un ruisseau placé au milieu pour l’écoulement des eaux ménagères, car Athènes elle-même ne possédait pas d’égouts!

Quant aux maisons, elles présentaient, en général, une façade uniforme, constituée par un grand mur sans fenêtre, percé seulement d’une porte massive. Les appartements des hommes étaient distribués autour d’une cour intérieure; celui des femmes en était distinct et situé à la suite ou quelquefois au-dessus quand l’espace manquait.

En plaçant chaque fontaine sous la protection d’une divinité, les premiers Grecs soupçonnèrent ils l’importance de l’eau? Ce qui est certain c’est que des hommes tels qu’Aristote, Platon et Thémistocle, qui, au dire de Plutarque, étaient inspecteur des eaux à Athènes, employèrent toute leur influence pour doter les villes d’un approvisionnement d’eau pure aussi considérable que possible, en faisant construire des citernes et creuser des puits partout où l’eau de source faisait défaut.

Schliemann a trouvé à Mycène les ruines d’une conduite d’eau et Hérodote nous parle d’une canalisation souterraine de 1295 mètres qui fut construite de son temps à Samos. Ces canalisations n’étaient assurément pas les premières (); on est même en droit de penser avec Bechmann que les «Grecs savaient distribuer l’eau au moyen de conduites en bois, on poterie et en plomb, munies de robinets en bois ou en métal.»

Avant d’aborder la question de la sépulture chez les Grecs, rappelons que les Égyptiens avaient employé l’inhumation. Si les personnages de distinction étaient embaumés et leurs momies déposées avec pompe dans des sarcophages, il n’en était pas de même pour les gens du peuple qui étaient simplement mis en terre, le plus souvent même dans des fosses communes. Quelquefois comme aux nécropoles de Thèbes et de Persépolis, les corps furent déposés dans des tombes creusées dans le roc, mais ce fut l’exception.

Quant aux Perses, ils pratiquaient l’inhumation, nous dit Hérodote, mais dans des conditions particulières: Ils exposaient les cadavres dans des lieux écartés pour laisser les oiseaux en dévorer la chair, puis ils ensevelissaient les squelettes après les avoir enduits de cire ().

Les Grecs ont pratiqué l’inhumation et la crémation. Celle-ci en usage dès la plus haute antiquité, ne fut guère employée que pour les soldats ou les voyageurs. En effet en temps de guerre les corps des soldats morts pour la patrie étaient incinérés sur le champ de bataille, et les cendres recueillies dans une urne et rapportées dans leur ville natale pour y recevoir une sépulture. La pratique généralement employée était celle de l’inhumation. Au début les citoyens étaient enterrés dans leurs propriétés à proximité de la maison dans laquelle ils avaient vécu, mais on ne tarda pas à en reconnaître les inconvénients et on ensevelit les cadavres hors des villes, dans les faubourgs, le long d’avenues plantées d’arbres qui devinrent des lieux de promenade très fréquentés. On fit cependant exception pour les citoyens qui avaient rendu des services à la patrie; leurs tombes étaient dans l’intérieur de la ville, sur les places publiques, et on leur rendait le culte dù aux héros. Les tombes des particuliers ne se signalèrent primitivement aux passants que par une butte de terre, puis par quelques pierres disposées dessus et finalement par un monument où des sculptures rappelaient la vie du défunt.

L'Hygiène publique à travers les âges

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