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II.
LE ROCHER ET LE CAILLOU,
ОглавлениеDu haut d’une montagne, au moment d’un orage
Roulait d’étage en étage
Un majestueux rocher;
L’implacable tempête ayant fait table rase
Venait de l’arracher
A son auguste base...
Un tout petit Caillou, que méprisaient les grands,
Veut, au bord des gouffres béants,
Retenir le Rocher... Le seigneur de porphyre
Lui dit: «Pourquoi te placer devant moi?»
«C’est pour vous sauver Sire!
Ou périr fidèle à mon Roi.»
–«Me sauver, malheureux, mais ta perte est certaine;
Vois ce souffle ennemi, qui sur nous se déchaîne,
Tu veux remplir un noble, un saint devoir,
Et ton sacrifice inutile
Ne saurait triompher de la fortune hostile!
Tout est perdu!.. je vois l’injuste prévaloir,
Qu’à mon sort plus rien ne t’enchaîne.»
Cela dit, le Rocher, que la tourmente entraîne,
Ecartant le Caillou, s’élance d’un seul bond
Et disparaît dans l’abîme profond.
Aux Puissants de nos jours la fortune trahie
Reserve rarement une parole amie!..
Notre Caillou, plein de zèle et d’ardeur,
Fit à son Souverain une offre généreuse
Qui n’obtint qu’un refus; mais sans nulle hauteur,
Car le Rocher songeait au pauvre serviteur
Bien plutôt qu’à la chûte périlleuse,
Qui lui ravit tout... «fors l’honneur!