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LE VALLONNET — VIRAYSSE.

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1er Septembre.

Le 1er Septembre à 4 heures du matin nous quittons St Paul, mon Père et moi, et gagnons Fouillouze par la route habituelle. Nous y arrivons au lever du jour. L’aurore s’était accompagnée d’un abaissement de température tel que nous sommes tout heureux de trouver des gens en train de chauffer le four banal, nous nous y réfugions Pour déjeuner.

Réchauffés nous repartons, nous traversons la Baragne à l’extrémité Sud du village. Un vieux chemin qui se change bientôt en un mauvais sentier, nous conduit dans le Vallonnet, vallon délicieux dont nous admirons les prés-bois qu’encadrent les à-pics sauvages du Brec de Chambeyron à l’Est de la Tête de la Combe à l’Ouest. Ce site est comparable à celui d’Ailefroide.

Comme il serait bon de passer un été là, dans ce petit châlet que nous remarquons sur notre route!

Nous arrivons, toujours sur prés, au col du Vallonnet, ce col, très plat, est situé entre un renflement, la Plate Lombarde, à l’Ouest et une très belle montagne, la Rocca Bianca, à l’Est. Après nous y être reposés quelques instants, nous nous engageons dans un vallon au Sud-Est. Nous suivons d’abord un torrent à sec ensuite une piste mal tracée qui finit par disparaître dans les cailloux.

La Meyna vue de là est superbe.

Elle domine de 500 mètres!

Au Nord-Est le col de Portiolette parait pénible; nous renonçons à le franchir comme nous en avions d’abord eu l’intention et, traversant les éboulis Nord de la Meyna, nous nous dirigeons vers la route stratégique.

Nous l’atteignons au niveau d’un petit lavoir.

Cette route, carrossable, bien entretenue, nous mène aux Baraquements, auprès desquels nous nous reposons, puis au fort de Viraysse.

Le vallon de Viraysse mérite d’être vu. C’est le type d’un camp retranché en haute montagne. En bas les baraquements avec toutes leurs dépendances; en haut le fort avec ses grilles, ses galeries, ses casemates, ses positions de batterie creusées dans le roc, sa plateforme d’où l’on jouit d’un panorama magnifique; entre les deux une route aux nombreux lacets coupés par un raccourci balisé qui suit une crête très aiguë. Ces ouvrages, complétés par un observatoire à Roisalpe, constituent une véritable forteresse; elle est réduite mais complète.

De Viraysse on peut observer tout le massif montagneux dont Larche est le centre; on domine le col de la Madeleine et la vallée de l’Ubayette depuis le Lauzanier jusqu’aux Gleizolles, petit hameau au dessus duquel se dressent les escarpements du fort de Tournoux au delà desquels on distingue dans le lointain les vallons sauvages du Parpaillon. Tout autour s’élancent dans le ciel des crêtes dentelées, des cimes majestueuses dont la plus proche, la Meyna, est la plus attirante. Cette pyramide qui se donne des airs de petit Viso, fixe l’attention; on y revient sans cesse malgré soi. Je la contemplais longuement; en moi naissait et grandissait le désir de la grimper mais je me gardais bien de rien en dire à mon Père qui était en train de me faire un cours sur les difficultés et les dangers de cette ascension.

Une impression que je dois noter est celle-ci: de Viraysse on a la sensation d’être directement au dessus de Larche, sur la même verticale. Tous les bruits vous en parviennent très nets.

Mais voici qu’au fond de la vallée plusieurs clochers sonnent midi nous rappelant l’heure traditionnelle du repas; vite, sur le parapet du fort, nous préparons notre festin. Ce jour là, heureux, ravis, nous avons dîné dans un décor féerique.

Par la crête balisée, par des éboulis, de mauvais prés et finalement par le vallon de Rouchouse nous descendons à Larche où nous arrivons vers 2 heures.

A l’hôtel de la Paix, Madame Pinoncély, détaillant du regard notre équipement, nous reçoit d’un «mais d’où venez-vous donc?» qui traduit sa surprise; mon Père le lui ayant dit, elle s’exclame: «A votre âge! vous n’êtes pas fou!»

Il est vrai que la course est longue mais elle est si belle, si variée, qu’elle ne coupe pas l’appétit, l’omelette au lard qu’on nous servit s’en est aperçue!

Mes quatre premières années de montagne

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