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CONSEIL TENU PAR LES RATS.
Un chat nommé Rodilardus[9] Faisoit de rats telle déconfiture, Que l’on n’en voyoit presque plus, Tant il en avoit mis dedans la sépulture. Le peu qu’il en restoit, n’osant quitter son trou, Ne trouvoit à manger que le quart de son soûl; Et Rodilard passoit, chez la gent misérable, Non pour un chat, mais pour un diable. Or, un jour qu’au haut et au loin Le galant alla chercher femme, Pendant tout le sabbat qu’il fit avec sa dame, Le demeurant des rats tint chapitre en un coin Sur la nécessité présente. Dès l’abord leur doyen, personne fort prudente, Opina qu’il falloit, et plus tôt que plus tard, Attacher un grelot au cou de Rodilard; Qu’ainsi, quand il iroit en guerre, De sa marche avertis, ils s’enfuiroient sous terre; Qu’il n’y savoit que ce moyen. Chacun fut de l’avis de monsieur le doyen: Chose ne leur parut à tous plus salutaire. La difficulté fut d’attacher le grelot. L’un dit: Je n’y vas point, je ne suis pas si sot; L’autre: Je ne saurois. Si bien que sans rien faire On se quitta. J’ai maints chapitres vus, Qui pour néant se sont ainsi tenus; Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines, Voire chapitres de chanoines.
Ne faut-il que délibérer?
La cour en conseillers foisonne:
Est-il besoin d’exécuter?
L’on ne rencontre plus personne.