Читать книгу Fables de La Fontaine - Jean de la Fontaine - Страница 41

Оглавление


XVI

LE CORBEAU VOULANT IMITER L’AIGLE.

Table des matières

L’oiseau de Jupiter enlevant un mouton,

Un corbeau, témoin de l’affaire,

Et plus foible de reins, mais non pas moins glouton,

En voulut sur l’heure autant faire.

Il tourne à l’entour du troupeau,

Marque entre cent moutons le plus gras, le plus beau,

Un vrai mouton de sacrifice:

On l’avoit réservé pour la bouche des dieux.

Gaillard corbeau disoit, en le couvant des yeux:

Je ne sais qui fut ta nourrice;

Mais ton corps me paroît en merveilleux état:

Tu me serviras de pâture.

Sur l’animal bêlant à ces mots il s’abat.

La moutonnière créature

Pesoit plus qu’un fromage; outre que sa toison

Étoit d’une épaisseur extrême,

Et mêlée à peu près de la même façon

Que la barbe de Polyphême.

Elle empêtra si bien les serres du corbeau,

Que le pauvre animal ne put faire retraite:

Le berger vient, le prend, l’encage bien et beau,

Le donne à ses enfants pour servir d’amusette.

Il faut se mesurer; la conséquence est nette:

Mal prend aux volereaux de faire les voleurs.

L’exemple est un dangereux leurre:

Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands seigneurs;

Où la guêpe a passé, le moucheron demeure.



Fables de La Fontaine

Подняться наверх