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IV
ОглавлениеAprès avoir établi un dictionnaire des signes, l’abbé Ferrand pouvait désormais s’occuper d’apprendre et faire apprendre à ses petites sourdes-muettes ce qui constituait l’enseignement d’alors. Sans doute s’est-il contenté de donner à la sœur Montangé des instructions verbales pour ce qui concernait l’enseignement de la lecture, de l’écriture, de l’arithmétique, etc. Mais, il a tenu à entrer lui-même et par écrit dans le détail de l’enseignement des premières notions de la religion.
En effet, (et nous en avons fait l’objet d’une publication à part), il existe à la fin du manuscrit un abrégé de la doctrine chrétienne à l’usage des sourds-muets. Cet abrégé se divise en deux parties: 1° un petit catéchisme et 2° un gros catéchisme.
Il est extrêmement curieux de voir cet abbé, ramenant à la hauteur de l’intelligence de ces petites sourdes-muettes l’enseignement si difficile de la religion. Il avait fait la psychologie de ces enfants, celui qui n’hésitait pas à entreprendre de leur donner l’idée de Dieu, de leur faire distinguer le bien du mal, et de les familiariser avec les origines de l’homme, de leur apprendre la prière rien qu’avec des signes! Ce devait être un spectacle fort admirable de voir ce bon prêtre entouré d’enfants attentifs avec lesquels il communiquait sans articuler un mot, sans prononcer une parole, et parvenait pourtant à élever leur âme vers les idées les plus abstraites sans autre secours que ce qui pouvait frapper leurs regards!
Avant que la méthode orale ne fut venue remplacer la méthode des signes dans l’enseignement des enfants sourds-muets, nous avons eu l’occasion d’assister à un catéchisme fait par un prêtre bien zélé(), du haut de la chaire dans une chapelle, à une dizaine d’enfants, nous n’oublierons jamais l’impression que nous avons ressentie dans cette occasion. Rien ne troublait le silence de l’église et pourtant par sa mimique éloquente le prêtre instruisait, intéressait, guidait comme avec la main, ces jeunes esprits vers la compréhension des choses de la religion et de la morale.
C’était vers 1882! Et précisément l’abbé Ferrand faisait déjà cet enseignement cent ans auparavant, en 1782!
DOCTEUR J.-A.-A. RATTEL.