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Dans la lutte de tous les instants que les Belges, prisonniers dans leur propre pays, soutiennent contre la domination allemande, les journaux sont secondés par de nombreuses brochures. Citons-en quelques-unes, simplement pour donner une idée de leur diversité.
Nécrologe dinantais, août 1914.—Cette brochure donne d'abord un récit des massacres et des incendies; puis la Liste officielle des civils fusillés à Dinant les 23 et 24 août 1914 par ordre de l'autorité militaire allemande, sans aucun jugement préalable. La liste comprend les noms et prénoms de six cent six cadavres, avec leur profession, leur domicile et leur âge. Puis on ajoute: «Cette liste est incomplète; elle ne contient pas les noms de tous ceux dont on n'a pas pu identifier les corps, ni de ceux qui sont morts dans les hôpitaux à la suite de leurs blessures.»
Le Nécrologe dinantais avait été précédé d'une autre liste imprimée qui fut impitoyablement poursuivie par les Allemands à Dinant même8.
8 [ Voir DAVIGNON, Belgique et Allemagne, p. 66.]
Pages du Livre des Douleurs de la Belgique.—Récits objectifs, par des témoins oculaires, de quelques horreurs commises en Belgique par l'armée allemande.
La Violation de la Neutralité belge.—Exposé très simple de la perfidie allemande, fait en janvier 1915. Comment l'Yser n'a pas été franchi: Yser, Nieuport, Inondations.—Cartes et photographies de la région; récits des combats et des inondations (voir pl. VIII).
Le Manifeste des intellectuels allemands et les Réponses des neutres.—Traduction française du manifeste, et quelques-unes des réponses.
La Sozialdemokratie et la Guerre. Le Crime des Socialistes allemands. Petit dossier documentaire.—On y lit notamment le récit des visites faites à la Maison du Peuple de Bruxelles par divers militants allemands: Wendel, Liebknecht, Köster et Noske (voir p. 181).
La Franc-Maçonnerie belge et les Loges allemandes.—Reproduit l'appel de M. Ch. Magnette à neuf loges allemandes, pour demander une enquête impartiale sur ce qui s'est passé en Belgique; le refus des deux seules loges qui aient répondu; la riposte de M. Magnette; des documents justificatifs d'origine allemande.
Patriotisme et Endurance.—C'est la lettre pastorale bien connue de Mgr Mercier, qui a produit une si grande impression. L'édition princeps, imprimée à Malines chez Dessain, a été en partie saisie par l'autorité allemande. Mais on en a fait une douzaine d'éditions en français et trois éditions flamandes; elle a aussi été répandue par la dactylographie. Chaque édition a eu de nombreux tirages. Chez un seul imprimeur de Bruxelles, la police allemande a confisqué 35.000 brochures. Mais il en a été publié tant de centaines de milliers que chaque maison de Belgique en recèle au moins un exemplaire.
Autour de la Lettre cardinalice.—Réimpression de la principale correspondance échangée entre les autorités allemandes et le clergé belge à l'occasion de la prohibition de la lettre pastorale.
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La propagande anti-allemande s'opère aussi à l'aide de cartes illustrées, représentant le Roi, la Reine, le prince Léopold, M. Max, Mgr Mercier, Miss Cavell et Ph. Baucq, etc.
La carte prohibée qui a dû vexer le plus profondément les Allemands est celle qui reproduit les portraits de leurs espions. Une trentaine de ceux-ci avaient eu l'ingénieuse idée de se faire photographier en corps. Une semaine ne s'était pas écoulée que les Belges en possédaient une épreuve et la faisaient reproduire en carte postale9. Dès qu'un de ces sympathiques mouchards entrait dans un tram, tout le monde le dévisageait avec une insistance significative.
Quoiqu'il soit défendu de photographier, de nombreux amateurs bravent les rigueurs de la «justice» allemande, et prennent des clichés des ruines de Louvain10, de Dinant, de Termonde11, de Visé, des villages du Luxembourg, etc.
9 [ Comment les Belges résistent..., fig. 26.] 10 [ Ibid., fig. 20.] 11[ Ibid., fig. 23.]
4. Les arrêtés allemands sur la presse.
Sont en présence: d'une part les Allemands détenteurs de l'autorité, et décidés à en abuser sans le moindre scrupule, ne cherchant qu'à nous démoraliser pour pouvoir plus facilement nous écraser sous leur botte; d'autre part les Belges, abandonnés à eux-mêmes, exposés à toutes les rigueurs des tribunaux militaires chaque fois qu'ils font un effort pour se dégager de l'étouffoir. Dans cette lutte, tellement inégale que les Belges semblent vaincus d'avance, ce sont pourtant eux qui gardent le dessus; rien ne prouve mieux la victoire de nos compatriotes et la rage impuissante de nos ennemis que les peines de plus en plus excessives comminées par les règlements sur la presse.
Un avis du gouvernement militaire de Bruxelles, le 22 novembre 1914, parlait d'emprisonnement prolongé:
Avis.
Je rappelle à la population de Bruxelles et des faubourgs qu'il est strictement défendu de vendre ou de distribuer des journaux qui ne sont pas expressément admis par le gouverneur militaire allemand. Les contraventions entraînent l'arrestation immédiate des vendeurs ainsi que des peines d'emprisonnement prolongé.
Bruxelles, le 22 septembre 1914.
Le Gouverneur militaire, Baron VON LÜTTWITZ, Général.
L'arrêté du 13 octobre 1914, signé baron von der Goltz, menaçait d'une punition, «conformément à la loi martiale, celui qui propage des écrits non censurés»12.
L'avis du 4 novembre 1914, signé également baron von der Goltz, disait que les contrevenants seraient «punis d'emprisonnement de longue durée»13.
Des condamnations furent effectivement prononcées à cette époque, par exemple: Louis Prost, condamné à six mois de prison «pour avoir répandu des copies de nouvelles menteuses de la guerre, reproduites par dactylographie»14.
12 [ Comment les Belges résistent..., p. 4.] 13 [Ibid., p. 6, 7.] 14[ lbid., p. 5.]
Mais les rigueurs allemandes n'empêchèrent pas l'introduction de journaux étrangers ni la création de journaux clandestins. Dans un communiqué officiel, reproduit par les journaux censurés, du 14 juin 1915, M. le baron von Bissing, gouverneur général en Belgique, se plaint de cette situation.
Quelques jours plus tard, un autre communiqué précise ces notions: les contrevenants seront punis d'un emprisonnement de un jour à trois ans et frappés d'une amende de 3.000 marks au maximum.
Un arrêté du gouverneur, en date du 25 juin 1915, dit:
Les actions et les omissions défendues par l'arrêté du 13 octobre 1914 et l'avis du 4 novembre 1914, concernant la censure des imprimés, récitations, etc., et par l'avis du 15 décembre 1914 concernant le transport de lettres, écrits, etc., sont passibles d'une peine d'emprisonnement de un jour à trois ans et d'une amende de 3.000 marks au plus ou d'une de ces deux peines à l'exclusion de l'autre, à moins que d'autres lois ou arrêtés ne prescrivent une peine plus élevée.
Les tentatives de commettre les actions et omissions précitées sont punissables; les objets soustraits au contrôle seront confisqués. Les infractions seront jugées par les tribunaux militaires ou, s'il s'agit de contraventions peu graves, par les autorités militaires.
Le présent arrêté entrera en vigueur le jour de sa publication.
(L'Écho de la Presse internationale, 5 juillet 1915.)
Mais aucune menace ne fait fléchir le patriotisme des Belges. Aussi le gouverneur général exhale-t-il de nouvelles lamentations en janvier 1916. Il y avoue—enfin!—que la population bruxelloise reste irréductiblement hostile aux occupants. Cette petite crise de sincérité jure avec les interviews qu'il accordait au début de 1915 à des journaux allemands, notamment à la Norddeutsche Allgemeine Zeitung; il y disait régulièrement que les rapports des Bruxellois avec les Allemands étaient devenus meilleurs. Voici la plainte de janvier 1916:
L'attitude de la population bruxelloise à l'égard de la garnison allemande montre, dans tous les domaines, une hostilité non justifiée. Non seulement on distribue et on achète volontiers continuellement dans la ville des écrits injurieux, d'un caractère obscène contre l'Administration allemande, sous les yeux de la police de la ville; non seulement des officiers allemands ont été insultés en pleine rue (par exemple le cas de Jonghe), mais souvent la population bruxelloise en est arrivée à prêter au service de renseignements ennemi une aide active en lui fournissant des renseignements sur la situation militaire en ville, par exemple, sur l'occupation temporaire des hangars à aéroplanes, et elle a ainsi rendu possible des actes hostiles contre la garnison allemande établie dans ses murs. Il est regrettable que même des employés communaux n'aient pas eu honte de participer à ces actes hostiles, et d'y prêter aide, comme agents de l'espionnage ou comme détenteurs d'explosifs. De plus, et sur une grande échelle, malgré des avis réitérés avec menace de pénalités sévères du gouvernement général, la population bruxelloise a tenu des armes cachées et a ainsi indiqué son intention de se garder armée en vue d'un soulèvement.
De même, dans le domaine des logements, l'attitude hostile de la population bruxelloise s'est manifestée ouvertement. Non seulement on a créé des difficultés de toutes sortes aux officiers et aux employés allemands, pour la location d'appartements convenables, mais encore les quelques bailleurs qui ont loué à des officiers ou employés allemands, pour gagner ainsi légitimement leur vie, ont été en butte, de la part de leurs concitoyens, à des chicanes continuelles, à des menaces et à des humiliations. C'est ainsi que pour les officiers et employés allemands la question du logement est devenue particulièrement embarrassante.
(Signé) VON BISSING.
De nouveau, quelques jours après, le 11 janvier 1916, confirmation menaçante des plaintes du gouverneur général:
Arrêté.
.............................
ART. 2.—Quiconque, dans le territoire du gouvernement général, aura lancé ou fait circuler sciemment, sur le nombre, la marche ou de prétendues victoires des forces ennemies, de faux bruits pouvant induire en erreur les autorités civiles ou militaires quant aux mesures à prendre par elles;
.............................
Sera puni d'une peine d'emprisonnement de cinq ans au plus, à moins que les lois et arrêtés en vigueur ne prescrivent l'application d'une peine d'emprisonnement plus élevée.
ART. 3.—Les infractions au présent arrêté sont de la compétence des tribunaux militaires allemands.
Bruxelles, le 11 janvier 1916.
VON BISSING. VON SAUBERZWEIG.
Jusqu'ici n'étaient exposés aux sévérités des tribunaux militaires que ceux qui s'occupent de propager les «écrits provocateurs». A partir du 5 février 1916, il est tout aussi criminel de les recevoir et de les conserver.
Celui qui trouve La Libre Belgique dans sa boîte aux lettres est donc tenu de la brûler immédiatement!
Arrêté.
Quiconque possède des imprimés qui, contrairement aux prescriptions en vigueur, ont été soustraits à l'examen de la censure, sera puni, soit d'une peine d'emprisonnement de trois ans au plus et d'une amende pouvant atteindre 3.000 marks, soit d'une de ces deux peines à l'exclusion de l'autre, à moins que les circonstances ne prouvent que le détenteur n'est pas coupable.
Les imprimés formant l'objet des infractions seront confisqués.
Ces infractions sont de la compétence des tribunaux ou autorités militaires allemands.
Bruxelles, le 5 février 1916.
C'est sans doute à la suite de cet arrêté que fut condamné le propriétaire d'un café de Liège:
Liège.—M. Adam Quaden, le propriétaire de la Taverne Britannique, place Verte, vient d'être condamné par les tribunaux boches à quatre mois de prison pour le fait suivant:
La Taverne Britannique, lieu de réunion de tous les vrais Liégeois, reçut un jour la visite de quelques Allemands qui y procédèrent à une minutieuse perquisition. On découvrit dans la loge du portier du café quelques numéros de La Libre Belgique, que le portier reconnut avoir ramassés sur une table, où un inconnu les avait déposés15.
15 [ On peut se demander qui est cet inconnu. Était-ce peut-être un agent provocateur? Ne pas oublier qu'à Liège même, en décembre 1914, de nombreuses personnes ont été condamnées parce que des mouchards allemands avaient déposé dans leur boîte aux lettres Le Courrier de la Meuse, de Maestricht. (Note de J.M.)]
M. Quaden fut arrêté comme responsable, bien qu'innocent, et condamné.
(Le Courrier de l'Armée, n° 245, 30 mars 1916, p. 4, col. 1.)
Plus tard, en juin 1916, M. Préherbu, juge de paix de Schaerbeek, a été suspendu de ses fonctions, pour avoir été trouvé détenteur du numéro du journal exécré.
Deux remarques au sujet de ces arrêtés:
a) Dans le domaine, essentiellement civil, des délits de presse, ce sont les autorités militaires ou les tribunaux militaires qui sont seuls compétents et qui condamnent «conformément à la loi martiale»16; cela signifie qu'il n'y a ni publicité des débats ni recours contre les jugements. Oh! «le respect des lois en vigueur dans le pays» exigé par l'article 43 du règlement annexé à la Convention de La Haye, un chiffon de papier qui est en partie l'oeuvre des juristes allemands et qui porte leur signature.
16 [ Il ne faut pas trop s'étonner de ce que les tribunaux militaires jugent les délits de presse; à Anvers, c'est devant les tribunaux militaires que comparaissent les restaurateurs coupables d'avoir servi à leurs clients des pommes de terre épluchées d'avance!]
b) Chaque nouvel arrêté commine des peines plus fortes. Singulière psychologie! Ils croient donc que les Belges qui n'ont pas été effrayés par six mois de prison reculeront devant cinq années! A comparer avec la prime offerte, dit-on, à celui qui ferait connaître les auteurs de La Libre Belgique: 5.000 francs, puis 25.000 francs, puis 75.000 francs.
En province, les mêmes mesures sont prises contre les écrits non censurés. Qu'il nous suffise de rappeler quelques arrêtés, déjà reproduits dans Comment les Belges résistent... page 6 (à Spa), page 7 (à Louvain), page 8 (à Namur), page 17 (à Anvers).
Nous ne résistons pas au désir de réimprimer ici la joyeuse affiche placardée à Liège, le 10 septembre 1915, en pleine bataille de la Marne.
A la population de Liège et de ses environs.
Vu les succès croissants des troupes allemandes, on ne comprend pas que le peuple de Liège soit toujours assez crédule pour croire les nouvelles frivoles et absurdes répandues par les fabriques de mensonges installées à Liège. Ceux qui s'occupent de propager de telles nouvelles s'exposent à être rigoureusement punis. Ils jouent un jeu dangereux en abusant de la crédulité de leurs concitoyens et en les engageant à des actes irréfléchis. La population raisonnable de Liège s'opposera d'elle-même à toutes les tentatives de la sorte!
Autrement elle s'expose non seulement aux désillusions les plus graves, mais encore à être ridiculisée aux yeux du monde intelligent.
VON KOLEWE,
Lieutenant général et Gouverneur allemand de la place de Liège.
Défense d'arracher ce placard ou de coller un autre dessus.
5. Le supplément aérien de «La Libre Belgique».
Depuis le printemps 1916, les Belges utilisent un nouveau moyen de transport de publications prohibées: l'avion.
De petites feuilles «volantes» (Le Clairon du Roi, supplément aérien de La Libre Belgique) sont imprimées à l'étranger et lancées sur les villes belges par nos aviateurs. Elles donnent chaque mois, en français et en flamand, des nouvelles de la guerre. Inutile de dire que les Allemands font tout au monde pour empêcher nos compatriotes de saisir et de propager ces communiqués. Ainsi, l'aéroplane qui survola, à la fin de juin 1916, la région d'Anvers et de Saint-Nicolas, avait semé des quantités de petits papiers; pendant plusieurs jours des patrouilles de cavalerie parcoururent le pays, arrêtant et fouillant tous ceux qu'on pouvait soupçonner de transporter des journaux tombés du ciel.
Le mercredi 6 septembre 1916, le lieutenant C... et l'adjudant M... versèrent une pluie bienfaisante de suppléments aériens de La Libre Belgique sur les promeneurs de la Porte de Namur et de la Grand'Place, à Bruxelles.
A la suite de cette visite, les habitants des boulevards voisins de la Porte de Namur ont été punis: ils doivent être rentrés à 20h 30 et rester chez eux sans lumière. Comme cette perspective pourrait ne pas être suffisamment désagréable pour empêcher les Bruxellois d'aller ramasser les papiers distribués par les aviateurs, les Allemands ont imaginé un système plus radical: ils lancent contre les aéroplanes des shrapnells qui n'éclatent pas en l'air, mais au moment où ils retombent près du sol. Beaucoup de curieux ont été tués et blessés de cette manière lors du raid du 27 septembre 1916.
6. Les simili-prohibés.
Voyant que ni l'intimidation brutale ni la corruption n'empêchaient nos compatriotes d'acheter les journaux étrangers et de répandre des journaux clandestins, l'autorité allemande employa notre propre arme: elle fit imprimer des simili-prohibés.
Dès le mois de janvier 1915, circulait à Bruxelles un pamphlet insultant les autorités civiles d'Anvers à l'occasion de l'entrée des troupes allemandes dans la ville. Cette affaire n'est pas encore tirée au clair, et la preuve de la complicité allemande n'est pas faite; mais tout au moins les Allemands ont-ils avoué, par l'organe de M. le baron von Bissing fils, professeur à l'université de Munich, qu'ils se sont efforcés de profiter des dissensions qu'on avait essayé de semer17.
17 [ Voir Belgien unter deutscher Verwaltung, dans Süddeutsche Monatshefte, avril 1915 (p. 31 du tiré à part), traduit dans: Comment les Belges résistent..., p. 414, note 3.]
A la fin de juillet 1915, on vendait à Bruxelles une «proclamation du roi Albert à l'occasion de la fête nationale du 21 juillet». C'était un tissu d'inepties entremêlées de quelques attaques venimeuses contre les Alliés. La pseudo-proclamation fut reprise par la presse allemande. La fraude était tellement grossière que nous n'avons pas eu besoin de la note du n° 42 de La Libre Belgique pour la percer à jour.
Leur plus belle invention fut de publier un journal, Le Fouet, qu'on distribue en cachette. A côté de plaisanteries niaises sur «Bête-man, Chandelier de l'Empire», le n° 1 attaque vivement le «gouvernement clérical» de la Belgique et les «flamingants». Ceci est une marque de fabrique indiscutable, car il n'y a pas un seul Belge qui n'ait oublié aujourd'hui nos querelles intestines.
A diverses reprises on a vendu à Bruxelles des contre-façons de feuilles étrangères, soit de journaux de Dunkerque, soit de journaux publiés par des Belges en Néerlande. Ces sosies se vendaient 50 centimes à 1 franc, alors que les journaux authentiques coûtaient au moins le double. Ils présentaient cette particularité d'annoncer des victoires étourdissantes des Alliés. Étaient-ils l'oeuvre de quelque imprimeur désireux de gagner de l'argent, ou doit-on y voir la main des Allemands? c'est difficile à dire. Toutefois, rappelons-nous que, pendant le siège de Paris, Bismarck prit soin de faire parvenir de temps en temps aux Parisiens de faux journaux relatant de prétendues victoires françaises; il savait que rien ne conduit plus sûrement une population au désespoir que les illusions déçues: