Читать книгу Croquis parisiens - Joris-Karl Huysmans - Страница 10
ОглавлениеVII
Ilexiste pour les Folies deux séries de valses nécessaires et charmantes: l’une pirouettante et joyeuse, rendant le balancé des trapèzes, les culbutes prestigieuses des clowns, le rythme du corps qui se hausse et se baisse à la force des bras, dodeline, retenu seulement par les jambes, remonte, la tête longeant l’estomac et le ventre, les bras reprenant la place des pieds qui rebattent l’air de leurs souliers frottés de craie; l’autre maladivement voluptueuse, montrant l’œil injecté et les mains tremblantes des polissonneries interrompues, les élans arrêtés par la présence d’un tiers, la paillardise avortant en plein trafic, faute de souffle, les corps crispés et attendant, aboutissant enfin, par le fracas triomphal des cymbales et des cuivres, dans le cri de douleur et de joie de la chose venue.
C’est un non sens par exemple de jouer dans cette salle du Robert le Diable. Ça détonne comme une tête de père noble dans une partie fine. Il faut ici de la musique pourrie, canaille, quelque chose qui enveloppe de caresses populacières, de baisers de la rue, de gaudrioles à vingt francs la pièce, le lancé des gens qui ont copieusement et chèrement dîné, des gens las d’avoir brassé des affaires troubles, traînant dans ce pourtour l’ennui de saletés qui peuvent tourner mal, inquiétés par leurs courtages louches de valeurs et de filles, égayés par des joies de forbans qui ont réussi leurs coups et se grisent avec des femmes peintes, au son d’une musique d’arsouilles.