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CHAPITRE III.
Théorie du battage de l’extrait.

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Table des matières

L’OBJET du battage est de séparer l’indigo des autres matières extractives qui ont été dissoutes avec lui dans l’eau, de former le grain par la réunion de plusieurs molécules&d’occasionner sa précipitation au fond du vaisseau, sans mélange d’autres matières, afin qu’on puisse le retirer facilement, après avoir fait écouler toute l’eau qui surnage. L’indigo a été réduit par la fermentation à ses parties primitives intégrantes, dissout par l’alkali volatil&s’est combiné avec ce dernier. L’union de ces deux substances l’une avec l’autre est lâche, parce qu’elles ont peu d’affinité entr’elles; l’eau qui est le menstrue de cette dissolution n’a point d’affinité avec l’anir, mais elle en a beaucoup avec l’alkali. Il faut donc regarder ces deux substances (l’alkali&l’indigo) dans un état de nisus continuel. L’alkali volatil tend à la volatilité,&l’indigo à la précipitation.

LE battage chasse d’abord l’air combiné avec ces deux substances, d’où s’enfuit leur désunion; cet air dégagé forme l’écume considérable qui surnage l’extrait, pendant le battage: cette opération rompt donc facilement&mécaniquement l’adhérence foible de ces substances: en exposant successivement à l’air extérieur les molécules des sels contenus dans l’extrait, ce mouvement après avoir séparé l’alkali de l’indigo occasionne d’une part l’évaporation du sel urineux, non en totalité, mais en grande partie;&d’autre part rejette les unes contre les autres les molécules de l’indigo, lesquelles étant libres sont indissolubles à l’eau; elles se réunissent par la tendance qu’elles ont les unes vers les autres;& constituent par leur aggrégation un grain sur son gros. La viscosité qui leur est naturelle&l’affinité qu’elles ont entr’elles les retiennent unies; dès qu’elles forment masses, elles se précipitent par leur poids.

AVANT le battage, le grain dissous par les alkalis est verd& se trouve combiné avec les molécules du liquide; après le battage, il reprend fa couleur naturelle qui est la bleue, parceque cette opération a fait évaporer la plus grande partie des alkalis volatils, sans lesquels l’eau ne peut tenir l’indigo en dissolution; dès lors cette substance qui s’est aggrégée en petites masses qui forment les grains se trouve interposée&non dissoute dans le liquide;&ne pouvant contracter, lorsqu’elle est libre, aucune union avec les parties aqueuses, se précipite d’elle-même, quand rien ne s’y oppose. Les matières extractives contenues dans l’extrait, n’étant point volatiles, ne se séparent point de l’eau par le battage, mais elles y restent dissoutes: n’ayant aucune affinité avec l’indigo, elles ne se combinent point avec lui, à moins qu’elles n’y soient comme forcées par un battage. outré, ou que l’indigo n’ait été décomposé par une fermentation trop longue.

D’APRÈS cette théorie, il est facile d’expliquer les phénomènes de l’excès ou du défaut de battage&les raisons de ses variations sur sa durée.

SUPPOSONS d’abord que la fermentation ait été saisie à-propos.

DANS ce cas, si le battage a été excédé, le mouvement trop long temps continué, a divisé mécaniquement les parties constituantes des grains d’anir qui s’étoient formés; alors ou ils ne se précipitent pas, ou ils le sont lentement&partiellement, parce qu’ils sont réduits à des particules trop déliées, pour vaincre la résistance&la densité de l’extrait. Une percussion trop forte, trop rapide&trop longue, peut dans touts les cas occasionner la pénétration intime&réciproque des molécules d’indigo&des matières extractives, ou au moins forcer mécaniquement leur alliage; d’autant plus que ces matières éxtractives étant par leur nature gommeuses, ou mucilagineuses, ont naturellement quelque viscosité. Quand même leur adhérence avec les molécules d’indigo ne se seroit que par contact, cela seroit suffisant pour tenir ces dernières suspendues dans le liquide&pour arrêter leur précipitation.

L’EXCÈS du battage a encore l’inconvénient de donner une couleur noirâtre à la fécule, comme l’excès de fermentation, mais par une cause différente. J’ai dit que ce dernier occasionnoit la décomposition de l’indigo, au lieu que l’autre excès rendant le grain extrêmement divisé, fait que celui qui se précipite, retient avec lui, soit en vertu de la pénétration réciproque, dont nous venons de parler, soit par la seule force du contact, des matières extractives de la plante; celles-ci altèrent la couleur de la fécule, à raison du mélange,&proportionnellement à la plus grande quantité de surfaces, que présente un plus grand nombre de molécules plus petites d’indigo. On conçoit que la pénétration de ces substances, ou le simple contact, peuvent varier dans leurs proportions, à l’égard des particules, de façon que les unes aient encore assès de pesanteur relative, pour se précipiter,&que les autres formant dans leur volume un corps aussi léger que l’eau, y restent suspendues.

Mais s’il y a défaut de battage, l’évaporation des alkalis volatils n’est pas suffisante; la quantité qui en reste dans l’extrait est trop considérable&tient en dissolution beaucoup de molécules d’anir qui ne peuvent ni se réunir ni se précipiter; celles mêmes qui sont libres sont rares,&ne se rencontrent pas facilement; elles restent très-divisées, d’où il résulte qu’elles se tiennent suspendues dans le liquide&qu’on retire très-peu de produit. Dans ce cas, l’eau est verte, preuve qu’elle tient de l’indigo en dissolution.

LORSQUE la fermentation péche par défaut, les molécules d’indigo sont rares dans l’extrait. Un court battage ne peut en occasionner la rencontre, ni la réunion, ni par conséquent la précipitation, j’entends complètement. Un battage trop long divise les grains qui s’étoient réunis, en même temps qu’il en forme d’autres. De quelque façon qu’on s’y prenne, on obtient peu de produit, mais il est de bonne qualité, parce que l’eau n’est pas chargée de matières extractives.

SI la fermentation est excédée, l’anir a éprouvé tin commencement de décomposition; alors les matières extractives qui sont en abondance dans l’extrait, ont prise sur lui, empêchent la réunion de ses molécules, en s’interposant entr’elles, rendent l’eau plus dense& ralentissent par conséquent la précipitation des malles d’indigo qui ont pu s’aggréger, enfin sont entraînées en partie avec celles-ci au fond du vaisseau,&altèrent par leur mélange la couleur de l’indigo. Ainsi l’excès de fermentation est ce qu’on doit éviter le plus. Le battage quel qu’il soit, ne peut en réparer les inconvénients. S’il est modéré, les alkalis volatils qui sont alors abondants dans l’extrait, ne s’évaporent pas en totalité&tiennent la plus grande partie de l’indigo dissoute; elle ne se réunit pas,&ne se précipite pas. Les grains qui ont pu se former, ou restent suspendus, ou s’allient avec des matières hétérogènes. Si le battage est trop long, il en résulte les mêmes inconvénients; mais dans un degré plus éminent, que Ceux que nous avons rapportés, à l’occasion d’une fermentation saisie à-propos&d’un battage outré.

ON déduira facilement de cette théorie, les causes des variations sur la durée du battage. Plus l’extrait contient d’alkalis volatils, plus toutes autres choses égales, le battage doit être long, pour procurer l’évaporation des sels. Plus l’extrait est chargé de sucs de la plante héterogènes à l’indigo, plus celui-ci se trouve embarrassé,&plus il a de peine à te réunir&à se précipiter, même après l’évaporation des sels. Plus l’indigo est rare dans l’extrait, plus sa réunion est difficile&lente. Ainsi le degré différent de fermentation, la vîtesse ou la lenteur du mouvement du battage, apportent nécessairement des différences dans la durée de cette opération. Ajoutons aussi que l’espèce&la qualité des herbes que l’on emploie, influent beaucoup sur l’effet du battage. Les unes à raison du sol, de l’exposition, de la saison, de l’espèce, de l’âge, de la culture, exigent plus de fermentation ou de battage que les autres.

IL arrive quelquefois que tous les efforts de l’art ne peuvent occasionner la précipitation complète du grain, de quelque façon qu’on s’y prenne pour battre l’extrait. Ce contre-temps peut provenir de plusieurs causes que nous expliquerons dans le cours de ce mémoire; elles tiennent toutes à un principe. C’est qu’alors l’indigo est très-rare dans l’extrait, ou bien il est allié ou combiné à des sucs extractifs qui s’opposent à sa réunion, qui le retiennent suspendu dans le liquide&qui empêchent fa précipitation même après le battage. Dans ce cas il n’est point dissout; il est seulement interposé dans le fluide, auquel il communique la couleur bleue, lorsqu’il n’est point décomposé;&une couleur noirâtre, lorsqu’il est décomposé par excès de fermentation. Mais lorsque l’eau reste verte après un long battage, c’est une preuve qu’elle tient de l’indigo en dissolution par l’abondance des alkalis fixes qui ont été fournis par la plante, ou par l’artiste. Ainsi les couleurs, verte, bleue,&noire de l’extrait qui jusqu’à présent n’ont point été expliquées chimiquement, serviront à guider l’artiste dans ses opérations. Je réserve à en parler dans la seconde partie.

Essai sur la fabrique de l'indigo

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