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III

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Ceux qui ont eu la fantaisie de se composer une collection de tableaux conviendront avec moi que ce n’est point une petite affaire. Pareil au bibliophile qui ne parvient à réunir une bibliothèque de choix qu’après avoir fait une horrible hécatombe de bouquins, le modeste amateur de peinture n’obtiendra un ensemble passable qu’après avoir entassé un nombre de croûtes effrayant. Encore le bibliophile a-t-il des manuels et des catalogues pour le guider, tandis que le collectionneur de tableaux ne peut guère compter que sur ce flair que le goût et l’expérience seuls peuvent lui donner.

Je n’entreprendrai point de décrire toutes les œuvres qui couvrent les murs de l’atelier du haut en bas: ce serait d’abord abuser de la patience du lecteur, et puis, il faut le dire, certaines ne valent pas la peine d’être mentionnées. J’y ai mis un peu de tout, de l’ancien, du moderne; mais je dois ajouter que c’est ce dernier genre qui l’emporte.

Je me contenterai donc de signaler de très beaux portraits en pied de la Dame et les Enfants de la maison, par E. Genty; un charmant H. Baron, la Querelle des Amoureux, pour lequel j’ai toujours eu un certain faible, car c’est mon premier achat en peinture; une jolie petite nymphe de Diaz, de jolies toiles de Chopin, Corot, Troyon, Musin, J. Masse, Couder, Béraud, Jeannin, Minet, Catoire, Foret, et nombre d’esquisses où figure au premier rang celle de la Chasseresse, de Roll, jeune peintre du plus grand avenir.

Quant à l’école ancienne, il me suffira de citer des œuvres de A. Dürer, J. Romain, Rembrandt, D. Téniers, Dietricy, Brauwer, Karl Dujardin, Parrocel, Wouvermans, Metzu, Miéris, Bruandet, et quelques portraits intéressants par Holbein, Clouet, Largillière, H. Rigaud, Vanloo, Allais; plusieurs beaux pastels, dont un de Rosalba, et un certain nombre de toiles dont les attributions sont incertaines, complètent cet ensemble.

Vous voyez qu’il y a de tout un peu, et, si je fais cette description, ce n’est certainement point dans l’intention d’en faire montre ou parade, mais afin de prouver que j’ai fait de mon mieux pour honorer la peinture.

Le tableau tient la première place dans la curiosité, et c’est justice: car les objets d’art les plus dignes d’intérêt ne sont-ils pas naturellement ceux qui sont uniques, comme les tableaux, les dessins, les sculptures, ou bien encore ceux que leur provenance rend précieux et rarissimes, comme les autographes, les exemplaires dans une condition unique et certaines pièces gravées? Quant aux livres tirés à petit nombre, aux gravures et aux faïences, dont il existe, dans certains cas, vingt, cinquante ou cent exemplaires tout à fait pareils, il me semble, tout en leur reconnaissant un mérite sérieux et réel, qu’il n’y a point chez eux cet intérêt particulier et ce charme inappréciable que possède l’objet unique ou presque introuvable.

Voyage à travers mon atelier

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