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IV

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Il faut convenir que le monde et ses convenances sont une drôle de chose! Cette réflexion me vient en contemplant un charmant tableau de Béraud, un de nos plus jeunes peintres, digne de figurer au premier rang du genre que Firmin Girard, Worms et Vibert ont rendu célèbre. Il représente une soirée du grand monde, et l’on y voit nombre de jeunes femmes et de jeunes filles en toilettes brillantes dansant avec des messieurs tout de noir habillés qui me font l’effet, entre parenthèses, de chenilles au milieu de fleurs. Oui, je le répète, singulière chose que les convenances du monde!

Un jeune homme pourra, dans un bal, danser avec une jeune fille, contempler les délicieux trésors de l’enfant qui expose à sa vue des bras charmants, des épaules ravissantes, une poitrine adorable de promesses qu’elle seule ou sa mère devraient connaître, et l’on n’y trouve rien à redire; tandis que si ce jeune homme vient faire une visite chez les parents de la jeune fille, elle ne descendra au salon et ne le recevra que si elle est correctement vêtue jusqu’au cou. De même, dans l’ardeur d’une valse entraînante, il pourra l’enlacer dans ses bras, la presser amoureusement contre lui, enivrer ses sens au contact de ce beau corps qui s’abandonne à lui; et si le même personnage, dans une causerie de salon, s’avise de passer son bras autour de la taille de cette même jeune fille, il se fera passer dehors comme un malotru.

Étrange! étrange!

Mais la valse, aussi, cette valse infernale! que de défaillances elle a causées, que de vertus elle a doucement ébranlées! Et comme le mari devrait bien la défendre à sa femme, le père à sa fille!...

Je m’arrête, car j’aperçois déjà des yeux moqueurs fixés malicieusement sur moi, et ayant l’air de me dire:

«On a valsé, on valse et on valsera toujours!!!»

Bien entendu, Mademoiselle, d’autant plus que ça aura toujours l’attrait du fruit défendu.

Voyage à travers mon atelier

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