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Le parrain conduit le garçon par toutes les pièces toutes plus belles, toutes plus gaies les unes que les autres, et l’amène jusqu’à une porte scellée.

— Vois-tu, dit-il, cette porte? Elle n’a pas de serrure, elle est scellée seulement. On peut l’ouvrir, mais tu ne dois pas y entrer. Demeure ici tant que tu veux, et promène-toi tant que tu veux et comme tu veux. Jouis de toutes les joies; il t’est seulement défendu de franchir cette porte; et si tu la franchis, rappelle-toi alors ce que tu as vu dans la forêt.

Cela dit, le parrain prit congé de son filleul. Le filleul resta dans le palais et y vécut. Et il y trouvait tant de joie et de charme, qu’au bout de trente ans il pensait y avoir passé seulement trois heures. Et quand ces trente ans se furent ainsi passés, le filleul s’approcha de la porte scellée et pensa:

— Pourquoi le parrain m’a-t-il défendu d’entrer dans cette chambre? Je vais aller voir ce qu’il y a dedans.

Il poussa la porte, les scellés se brisèrent, et la porte s’ouvrit sans peine. Le filleul franchit le seuil, et vit un salon plus grand, plus magnifique que tous les autres, et, au milieu du salon, un trône en or. Il marcha, le filleul, à travers le salon; il s’approcha du trône, en gravit les marches et s’y assit. Il s’assit et vit auprès du trône un sceptre qu’il prit entre ses mains. Tout à coup les quatre murs du salon tombèrent. Le filleul, regardant autour de lui, vit le monde entier, et tout ce que les humains font dans le monde. Et il pensa:

— Je vais regarder ce qui se passe chez nous. Il regarde tout droit; il voit la mer: les bateaux marchent. Il regarde à droite, et voit des peuples hérétiques. Il regarde du côté gauche: ce sont des chrétiens, mais non des Russes. Il regarde derrière lui: ce sont nos Russes.

— Je vais maintenant voir si le blé a bien poussé chez nous.

Il regarde son champ, et voit les gerbes qui ne sont pas encore toutes mises en meules. Il se met à compter les meules pour voir s’il y a beaucoup de blé, et il voit une charrette qui passe dans le champ, et un moujik dedans. Le filleul croit que c’est son père, qui vient pendant la nuit enlever son blé. Il reconnaît que c’est Wassili Koudriachov, le voleur, qui roule dans la charrette. Le voleur s’approche des meules, et se met à charger sa charrette. Le filleul est pris de colère, et il s’écrie:

— Mon petit père, on vole les gerbes de ton champ!

Le père s’éveille en sursaut.

— J’ai vu en rêve, dit-il, qu’on vole les gerbes: je vais aller y voir.

Il monte à cheval et part. Il arrive à son champ et aperçoit Wassili. Il appelle les moujiks. On bat Wassili, on le lie, et on le mène en prison.

Le filleul regarde encore la ville où demeurait sa marraine. Il la voit mariée à un marchand. Il la voit dormir, et son mari se lever, et courir chez une maîtresse. Le filleul crie à la femme du marchand:

— Lève-toi, ton mari fait de mauvaises choses. La marraine se lève à la hâte, s’habille, trouve la maison où était son mari, l’accable d’injures, bat la maîtresse et renvoie son mari de chez elle. Il regarde encore sa mère, le filleul, et il la voit couchée dans l’isba. Un brigand entre dans l’isba, et se met à briser les coffres.

La mère s’éveille et pousse un cri. Le brigand saisit alors une hache, la lève au-dessus de la mère: il va la tuer.

Le filleul ne peut se retenir, et lance le sceptre sur le brigand; il l’atteint juste à la tempe et le tue du coup.

À la recherche du bonheur (L'édition intégrale de 7 contes)

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