Читать книгу Histoire chantée de la première République, 1789 à 1799 - Louis Damade - Страница 6
LA PUISE DE LA BASTILLE
Оглавление14 JUILLET 1789
Air: Aussitôt que la lumière.
Est-il bien vrai que je veille
Et que mes yeux soient ouverts?
Quelle étonnante merveille
Frappe aujourd’hui l’univers!
Launay(), le ciel nous seconde, Tes efforts sont superflus: Un seul instant l’airain gronde, Et la Bastille n’est plus!
Que le beau feu qui m’anime
T’électrise en ce moment,
François! peuple magnanime,
Cède à mon ravissement!
L’exécrable despotisme
Implorant de vains secours,
Soudain, aux cris du civisme,
A vu s’écrouler ces tours!
D’une terrible épouvante
Remplissant tout Jérichos,
Tel en son ardeur bouillante,
Josué, jeune héros,
De la trompette guerrière
Aux éclats retentissans,
Voit de cette ville altière
Tomber les murs insolents!
Toi qui déchirant mon âme
Au récit de tes malheurs,
De cette Bastille infâme
Nous dévoile les horreurs,
Epargne à l’homme sensible
Ce trop douloureux récit!
Pour peindre ce lieu terrible,
Sur cent traits un seul suffit.
Des cris perçans et funèbres
Poussés par le désespoir
Font, du prince des ténèbres,
Abhorrer l’affreux manoir;
Mais, peuplé de tous les vices,
L’enfer, séjour du démon,
N’est qu’un palais de délices
Auprès de cette prison!
A l’heure si fugitive
Quand reprochant sa lenteur,
Ici la vertu plaintive
Succomboit à sa douleur,
Qui régnoit sur ma patrie,
Qui donc lui donnoit des loix?
Etoit-ce, dans leur furie,
Ou des monstres ou des rois?
Saturnes abominables
Qui dévorez vos enfans,
Qui des pleurs des misérables
Engraissez vos courtisans,
Si quelques dieux tutélaires
Aux mortels vous ont donnés,
Fut-ce pour être des pères
Ou des bourreaux couronnés