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AVANT-PROPOS

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L’accueil fait à l’étude que j’ai récemment publiée dans le journal le Temps, sous le titre: la Production agricole en France, me fait espérer que la réunion de mes articles pourra être. de quelque utilité, dans un moment où la question agricole occupe et passionne, à juste titre, l’opinion publique.

Le terrain que j’ai choisi, à dessein, n’est point le terrain économique, à proprement parler; tout en restant convaincu, plus que jamais, du peu d’efficacité, pour l’agriculture, d’un relèvement des droits sur les céréales, j’ai eu particulièrement en vue de mettre en relief, par des faits qui me paraissent indéniables, la supériorité, sur les mesures fiscales, des moyens propres à accroître les rendements du sol français et la possibilité d’y arriver, le concours de tous aidant.

Quoi qu’il advienne de la question des tarifs soumis en ce moment à l’examen du Parlement, les progrès que je signale resteront, après comme avant le vote des Chambres, l’objectif essentiel à poursuivre: développement de l’enseignement agricole à ses divers degrés, utilisation des Stations agronomiques pour l’étude des problèmes agricoles et leur vulgarisation, modifications dans les errements des propriétaires et des fermiers, associations et syndicats, transformation industrielle de l’agriculture, réformes législatives: cet ensemble d’améliorations devant aboutir finalement à l’accroissement des rendements et, partant, à l’abaissement du prix de revient des produits.

On se méprendrait complètement sur mes intentions, si l’on ne voulait voir, dans ces quelques pages, que la défense du libre-échange, si étrangement abandonné aujourd’hui, pour des raisons absolument extrinsèques, par quelques-uns de ses plus fervents partisans d’autrefois. Mes visées sont plus hautes: indépendantes de toute préoccupation politique ou électorale, elles tendent à démontrer, d’après des faits nombreux, en s’appuyant sur des expériences de longue durée, la possibilité d’affranchir la France du tribut qu’elle paye trop souvent encore à l’étranger pour son alimentation. J’ai par-dessus tout en vue les améliorations durables de l’agriculture française, améliorations que peut seule réaliser l’initiative des intéressés, propriétaires et exploitants, soutenue et facilitée par le concours des pouvoirs publics.

J’espère avoir réussi à prouver que tout ne sera pas fait, que malheureusement, l’agriculture ne sera pas sauvée de la crise cruelle qu’elle traverse depuis dix ans, lorsqu’on aura, dans un moment de découragement bien naturel, arraché aux représentants du pays le vote d’un droit de quelques francs sur le blé à son entrée. Il est hors de conteste que ce droit sera insuffisant pour compenser l’écart entre les prix de revient et les prix de vente actuels, dans presque tous les cas; on arrivera alors à en demander l’augmentation, et les producteurs qui réclameront un droit voisin de la prohibition, c’est-à-dire assez élevé pour couvrir l’écart entre les prix de revient et les prix de vente actuels, seront seuls conséquents avec leur doctrine.

Restera le consommateur qui, sans doute, à ce moment, fera aussi entendre sa voix. Il faudra revenir alors au système de l’échelle mobile.

Mon ami, M. E. Cheysson, auquel sa haute compétence en matière économique et statistique donne une autorité indiscutée, a bien voulu me prêter son précieux concours et fournir à cette Étude un complément des plus instructifs, en dressant les cartes et diagrammes qui accompagnent la reproduction des articles du Temps. Ceux de mes lecteurs qui auraient conservé des doutes sur la valeur du système de l’échelle mobile, se convaincront aisément, par l’examen des graphiques de M. E. Cheysson, que les tarifs prohibitifs ou protectionnistes n’ont, à aucune époque, servi les intérêts des producteurs de blé, pas plus d’ailleurs que ceux des consommateurs de pain. L’adhésion d’un esprit aussi réfléchi, d’un économiste aussi autorisé, au programme de réformes à l’exécution duquel les progrès de notre agriculture me semblent indissolublement liés, est pour moi un puissant encouragement dans l’accomplissement de la tâche que je me suis imposée. Tâche ingrate, à une heure où des questions de tout point étrangères aux intérêts vitaux de l’agriculture dominent la discussion et menacent de faire perdre de vue la question agricole elle-même.

Je m’applaudis également de pouvoir compléter l’examen de la culture du blé, par la publication d’une étude géologique sur les sols à blé en France et en Angleterre, que le savant interprète des premières expériences de MM. Lawes et Gilbert, mon ami M. A. Ronna, a bien voulu m’adresser. L’examen comparatif des rendements du sol en blé, dans les deux pays, suivant la nature géologique, les renseignements sur les variétés cultivées et sur leur rôle dans l’assolement, chez nos voisins d’outre-Manche, révèlent de nombreux faits intéressants, dont les cultivateurs français sauront faire leur profit.

Si la lecture de cet opuscule peut décider quelques hommes de progrès à entrer résolûment dans la voie des améliorations foncières et culturales, en prenant pour guide les belles recherches de Sir J. Lawes et du Dr Gilbert; si les indications fournies par les expériences de Rothamsted peuvent les amener à accroître le rendement de leur terre de quelques hectolitres seulement à l’hectare, leur exemple portera vite ses fruits: je serai alors amplement rémunéré des soins que j’ai apportés à cette Étude.

Au temps de faire le reste, par l’association, par l’initiative privée et, j’ose l’espérer, avec le concours de nos législateurs, auxquels le pays a confié le mandat de défendre et de protéger, dans le sens vrai du mot, la première de nos industries nationales: en édictant des lois libérales sur la propriété et sa transmission, sur l’association; en aidant au développement de l’enseignement agricole sous ses diverses formes, et en allégeant, par une sage économie, les charges si lourdes que le passé nous a léguées et qui pèsent sur l’agriculture d’un poids qu’il importe de diminuer dans la plus large mesure possible.

L. GRANDEAU.

Station agronomique de l’Est, le 20 janvier 1885.

La production agricole en France : son présent et son avenir

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