Читать книгу Traictié de la première invention des monnoies - Nicole Oresme - Страница 3
AVANT-PROPOS.
ОглавлениеDeux années se sont écoulées depuis que nous avons entrepris ce travail: de douloureuses préoccupations en ont retardé l’achèvement; mais, dans l’intervalle, nous n’avons rien négligé pour rendre cette publication aussi complète que possible.
Le manuscrit françois du Traictie de Nicole Oresme, dont nous avons fait usage, appartient à la Bibliothèque impériale ; ceux qui se trouvent à la Bibliothèque publique de Poitiers et à la Bibliothèque de Bourgogne à Bruxelles, sont tous deux en latin, comme les diverses éditions connues, à l’exception de celle de Colard Mansion.
Ce manuscrit, d’une écriture soignée qui remonte au quinzième siècle, donne les titres et les sommaires en rouge; les initiales sont en bleu. Il porte les armes du premier propriétaire, d’azur à la cotice de gueles, posée en bande et accompagnée de deux dragons d’or, dont la queue forme une seconde tète plus petite, compassée de gueles: le tout repose en cantel sur un arbre aux fruits d’or. C’est un in-folio de 46 feuillets; il provient de la Bibliothèque de l’église de Paris.
Une annotation précieuse en signale l’origine; on y lit, en effet, cette ligne: Cl. Joly, en septembre 1664, — m’a esté donné par M. Berthier, chanoine de Chaumont en Bassigni. La reliure, en basane, est remarquable; elle paraît dater également du quinzième siècle, et se trouve rehaussée par des dessins finement exécutés. L’inscription porte: Nicol. Oresme. Des monnoies.
Ce manuscrit se trouve publié ici pour la première fois; nous l’avons fait précéder de variantes empruntées à l’édition de Colard Mansion, dont la Bibliothèque impériale possède l’unique exemplaire conservé jusqu’à nos jours. Nous avons compris aussi, dans ce volume, le texte latin, soigneusement revu.
L’œuvre d’Oresme avait été presque oubliée: il en est de même d’un autre travail, non moins curieux, que nous ajoutons à ce volume. Le Traité de la monnoie dû à Copernic a été généralement ignoré jusqu’à ces derniers temps. L’illustre Thadée Czacki n’en fait aucune mention dans son grand ouvrage sur les lois de la Pologne et de la Lithuanie , ni dans sa dissertation spéciale sur la question monétaire .
Un de nos savants confrères, M. Bertrand, membre de l’Académie des sciences, vient de faire paraître une notice pleine d’intérêt, sous le titre: Copernic et ses travaux . Il y parle du Traité de la monnoie, dont il fait ressortir l’éminent mérite . Nous publions le travail de Copernic, tel qu’il a été écrit par lui en latin; notre traduction française se trouve placée en regard. L’existence d’une pareille œuvre du grand astronome suffirait pour éveiller une curiosité légitime; celle-ci est pleinement justifiée par l’élévation et la sûreté d’esprit dont cette dissertation porte le cachet.
Les vues de Copernic sur la monnoie se rapprochent beaucoup de celles de Nicole Oresme; ce sont les mêmes aperçus, sains et vigoureux, c’est la même entente de l’importance attachée à ce que l’instrument des échanges soit maintenu droit de titre et de poids, c’est le même jugement porté sur la nature du pouvoir du prince, en ce qui concerne le règlement de la valeur monétaire. Le rapprochement des indications fournies par ces deux grands esprits donne lieu à une étude aussi féconde qu’attrayante.
Puisse ce volume, en la facilitant, reporter l’attention des économistes sur le domaine, peu exploré encore à ce point de vue, des investigations historiques: ce serait notre plus belle récompense.
Paris, 24 juin 1864.