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NOTICES BIOGRAPHIQUES.

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Table des matières

Pour compléter ces indications, nous croyons utile de reproduire la copie textuelle d’une notice biographique extraite de l’Histoire des évêques-comtes de Lisieux, publiée par Richard Séguin en 1832.

NICOLAS ORESME.

33e évêque, 19e comte de Lisieux, en 1377.

«Nicolas Oresme était Bocain-Normand, du diocèse de Bayeux; M. Huet, célèbre évêque d’Avranches, croit même qu’il était de Caen, sans oser rassurer. Du temps que M. Halley, professeur d’éloquence dans l’université de Caen, faisait imprimer ses poésies, il y avait à Vaucelles et dans la paroisse de Clinchamps des familles de ce nom; ce qu’il y a de certain, ajoute M. Huet dans ses Origines de Caen, c’est que Nicolas Oresme était Normand, et que tant qu’il a été dans l’université de Paris, il a toujours été censé de la nation normande. Ce savant évèque, après avoir fait ses études dans son pays, alla à Paris; il fut grand maître du collége de Navarre; il s’y fit une si grande réputation, que le roi Jean le nomma précepteur de Charles, son fils aîné ; il en était digne, car c’était le plus habile dans les sciences et les beaux-arts, qui fût dans l’université de Paris. Ce prince reconnaissant lui donna des marques de sa gratitude. Oresme fut fait grand maître du collége de Navarre, archidiacre de Bayeux, trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris, doyen de Rouen, et enfin évêque de Lisieux.

«Oresme composa plusieurs ouvrages: il travailla, par ordre du roi, à la traduction de la Bible, afin, dit M. Huet dans ses Origines (chapitre XXIV), de prévenir les altérations que les Vaudois et les autres hérétiques faisaient des livres sacrés. Le roi l’envoya en ambassade près du pape Urbain V, à Avignon; il y prononça un discours véhément contre les désordres du clergé, que les protestants ont interprété faussement en leur faveur. Jacques Gauthier, dans sa Table chronographique, imprimée en 1637, et le Père Pierre de Saint-Bomard, feuillant, dans son Trésor chronologique et historique, ont mis mal à propos ce grand évèque au nombre des hérétiques du quatorzième siècle; mais il a été défendu par Thomas Basin, qui fut un de ses successeurs, grand ennemi des sectaires; celui-ci dit que le vénérable Oresme, un de ses prédécesseurs, passait pour habile dans l’astrologie, et qu’il avait composé un livre sur cette matière. Il fut de nouveau envoyé par le roi à Avignon en 1366, pour détourner ce pontife et les cardinaux de reporter le siége de Saint Pierre à Rome. Il fit, dit M. Fleury, un discours très-insipide, chargé de citations et de mauvaises raisons: il était, en effet, très-difficile d’en trouver de bonnes à ce sujet. On attribue, sans preuve, à ce prélat, un livre intitulé : le Songe du verger, qui est un traité de la puissance ecclésiastique et civile, en forme de dialogue entre un clerc et un chevalier. On croit, plus vraisemblablement, que cet ouvrage est de Raoul de Presles. Il traduisit une partie des ouvrages d’Aristote et de Pétrarque vers 1370.

«Il composa un traité sur le changement des monnaies, qui se trouve dans le tome XXVI de la Bibliothèque des Pères, p. 226; un de l’Immaculée Conception de la sainte Vierge, cité par M. Huet; cent quinze sermons; l’Art de prêcher; un traité contre les mendiants; un de la sphère; trois contre l’astrologie judiciaire, qui ont été cités avec éloges par Thomas Bazin et Pic de la Mirandole; un traité latin de l’Antechrist, qui est imprimé au tome IX du grand recueil des Pères Martenne et Durand de la congrégation de Saint-Maur.

«Enfin le roi Charles V, voulant honorer le mérite de son précepteur, le fit élire évêque de Lisieux le 16 novembre 1377; il fut sacré le 26 janvier de la même année, que l’on compterait aujourd’hui 1378. Le roi l’honora de sa présence et lui fit présent de deux anneaux d’or, garnis de pierreries, du prix de 390 livres d’or, somme alors très-considérable. On a encore l’ordre de ce monarque au receveur général des aides de payer cette somme. Ce prélat fut envoyé vers l’empereur Charles, et son fils Vinceslas à Saint-Denis, dans le même mois de janvier, où il était venu pour travailler à faire la paix entre la France et l’Angleterre avec le prince des Bocains, roi de Navarre Oresme fonda, dès le mois de février suivant, une messe à la cérémonie des obsèques de la reine de France, femme du roi Charles V, morte le 6 de ce mois 1377, et fit serment à son métropolitain le 18 juin. Il eut contestation avec ses chanoines pour la fabrique de la cathédrale, qu’ils prétendaient être toute à sa charge; il y eut des arbitres nommés, qui décidèrent que les dégâts survenus par les guerres ne seraient point supportés par l’évêque-comte, mais seraient pris sur les oblations des fidèles. Ce savant prélat, après avoir gouverné l’Eglise de Lisieux, non pendant sept années, comme le disent les éditeurs de son traité de l’Antechrist, mais cinq ans seulement, mourut à Lisieux le 11 juillet 1382, regretté de tous les gens de bien, et surtout des savants. Il fut enterré dans le chœur de la cathédrale, près de la porte, à gauche; on lui faisait un service le 5 août.

«Nicolas Oresme portait d’azur à quatre étoiles d’or, 2 et 2.»

(Histoire du pays d’Auge et des évêques-comtes de Lisieux, par M. Richard Séguin.)

M. Louis Dubois, dans son Histoire de Lisieux (2 vol. in-8°, 1845), prétend que Nicolas Oresme n’était pas de Bayeux, comme l’assure la Gallia christiana, mais de la commune d’Allemagne, près de Caen. Le même historien ajoute que c’est aussi à tort que Halley, dont le savant Huet partage l’opinion le fait naître dans la ville de Caen.

«Oresme passait, dit M. Louis Dubois, pour l’un des plus savants hommes de son siècle, tant en philosophie et en mathématiques qu’en théologie. Il fut, en 1360, choisi par le roi Jean pour être le précepteur de son fils, qui, devenu roi, obtint et surtout mérita le beau nom de Charles le Sage. Dès 1356, parvenu au doctorat, Oresme fut nommé grand maître du collége de Navarre, où il enseigna la théologie, et fut chargé par son élève, monté sur le trône, de traduire la Bible en langue française. Doyen de l’Église de Rouen en 1361, et chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, il quitta le collége de Navarre où il avait fait renaître les bonnes études, suivant de Launoy (Hist. du coll. de Navarre). En 1363, il fut envoyé auprès du pape Urbain V à Avignon; il y prononça devant le pontife et les cardinaux une harangue aussi éloquente que hardie contre les déréglements toujours croissants de la cour de Rome, et prédit avec beaucoup de raison les événements fâcheux pour elle qui ne pouvaient manquer d’éclater, et qui, en effet, un siècle après, portèrent à cette puissance des coups dont elle ne s’est jamais relevée On trouve ce discours dans l’ouvrage de Flaccius Illyricus (Matthias Francowitz), sur les Témoins de la vérité. Telles étaient l’ignorance et la mauvaise foi de ces temps encore barbares, qu’Oresme fut accusé d’hérésie par Jacques Gauthier, dans ses Tables chronographiques, et dans les Tables chronologiques de Pierre de Saint-Rom uald. Thomas Basin, successeur et digne appréciateur d’Oresme, le vengea de ces imputations alors si funestes Le roi, qui avait une grande confiance dans les lumières d’Oresme, le consultait souvent dans les affaires épineuses; et, comme dit du Tillet, «il oyoit et suivoit moult volontiers le conseil et

«administration d’Oresme.»

«Oresme fut magnifiquement récompensé de ses travaux. En 1377, il fut nommé à l’évêché de Lisieux. Il fut envoyé, au commencement de 1378, au-devant de l’empereur Charles IV, qui s’était rendu à Saint-Denis. Le 3 avril 1381, il confirma dix livres de revenu annuel aux chanoines de l’église de Saint-Cande-le-Vieux, à Rouen, dont il défendit les priviléges contre l’archevêque.»

Dans la partie biographique de l’Histoire de Lisieux (t. II, p. 238 et 239), M. Louis Dubois cite les ouvrages de ce savant évêque.

La courageuse harangue qu’il prononça, en 1363, à Avignon, contre les déréglements du haut clergé, devant le sacré collége, a été imprimée dans le Catalogus testium veritatis, publié sous le pseudonyme de Flaccius Illyricus, par Francowitz, en 1556, et dans les, éditions postérieures de cette collection dirigée contre les abus du clergé ; elle a paru à part, en 1604, à Wittemberg, par les soins de Salomon Gessner. Les principaux ouvrages d’Oresme, imprimés après sa mort (car l’imprimerie n’était pas alors découverte), sont des traductions, tels que la Morale d’Aristote (1488, in-f°), la Politique, du même philosophe (1488, 2 vol. in-f°), les livres du Ciel et du Monde. Oresme composa, en latin, un livre sur la communication des idiomes, et cent quinze sermons, etc. Quant au livre latin contre l’Antechrist, que lui attribuent Martène et Durand qui l’ont imprimé dans leur «très-ample collection,» il est reconnu, ajoute M Louis Dubois, qu’il n’est pas de notre prélat, pas plus que la traduction de la Bible, qui paraît être de Raoul de Presle (voir le Mercure de France, d’oct. 1750, et l’article Oresme, de la Biographie universelle, rédigé par M. Pannier).

Un extrait de Huet complétera ces citations:

«On voit que Nicolas Oresme estoit natif de Caen. Il fut docteur en théologie de la faculté de Paris, et, en 1355, il fut élu grand maître du collége de Navarre, où il avoit esté élevé. Il fut archidiacre de Bayeux, ensuite doyen de la métropole de Rouen et trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris. Le roi Jean le choisit, en 1360, pour estre précepteur de son fils Charles V, qui le récompensa de l’évesché de Lisieux en 1377. Il fut d’un savoir fort diffus, grand théologien, philosophe, mathématicien et humaniste. Il traduisit du latin en français, par le commandement du roy, son disciple, la sainte Bible, plusieurs livres d’Aristote et d’autres ouvrages des anciens. Il a écrit principalement contre les astrologues. Il a laissé plusieurs sermons, entre autres celui qu’il fit à Avignon devant le pape Urbain V et le sacré collège. 11 mourut en 1382, et fut enterré dans son église cathédrale.»

Mézeray parle de notre auteur en ces termes:

«Charles V commanda à Nicolas Oresme, jadis son précepteur, d’écrire contre Jean Teramo et autres ultramontains qui voulaient abolir la puissance temporelle des princes; et ce fut alors, à ce qu’on tient, qu’il composa le Songe du verger, qui n’est point une rêverie, mais un puissant raisonnement où il introduit le clerc et le gentilhomme disputant de l’autorité du pape et de celle des princes.»

Dans ses lettres estimées sur l’Histoire monétaire de la Normandie et du Perche, M. Lecointre-Dupont dit :

«Nicolas Oresme, né à Bayeux, l’un des plus célèbres théologiens de l’université de Paris, avait été le précepteur de Charles V. Monté en 1377 sur le siège épiscopal de Lisieux, qu’il occupa jusqu’à sa mort, arrivée en 1382, il composa, dans cet intervalle, un traité philosophique fort remarquable sur les changements du cours des monnaies, pour démontrer qu’un prince ne peut, de son autorité privée, changer arbitrairement les monnaies ayant cours dans ses États, en régler la valeur à son gré et retirer de leur fabrication un bénéfice illimité.» — Et il ajoute en note:

«Le traité de Nicolas Oresme existe en manuscrit à la bibliothèque publique de Poitiers (XCV des Mss., n° 2, et il a été imprimé dans la Magna bibliotheca Patrum, t. IX, édit de Paris. D’après les auteurs de la Nova Gallia christiana, il ne fut écrit que sous le pontificat de Clement VII à Avignon, c’est-à-dire en 1378, ou plutôt lorsque djéà Oresme était évêque de Lisieux. On pourrait cependant inférer du titre qu’il porte dans le manuscrit de Poitiers, que sa composition est antérieure à l’élévation d’Oresme à l’épiscopat. Voici, en effet, son intitulé : Tractalus de mulationibus moneturum cditus a Mag. Nicholao Oresme, sacre theologie professore.»

Nous croyons que la Gallia christiana a commis une erreur, et que cette dernière version est plus exacte. Le travail d’Oresme est antérieur à 1373.

Traictié de la première invention des monnoies

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