Читать книгу Traictié de la première invention des monnoies - Nicole Oresme - Страница 7
ÉPILOGUE.
ОглавлениеAprès avoir communiqué à l’Académie des sciences morales et politiques cette traduction de la Notice de M. Guillaume Roscher, nous l’avons entretenue de quelques nouvelles recherches auxquelles nous nous sommes livré relativement à l’auteur oublié du Traité des monnaies. Curieux de connaître les particularités qui pouvaient se rattacher à la vie d’Oresme, nous avons visité Lisieux; là, nous voulions retrouver sa tombe, placée dans la cathédrale. Nos recherches ont été vaines. Le souvenir d’Oresme survit à peine dans l’esprit de quelques archéologues; quant à sa tombe, elle aurait, suivant quelques récits, disparu au milieu des entraînements révolutionnaires; mais en cette circonstance, comme dans beaucoup d’autres, on a prétendu faire peser sur la Révolution la responsabilité de faits qui lui sont complétement étrangers. Un honorable habitant de Lisieux, M. Pannier, qui s’occupe avec un zèle éclairé d’études archéologiques, possède la copie d’un ancien manuscrit trouvé il y a quelques années, par un notaire de Lisieux, dans un inventaire. Ce document comprend une période de quarante et un ans, depuis l’année 1676 jusqu’en 1717; il renferme des renseignements intéressants sur l’histoire de cette ville. On y trouve la preuve que le tombeau de Nicole Oresme a été détruit en 1677, sous l’épiscopat de Léonor II de Matignon. Voici le passage qui nous a été signalé par M. Pannier:
«En cette année 1617, Monseigneur l’Évêque a fait réparer de neuf toute l’Église cathédrale, et pour cet effet, on a ôté toutes les tombes qui étoient dans la nef et dans les ailes, les unes étoient de belle pierre et les autres de cuivre. L’on a pareillement ôté les tombes de pierre et de cuivre de plusieurs évêques qui étoient dans le chœur.»
Léonor II de Matignon a fondé à Lisieux de nombreux établissements d’utilité publique, et fait construire la partie la plus moderne de l’ancien palais épiscopal, qui passait pour un des plus beaux et des plus riches du royaume. Mais il sacrifia au mauvais goût du temps en commettant dans l’église Saint-Pierre de véritables actes de vandalisme. C’est ainsi qu’il a fait remplacer les anciens vitraux, qui garnissaient les fenêtres de la nef, par du verre blanc, et détruit un magnifique jubé en pierre, à l’entrée du chœur.
Le tombeau de Nicole Oresme était placé dans la première travée du chœur, à gauche (côté de l’Évangile), près de la porte. Cette partie de l’édifice date, ainsi que la nef et le transept, de la fin du douzième siècle; les deux dernières travées du chœur et de l’abside ont été élevées au treizième siècle.
C’est donc au milieu du dix-huitième siècle qu’un évêque de Lisieux, peu curieux des choses d’art, et qui supprimait d’anciens vitraux comme trop obscurs, fit aussi enlever les monuments funéraires placés, dans l’intérieur de la cathédrale. La tombe d’Oresme a été comprise dans cette mesure, qui a précédé de plus d’un siècle la révolution de 1789. Combien de profanations pareilles n’a-t-on pas commises depuis? C’est ainsi qu’aux lieux mêmes où le souvenir des hommes célèbres devrait être pieusement conservé, la postérité oublieuse détruit les monuments des temps passés et des gloires d’autrefois!
L. W.