Читать книгу Le chef-d'oeuvre de Papa Schmeltz - Paul Célières - Страница 6
CHAPITRE IV.
LE MAUVAIS GÉNIE DE SATURNIN.
ОглавлениеDieu sait pourtant si l’on y criait, depuis qu’il en était sorti!
Ahuri par les éclats de rire qui avaient répondu à ses bravos après l’introduction, Tiburce n’avait pas protesté, quoique son sang de méridional bouillonnât. Mais lorsqu’au beau milieu de la romance, il avait entendu un refrain inepte couvrir la pure mélodie du violon de Schmeltz, il était monté sur sa banquette et, la face tournée vers la foule, avait crié à pleine voix:
Tas de brutes!
C’était le moment même où Schmeltz, effaré, s’esquivait. Il n’avait donc pas entendu cette défense vigoureuse qui lui aurait donné quelque force et laissé une espérance.
Tas de brutes! Le mot avait frappé en plein visage M. Wolfermann le bourgmestre, avait éclaboussé messieurs les notables, et, du coup, porté au comble leur indignation. Tout le monde s’était levé; on agitait les cannes; les plus ardents parlaient déjà de jeter à l’eau cet insolent personnage.
Mais on n’est pas Gascon pour rien; Tiburce était plus Gascon qu’Italien. Sans se soucier des cris, des huées, des menaces, il sauta sur l’estrade, tandis que M. de Montlignon, un peu par dignité personnelle, beaucoup sans doute pour éviter à une femme les désagréments d’un pareil conflit, offrait son bras à la future étoile de l’Académie royale et se retirait avec elle. Le chevalier et d’Entragues, riant à pleine gorge au contraire, et charmés de cette aventure qui mettait quelque gaieté dans la monotonie du voyage, s’étaient placés devant l’estrade pour juger les coups et défendre au besoin leur ami, qui se démenait comme un diable dans un bénitier, en criant:
–Quand vous m’aurez jeté à l’eau, en serez-vous moins un ridicule assemblage de bourgeois bêtes et de paysans grossiers?. De la musique à ces gens-là! quelle pitié!. Du violon pour ces gens-là!. allons donc! c’est sur des poëlons et des casseroles qu’il leur faudrait donner des concerts!… Ils se pâmeraient d’aise, comme des ânes au bruit de la cloche du moulin!
Il aurait continué longtemps de la sorte si les cris n’avaient couvert sa voix. On assiégeait l’estrade en même temps, sans oser la franchir encore. C’était chose grave que de s’attaquer aux gens quand ils avaient apparence de gentilhomme et portaient l’épée. Tiburce, en outre, était de la suite d’un Français, d’un marquis, c’était très sérieux! On hésitait; d’autant plus que M. Wolfermann, voyant la tournure de l’affaire, essayait, quoique furieux lui-même, de calmer ses administrés, à la tête desquels les notables, forts de leur qualité, se montraient les plus ardents.
–Ne faites pas attention, Kinkelin, disait-il, cet homme est un fou!. Je vous en supplie, Growghauser, pas de violence!
Mais sa voix n’allait pas loin. Tandis qu’il s’escrimait aux premiers rangs, la colère montait parmi les derniers. Les cris devenaient des hurlements; et, du fond de la salle, une cruche de grès, lancée à tour de bras, vint se briser contre la muraille à une demi-toise de Tiburce.
–Bon! s’écria-t-il, voilà un imbécile qui me jette ses compatriotes à la tête!
D’Entragues et le chevalier ne purent retenir un éclat de rire. Mais le feu était aux poudres. Une poussée brusque renversa le bourgmestre, et la foule, envahissant l’estrade, entoura le malheureux Tiburce, qui courait le risque d’être mis en pièces, si un nouveau personnage ne se fût brusquement interposé.
C’était un homme dans la force de l’âge, de haute taille et de grandes manières, vêtu d’un élégant costume de velours brodé, l’épée au côté; un gentilhomme assurément. D’une main, il écarta les bourgeois, et, de l’autre, saisissant Tiburce par le bras:
–Morbleu! monsieur, dit-il, je ne souffrirai pas que vous vous fassiez assommer pour si peu de chose!
–Cela me regarde! riposta Tiburce en essayant de se-dégager.
–Eh! savez-vous, monsieur, si-cela ne me regarde pas aussi?
–Mêlez-vous de vos affaires!
–Suivez-moi d’abord et sortons d’ici, puisqu’il en est temps encore! Nous nous expliquerons ensuite, si bon vous semble.
En même temps, il entraînait Tiburce que poussaient, de leur côté, d’Entragues et le chevalier. Bon gré, mal gré, il lui fallut donc déguerpir et céder la place aux bourgeois. Toujours criant et se débattant on l’emmena, par des ruelles, jusqu’aux dernières maisons de la ville, puis dans les champs, où le silence devait le calmer. Là, le gentilhomme inconnu, qui n’avait pas cessé de le maintenir énergiquement, lui rendit sa liberté, et le saluant avec déférence:
–Je vous ai tiré des mains de ces furieux, monsieur, lui dit-il, je m’en félicite. Je n’ai qu’un regret, c’est de n’être pas arrivé assez tôt pour empêcher cette déplorable équipée.
–Fussiez-vous venu quinze jours plus tôt, répliqua sèchement Tiburce, vous ne m’auriez pas empêché de dire leur fait à ces butors.
–Vous n’en auriez pas eu l’occasion, monsieur,
–Vraiment?
–J’aurais empêché ce vieux fou de se donner en spectacle.
–Et vous auriez eu tort, monsieur. Cela m’aurait privé du plaisir de l’entendre et de mesurer la distance qu’il y a entre un homme de génie et des sots.
–Vous avez assez haute opinion d’un homme que vous connaissez à peine.
–Et vous, trop mauvaise d’un homme que vous ne connaissez pas du tout.
–C’est mon frère, monsieur, dit froidement le gentilhomme.
Tiburce s’arrêta court, regarda son interlocuteur et répondit:
–Eh bien, tant pis pour lui.
L’inconnu pâlit légèrement, tressaillit et répliqua:
–Pourquoi, je vous prie?
–Parce que, à la façon dont vous le défendez aujourd’hui, vous n’avez jamais dû le servir, et que, s’il est fou, comme vous le dites, il se pourrait bien que vous lui eussiez pris un peu de sa raison.
–Allons, allons, messieurs, dit d’Entragues.
–Du calme! ajouta le chevalier.
Ce bon conseil ne visait que Tiburce dont la voix mordante, aigrie par la colère, cinglait en plein visage son interlocuteur, qui, plus maître de lui, pesait ses mots. Une pâleur légère, un imperceptible tremblement des mains trahissaient cependant chez lui une sourde irritation, et ce fut d’un ton sec qu’il répondit:
–Quoi que j’aie fait, je ne vous reconnais pas le droit de m’en demander compte.
–Hé! monsieur, ce que vous avez fait, je l’ignore. bonne raison pour que je ne m’en mêle pas!. si je le savais.
–Vous m’obligeriez en gardant la même réserve.
–Je ferais selon ma conscience, monsieur, et je défendrais sans doute contre vous un homme que vous traitez de vieux fou, et qui, votre frère ou non, a plus de talent, à coup sûr, que vous n’avez de cœur!
–Je n’ai pas pour habitude, monsieur, de laisser tomber de pareils mots sans les relever.
Ce disant, l’inconnu avait mis l’épée à la main. Tiburce tira la sienne. D’Entragues et le chevalier n’essayèrent même pas de calmer les deux adversaires; les épées hors du fourreau, il était trop tard. Ils se rangèrent sur le bord du chemin, pour leur faire place.
Tiburce, agile, souple, et rusé comme un Italien, aurait eu beau jeu, peut-être, avec un peu de calme; mais il était hors de lui, la colère l’aveuglait. Il fit faute sur faute et s’enferra de lui-même au bout d’un instant. L’épée de son adversaire lui avait traversé le bras.
Rien ne calme comme la sensation froide d’une lame dans les chairs. Tiburce retomba du coup des hauteurs où il était monté.
–Ah! morbleu! dit-il, tandis que d’Entragues lui enveloppait le bras et s’efforçait d’arrêter le sang; je n’ai que ce que je mérite!. je suis un niais!. Et n’avais-je pas raison tantôt?
–Quand ça? demanda en souriant le chevalier.
–Dans la barque. sur ce lac. où nous aurions dû rester. quand je disais que les musiciens sont des êtres nuisibles. et la musique une diabolique invention.
–Je crois, monsieur, que vous êtes maintenant dans le vrai, dit l’inconnu en saluant; et j’espère que vous ne me garderez pas rancune. Votre main?
–Hé! la voilà ma main, monsieur. Mais vous aurez beau dire, votre frère a bien du talent.
Sur cette réplique, Tiburce, après avoir salué, reprit avec ses compagnons le chemin de la ville. Il était d’assez méchante humeur et, quoi qu’il en eût dit, un peu ébranlé dans sa conviction sur le «vieux fou». Celui qui le traitait ainsi devait avoir quelques bonnes raisons pour en juger; et c’était lui, Tiburce, qui, tout compte fait, avait eu tort de se prononcer. La belle introduction du premier acte d’Abdolonyme et la romance du Roi pasteur étaient déjà loin; si loin, qu’il n’en souffla mot en arrivant à l’hôtellerie de la Couronne, et n’insista pas pour que M. de Montlignon prît, au sujet du vieux musicien, des renseignements plus précis.
Il était urgent, d’ailleurs, de ne pas prolonger le séjour à Nyon après une pareille algarade. On pouvait craindre un retour offensif des habitants; le mieux était de ne pas s’y exposer. M. de Montlignon donna donc ses ordres en conséquence et demanda des chevaux pour le soir même.
Schmeltz n’existait plus; il n’avait jamais existé. Antoinette elle-même, tout émue encore de la scène violente qui venait d’avoir lieu, du danger que venait de courir son compagnon de route, ne songeait plus à lui. Le malheureux Schmeltz, dont M. de Mcntlignon emportait la dernière espérance, allait retomber dans son obscurité et s’y enfoncer;–à moins que son frère.
Mais le seigneur de Boisbénard ne semblait pas, on l’a vu, d’humeur à soutenir ses prétentions musicales. Revenait-il seulement d’humeur à le consoler de son échec? C’était plus que douteux; car il ne demanda pas même à le voir, et ne l’aurait pas vu, sans doute, s’il avait trouvé à l’auberge, prêtes pour le départ, sa fille et la gouvernante qui devaient l’y attendre. Il n’y trouva que celle-ci, qui, debout à la porte, agitait désespérément les bras et criait:
–Lydie! Lydie!
–Qu’est-ce donc, madame Eusèbe? demanda-t-il; ma fille?.
–Mademoiselle a disparu, monsieur!
–Disparu!
–Je suis lasse de l’appeler.
–Mieux vaudrait la chercher que de l’appeler.
–Je cours les rues depuis une heure.
–Les rues. les rues. où supposez-vous donc qu’elle puisse être?… quand vous a-t-elle quittée?. quel chemin a-t-elle pris?
–Ah! monsieur, elle m’a glissé dans les doigts, au moment de la bagarre, pour sauter sur l’estrade et embrasser, comme une petite folle, ce violoneux!
Mme Eusèbe ignorait, on le voit, les liens de parenté qui unissaient le violoneux à son maître. Elle demeura muette de stupeur quand celui-ci, froidement, l’interrompit en disant:
–Ce monsieur est mon frère, madame Eusèbe.
Pour un moment, elle en oublia la petite fille. Puis, bientôt remise:
–Je comprends alors, dit-elle, que…
–Lydie ne le connaît pas, répliqua M. de Boisbénard; elle ne l’a jamais vu!. Mais cette enfant a d’étranges caprices. Ne pensez-vous pas qu’elle l’ait suivi?
–Et pourquoi, monsieur? à quel propos?
––Vous en êtes-vous informée, enfin?
–Hé! comment l’aurais-je pu, au milieu d’un pareil vacarme?
Ce qui semblait impossible à la vieille gouvernante fut peu de chose pour M. de Boisbénard. Il appela d’un tel ton, que Jean Môser, tout ahuri qu’il était au milieu des débris de sa vaisselle, s’approcha, courbé en deux, le bonnet à la main, et répondit à toutes les questions. Il avait vu la petite fille.. Elle était à côté, dans l’arrière-salle.
–Elle tient compagnie, dit-il, à ce pauvre diable de Schmeltz.
M. de Boisbénard parut hésiter un moment, puis se tournant vers Mme Eusèbe:
–Allez la chercher, lui dit-il.
Mme Eusèbe ouvrit la porte et appela: Lydie! N’obtenant rien, elle entra et essaya de ramener l’enfant. Mais elle se cramponnait à la table. Il fallut que M. de Boisbénard se montrât et dît sévèrement:
–Obéissez!
La petite fille baissa la tête et suivit, toute maussade, sa gouvernante. Son père allait se retirer avec elle, quand Schmeltz, qui, à ce mot «Obéissez!» avait tressailli, se leva d’un bond, les poings fermés.
–Prosper! murmura-t-il, Prosper ici!
–Depuis ce matin, dit M. de Boisbénard; et mon intention, s’il faut vous l’avouer, était de repartir sans vous voir.
–J’ignorais que vous fussiez venu, répondit Schmeltz en retombant assis; mais, le sachant, je vous aurais laissé partir.
–Je vois avec peine que vos sentiments pour moi n’ont pas changé.
–Cela vous étonne? demanda ironiquement Saturnin.
–Un peu. Voilà quinze ans bientôt que nous ne nous sommes vus!. nous nous sommes quittés jeunes, nous nous retrouvons presque vieux.
–Bons ou mauvais, les souvenirs ne vieillissent pas.
–Et je vous en ai laissé plus de mauvais que de bons?
–Toutes les douleurs de ma vie me sont venues de vous, mon frère, vous le savez bien!… et celle qui m’a frappé tout à l’heure encore n’a plus rien qui me surprenne;. vous étiez là!
–Vous avez tort de me soupçonner. Je ne comptais pas venir ici. Parti de Paris, avec ma fille, sans autre but que de voir du pays, j’y ai été appelé par une affaire grave. Lorsque je suis arrivé, vous étiez engagé déjà dans cette malheureuse équipée. Je n’ai donc rien fait contre vous.
–Aujourd’hui. peut-être…
–Et ce que j’ai fait autrefois.
–Oh! Je n’ai rien oublié! s’écria vivement Saturnin. Je pouvais être quelqu’un, quelque chose, et qui suis-je, grâce à vous?–Saturnin Schmeltz, l’accordeur de clavecins; le père Schmeltz, comme on dit ici; un vieux dont on se moque!
–Et que l’on épargnerait s’il avait assez de raiso pour ne pas afficher des prétentions que rien ne justifie.
–Qu’en savez-vous? riposta Saturnin fièrement; vous ne m’avez jamais fait l’honneur de m’entendre.
–Dites plutôt que votre vanité.
–Ma vanité!. parce que, un moment, j’ai cru en moi!. Ah! vous devez être satisfait;. je n’y crois plus!
–Rien ne vous empêcherait donc de vous souvenir que je suis votre frère.
–A quoi bon?… je n’ai besoin de rien;… je ne demande rien à personne;. et si je devais implorer le secours de quelqu’un, ce n’est pas à vous que j’irais.
–L’orgueil blessé ne pardonne pas, décidément.
–Vanité tout à l’heure, orgueil à présent, dit tristement Saturnin; vous ne voyez en moi, vous n’avez jamais rien vu en moi–que cela!. Vous m’avez torturé, humilié, trompé. oui trompé lâchement, et c’est mon orgueil, dites-vous, qui ne pardonne pas. Non, non;. ce qui ne pardonne pas, c’est le cœur meurtri, où vous n’avez rien laissé des affections pures de notre enfance!. ah! Prosper! Prosper!
–Mon nom vous revient aux lèvres, cependant, dit M. de Boisbénard en tendant la main à son frère.
Mais Saturnin se recula.
–Vous me l’avez tendue bien des fois, murmura-t-il; et pourtant. vous ne m’avez jamais aimé!
–J’ai combattu vos idées folles, voilà tout.
–Arracher à un homme la foi qui est sa force, l’espérance qui le soutient, est-ce l’aimer?
–Oui, si, en échange, on lui offre la fortune. Comparez votre destinée à la mienne, et dites si j’avais tort. Vous vous plaignez aujourd’hui de n’être que le vieux Schmeltz, accordeur de clavecins!. A qui la faute?
–A vous! à vous! à vous! cria Saturnin en se dressant de toute sa hauteur avec une énergie presque farouche.
–Si vous aviez voulu, continua M. de Boisbénard sans répondre, je vous aurais trouvé de l’argent, des appuis; vous seriez riche comme moi, noble comme moi.
–Vous vous appelez Prosper Schmeltz.
–Schmeltz de Boisbénard, s’il vous plaît, en vertu de lettres patentes.
–Un chef-d’œuvre anoblit mieux qu’une terre.
–Un chef-d’œuvre! s’écria Prosper; n’en fait pas qui veut des chefs-d’œuvre!. C’est avec cette sotte ambition que l’on vit dans la misère et que l’on meurt à l’hôpital.
–Je le disais bien, murmura Schmeltz, que vous ne pouviez être ici que pour me faire souffrir!
M. de Boisbénard haussa les épaules, fit deux ou trois tours dans la salle, et se rapprochant:
–J’ai demandé mes chevaux, dit-il; je pars ce soir. Voulez-vous me suivre?
–Non.
–Voulez-vous embrasser ma fille?
–Non.
–Comme il vous plaira. Si vous venez jamais à Paris.
–Il y a des hôpitaux ici!
–Mais il n’y a pas de maisons de fous, répliqua durement M. de Boisbénard;… et c’est dommage!
Puis il sortit en battant la porte et en murmurant:
–Il est incorrigible!. Tant pis pour lui.
Schmeltz, debout, avait suivi son frère d’un regard dur, presque haineux. Dès que la porte se fut refermée derrière lui, il retomba sur sa chaise, la tête dans les mains, pleurant des larmes de rage, perdu dans les souvenirs de son passé, dans les amertumes de son présent, et resta là jusqu’au soir, sans avoir conscience: du temps qui s’écoulait.
Jean Möser, à la brune, lui rappela qu’il était l’heure de souper.
Il se leva, remit machinalement son violon et son archet dans la boîte et sortit de l’auberge pour rentrer chez lui. Comme il passait sous la voûte qui menait de la cour à la rue, deux chaises de poste dont les chevaux piaffaient l’obligèrent à se ranger contre une borne: l’une emportait le marquis et ses compagnons de voyage qui, pelotonnés sur les coussins de la voiture, ne l’aperçurent même pas; l’autre emportait M. de Boisbénard et sa fille, la petite Lydie, qui, le nez à la portière, le reconnut, et de ses deux mains lui envoya un adieu dans un baiser. Baiser perdu comme les autres: Schmeltz ne l’avait pas vu; et il se remit en route sans se douter qu’il y avait au monde une enfant dont les yeux et le cœur gardaient son image et son souvenir.
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