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Chapitre III.

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Table des matières

Départ du navire le Cultivateur.—Abandon.—Manille et ses faubourgs. —Binondoc.—Cérémonies religieuses.—Processions.—Douane chinoise.

Le lendemain j’arrivai à Manille, en songeant encore aux blanches colombes des pamplemousses de Marigondon. Ma première pensée fut de me rendre sur le port; mais, hélas! j’eus la douleur de voir le Cultivateur bien loin à l’horizon.

Poussé par une petite brise, il flottait vers la sortie de la baie.

Je proposai aussitôt à des gondoliers indiens de me conduire au navire. Ils me dirent que la chose était peut-être faisable, si la brise ne fraîchissait pas; mais ils exigeaient que je leur donnasse préalablement douze piastres; il ne m’en restait plus que vingt-cinq.

Je réfléchis un instant: Si je ne réussis pas à aborder le vaisseau, pensai-je, que vais-je devenir dans cette ville où je ne connais personne, réduit à treize piastres et sans vêtements? Quelle figure ferai-je avec une garde-robe composée d’une veste blanche, pantalon de même couleur, et d’une chemise rayée?

Une idée subite me traversa le cerveau: je songeai à rester à Manille, et à gagner ma vie par la pratique de mon art.

Jeune, sans expérience, j’avais la prétention de me croire le premier médecin et chirurgien des îles Philippines.

Qui n’a pas, comme moi, cédé à cette orgueilleuse confiance que donne la jeunesse?

Je tournai le dos au navire et me mis résolûment en route vers la ville de guerre.

Mais, avant de poursuivre ce récit, disons un mot de la capitale des Philippines.


Pêcheurs de Manille.

Manille et ses faubourgs ont une population d’environ cent cinquante mille âmes, dont les Espagnols et leurs créoles ne forment guère que la dixième partie; le reste se compose entièrement de Tagalocs, de métis et de Chinois.

Elle est divisée en ville de guerre et ville marchande ou faubourgs.

La première, entourée de hautes murailles, est bordée d’un côté par les flots, et de l’autre par une vaste plaine, espèce de Champ-de-Mars destiné à l’exercice des troupes. C’est là que chaque soir les nonchalantes créoles, paresseusement couchées dans leurs équipages, viennent étaler leurs brillantes toilettes et respirer la brise de la mer. Les fringants cavaliers, les amazones intrépides, les calèches à l’européenne, se croisent en tous sens dans ces Champs-Élysées de l’archipel indien.

L’autre partie de la ville de guerre est séparée de la ville marchande par la rivière de Pasig, qui est sillonnée toute la journée par des milliers de pirogues chargées d’approvisionnements et de charmantes gondoles qui transportent les promeneurs dans les divers quartiers des faubourgs, ou les conduisent en rade pour visiter les navires.

La ville de guerre communique à la ville marchande par le pont de Binondoc. Habitée principalement par les Espagnols qui occupent des emplois publics, elle a un aspect monotone et triste; toutes les rues, parfaitement alignées, sont bordées de vastes trottoirs en granit.

En général, la chaussée macadamisée est entretenue avec le plus grand soin. La mollesse des habitants est telle, qu’ils ne supporteraient pas le bruit des voitures sur des dalles.

Les maisons, vastes et spacieuses, véritables hôtels, sont bâties dans des conditions particulières pour pouvoir résister aux tremblements de terre et aux ouragans, si fréquents dans cette partie du monde. Elles sont toutes d’un seul étage, avec un rez-de-chaussée.

Le premier, habitation ordinaire de la famille, est entouré d’une spacieuse galerie, s’ouvrant ou se fermant à l’aide de grands panneaux à coulisse, dont les vitraux sont en nacre très-mince. La nacre permet à la lumière d’arriver dans les appartements sans y laisser pénétrer la chaleur du soleil.

C’est dans la ville de guerre que sont tous les couvents de moines et de religieux de divers ordres, l’archevêché, les administrations, la douane européenne et les hôpitaux, le palais du gouverneur et la citadelle, qui domine les deux villes.

On entre à Manille par trois portes principales: puerta Santa-Lucia, puerta Réal, et puerta Parian. A minuit les ponts-levis sont levés et les portes impitoyablement fermées; l’habitant attardé est contraint de chercher un gîte dans le faubourg.

Les processions sont célébrées avec pompe à Manille. Elles ont généralement lieu aux flambeaux, à l’heure où les derniers rayons du jour font place à l’obscurité.

Cependant il en est quelques-unes qui ont lieu en plein jour, particulièrement celle du Corpus, dont je vais donner un aperçu.

Le jour de la Fête-Dieu, à dix heures du matin, les cloches de toutes les églises sont mises en branle à toute volée, pour annoncer aux fidèles que les portes de la cathédrale vont s’ouvrir, et que le saint cortége va se mettre en marche.

Les Indiens, accourus de dix lieues à la ronde, vêtus de leurs plus beaux habits de fête, encombrent les rues de la ville. Celles de ces rues que doit traverser la procession sont couvertes de tentes, et pavoisées des plus beaux et des plus éclatants damas de la Chine. Le sol est jonché de fleurs et d’herbes aromatiques. De distance en distance sont échelonnés d’immenses reposoirs où des draperies magnifiques se mêlent à l’or et à l’argent, à des ornements de verdure naturelle, et aux plus belles fleurs écloses sous les tropiques.

Toute l’armée en grande tenue, avec guidons et drapeaux déployés, forme une double haie sur toute l’étendue des rues où doit passer le cortége.

Les ordres religieux1 et les nombreuses personnes qui veulent assister à la cérémonie, le cierge en main, marchent sur deux lignes. Au milieu la musique de tous les régiments, le chapitre avec les musiques, les croix et les bannières des communes environnantes. Vient ensuite l’archevêque, revêtu de ses splendides habits pontificaux, portant sous un dais somptueux le saint sacrement; et derrière lui le gouverneur, les fonctionnaires publics et tous les corps constitués.

Ce long cortége, salué des balcons par une pluie de fleurs, chante des hymnes à la gloire du Rédempteur, tandis que la musique exécute des symphonies religieuses et que l’artillerie tonne sur les remparts.

Toutes les fois que l’archevêque arrive à la tête d’un bataillon, les drapeaux sont jetés sur le sol, et le vénérable prélat les foule aux pieds, pour montrer aux humains que la grandeur et la force s’inclinent devant le Tout-Puissant qu’il représente.

Enfin cette immense file de prêtres, de religieux et d’assistants, après une longue et sainte promenade, rentre à pas lents dans la cathédrale. Dès que son extrémité a dépassé un bataillon, il se reforme à l’arrière en ordre de bataille, et toute l’armée réunie termine la cérémonie par un long défilé.

La Fête-Dieu, célébrée avec tant de pompe et de magnificence, n’est cependant pas la procession qui attire le plus l’attention des fidèles. Celles qui ont lieu la nuit, pendant la semaine sainte, ont un cachet tout particulier aux Philippines. Elles se célèbrent alors que Manille et ses faubourgs sont plongés dans le plus profond silence2, lorsque tous les fidèles prient et attendent la résurrection du Sauveur. Ces cérémonies ont un aspect de tristesse et de grandeur tout à fait en harmonie avec ces jours de deuil.

Après que l’Angelus a sonné3, le clergé, les ordres religieux et une longue suite d’assistants, chacun un flambeau à la main, accompagnent, sur deux lignes, diverses effigies qui représentent les tortures qu’a supportées pour nous le divin Rédempteur. Ces effigies, de grandeur naturelle, sont richement vêtues et placées sur des chars, ou portées sur des brancards recouverts de draperies. Celle qui est en tête est la Mort, représentée par un squelette. Viennent ensuite Pie V, saint Pierre, Notre-Seigneur priant dans le jardin des Olives, Jésus-Christ attaché par les Juifs, la flagellation, la couronne d’épines, enfin Jésus portant sa croix, entouré de ses bourreaux. Après le Christ, suivent sainte Véronique, la Salomé, la Madeleine, saint Jean, et la Vierge en grand deuil.

Les saintes sont très-richement vêtues, et couvertes de pierreries, de perles et de diamants4.

L’ordre qui règne dans les fêtes religieuses, surtout dans celles qui ont lieu la nuit, produit un effet irrésistible: cette belle musique sacrée, les voix harmonieuses qui élèvent des hymnes au Seigneur, ces innombrables lumières artificielles, donnent à ces cérémonies un aspect imposant qui élève l’âme vers notre Créateur.

Ces solennités ne se passent pas tout à fait de la même manière dans les provinces. Le manque de ressources oblige souvent les ministres de l’Église à employer des moyens qu’ils savent d’un grand effet sur leurs ouailles. Ainsi, j’ai vu fréquemment des saints représentés au naturel par des Indiens dans leurs habits de fête, et le coq de saint Pierre par un magnifique champion qui, plus tard, luttait dans les arènes.

Dans le bourg de Pangil, à la procession de la semaine sainte, le saint sépulcre est exposé et traîné sur un char. Deux Indiens le précèdent, l’un vêtu en saint Michel, l’autre en diable, et se livrent un combat qui dure pendant toute la cérémonie. Le saint est, bien entendu, toujours vainqueur.


Pont de Binondoc à Manille. Page 52.

Certaines croyances modifient aussi, dans les campagnes, les fêtes religieuses. Par exemple, il est une procession qui se célèbre tous les ans dans le bourg de Paquil, à laquelle tous les malades et infirmes assistent en dansant, croyant qu’ils seront ainsi infailliblement guéris de leurs souffrances. De vingt lieues à la ronde, tous les estropiés et malades qui ont encore un peu de force se rendent ou se font porter à Paquil pour assister à la fête. Pendant tout le temps que dure la procession, ces malheureux dansent avec tous les assistants, en chantant: Toromba la Virgen, la Virgen toromba! C’est un curieux spectacle que de voir tous ces pauvres diables faire des efforts surhumains et des contorsions inimaginables, pour arriver jusqu’à la rentrée de la Vierge dans l’église. Alors ces infortunés à bout de force et haletants se jettent à terre, et restent étendus sans mouvement pendant des heures entières. Ceux qui avaient des maladies graves expirent de fatigue, tandis que d’autres recouvrent la santé ou aggravent leurs maux.

Cette procession a pour origine la légende que voici: Un Arménien, surpris au milieu du lac par une tempête, était au moment de faire naufrage. Pendant la tourmente, il fit le vœu, s’il parvenait à aborder une plage, de faire célébrer au bourg le plus voisin une procession à la sainte Vierge, qu’il suivrait en dansant. Il accomplit son vœu, et, tout en exécutant sa danse au-devant de la Madone, il prononçait le mot toromba, dont personne n’a jamais pu donner la signification.

Le faubourg ou ville marchande, nommée Binondoc, offre un aspect plus gai et plus vivant que la ville de guerre. Il existe moins de régularité dans les rues, les édifices n’ont point la majesté un peu roide qui distingue particulièrement les monuments de Manille proprement dite; mais c’est dans Binondoc qu’est le mouvement, c’est là qu’est la vie.

Une multitude de canaux chargés de pirogues, de gondoles et d’embarcations de tout genre, sillonnent ce faubourg, qui est la résidence des riches négociants espagnols, anglais, indiens, chinois et métis.

C’est surtout sur la rive du Pasig que sont situées les plus fraîches et les plus coquettes habitations.

Dans ces maisons si simples à l’extérieur, resplendit tout ce qu’a inventé le luxe des Indes et de l’Europe. Les vases précieux de la Chine, les énormes potiches du Japon, l’or, l’argent, la soie surprennent et éblouissent les yeux quand on pénètre dans ces fraîches habitations.

Chaque maison possède sur la rivière un débarcadère, et un petit palais en bambou qui sert de salle de bains, et où les habitants viennent plusieurs fois le jour se délasser de la fatigue causée par la chaleur du climat.

La fabrique de cigares, qui occupe continuellement de quinze à vingt mille ouvriers et employés, est également situé dans Binondoc, ainsi que la douane chinoise5, et tous les grands établissements industriels de Manille.

Pendant la journée, les belles Espagnoles, revêtues de riches et transparentes étoffes de l’Inde et de la Chine, courent de magasin en magasin et mettent à l’épreuve la patience du vendeur chinois, qui déplie, sans se plaindre et sans manifester la moindre mauvaise humeur, des milliers de coupons devant la pratique, laquelle le plus souvent ne regarde toutes ces magnificences que pour se distraire, et n’achète pas un demi-mètre d’étoffe.

Les bals et les fêtes offerts à leurs invités par les métis de Binondoc sont célèbres dans toutes les Philippines. Les contredanses d’Europe succèdent aux danses indiennes; et pendant que femmes et jeunes gens exécutent le fandango espagnol, le boléro, la cachucha, ou le pas lascif des bayadères, l’entreprenant métis, l’insouciant Espagnol et le positif Chinois, retirés dans le salon des jeux, tentent la fortune des cartes, des dés, ou du tay-po6.

La fureur du jeu est poussé à un tel point, que des commerçants perdent ou gagnent dans une seule nuit des sommes de 50,000 piastres (250,000 fr.)


Combat de coqs.

Les métis, les Indiens et les Chinois ont aussi un grand amour pour les combats de coqs; ces combats ont lieu dans de vastes arènes. J’ai vu placer 40,000 francs sur un coq qui en avait coûté 4000; au bout de quelques minutes, ce coûteux champion tombait frappé à mort par son adversaire.

Enfin, si Binondoc est par excellence la ville des plaisirs, du luxe et de l’activité, c’est aussi la ville des intrigues amoureuses et des galantes aventures.

Le soir venu, Espagnols, Anglais et Français vont sur les promenades jouer de la prunelle avec les belles et faciles métis, dont les vêtements diaphanes révèlent des formes splendides.


Métis espagnoles tagales.

Ce qui distingue la métis chinoise tagale, ou espagnole tagale, c’est une physionomie piquante et singulièrement expressive. Sa chevelure, relevée à la chinoise, est soutenue par de longues broches en or, et surtout d’une richesse merveilleuse. Elle porte sur la tête, tout ouvert comme un voile, un mouchoir en fil d’ananas, plus fin que notre plus belle batiste; son col est orné d’un rosaire en corail, à gros grains, terminé par une large médaille en or. Une petite chemisette, transparente, de la même étoffe que le mouchoir, et qui ne descend que jusqu’à la ceinture, recouvre, sans la cacher, sa poitrine, que n’a jamais emprisonnée le corset. Au-dessous, et à deux ou trois doigts du bord de la chemisette, est attaché un jupon bariolé de couleurs éclatantes imitant le madras; par-dessus ce jupon, une large ceinture en soie brillante enveloppe et serre le corps de manière à en laisser voir les formes, depuis la ceinture jusqu’au genou. Son pied blanc et délicat, toujours nu, est chaussé d’une petite pantoufle brodée, qui ne recouvre absolument que l’extrémité des doigts.

Rien de charmant, de coquet et de provocateur comme ce costume, qui excite, au plus haut point, l’admiration des étrangers.

Aussi les métis tagales et chinoises savent si bien l’effet que produit sur les Européens cette toilette déshabillée, que pour rien au monde elles ne consentiraient à la modifier.

Deux mots en passant sur le costume des hommes. L’Indien et le métis portent pour coiffure un vaste chapeau de paille noir ou blanc, ou une espèce de chapeau chinois, nommé salacote; sur l’épaule, le mouchoir d’ananas brodé; au col, un rosaire en corail. Leur chemise est en fil d’ananas, ou en soie végétale; un pantalon de couleur en soie, brodé au bas, et une ceinture rouge en crêpe de chine, complètent cet habillement. Leurs pieds, sans bas, sont chaussés de souliers à l’européenne.

La ville de guerre, si triste pendant le jour, prend vers le soir un aspect plus animé: c’est l’heure où, de toutes les maisons, sortent les magnifiques équipages, invariablement conduits à la d’Aumont.

Les habitants, proprement dits, vont se mêler aux promeneurs de Binondoc.


Costumes tagals.

Ensuite viennent les visites, les bals, ou les réunions plus intimes: dans ces réunions, on cause, on fume le cigare de Manille, et surtout on mâche le bétel7; on boit des verres d’eau sucrée à la glace, et l’on mange des sucreries de toute espèce.

Vers minuit on se retire, à moins qu’on ne veuille prendre part au souper de famille, qui, toujours servi avec luxe, se prolonge ordinairement jusqu’à deux heures du matin.

Telle est la vie que mènent les classes opulentes sous ces latitudes favorisées du ciel.

Maintenant, que le lecteur me permette de revenir à mes aventures.

1 Les dominicains, l’ordre de Saint-François, les augustins chaussés, les augustins déchaussés, et l’ordre de Saint Jean-de-Dieu.

2 Les mercredi, jeudi et vendredi saints, les voitures et les chevaux ne peuvent pas circuler dans la ville et les faubourgs. Pendant ces trois jours, tout le monde va à pied.

3 L’Angelus sonne à toutes les églises à six heures du soir. Au premier coup de cloche, les personnes occupées dans leurs demeures suspendent leurs travaux. Les passants, les promeneurs à pied, à cheval ou en équipage, s’arrêtent pour prier pendant les cinq ou six minutes que sonnent les cloches.

4 Chaque sainte possède un trousseau et un écrin de grande valeur. Chacune a un certain nombre de dames d’honneur, choisies parmi les meilleures familles de Manille. Ces dames sont chargées du trousseau et de la toilette de la sainte les jours de fête.

5 Douane chinoise. A une époque de l’année, dans la mousson du N. O., arrive une flotte de jonques chargées de toutes espèces de denrées de la Chine. Chaque jonque est affrétée par plusieurs négociants chinois, qui tous accompagnent leurs marchandises. Le gouvernement espagnol, pour leur faciliter la vente qu’ils font eux-mêmes pendant les cinq à six mois qu’ils séjournent à Manille, leur a fait construire un vaste édifice, espèce de bazar divisé par petits boutiques, qui sont mises à leur disposition moyennant une légère rétribution.

6 Le tay-po est une espèce de dé renfermé dans une boîte en cuivre. Le croupier secoue cette boîte et la place sur un tapis divisé en quatre cases de différentes couleurs, où les joueurs font leur enjeu. Aussitôt que le jeu est fait, le croupier enlève une partie de la boîte, qui laisse le dé à découvert. Sur ce dé sont tracés les mêmes lignes que sur le tapis: la couleur du dé correspondant à celle du tapis est celle qui gagne.

7 1 Le bétel est une composition de feuilles d’une plante aromatique et d’un peu de chaux lavée dans plusieurs eaux. Les Indiens, les Chinois, les métis et un grand nombre de créoles mâchent continuellement cette composition, qui fait abondamment saliver, et donne aux lèvres et à l’intérieur de la bouche une teinte d’incarnat.

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