Читать книгу Méthode de dressage du cheval de troupe - Paul Plinzner - Страница 6
1. Qu’est-ce que le dressage? But et principes fondamentaux.
ОглавлениеLe dressage est une gymnastique raisonnée, à laquelle nous soumettons le cheval pour le rendre propre au service de la selle. Un cheval de selle est dressé, quand il conserve, constamment et sans effort, l’attitude qui garantit le mieux possible sa soumission au cavalier, tout en lui permettant d’avoir sous son poids les actions les plus brillantes. — On aurait tort de considérer cette attitude comme un type uniforme auquel tout cheval dressé doit être sévèrement astreint; le dressage doit en effet n’être considéré que comme le résultat d’un travail musculaire, fondé sur des principes méthodiques; chaque sujet le met à profit d’une façon différente, suivant sa conformation et ses moyens. Cette attitude seule, choisie par le cheval — avec l’aide du cavalier, il est vrai — lui permet de se tenir en équilibre de lui-même et sans effort; toute autre, au contraire, qui lui serait imposée pour le rapprocher d’un type uniforme, nécessiterait une intervention continuelle du cavalier.
Quand on établit des règles comme celle-ci: la nuque doit être le point le plus élevé de l’encolure, et le bout du nez doit être à la même hauteur que les hanches, on cherche à rapprocher le cheval d’un type uniforme. Or, l’important n’est pas que le cheval ait le bout du nez plus ou moins élevé, mais que les allures soient belles, et le jeu de l’arrière-main normal.
Nous reconnaissons qu’un cheval de selle est bien dressé, quand, en conservant «l’appui constant sur la main», il montre suffisamment de perçant, et a des mouvements réguliers, énergiques et souples.
On juge en général des allures d’après le jeu des membres postérieurs; ils doivent agir avec aisance, régularité, vigueur et souplesse: ainsi, à chaque pas ou à chaque foulée, ils doivent avancer assez loin pour qu’on ait l’impression qu’ils transportent sans gêne une partie suffisante de leur charge.
L’ «appui constant sur la main» a lieu quand l’encolure est courbée dans le plan vertical, et que la tête est placée dans la position où la nuque et l’encolure n’opposent aucune résistance aux effets de la main, sans s’y dérober cependant. — Quand un cheval est à l’ «appui constant sur la main», on dit simplement qu’il est «sur la main». Si, dans cet état, il se sert encore trop de la main pour soutenir le poids de son corps qui agit vers l’avant, on dit qu’il «pèse à la main». Le cheval qui se soustrait à l’action du mors en s’encapuchonnant est dit «en arrière de la main» ; celui qui l’évite en renversant son encolure et en rapprochant sa tête de l’horizontale, est «en avant de la main». Enfin le cheval qui résiste à l’action du mors, raidit son encolure et cherche à porter au vent «tire à la main». — Quand un cheval est «sur la main», les rênes ne doivent être tendues que suffisamment pour conserver, sans interruption, la liaison entre la main du cavalier et la bouche du cheval.
Le cheval de troupe dressé doit toujours être à l’ «appui constant sur la main», ou doit pouvoir y être ramené sans peine par le cavalier, dès qu’il cherche momentanément à s’y soustraire.
Il est incontestable qu’étant donnée la façon de monter des hommes de troupe, l’ «appui constant sur la main» provoque souvent des fautes qui portent plus ou moins préjudice au dressage. Mais si l’instructeur s’attache à développer avec méthode les os et les muscles de l’arrière-main, et sa force d’impulsion, ces inconvénients ne seront jamais durables.
Quoique dans l’attitude de l’ «appui constant sur la main», l’encolure soit en général arrondie et la tête bien placée, ces parties n’ont pas toujours nécessairement cette position. — Le fait que l’encolure d’un cheval est plus ou moins élevée ou tendue, et que le bout de son nez s’écarte plus ou moins de la verticale, ne doit pas être attribué seulement à sa conformation et à son degré d’énergie; il dépend beaucoup aussi du jeu de son arrière-main.
Le cheval de selle dressé, demeurant à l’ «appui constant sur la main», aura l’encolure d’autant plus élevée ou d’autant plus basse, que les forces de soutien de son arrière-main auront plus de vigueur que les forces d’impulsion, et inversement.
L’ «appui constant sur la main» est pour le cheval de troupe la première et la plus indispensable des qualités; et cela, pour deux motifs:
1° Il garantit la transmission intégrale de chaque traction de rênes aux membres postérieurs, et par cela même la soumission indispensable et entière du cheval au cavalier.
2° Dans cette attitude seule, le cheval se trouve en mesure d’exécuter les mouvements sous le poids du cavalier, car il courbe son dos en forme de voûte.
Le dos correctement voûté forme une liaison solide et élastique entre l’avant-main et l’arrière-main; c’est la condition essentielle pour que le cheval monté ait des mouvements réguliers, énergiques et souples. Les chevaux qui «voûtent leur dos avec souplesse» sont désignés par le terme de «marchant du dos » .
Il faut distinguer de ce dos souple et correctement voûté, le dos que le cheval raidit convulsivement pour montrer sa répugnance à porter le poids du cavalier. Les chevaux qui contractent ou creusent leur dos, ont une démarche manquant de souplesse, et leurs membres postérieurs se meuvent, soit en pas courts et brusques, soit mollement et sans force. Nous dirons de ces chevaux qu’ils «marchent de la cuisse».
Le cheval, tout en «voûtant son dos avec souplesse», doit conserver un jeu régulier de l’arrière-main, car de là dépendent ses bonnes allures. L’arrière-main est animé de forces d’impulsion, de soutien et d’élasticité. Toutes les trois doivent être développées le plus possible chez le cheval de troupe, et le cavalier doit en être parfaitement maître. Au moyen d’une légère action du cavalier, le cheval de troupe bien dressé doit toujours être prêt, soit à pousser énergiquement en avant son fardeau avec l’arrière-main, dans les allures naturelles, soit à ployer ses membres postérieurs par suite de la charge qui repose sur leurs articulations; soit enfin à projeter, suivant les cas, en l’air ou en avant, le poids ainsi porté.
Un tel travail de l’arrière-main ne garantit pas seulement par lui-même la mobilité nécessaire au cheval, mais exige parallèlement l’assouplissement latéral de la colonne vertébrale.
Le cheval de troupe bien dressé est à «l’appui constant sur la main», «voûte son dos avec souplesse» et son arrière-main a une activité normale. Ces qualités sont inséparables.