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En inscrivant sur la première page de ce beau livre mon nom auquel ils associent celui de mon cher collaborateur, M. Henry Meige, les auteurs, MM. P.-E. Launois et Pierre Roy me font un trop vif plaisir pour que j’essaie de le dissimuler; ils m’obligent presque à le rendre public; je m’y résous donc sans fausse honte.

Ce travail consacre des idées qui, à la première heure, avaient paru prématurées et téméraires, car elles manquaient de la véritable sanction scientifique, celle des faits universellement reconnus. MM. P.-E. Launois et Pierre Roy apportent les preuves matérielles de ce que nous avions avancé. Si nos travaux ont — comme ils veulent bien le dire — guidé leurs recherches, les résultats de ces recherches leur sont tout personnels. Nous avions procédé par induction; ils ont procédé par démonstration. Eux seuls ont fait œuvre de savants: ce livre est bien à eux tout entier.

Voici donc les géants dépouillés de leur antique et fabuleux prestige. La mythologie cède la place à la pathologie. Ces êtres qui, par leur taille exceptionnelle, dépassaient le niveau des humains ne sont en somme que des malades. Leur supériorité légendaire n’est plus qu’un stigmate de déchéance. Plus ils gagnent en hauteur, plus ils s’écartent des conditions biologiques normales: et, dans la lutte pour la vie, leur infériorité fonctionnelle n’a pas de plus exacte mesure que leur énormité.

Il y a peu de temps, un original avait légué par testament une somme destinée à doter chaque année un couple de géants, dans le décevant espoir de perfectionner notre mesquine espèce par la sélection méthodique des individus de haute stature. Ce philanthrope ne savait rien du gigantisme. Parmi les géants, les uns, véritables «infantiles», sont inaptes à la reproduction; les autres, les «acromégales, seraient plutôt à décourager: ils multiplieraient une race d’individus au facies mastoc, aux mâchoires énormes, avec des mains en battoirs, des pieds massifs, et, par surcroît, la double bosse de Polichinelle». Cette sélection heureusement irréalisable ne porterait pas d’autres fruits. Tel n’était pas certainement l’idéal rêvé par l’ignorant donateur qui, à son insu, évoquait une des plus anciennes utopies de notre vieux monde, celle de la mégalanthropogénésie!

L’anthropologie — qui est une science, quoi qu’on en ait dit — s’est trompée lorsqu’elle a voulu s’approprier l’étude des géants. Du fait qu’ils sortent du commun, c’est-à-dire qu’ils sont monstrueux, ils ne relèvent pas de l’histoire naturelle de l’homme.

La tératologie était, à la rigueur, plus fondée à la réclamer. Mais aujourd’hui il n’est plus contestable que le gigantisme doit faire retour à la médecine. Et s’il a plu à MM. P.-E. Launois et Pierre Roy d’étudier incidemment les géants au point de vue anthropologique et tératologique, leur livre prouve qu’ils ont surtout considéré le gigantisme en cliniciens. Là est le grand mérite, la réelle originalité.

D’ailleurs, une étude nosographique des géants s’imposait; on l’attendait, et voici pourquoi: le nanisme vulgaire, qui est en quelque sorte le contraire du gigantisme, nous était apparu comme un fait morbide. Les extrêmes se touchent, et il n’est pas paradoxal de dire que le nanisme et le gigantisme peuvent être rapportés à un processus analogue, quoique de signe contraire. Déjà, depuis quelques années, on avait décrit quelques types de monstruosités morphologiques bien caractérisés: d’une part l’acromégalie, d’autre part l’idiotie myxœdémateuse; et il avait été démontré que ces monstruosités résultent de l’insuffisance fonctionnelle de certaines glandes préposées à la régularisation harmonique des diverses parties du corps au cours du développement. Sur cette origine de l’acromégalie et de l’idiotie myxœdémateuse, aucun doute ne subsiste. Le mystère de la croissance normale, ayant pour fin un ensemble de proportions et de dimensions spéciales à chaque espèce et communes à tous les individus de cette espèce se trouva donc subitement éclairci le jour où l’on reconnut que l’atrophie ou l’hypertrophie des glandes qui règlent et dirigent la croissance, produisent fatalement les anomalies ou les difformités tantôt de l’idiotie myxœdémateuse, tantôt de l’acromégalie.

Mais, comme il n’est pas de limite entre l’état normal et l’état morbide, comme les frontières de la maladie sont toujours indécises, il nous a semblé que ces nouveaux types pathologiques, idiotie myxœdémateuse et acromégalie, ne représentaient que les degrés extrêmes d’états morbides entre lesquels il y avait encore place pour des formes intermédiaires, également pathologiques, quoique moins brutalement tranchées. C’est ainsi que nous avons pu — MM. P.-E. Launois et Pierre Roy veulent bien le reconnaître — établir tout d’abord la morbidité de l’infantilisme. Là où l’on ne voyait qu’un état morphologique d’origine fortuite, il existe des influences pathogènes constantes, identiques dans leur mode d’action nocive à n’importe quelle autre influence pathogène. Il y a des adultes qui, par la taille, restent infantiles; il y a des infantiles qui par leur taille deviennent des adultes, et même plus que des adultes, puisqu’ils atteignent au gigantisme.

Dans cet ordre de faits, on rencontre donc une série ininterrompue de degrés morbides, dont le déterminisme pathogénique est établi désormais d’une façon définitive. Le hasard ou l’on ne sait quelle mystérieuse influence n’y sont pour rien. On ne se contente plus de dire aujourd’hui que tel individu est resté nain ou est devenu géant en vertu d’une exception échappant à toute loi. C’est l’exception même qui est expliquée; et la loi de cette exception a trouvé sa formule.

Donc Nanisme ou Gigantisme sont deux maladies véritables.

C’est cette variation des troubles pathologiques de la croissance qui a fait l’objet des recherches que MM. P.-E. Launois et Pierre Roy rappellent au début de leur travail.

La première en date de toutes ces constatations, la plus retentissante, et, il faut le dire, la plus féconde, a été celle à laquelle M. Pierre Marie a pour toujours attaché son nom. C’est en effet de la découverte et de l’incomparable description de l’acromégalie que datent les travaux dont se sont inspirées et nos propres recherches et toutes celles des observateurs, qui ont depuis lors élargi et prolongé cette voie nouvelle vers un horizon si vaste et si imprévu.

On ne saurait trop le répéter, le mémoire de M. Pierre Marie a donné à la pathologie des fonctions de croissance une orientation et une impulsion dont nul, jusqu’à lui, n’avait eu l’idée. La relation de cause à effet d’une lésion de l’hypophyse et des lésions hyperplasiques du squelette est une découverte de tout premier ordre. Elle équivaut à la découverte des rapports du myxœdème et des lésions de la glande thyroïde. Dès à présent, nous voyons cette relation se confirmer d’une façon nécessaire dans tous les faits normaux et pathologiques qui concernent l’histoire du développement.

Le rôle des corps jaunes dans l’évolution de la grossesse en est une attestation nouvelle.

A l’époque où nous avions énoncé cette formule: «Le gigantisme est l’acromégalie de l’adolescence», nous étions loin de prévoir que la preuve en pourrait être fournie du vivant même de nos malades. Aujourd’hui, il n’est pas besoin d’attendre l’autopsie; nous saisissons sur le vif les troubles de l’ostéogénie qui engendrent, soit l’infantilisme myxœdémateux, soit le gigantisme. Les rayons X nous permettent de distinguer les lésions et de les étudier, comme si nous avions les pièces du squelette entre les mains. Grâce à la photographie de l’invisible, MM. P.-E. Launois et Pierre Roy ont pu confirmer l’exactitude de nos prévisions. Ils ont eu, en outre, la bonne fortune de recueillir un nombre respectable de documents anatomiques, qui sont venus corroborer les témoignages radiographiques. Aussi, ont-ils pu modifier de la façon la plus heureuse notre formule initiale, et dire avec plus de précision anatomique: «Le gigantisme est l’acromégalie des sujets aux cartilages épiphysaires non ossifiés, quel que soit leur âge.»

L’accroissement inusité de la taille d’un individu ne justifie pas la création d’une catégorie distincte. S’il fallait prévoir pour chaque type de croissance un groupe spécial, on multiplierait à l’infini le nombre déjà trop grand des catégories arbitraires. Tous les anthropologistes ont jugé cette difficulté insurmontable.

Il fallait donc chercher, en dehors et au delà des limites de l’anthropologie, les attributs les moins variables du gigantisme. C’est sur le terrain de la clinique qu’on a su les découvrir.

Il s’est trouvé précisément que la maladie de Pierre Marie consistait en une anomalie de l’évolution squelettique, dont le gigantisme est fréquemment le prélude; et, s’il est bien certain qu’un acromégalique peut n’être pas géant, il n’est pas moins certain que le gigantisme emprunte ses traits les plus caractéristiques à l’acromégalie. Le dualisme des deux états n’est qu’apparent. Par nature, la déviation trophique qui les produit est la même.

MM. Launois et Roy ont adopté une distinction déjà proposée par M. Henry Meige dans une étude récente sur le gigantisme. M. Meige réserve le nom de géants, non pas à tous les individus d’une haute stature, mais seulement à ceux qui, outre la haute stature, présentent certaines anomalies tératologiques et pathologiques bien définies; l’ensemble de ces anomalies constitue, avec la taille excessive, le syndrome auquel doit être réservé le nom de gigantisme.

La langue scientifique peut se permettre de restreindre ainsi le sens des mots. Elle en a même le devoir. Peu importe que la langue courante continue à appeler géant tout individu dont la taille excède sensiblement la moyenne. Après tout, cette façon de parler a aussi sa raison d’être; car le gigantisme ramené à une définition centimétrique comporte des variétés innombrables. On peut être géant dès la naissance, on peut avoir été un fœtus gigantesque, on peut être géant à 15 ans, à 20 ans, à tout âge.... La définition pathologique s’appuie sur une base bien plus solide.

Le développement anormal de la taille indique simplement une exagération du processus de croissance; voilà tout le gigantisme. C’est donc l’excès de la fonction ostéogénique qui constitue l’anomalie pathologique, ou qui va créer la monstruosité. Que ce dérèglement de l’ostéogénie soit précoce ou tardif, passager ou permanent, la définition n’a pas à s’en préoccuper: c’est toujours dans la nature intime de ce trouble que nous devons, nous, médecins, chercher les éléments de notre définition. En effet, s’il y a des gigantismes passagers, comment les définir? Les exemples n’en sont pas rares: un enfant, qui reste de taille ordinaire jusque vers sa douzième année, et qui soudain, en deux ou trois ans, subit une poussée excessive de croissance (laquelle d’ailleurs se termine vers la quinzième année), un tel enfant n’a-t-il pas traversé une crise passagère de gigantisme? Cela revient à dire que, pendant une période de sa vie, la fonction ostéogénique a subi une exaltation maladive. Rien de plus.

D’autres fois, elle se prolonge au delà de l’adolescence: la taille continue de s’élever, elle s’élève encore, elle dépasse notablement la mesure. Mais c’est toujours la même exaltation de la fonction ostéogénique. Et lorsqu’elle s’apaise, le sujet garde forcément ses dimensions acquises. Une fois parvenu à l’âge adulte, il restera un spécimen de gigantisme définitif.

Mais les choses vont souvent plus loin. Si l’ostéogénèse conserve son activité au delà de son temps normal, l’adulte, parvenu à l’âge où il devrait fixer en quelque sorte sa taille, continue encore de grandir, et il grandirait indéfiniment, si les organes qui président à la croissance subsistaient encore ou se renouvelaient indéfiniment eux-mêmes. Car, normalement l’allongement squelettique est régi par le processus d’ossification dont les cartilages juxta-épiphysaires sont le siège; et ces derniers tendent à disparaître vers la vingtième année. Mais qu’on suppose pour un instant que cette disparition n’ait pas lieu, et que les cartilages juxta-épiphysaires ne perdent rien de leur aptitude ostéogénique, la taille continuera de s’accroître. On concevrait, grâce à cet audacieux a priori, la possibilité d’une hypermégalie squelettique progressive. Certains géants seraient ainsi condamnés à grandir à perpétuité. Or, ceci n’est pas une simple hypothèse. Des faits indéniables (et les plus significatifs sont rapportés par les auteurs de ce livre) démontrent la persistance illimitée des cartilages de conjugaison et de leur pouvoir ostéogénique. Sans doute les sujets ne continuent pas de grandir, dans chaque unité de temps, d’une quantité égale. Le processus se ralentit, mais il dure. Le tracé graphique de leur croissance correspond à une asymptote. MM. Launois et Roy en fournissent ici la démonstration.

Il y a quelque dix ans, nous disions:

«La croissance normale se fait surtout par les cartilages épiphysaires; mais lorsque ces cartilages sont ossifiés et que la soudure des épiphyses est irrévocablement parachevée, il n’est plus possible de grandir.»

C’est donc à la persistance des cartilages juxta-épiphysaires de conjugaison qu’est dû le gigantisme. Pas d’élévation excessive de la taille sans un excès de la fonction ostéogénique des cartilages juxta-épiphysaires; pas de gigantisme sans la persistance au delà du terme normal de ces organes ostéogéniques et de leur pouvoir d’ossification.

Mais, ajoutions-nous: «A partir d’un certain âge, fixé d’avance pour tous aux environs de la vingtième année, les cartilages épiphysaires s’ossifient et le géant cesse de grandir. Il n’en est pas moins vrai que le travail pathologique peut durer plus longtemps encore, et le même géant, qui ne peut plus grandir, va devenir un acromégalique.»

Il existe donc un gigantisme acromégalique.

L’existence du gigantisme acromégalique est aujourd’hui hors conteste, et le remarquable faisceau d’observations rassemblé par les auteurs de ce livre, achèverait de convaincre les incrédules, s’il en restait encore. Il faut louer MM. Launois et Roy d’avoir impartialement collationné tant de faits dont la concordance suffit pour que la vérité s’en dégage spontanément.

«Nos études sur le gigantisme, disent MM. Launois et Roy, entreprises sans parti pris et sans avoir pu prévoir à l’avance les résultats qu’elles nous donneraient, nous ont tout naturellement conduits à des conclusions identiques: nous avons tenu à remonter aux sources, à relire soigneusement et dans le texte original la plus grande partie de la littérature gigantologique, et nous nous trouvons obligés de déclarer que nous sommes encore à chercher l’observation précise et complète d’un géant (squelette, géant vivant ou géant autopsié) qui ne présente ni déformations acromégaliques, ni tumeur du corps pituitaire. Nous ne voulons pas affirmer qu’un tel géant ne puisse se rencontrer; mais en ce qui nous concerne, nous ne l’avons pas trouvé.»

Toutefois, comme le disait M. Pierre Marie lui-même, s’il est vrai que, «plus on observe de géants, plus on rencontre de géants acromégaliques», il n’est pas douteux non plus que certains individus de taille gigantesque peuvent ne pas présenter les grosses difformités de l’acromégalie. Il nous semblait à nous plus juste de dire qu’ils ne les présentent pas encore, et que les géants de cette catégorie sont des acromégaliques en puissance. MM. Launois et Roy le disent à leur tour: «Si tous les géants ne sont pas des acromégaliques, tous ceux du moins qui ne le sont pas déjà, sont aptes à le devenir.» L’étude que MM. Launois et Roy ont faite du «grand Charles» et du «géant Constantin» est, à cet égard, particulièrement démonstrative.

Existe-t-il donc des caractères propres aux géants qui ne sont pas encore acromégaliques? Oui, assurément. Ces candidats gigantesques à l’acromégalie sont marqués de stigmates morphologiques qui s’accordent parfaitement avec l’anomalie des organes ostéogéniques d’où dépend leur gigantisme. Ces sujets, chez lesquels la fonction des cartilages juxta-épiphysaires sait entretenir son activité au delà de l’âge où elle devrait s’éteindre, ces sujets, qui, grâce à une lamelle ostéogénique, conservent une portion de jeunesse déconcertante, ces mêmes sujets témoignent également par leur forme corporelle, qu’ils ont gardé nombre des caractères propres à l’enfance; autrement dit, ce sont des infantiles.

Par conséquent, il existe un gigantisme infantile.

Si l’on peut considérer a priori comme un paradoxe biologique la coïncidence d’une stature colossale avec une configuration enfantine, rien, au contraire, ne semblera moins paradoxal si l’on se rappelle à quoi tient et se réduit cet accroissement inusité de la taille.

Tant que persistent les cartilages de conjugaison, le squelette n’abandonne aucun des attributs de l’enfance et de l’adolescence. Alors la période de l’adolescence se poursuit avec l’accroissement en hauteur qu’elle comporte; si bien qu’il est permis de dire que, si l’on grandit démesurément, c’est par suite d’un «arrêt de développement». On voit, en effet, des adolescents de trente ans, comme ce géant Charles, qui a fait l’objet de tant d’intéressantes observations; on en trouvera dans ce volume une étude descriptive infiniment curieuse.

Ainsi, avant d’être acromégalique, un géant reste un infantile.

Les caractères de l’infantilisme ont été, depuis ces dernières années, déterminés avec assez de précision pour qu’on soit désormais en mesure d’affirmer que tout géant digne de ce nom, et qui grandit encore, non seulement n’est pas acromégalique, mais que, nécessairement, il est un infantile. La radiographie, en effet, n’a-t-elle pas, dès ses débuts, rendu évident chez tous les infantiles le retard de l’ossification des cartilages juxta-épiphysaires?

En résumé, malgré l’élévation inusitée de la taille, beaucoup de géants conservent les apparences extérieures de l’enfance: appareil génital incomplètement développé, absence de poils sur le visage et sur le corps, un pannicule adipeux assez épais, une voix grêle, la figure d’un enfant vieillot. Chez ces géants infantiles, MM. P.-E. Launois et Pierre Roy ont prouvé que les soudures épiphysaires sont exagérément tardives. Tant que la fusion des épiphyses n’est pas un fait accompli, le sujet reste encore capable de croître en hauteur. Mais vienne le jour où l’ossification est achevée, et alors l’intempérance de la fonction ostéogénique se traduit par des déformations nouvelles: le géant infantile se transforme en un géant acromégalique.

Ainsi, un trouble général domine le processus morbide qui aboutit, suivant l’âge, soit au gigantisme, soit à l’acromégalie. Ce «trouble» n’est, en somme, qu’une exagération de l’ostéogénie de croissance. Nous disons «suivant l’âge», et nous sommes tout prêt à dire, avec MM. Launois et Roy, «suivant la précocité ou le retard de la soudure des épiphyses».

Mais quelle est la cause lointaine de ce déréglement? A quelle stimulation inusitée riposte la sur activité des cartilages? Quel est l’agent infectieux? Quelle est là toxine? Quel organe directeur oublie son rôle et laisse aller sans frein le processus hyperplasique? Ici, il faut bien l’avouer, nous en sommes réduits aux conjectures. Et cependant quelques faits d’observation médicale nous montrent la voie où l’hypothèse peut s’engager.

D’abord nous savons que, chez les adolescents, à la suite des maladies infectieuses, on voit se produire de rapides poussées de croissance. L’allongement des os semble même précéder et outrepasser celui des parties molles. Puis, nous connaissons le rôle non douteux que joue la sécrétion thyroïdienne dans le développement squelettique. Sous ce rapport, l’histoire du myxœdème et de l’infantilisme est prodigue de révélations.

Enfin, les altérations de la glande pituitaire sont à peu près constantes dans l’acromégalie.

Et il semble même qu’il existe certaine étroite corrélation entre la sécrétion interne de la glande génitale et le développement du squelette. MM. P.-E. Launois et Pierre Roy ont recueilli sur ces faits toutes les observations utilisables, mais elles ne sont pas assez nombreuses pour résoudre dès à présent le problème.

L’hypophyse, en particulier, nous réserve encore bien des surprises. Nul n’en a poussé l’étude aussi loin que l’a fait M. P.-E. Launois. Et si ce livre ne fait pas plus souvent appel aux belles recherches histologiques de l’un de ses auteurs c’est que l’intention en est exclusivement clinique.

Mais nous pensons ne pas commettre une indiscrétion en annonçant aux lecteurs qu’ils ne perdront rien pour attendre.

E. BRISSAUD.

Etudes biologiques sur les géants

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