Читать книгу Poèmes - Renée Vivien - Страница 8

Chanson

Оглавление

Table des matières

TA voix est un savant poème...

Charme fragile de l’esprit,

Désespoir de l’âme, je t’aime

Comme une douleur qu’on chérit.

Dans ta grâce longue et blêmie,

Tu reviens du fond de jadis... O ma blanche et lointaine amie,

Je t’adore comme les lys!

On dit qu’un souvenir s’émousse,

Mais comment oublier jamais

Que ta voix se faisait très douce

Pour me dire que tu m’aimais?

(Études, I, II; II, 15.)

LE couchant adoucit le sourire du ciel.

La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse.

La brise a déroulé, d’un geste de caresse,

Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel.

Tes lèvres ont gardé le pli de la parole

Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté.

Une voix de souffrance a longtemps sangloté

Dans l’ombre d’où l’encens des fleurs blanches s’envole.

Ta robe a des frissons de festins somptueux,

Et, sous la majesté de la noble parure,

Fleurit, enveloppé d’haleines de luxure,

Lys profane, ton corps pâle et voluptueux.

Ta prunelle aux bleus frais s’alanguit et se pâme.

Je vois, dans tes regards pareils aux tristes cieux,

Dans cette pureté dernière de tes yeux,

La forme endolorie et lasse de ton âme.

Là-bas s’apaise enfin l’essaim d’or des guêpiers...

Parmi les chants vaincus et les splendeurs éteintes,

Tu frôles sans les voir les frêles hyacinthes

Qui se meurent d’amour, ayant touché tes pieds.

(Études, I, 15; II, 19.)

Sonnet

PARLE-MOI, de ta voix pareille à l’eau courante,

Lorsque s’est ralenti le souffle des aveux.

Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux,

Mais berce-moi de la mélopée enivrante.

De ce timbre voilé qui m’attriste et m’enchante,

Lorsque mon front s’égare en tes vagues cheveux,

Exprime tes espoirs, tes regrets et tes vœux, Omon harmonieuse et musicale amante!

Et moi, j’écouterai ta voix et son doux chant.

Je ne comprendrai plus, j’écouterai, cherchant,

Sinon l’entier oubli, du moins la somnolence.

Car si tu t’arrêtais, ne fût-ce qu’un moment,

J’entendrais... j’entendrais au profond du silence

Quelque chose d’affreux qui pleure horriblement.

(Études, I, 19; II, 23; Poèmes, 9,)


TA forme est un éclair qui laisse les bras vides,

Ton sourire est l’instant que l’on ne peut saisir...

Tu fuis, lorsque l’appel de mes lèvres avides

T’implore, ô mon Désir!

Plus froide que l’Espoir, ta caresse cruelle

Passe comme un parfum et meurt comme un reflet.

Ah! l’éternelle faim et la soif éternelle

Et l’éternel regret!

Tu frôles sans étreindre, ainsi que la Chimère

Vers qui tendent toujours les vœux inapaisés...

Rien ne vaut ce tourment ni cette extase amère

De tes rares baisers!

(Études, I, 27; II, 27.)

Poèmes

Подняться наверх