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Soir

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LA lumière agonise et meurt à tes genoux.

Viens, ô toi dont le front impénétrable et doux

Porte l’accablement des pesantes années:

Douloureuse et les traits mortellement pâlis,

Viens, sans autre parfum dans ta robe à longs plis

Que le souffle des fleurs depuis longtemps fanées.

Viens, sans fard à ta lèvre où brûle mon désir,

Sans anneaux,–le rubis, l’opale et le saphir

Déshonorent tes doigts laiteux comme la lune,–

Et bannis de tes yeux les reflets du miroir...

Voici l’heure très simple et très chaste du soir

Où la couleur oppresse, où le luxe importune.

Délivre ton chagrin du sourire éternel,

Exhale ta souffrance en un sincère appel:

Les choses d’autrefois, si cruelles et folles,

Laissons-les au silence, au lointain, à la mort...

Dans le rêve qui sait consoler de l’effort,

Oublions cette fièvre ancienne des paroles.

Je baiserai tes mains et tes divins pieds nus,

Et nos cœurs pleureront de s’être méconnus,

Pleureront les mots vils et les gestes infâmes.

Des vols s’attarderont dans la paix des chemins...

Tu joindras la blancheur mystique de tes mains,

Et je t’adorerai, dans l’ombre’où sont les âmes.

(Études, I, 23; II, 31.)

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