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ÉLITES ET CONSOMMATION DE LUXE DANS LE MIDI À LA FIN DU MOYEN ÂGE

Sophie Brouquet Université de Toulouse-Jean Jaurès

Deux images de la Vierge de Miséricorde, produites en Languedoc et en Provence à près de soixante années de distance serviront ici d’introduction à une réflexion sur les élites et la consommation de luxe dans le Midi de la France à la fin du Moyen Âge. Un bien vaste sujet que je ne prétends pas traiter dans son intégralité, loin de là, mais éclairer à la lueur de quelques publications récentes.

L’une de ces images est fort célèbre, il s’agit du Retable Cadard, peint par Enguerrand Quarton en Avignon en 1452. L’autre l’est beaucoup moins, pour tout dire, elle vient d’être redécouverte grâce aux travaux de Claudia Rabel sur le Missel des Carmes de Toulouse qu’elle illustre. Elles seront le point de départ d’une réflexion sur les notions d’élites et de consommation de luxe dans les régions méridionales à la fin du Moyen Âge.

LES ÉLITES SOUS LE MANTEAU DE LA VIERGE

L’image de la Vierge au Manteau ou Vierge de Miséricorde apparait dans le troisième quart du XIIIe siècle, d’abord en Italie, puis se répand dans tout l’Occident à la fin du Moyen Âge.1 Plus présente en Provence que dans le Languedoc médiéval, elle n’y est pourtant pas inconnue. Marie s’y présente comme l’avocate de l’humanité; elle protège tous les fidèles, d’abord les religieux sur les images les plus anciennes, les membres d’une confrérie comme à Toulouse, puis la chrétienté toute entière à partir du XIVe siècle. Cette iconographie est peinte en tête des statues de confrérie ou de corps de métier qui se placent sous sa protection.

L’une des plus anciennes représentations de cette Mater omnium a été peinte sur un livre d’heures d’origine méridionale, sans doute avignonnaise, de Jean d’Armagnac réalisé avant qu’il ne devienne évêque de Mende en 1387.2 Mater Omnium, certes, mais dans la réalité, sous le manteau de la Vierge, ce sont bien souvent les élites laïques et cléricales qui viennent se blottir pour rechercher sa protection. Portraits de groupe réels ou fictifs, les élites se donnent à voir et exhibent leur luxe sous la protection de Notre-Dame, comme les confrères de Toulouse.

Les confrères du Missel des Carmes de Toulouse, vers 1390-1400

Sur une autre enluminure, la Vierge étend son manteau d’un bleu profond, tenu par deux angelots aux ailes vermillon, sur un groupe d’hommes, égaux par la taille et par le costume. Seules, les couleurs vives de leurs houppelandes aux longues manches terminées en éventail et celle de leurs chevelures permettent de les distinguer.

Marie les domine de sa silhouette longiligne. La Vierge couronnée porte l’Enfant Jésus et étend sa protection sur eux avec bienveillance.3 Cette enluminure illustre un missel des Carmes, conservé à la bibliothèque nationale de Lisbonne4 et récemment identifié par Claudia Rabel comme le Missel des Carmes de Toulouse.5

Les enluminures du manuscrit ont longtemps été rattachées à la production ibérique avant de retrouver leur origine languedocienne; preuve s’il en est de la proximité des productions artistiques de cet autre marché de l’art et du luxe qu’est la côte méditerranéenne depuis la Provence jusqu’au royaume de Valence.

Le couvent des Carmes de Toulouse aurait été fondé en 1238 au sud de la ville, dans le faubourg Saint-Michel par un certain Guillaume Anesia, originaire de Toulouse, accompagné de six frères venus de Terre Sainte. Au cours de leur périple, ils auraient bénéficié de la protection d’une image miraculeuse de Marie venue du Mont Carmel. Parvenue à Toulouse, elle y fait de nombreux miracles. En 1264, le couvent est transféré intra muros dans la paroisse de la cathédrale Saint-Étienne, au cœur de la Cité dans l’ancien quartier juif, un secteur modeste, surtout peuplé d’artisans. Mais il évolue à la fin du Moyen Âge avec l’installation de notables, membres du capitoulat et parlementaires. Le couvent des Carmes est le siège de nombreuses confréries dont son église accueille les chapelles. C’est l’une d’entre elles, non encore identifiée, mais dédiée à la Vierge, qui a commandé le missel.

Le style de son enluminure peut être daté de la fin du XIVe siècle si on le compare à celui des Annales manuscrites de Toulouse, le livre consulaire des capitouls, dont les peintures sont précisément datées.

La représentation de la Vierge de Miséricorde est placée juste avant le canon de la messe, une place de choix au sein du Missel, avant les deux autres enluminures pleine page qui l’illustrent. Le groupe venu se placer sous le Manteau de la Vierge compte vingt hommes identifiés par leurs noms et dont la fonction est précisément évoquée sous l’enluminure: «S’es noms dels bayles qua an fayt far aquest missal…».

Cependant, les personnages ne sont pas du tout individualisés. L’effet choisi est plutôt celui de la représentation d’une entité collective.6 Les personnages, dont les traits sont sommairement évoqués, ne se distinguent que par l’alternance des couleurs de leur costume: rose, vert, bleu, rouge et de leurs cheveux bruns foncé et clair. Ils portent de longues houppelandes à la mode à Toulouse dans les années 1400 dont les larges manches sont plissées en éventail. Elles rappellent celle des capitouls qui apparaissent sur les enluminures attribuées à Jean Négrier dans les Annales, pour les années 1392-1393 et 1393-1394. Bien d’autres points communs les rapprochent, l’emploi de fonds losangés, les figures des anges aux ailes rouges presque identiques, les nez pointus et les grandes mains stylisées des personnages.

La composition emprunte à l’Italie la position strictement frontale de la Vierge, sa robe au tissu orné semé d’étoiles, le manteau fourré de vair et la véritable ostension du manteau étendu à l’extrême par les anges. Mais d’autres aspects n’ont rien d’italien comme la couronne que porte la Vierge qui correspond davantage à une iconographie du nord de la France.

Qui sont les commanditaires qui ont fait enluminer le missel de leur confrérie? En dépit des recherches conjointes des médiévistes toulousains, il n’a pas été permis pour l’instant de les identifier. Qui sont ces hommes qui s’affichent fièrement vêtus à la dernière mode toulousaine comme les Capitouls; un peu en retard, il faut bien le dire sur celle de Paris. En tous les cas, leurs noms n’évoquent nullement ceux des grandes familles de la marchandise et des offices au tournant des XIVe et XVe siècle. Appartiennent-ils à l’élite de la ville? Et, si c’est le cas, quelle limite inférieure convient-il d’avant attribuer à la notion d’élite?

Le retable Cadard d’Enguerrand Quarton, 1452

En revanche, il n’existe aucun doute quant à l’appartenance de Jean Cadard et de sa femme Jeanne de Moulins représentés sur le retable d’Enguerrand Quarton à l’élite, non seulement locale, mais nationale. Jean de Moussy dit Cadard est originaire de Picardie. Il est le médecin des enfants de Charles VI et particulièrement attaché au Dauphin, le futur Charles VII, dont il devient un familier. Il est présent lors de l’entrevue houleuse du pont de Montereau en 1419 où est assassiné le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Son fils Philippe le Bon soupçonne même Cadard d’en être l’un des principaux instigateurs et exige du roi son bannissement. Dès 1423, Pierre Cadard s’établit à Avignon, sous la protection de la curie romaine. Très riche, il achète de nombreuses seigneuries dans le Comtat Venaissin, comme celle d’Oppède en 1425 et celle de Gor en 1427. Il possède aussi des immeubles en Avignon. Mais sa renommée va bien au-delà de Provence: il prête de l’argent à la municipalité de Florence, au trésor royal par l’intermédiaire de Jacques Cœur, au comte de Dunois, le bâtard d’Orléans, pour payer la rançon du duc Charles d’Orléans.

Afin d’honorer sa mémoire, son fils Pierre Cadard commande en février 1452 un retable décrit avec précision dans le prix-fait conclu avec deux peintres d’Avignon, Enguerrand Quarton et Pierre Villatte:7

…illud retabulum depingere bene et fideliter cum sufficienti fundamento seu assiz iis debitis et convenientibus cum campo auro ex auro fino et puro brunito: et in medio ymaginem gloriose Virginis Marie cum mantello coloris lazuli puri de Acre sufficientis et fidelis, que ymago communiter appellatur nostra domina de misericordia; et a latere dextro sanctum Johannem Baptistam tenentem sive presentantem figuram domini Johannis Cadardi, patris ipsius domini de Thoro, et a latere sinistro sanctum Johannem evangelistam presentantem matrem ipsius dominic de Thoro…Pro precio trigenta scutorum auri novorum tantum vero quo dictum retabulum esset bene et notabiliter factum8

Le retable doit être installé dans la chapelle familiale, accolée à celle de Pierre de Luxembourg au couvent des Célestins d’Avignon. Ce couvent est devenu au milieu du XVe siècle le lieu de sépulture le plus recherché des élites avignonnaises. Par une sorte de paradoxe, le jeune cardinal de Luxembourg, mort en odeur de sainteté, qui avait voulu se faire enterrer dans le cimetière des pauvres de la ville, fut finalement enseveli au couvent des Célestins, un ordre voué à la spiritualité et à la pauvreté, dans une chapelle somptueuse. La sainte tombe attira bientôt les donations des Puissants: de nombreux cardinaux comme le cardinal Pierre de Foix, légat du pape, ou encore le cardinal Jean Rolin et son père Nicolas Rolin, le chancelier du duc de Bourgogne, le duc de Milan Gian Galeazzo Visconti. Les ducs de Berry, de Bourgogne, d’Orléans viennent même poser la première pierre de la chapelle le 25 juin 1394 au nom du roi Charles VI.9 Au milieu du XVe siècle, l’édifice est littéralement envahi d’œuvres d’art: peintures murales, retables et sculptures.

Pierre Cadard souhaite donc honorer la mémoire familiale en commandant au peintre le plus renommé d’Avignon un retable destiné à proclamer la gloire de ses parents pour l’éternité. Jean Cadard et sa femme Jeanne sont présentés à la Vierge de Miséricorde par saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Evangéliste, leurs saints patrons. Sur les deux prie-Dieu sont figurées leurs armes: d’argent au chevron de gueules chargé de trois étoiles d’or et accompagné de trois merlettes de sable.

Le prix-fait précise que les deux peintres se sont associés pour le réaliser socii in hanc parte et se déclarent solidaires l’un de l’autre dans la responsabilité juridique ambosimul et eorumunterque in solidum.10 Enguerrand Quarton est déjà un artiste renommé tandis que Pierre Villatte, originaire du diocèse de Limoges, n’en est qu’au début de sa carrière. Cependant, Villatte semble apprécié de Cadard qui lui confie en 1454 la réalisation d’un autre retable.11

Le choix de deux artistes est sans doute dû au fait que le commanditaire souhaitait une réalisation rapide. Le prix-fait précise que le retable doit être installé sur l’autel de la chapelle funéraire pour la saint Jean-Baptiste, soit un court délai de cinq mois pour une œuvre de grande taille. Enguerrand Quarton s’est probablement inspiré de la Vierge au Manteau du retable peint par Jean Mirailhet une trentaine d’années auparavant.12 Comme sur celui-ci, la Vierge écarte elle-même les pans de son manteau sans l’aide d’anges. Elle abrite un peuple chrétien très hiérarchisé, divisé en clercs et en laïcs. Il ne s’agit plus ici d’un portrait de groupe réaliste mais d’une représentation idéalisée de la hiérarchie sociale avec à sa tête le pape et l’empereur.

Légèrement déhanchée, la Vierge adopte une attitude gracieuse, la tête penchée; elle est entourée des deux figures des saints Jean. L’effet monumental des trois grands volumes autonomes formé par ces figures juxtaposées sur un fond d’or est compensé par la ligne en arabesque qui les relie et les ombres qui permettent une évocation de la profondeur. Les deux donateurs émergent avec une grande individualité de la foule placée sous le manteau de la Vierge.13

Les élites affichées sous le manteau par ces deux images de la Vierge de Miséricorde semblent bien diverses, modestes et collectives pour la première, clairement identifiées et beaucoup plus renommées pour la seconde, mais elles partagent un point commun. Leur commande se fait au sein d’un monde citadin, dans des villes qui ne sont pas ou plus des capitales laïques ou ecclésiastiques, dénuées des ambitions et des influences d’une cour princière. Elles expriment néanmoins l’existence de privilégiés dont les achats entretiennent un marché du luxe, certes plus médiocre que celui des grandes métropoles, mais néanmoins fort vivace.

Les élites, une tentative de définition

La notion d’élites se trouve au cœur de l’historiographie médiévale en France depuis quelques décennies. Une production abondante ainsi que de nombreux colloques leur ont été consacrés.14

L’image dualiste d’une domination des nobles sur les campagnes et des bourgeois sur les villes semble aujourd’hui complètement dépassée et les médiévistes ont démontré que bourgeoisie et noblesse sont indissociables, qu’ils forment les notabilités urbaines. Les hiérarchies sociales ont donc été repensées comme transversales. Dans un monde aussi complexe que la ville de la fin du Moyen Âge, marquée par le brassage des populations, la notabilité traverse de nombreux groupes sociaux dominants.

Dans ces conditions, les sources permettant l’approche de ces élites sont nombreuses et diverses: textes littéraires, chroniques, actes judiciaires ou notariés, registres fiscaux, mais aussi approches archéologiques, par exemple l’étude des sépultures, ou iconographiques comme les sceaux, les portraits individuels ou collectifs, l’héraldique, mais encore le nouvel intérêt porté à la culture matérielle et aux phénomènes de mode et l’histoire des mentalités sont autant de voies d’approche qui font appel à de nombreuses disciplines: l’histoire, l’histoire de l’art, l’archéologie, l’histoire du droit ou encore l’anthropologie historique.

Peu à peu, au fil des études, s’est dessinée l’image d’élites très diverses et, en même temps, s’est formulée une interrogation sur la définition mêmes de ces élites. Une première approche historique est en effet celle de la terminologie: s’attacher à l’étude systématique des termes employés pour les décrire et tenter de cerner leur évolution dans les sources.15

Les mots ont leur valeur pour décrire le phénomène de supériorité sociale.16 Le terme d’élite renvoie à l’idée d’un choix, d’une sorte de tri au sein de la société; il définit ceux qui ont été élus, choisis, les meilleurs. Le terme de patriciat urbain est aussi fréquemment utilisé depuis quelques temps, il semble en effet beaucoup plus approprié que la qualification traditionnelle de bourgeoisie. Une autre dénomination est celle d’oligarchie qui met en avant la richesse. Mais les processus de domination sociale sont plus complexes et ne renvoient pas seulement à la supériorité économique; ils évoquent aussi des mécanismes de prépondérance dans lesquels coexistent les notions de puissance, d’argent, de pouvoir, de fonction, de naissance, de savoir-vivre et de renommée. Certes, les assises de la puissance sont avant tout sociales et économiques mais elles se conjuguent avec des marqueurs culturels, comme le mode de vie, la culture matérielle et immatérielle, l’image de soi ou encore la transmission de la mémoire.17

Cependant, tous les historiens soulignent aussi la fluidité de ces élites médiévales. Cette hiérarchie n’est pas un système de castes ni d’ordres, rien n’y est figé; elle est au contraire marquée par une extrême mobilité du groupe qui allie dans le même temps les processus de déclin et d’ascension sociale. Ceux-ci semblent accélérés au cours des deux derniers siècles du Moyen Âge par les accidents démographiques, les difficultés économiques, mais aussi l’irruption des institutions royales qui offrent de nouvelles possibilités de réussite.

L’approche sociologique et prosopographique permet de reconstituer les carrières de la naissance à l’accès à la notabilité urbaine, ainsi que les réseaux de pouvoir partagés. Les codes de la notabilité, le paraître, les marqueurs de la supériorité sociale sont autant d’approches qui ont attiré l’attention des médiévistes français au cours de ces dernières années.

Une autre voie d’approche est celle de l’anthropologie historique avec l’étude de la parenté, des familles, ou encore des rituels d’intégration ou d’exclusion comme la participation aux fêtes civiques et religieuses et les entrées royales. Elle s’intéresse aussi à la construction identitaire des élites à travers leur code d’honneur. En effet, les recherches sur la justice et la criminalité ont renouvelé cette notion. Si l’honneur blessé ressort de la criminalité médiévale, elles ont en outre révélé qu’il existe bien au Moyen Âge un code d’honneur partagé par tous, et non pas seulement réservé à la noblesse et que dans les yeux des autres, l’honneur est lié à la renommée, fama, et surtout à la commune renommée, la fama publica. La perte de l’honneur signifie la mort sociale de l’individu. Cette défense très âpre de l’honneur, cette recherche effrénée des signes et des marques d’honorabilité montrent à l’évidence que le modèle aristocratique s’est imposé aux élites urbaines à la fin du Moyen Âge.

Les historiens s’attachent donc désormais à étudier la recherche par les élites de leur propre légitimité et leur souci du consensus politique et social. Mais, dans le même temps, une attention plus grande est portée aux oppositions qui traversent les groupes dirigeants, non seulement en termes de factions et de partis, mais aussi de concurrence et de corruption.

Au centre des réflexions se trouve désormais la diversité des origines et des modes d’ascension, les modes de représentation et de transmission de la domination, l’accent se plaçant sur la discipline sociale et la discipline des mœurs, mais la question reste de savoir quel modèle est suivi et le problème de la réception par les élites urbaines d’une culture nobiliaire et courtoise fait encore l’objet d’appréciations divergentes.18

Que les patriciens n’aient pas puisé en ville, mais dans la culture nobiliaire, les modèles culturels de leur domination et de leur représentation est communément accepté, mais il est tout aussi évident que ces modèles, empruntés au registre de la culture chevaleresque, sont retravaillés par les élites urbaines et ont désormais besoin de la ville pour perdurer.

Les élites méridionales urbaines

Deux longues périodes se succèdent dans le processus de formation et de renouvellement des élites urbaines françaises au Nord comme au Sud: celle d’une ploutocratie, puis celle d’une oligarchie de notables. Ce sont d’abord les riches qui dominent les villes du XIIe au milieu du XIVe siècle, puis les dominants du pouvoir et de la culture du milieu XIVe à la fin du XVe. La rupture se situe au milieu du XIVe siècle, marqué par un profond bouleversement des élites urbaines.

La ville médiévale est d’abord patricienne; une élite de l’argent et de l’influence y monopolise les charges communales, mais ce qui fait sa domination, c’est d’abord la richesse Elle peut se définir selon quatre critères principaux: une puissance financière fondée sur le grand commerce, mais aussi le marché des rentes, le prêt et le change et l’immobilier urbain. Cette oligarchie détient le pouvoir urbain au moment même où se mettent en place les institutions municipales, aussi bien dans les villes dotées d’une commune que d’un consulat. Quelques familles se partagent le pouvoir civique, toutes étroitement liées par les alliances matrimoniales.19

En quelques décennies, entre 1348 et 1380, le paysage social est bouleversé, marqué par le passage du patriciat urbain à la bourgeoisie qui doit son appartenance à l’élite à son savoir, surtout juridique. Les grands lignages patriciens disparaissent dans la crise économique et démographique qui a engendré l’effondrement des rentes foncières, en ville comme à la campagne, le déplacement des lieux de commerce et le recul de la production industrielle. Dans le même temps, la croissance continue de l’appareil d’État favorise l’apparition de nouveaux groupes, surtout des gens de lois, officiers royaux de finances et de justice, qui doivent leur ascension à leur savoir, souvent universitaire, et pour lesquels les valeurs essentielles sont désormais celle de la connaissance, du service de l’État et de l’honneur. Les élites françaises, nobles et non nobles, se détournent progressivement de la marchandise pour se tourner vers l’appropriation des fonctions publiques, un mode d’ascension plus sûr et plus rentable, économiquement et socialement.20

C’est particulièrement le cas dans le Midi où la pénétration du droit romain est précoce. Dès avant le milieu du XIIe siècle, les écoles cathédrales de Provence et du Languedoc sont des centres d’étude du droit renommés. Cette tendance se renforce avec l’arrivée de professeurs lombards comme Osbert le Lombard à Béziers vers 1170, Rogerius à Arles ou Placentin à Montpellier dans les mêmes années. Cette diffusion du droit écrit est à mettre en rapport avec l’installation de consulats dans ces villes et la rédaction des premières coutumes urbaines. Le monde des juristes se présente sous la forme d’un groupe hiérarchisé, avec à sa base, les notaires publics attachés à un seigneur, ce n’est que vers le milieu du XIIe siècle qu’apparaissent les premiers notaires publics en même temps que les chancelleries princières comme celle des comtes de Toulouse. Il s’agit en l’occurrence de praticiens de la copie et du droit sans formation spécialisée. Au niveau supérieur se placent les véritables juristes qui ont étudié le droit canon ou civil dans le cadre des écoles cathédrales dont ils sont devenus les chanoines, pour la plupart issus de familles de chevaliers urbains, puis à la fin du XIIe siècle, des membres de la bourgeoisie marchande.

La croissance des effectifs de ces juristes au XIIIe est à mettre en parallèle avec l’essor urbain, les progrès de l’écrit dans la société urbaine, mais aussi avec le rattachement progressif du Languedoc au domaine royal. L’enseignement du droit est désormais dispensé dans le cadre des universités. Jusque vers 1250, les juristes méridionaux allaient se former à Bologne, mais vers cette date, un groupe d’anciens élèves de Bologne crée un studium à Montpellier, dispensant surtout des cours de droit canons que la papauté érige en université en 1289. À Toulouse, l’échec de la faculté de théologie, implantée par la papauté pour lutter contre l’hérésie albigeoise, est suivi par une nouvelle rédaction des statuts de l’université en 1245 qui prévoient un enseignement du droit. Dès 1251, un groupe de juristes travaille pour le nouveau comte de Toulouse Alphonse de Poitiers, mais la faculté de droit ne prend véritablement son essor qu’à partir de 1270. À Béziers, à Narbonne et peut-être même à Carcassonne fleurissent d’autres écoles attachées aux cathédrales qui dispensent un enseignement du droit; les familles des élites urbaines y envoient leurs fils.21

Cependant, la domination des juristes ne prend véritablement toute sa vigueur que dans la deuxième moitié du XIVe siècle et plus encore au XVe siècle. Les élites urbaines restent encore largement composites à la fin du Moyen Âge si l’on en croit l’exemple toulousain.

Élites toulousaines

De vieilles familles de l’oligarchie, dont certaines affichent une origine chevaleresque sont encore bien présentes comme les lignages des Maurand ou des Rouaix. Vers 1400, Toulouse compte environ 23.000 habitants parmi lesquels la noblesse fait figure de groupe très minoritaire avec quatre chevaliers, dix écuyers et damoiseaux. Cette noblesse militaire est donc très peu nombreuse et semble en grande difficulté comme les Rouaix et les Maurand: le revenu de leurs terres chute, les friches progressent faute de bras or les dépenses augmentent et, à chaque décès, le patrimoine foncier est morcelé.22

De nouvelles familles sont apparues au XIIIe siècle grâce à leur réussite dans les métiers du change, de la draperie, de l’épicerie comme les Blazy, les Quimbal, les Boix, les Astorg, ou les Ysalguier. Ils achètent des fiefs nobles et se font anoblir.23 D’autres lignages n’ont pas encore franchi le pas, mais ne s’en allient pas moins à des lignages de la noblesse locale et affichent un mode de vie aristocratique.

Si l’on en croit le registre des Estimes du Bourg de Toulouse en 1335: sur 1.163 fortunes familiales, 50% sont cotées à moins de 100 livres; à l’opposé, 70 familles ont plus de 1.000 livres. Le plus riche contribuable, Guilhem Garrigues, un marchand, possède une fortune estimées à 14.160 livres avec six beaux hôtels particuliers et leurs boutiques, 10 hectares de prés, 1 hectare de vigne et deux métairies. Une fortune qui semble malgré tout liée à une réussite et temporaire qui ne s’enracine pas dans la durée.

Malgré les difficultés dues à la guerre de Cent Ans, le commerce et le change demeurent des moyens d’ascension remarquables au cours des deux derniers siècles du Moyen Âge. Les élites toulousaines trouvent une solution à leurs difficultés économiques dans le pastel.

Dès la deuxième moitié du XIVe siècle, les exportations de cette plante tinctoriale augmentent en direction de l’Angleterre, pourtant en lutte contre la France. Le deuxième débouché est la Catalogne, en particulier Barcelone soit par la voie côtière, soit par la voie maritime à partir du port de Narbonne.24 Dans les années 1350-1450, le pastel toulousain s’exporte dans deux directions, l’Angleterre par Bayonne, la Catalogne et Valence et Carthagène par Narbonne. Le derniers quart du XVe siècle voit une arrivée massive d’acheteurs castillans, en particulier de Burgos qui accaparent le marché.25 À Toulouse même, cette richesse due au pastel favorise l’essor d’une draperie de luxe à la fin du XVe dont profitent certains lignages toulousains comme les Lancefoc, ou les Assezat.26

Au centre de l’isthme atlantique, la capitale languedocienne profite de sa situation géographique avantageuse entre Océan et Méditerranée pour devenir un centre d’exportation et d’importation du commerce de luxe.

Cependant, une autre catégorie sociale profite de la conjoncture troublée des deux derniers siècles du Moyen Âge. Restée fidèle au roi de France pendant toute la guerre de Cent Ans, la capitale languedocienne est largement récompensée par la monarchie. Les juristes formés dans son université trouvent à s’y employer auprès des capitouls, mais aussi des offices royaux et pour finir du Parlement installé définitivement à Toulouse en 1444.27 Un nouveau groupe se constitue au sein de l’élite, celui de la noblesse de robe, très étroitement liée cependant aux anciens lignages et aux familles marchandes par des alliances matrimoniales. L’exemple en est fourni par Bernard Lauret, professeur de droit canon et civil à Montpellier, il est avocat auprès du parlement de Toulouse dès 1461 et devient son premier président de 1472 à 1495. Il achète la seigneurie de Merville et fonde une dynastie de parlementaires qui ne dédaigne pas les alliances avec le milieu des riches marchands pasteliers.28

Tandis que des lignages disparaissent, d’autres surgissent dans une société urbaine où la mobilité et l’instabilité l’emportent.29

Consommation et marché du luxe

La manne fournie par la commercialisation du pastel du Lauraguais permet en retour l’achat d’articles de luxe. Déjà au XIIIe siècle, des marchands toulousains sont présents aux foires de Champagne y vendant fourrures, draps et épices. Au XIVe siècle, la ville entretient des liens commerciaux étroits avec la péninsule ibérique, mais aussi l’Italie, et l’Angleterre à laquelle elle vend du vin contre de la laine.30 Ces relations avec l’Angleterre s’accroissent avec l’exportation de pastel destiné à la draperie anglaise.31 Le Languedoc commerce aussi avec les Flandres; des villes comme Toulouse, Albi ou Gaillac envoient leur pastel vers les cités drapières, ainsi que des peignes de buis dont le bois vient du Roussillon, mais qui sont façonnés à Toulouse.32 Les liens étroits du Languedoc avec la Catalogne, et notamment Barcelone se traduisent par l’achat d’épices et de draps en échange du pastel. Les épices consommées à Toulouse, révélées par quelques inventaires après décès d’épiciers, proviennent surtout de Catalogne. Il s’agit du safran, du poivre, du gingembre, de cannelle, des clous de girofle, du cumin, de la noix de muscade, auxquels il faut ajouter de l’encens et des confitures épicées appelées confimens. Très prisées, elles font partie des repas de fête des capitouls. Des marchands toulousains sont installés à Barcelone et une colonie catalane est présente à Toulouse.33 Dans tout le sud de la France, les inventaires après décès révèlent la présence dans les maisons de notables de céramiques «hispano-mauresques» provenant de Valence et de Malaga qui font l’objet d’un cabotage actif le long des côtes méditerranéennes, un circulation des objets de luxe confirmée par les fouilles archéologiques sous-marines.34

Les objets mis en gage par les débiteurs retracent bien les catégories habituelles du luxe en cette fin de Moyen Âge. Il s’agit souvent de pièces d’orfèvrerie, de l’argenterie, mais aussi des livres. Les étudiants de l’université engagent surtout des livres tandis que les consuls de l’Isle-en-Dodon, non loin de la capitale du Languedoc, mettent en gage le 13 mars 1433 pour une dette de 292 écus et demi: six calices, un reliquaire et d’autres objets d’argenterie.35 La comtesse Jeanne de Boulogne met en gage elle aussi des croix et des tasses.36 L’attachement de l’aristocratie méridionale aux bijoux et autres pièces de la parure ne fait aucun doute. Le courtier Genes Amarel restitue au vicomte de Caraman un fermoir en or garni de pierres précieuses qu’il lui avait laissé en gage d’une dette de 170 écus.37

Cette faveur de l’orfèvrerie auprès des élites urbaines est partagée par un autre groupe dont je n’ai guère parlé jusqu’ici et qui joue pourtant un rôle essentiel dans l’activité du marché du luxe. Siège d’un archevêché, d’une abbaye de chanoines à Saint-Sernin et de nombreux autres monastères et couvents d’ordres mendiants, la ville bénéficie d’une clientèle ecclésiastique locale, mais aussi provinciale. Le clergé méridional vient s’y approvisionner en croix processionnelles, reliquaires et chasses d’argent auprès d’un groupe d’orfèvres bien implanté et dont le marché dépasse largement le seul ressort du Toulousain.

Les peintres bénéficient aussi de cette commande ecclésiastique comme Jean Portal chargé en 1428 d’orner un oratoire entre Donneville et Montgiscard, ou l’imageur Louis de Bousin qui doit faire en 1431 pour l’église de Belpech un monument semblable à celui de Notre Dame du Taur avec Nicodème, Marie, Jean et autres personnages, sans aucun doute un groupe de la Mise au Tombeau pour ne citer que quelques exemples de ces commandes religieuses.

Dans le Sud de la France comme dans toute l’Europe, la commande religieuse, qu’elle soit laïque ou cléricale, collective ou individuelle, accapare la majeure partie des activités des artisanats d’art. C’est une donnée trop connue des médiévistes que l’activité des confréries de dévotion, les initiatives individuelles en faveur de la construction de chapelles funéraires, de dons aux églises, mais aussi l’intervention collective des consulats des villes comme des villages pour l’embellissement de leurs églises pour que je m’y attarde trop longuement.

Parmi d’innombrables exemples, je n’en retiendrai que deux car ils témoignent de la circulation des biens culturels au sein du domaine méridional au temps de la papauté d’Avignon. Le premier est celui de Pierre Godin. cardinal, mort à Avignon en 1336, cet ancien frère prêcheur du couvent de Toulouse lègue une grande partie de sa fortune en faveur de son ancien couvent. Une forte somme d’argent permet l’achèvement de la reconstruction de l’église conventuelle, mais le cardinal est aussi représenté sur un tableau placé au-dessus de la porte du cloître, offrant à la Vierge l’église des frères prêcheurs de Toulouse, vers 1385, ainsi qu’au pied d’un Crucifix peint sur un petit panneau de bois, conservé au Musée des Augustins.38

Un exemple plus frappant encore de cet enrichissement du clergé du Languedoc à la faveur de la présence de la papauté en Avignon, est celui de Jean Tissandier, évêque du minuscule évêché de Rieux une création du pape Jean XXII, entre 1324-1348. Originaire du Quercy comme le pontife, Jean Rieux est un ancien profès du couvent des Cordeliers de Toulouse. Dans son testament, il demande à être enterré dans une chapelle funéraire, située dans le couvent franciscain, son tombeau placé à la gauche du chœur. La chapelle doit être entièrement décorée sur son pourtour de vingt statues figurant le Christ, la Vierge, les douze apôtres, saint Jean-Baptiste, les saints franciscains, et l’évêque, agenouillé en donateur, portant la maquette de l’église conventuelle.39

Des commandes religieuses formulées par les laïques ne restent que quelques vestiges, mais les inventaires établis après décès et les contrats établis devant notaires permettent de percevoir un autre marché du luxe, profane, entièrement tourné vers le bien-être et l’ostentation.

Le premier poste de dépense est la maison qui permet aux élites d’afficher leur réussite et leurs prétentions. L’hôtel du marchand Pierre del Fau, construit à partir de 1495, s’ouvre sur une porte surmontée d’un arc en accolade dont les moulures encadrent le monogramme du Christ. Elle donne sur un couloir voûté d’ogives, longeant l’ouvroir et la boutique, et menantà la cour intérieure bordée de quatre corps de logis. Une tourelle hexagonale abrite l’escalier, sa porte est surmontée du monogramme familial et d’une niche où se trouvait une statue aujourd’hui disparue. Au sommet, la tour se termine par une voûte dont les six arêtes retombent sur un pilier formant une étoile. L’escalier à vis donne sur la «mirande», une terrasse où l’on prenait le frais l’été.40 Nombre d’hôtels toulousains, nobles ou bourgeois, adoptent cette présence d’une tour d’escalier et d’une mirande qui devient presque la signature de l’architecture locale. La tour évoque une aspiration certaine à un mode de vie aristocratique tandis que la mirande permet de voir et d’être vu.

Ce bref aperçu des élites et du marché du luxe dans le Sud de la France reste malgré tout très partiel, les études manquent encore pour appréhender ces questions et peu de chercheurs ont eu le courage comme Philippe Wolff en son temps et Véronique Lamazou-Duplan actuellement de se plonger dans l’océan insondable des registres de notaires en Languedoc. Les documents ne manquent pas, ils sont pléthoriques, mais souvent bien peu bavards pour appréhender les circulations des hommes et des objets.

1P. Perdrizet: La Vierge de Miséricorde. Étude d’un thème iconographique, Paris, Fontemoing, 1908.

2Paris Bibliothèque Mazarine, ms. 520, f. 105.

3Lisbonne, Bibliotheca Nacional, ms. II 112, f. 104v.

4Lisbonne, Bibliotheca Nacional, ms. II 112.

5C. Rabel: «Sous le manteau de la Vierge: le missel des Carmes de Toulouse (vers 1390-1400)», en S. Cassagnes-Brouquet et M. Fournié (éds.): Le livre dans la région toulousaine et ailleursau Moyen Âge, Toulouse, Méridiennes, 2010, pp. 85-106.

6Idem, p. 95.

7Chantilly, Musée Condé, Enguerrand Quarton: Retable Cadard, 1452, bois transposé sur toile, H. 66 cm L. 187 cm. L’œuvre est conservée sans prédelle et sans couronnement, elle fut acquise par le duc d’Aumale en 1879.

8Abbé Requin: «Les peintres d’Avignon», Extrait des comptes-rendus des Réunions des sociétés des beaux-arts des départements, Paris, 1889, pp. 176-177.

9C. Sterling: Enguerrand Quarton, Le peintre de la Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris, 1983, p. 23.

10Archives départementales du Vaucluse, Fonds Martin n.° 800, ff. 25-26, 16 février 1452.

11C. Sterling: Enguerrand Quarton…, cit., p. 24.

12Nice, Musée Masséna: Retable de Jean Mirailhet, vers 1425.

13C. Sterling: Enguerrand Quarton…, cit., pp. 31-32.

14On peut citer à titre d’exemple, le colloque organisé à Rome en 1996 par la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public: Les élites urbaines au Moyen Âge, Paris-Rome, MEFR, n.° 27, 1996.

15É. Crouzet-Pavan: «Les élites urbaines: aperçus problématiques (France, Angleterre, Italie)», dans Les élites urbaines au Moyen Âge…, cit., pp. 9-28.

16Ph. Braunstein: «Pour une histoire des élites urbaines: vocabulaire, réalités et représentations», dans Les élites urbaines au Moyen Âge…, cit., pp. 28-38.

17C. Petitfrère (dir.): Construction, reproduction et représentation des patriciats urbains de l’Antiquité au XXe siècle, Tours, Centre d’histoire de la ville moderne et contemporaine, 1999.

18P. Monnet: «Élites dirigeantes et distinction sociale à Francfort-sur-le-Main (XIVe– XVe siècles)», Francia, t. 27/1, 2000, pp. 118-162, p. 126.

19M. Berthe: «Les élites urbaines méridionales au Moyen Âge (XIe-XVe siècles)», dans La Maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, actes des journées d’études de Toulouse, 19/20 mai 2001, Toulouse, MSAMF, 2002, pp. 21-40.

20Idem, p. 22.

21Idem, pp. 30-33.

22P. Wolff: Histoire de Toulouse, cit., pp. 200-202.

23Idem, pp. 157-166.

24F. Brumont: «La commercialisation du pastel toulousain, 1350-1600», Annales du Midi, t. 106, n.° 205, janvier-mars 1994, p. 26.

25Idem, p. 28.

26Ph. Wolff: Histoire de Toulouse, cit., pp. 224-226.

27Idem, p. 208.

28Idem, pp. 242-243.

29V. Lamazou-Duplan: «Les élites toulousaines et leurs demeures à la fin du Moyen Âge d’après les registres notariés: entre maison possédée et maison habitée», dans La Maison au Moyen Âge dans le Midi de la France, actes des journées d’études de Toulouse, 19/20 mai 2001, Toulouse, MSAMF, 2002, p. 42.

30Ph. Wolff: Commerce et marchands de Toulouse (v. 1350-v. 1450), Paris, Plon, 1954, pp. 15-16.

31Idem, p. 117.

32Idem, p. 129.

33Idem, p. 145.

34H. Amouric, F. Richez, L. Vallauri: 20.000 pots sous les mers, le commerce de la céramique en Provence et en Languedoc du Xe au XIXe siècle, exposition, Musée d’Istres, Édisud, Aix-en-Provence, 1999.

35ADHG, 3E 384, f. 11.

36ADHG, 3E 2485, f. 123v, le 21 janvier 1437.

37ADHG, 3E 3306, f. 149.

38R. Mesuret: «Les primitifs du Languedoc essai de catalogue», GBA, 1965, t. LXV, pp. 1-38, pp. 19-20.

39R. Rey: L’art gothique du midi de la France, Paris, Librairie Renouard, 1934, pp. 249-257.

40Ph. Wolff: Commerce et marchands de Toulouse…, cit., pp. 598-299.

Mercados del lujo, mercados del arte

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