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IV

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La santé de Canova étant rétablie, il pensa alors à Rome, à sa chère Rome, où le rappelait son atelier en deuil, où frémissaient d’impatience les marbres qui attendaient sa main créatrice pour jaillir au mouvement et à la vie. Mais là encore il devait recevoir un nouveau triomphe, une gloire nouvelle.

A la place de l’Apollon pythien, enlevé pour être transporté au musée du Louvre, par l’ordre de Napoléon, le pape Pie VII avait fait élever le Persée de Canova, et Canova vivant voyait son œuvre figurer à côté du Laocoon. Informé de son retour à Rome, l’illustre pontife le fait appeler au Vatican, et l’embrasse en public avec effusion: honneur qui n’est accordé qu’aux souverains. Il le crée chevalier par un bref conçu dans les termes les plus flatteurs et les plus honorables, et rétablit pour lui la place d’inspecteur général des beaux-arts à Rome, avec les droits, les prérogatives et les distinctions dont Raphaël avait joui en cette qualité sous Léon X. Le jour où il reçoit tant d’honneurs, Canova, dont la modestie égalait le talent, écrivit la lettre suivante:

«Je ne puis répondre autrement que

«par le silence et les larmes; c’est le seul

«tribut non équivoque dont se sentent

«capables la tendre gratitude et la confu-

«sion dont je suis pénétré.»

Quant à l’offre de la place de Raphaël, Canova s’excuse de ne pouvoir l’accepter par les plus touchants motifs de modestie, assurant que l’accueil si doux qu’il a reçu de Sa Sainteté est la plus belle récompense pour un artiste. Mais Canova ne fut pas et ne dut pas être écouté.

Telles étaient les impressions qui avaient passé dans le cœur de Canova, telle était sa gloire et sa situation à Rome, lorsque le vainqueur de Marengo, le restaurateur du culte, l’auteur du Concordat et des Codes, manda à Rome, par une lettre de son ministre Bourrienne, qu’il invitait Canova à venir à Paris pour faire son portrait. C’était vers la fin de 1802. Quel artiste n’eût été flatté d’être appelé devant le héros du siècle?

Les conditions offertes à Canova étaient du premier mot dignes de la France, dignes du premier Consul, et déjà impériales. On payait au sculpteur les frais de son voyage et de son retour, les frais du marbre et de transport, et on lui comptait cent vingt mille francs pour son œuvre.

A des offres si brillantes, Canova opposa d’abord des refus formels et presque invincibles. Tandis que les plus fiers républise précipitaient à genoux au-devant du nouveau pouvoir, l’artiste gardait toute la dignité d’une âme libre et amie de son indépendance. Il fut aussi difficile à gagner que la bataille de Marengo; il fallut traiter avec lui comme de souverain à souverain, et, sans l’habileté si connue, sans toute l’adresse diplomatique de M. Cacault, Breton d’origine, ambassadeur de France à Rome, sans l’intervention et les prières du Souverain-Pontife lui-même, Napoléon était refusé !...

Canova et Napoléon

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