Читать книгу Encyclopédie de la photographie sur papier, collodion, verre négatif et positif, et sur toile - Adolphe Legros - Страница 3
AVANT-PROPOS.
ОглавлениеDepuis l’admirable invention de Daguerre pour fixer les images de la chambre obscure, et former ainsi, par la seule influence de la lumière, des dessins d’une perfection infinie, bien des améliorations ont été apportées à l’art photographique par de laborieux et patients artistes.
La possibilité de fixer les images de la chambre noire était connue dès le siècle dernier, mais on ne pouvait obtenir qu’une ombre fugitive, et pour cette cause la découverte ne promettait aucun résultat utile, puisqu’il était impossible de conserver les images que le rayon solaire avait dessinées, et que ces mêmes images devenaient complétement noires aussitôt qu’on les exposait à la lumière du jour.
Enregistrer pas à pas les améliorations qui arrivent chaque jour dans la photographie, est pour nous un devoir que nous avons pris l’engagement de remplir.
Maintenant que cet art s’est enrichi de découvertes remarquables, nous venons prouver au monde daguerrien et photographique que nous continuons de suivre progressivement et sans relâche les nouvelles découvertes qui enrichissent chaque jour cette science sublime, à laquelle nous sommes pour ainsi dire identifié.
Des artistes distingués, des savants, des hommes d’un grand talent et d’un grand mérite, se sont occupés de cet art. Nous avons étudié les ouvrages des maîtres en photographie et chimie, pour nous rendre un compte exact des nouveaux perfectionnements qui ont pris naissance depuis quelques années dans cet art si fertile en découvertes; nous avons reconnu qu’une longue expérience et beaucoup d’argent dépensé pour la science photographique nous donnaient le moyen de faire ce qui était impossible à d’autres.
Notre but n’a pas été de faire un ouvrage scientifique ni historique, mais bien un traité complet pratique et facile à comprendre.
Si quelques répétitions se trouvent dans cet ouvrage, c’est que nous avons voulu éviter au lecteur l’obligation de faire des recherches d’un ouvrage à l’autre.
La photographie prend une extension considérable; le collodion, ce produit connu depuis deux ou trois ans à peine, donne maintenant à nos plus grands praticiens ces magnifiques épreuves sans retouche ou coloriées, qui font l’admiration du public et la gloire de l’artiste.
C’est au milieu d’une telle marche que nous avons voulu apporter au monde artistique le dernier complément que nous avons cru nécessaire pour obtenir un plein succès.
Nous disons avec conviction aux artistes: Suivez pas à pas la méthode que nous vous indiquons, et vous êtes sûrs d’obtenir sans cesse des résultats non-seulement satisfaisants, mais encore admirables de fini, d’exécution et de composition.
Une lacune existait dans les traités de photographie parus jusqu’à ce jour; presque personne n’avait parlé du coloriage des épreuves photographiques, soit à l’aquarelle, soit à l’huile; cette lacune, nous avons voulu la combler: on trouvera dans cet ouvrage un traité complet de la retouche, qui, comme chacun le sait, est le complément de la photographie pour tout opérateur portraitiste. Nous nous sommes étendu assez longuement sur cette partie de l’art; nous avons voulu que quiconque a travaillé la peinture, s’il fait bien attention à toutes les recommandations que nous avons faites, puisse colorier des épreuves photographiques après peu d’essais.
Dans le travail que nous publions, nous aurons atteint en grande partie notre but, si nous parvenons à initier chacun aux secrets du coloriage des épreuves.
Depuis quinze ans que nous cherchons à perfectionner le procédé de Daguerre, à l’améliorer de toutes les manières, nous venons, fier de notre expérience, offrir au public un ouvrage dans lequel il trouvera cette devise: «Vérité, sécurité, progrès.»
La photographie, cet art sublime, ne peut que rencontrer les sympathies de tous; des milliers de bras ne sont-ils pas employés chaque jour aux travaux de toute nature qu’elle nécessite? Que d’hommes, auparavant inoccupés, ont trouvé dans cette partie une profession honorable! L’artiste y trouve une occupation utile, une récompense honnête à ses travaux; le chimiste y a trouvé l’application de ses produits; le physicien, celle de ses principes et de ses lois; l’amateur, un moyen d’occuper agréablement ses loisirs; tous, enfin, ont une part dans le champ d’une science dont Dieu seul peut connaître le terme.
Honneur donc à Daguerre, dont l’admirable découverte fait vivre tant de familles et sera la source de tant de jouissances! Quelle est la mère qui ne sera heureuse de voir la reproduction fidèle d’un enfant aimé ? Quel est l’enfant qui ne sentira son cœur se serrer en contemplant les traits d’un père ou d’une mère chéris, trop tôt enlevés à sa tendresse?
Daguerre et Niepce, deux noms qui désormais sont inséparables et vivront dans tous les cœurs pour avoir facilité aux gens peu aisés de pouvoir, eux aussi, posséder le portrait d’une personne aimée! Quel est l’ouvrier qui pouvait dépenser 100 ou 200 fr. pour avoir un portrait où il manquait encore souvent la chose principale, la ressemblance?
Eh bien! cet homme maintenant pourra voir ses vœux comblés, sans que pour cela il soit forcé de dépenser une somme qui peut lui servir à procurer un certain bien-être à sa famille. La découverte de ces hommes de génie a mis ainsi à la portée de tout le monde une chose à laquelle la classe aisée de la société pouvait seule prétendre.
L’étonnement, qui au commencement marquait chaque découverte de la photographie, s’est changé en admiration pour les hommes éminents qui, tous les jours encore, s’occupent et réussissent à faire une foule de découvertes utiles à ce bel art.
Nous avons réuni dans cette méthode les procédés sur collodion, albumine, papier positif, verre positif, toile, stéréoscope, plaqué d’argent; procédé pour faire rapidement les épreuves positives sur papier, grossissement des petites épreuves; procédés sur ivoire naturel ou factice et boule concave de cristal (presse-papier). Nous avons voulu ainsi publier tous les procédés dans un seul ouvrage, afin d’éviter à l’artiste l’obligation d’acheter sans cesse de nouvelles brochures. En suivant d’un bout à l’autre celle que nous publions, il y trouvera tout réuni.
La plus belle récompense que nous puissions espérer, comme fruit de notre travail, est cette part d’estime que tout artiste est fier d’avoir méritée en travaillant pour son art.
LEGROS,
Palais-Royal, galerie de Valois, 116.