Читать книгу Encyclopédie de la photographie sur papier, collodion, verre négatif et positif, et sur toile - Adolphe Legros - Страница 6
ОглавлениеPolissage des glaces.
Le poli de la glace est une des opérations essentielles, car de lui dépend la bonne réussite des épreuves, jamais on ne fera rien avec une glace mal polie.
Il faut choisir des glaces bien pures, exemptes de raies et de ce sablé qui se rencontre assez fréquemment dans les verres doubles ordinaires dont quelques artistes se servent; nous préférons de beaucoup nous servir de belles glaces ordinaires, bien choisies, qui sont plus chères, il est vrai, mais qui méritent d’être mises au premier rang, et qui, par les bonnes réussites qu’elles donnent, compensent très-bien le prix qu’elles coûtent, en évitant les accidents qui arrivent si souvent parce que les glaces ne sont pas dans les conditions voulues.
Une glace peut servir un grand nombre de fois: cependant il vient un temps où presque toujours il se forme dessus un amalgame d’argent, qui une fois commencé va toujours en augmentant et qu’on ne peut jamais enlever tout à fait convenablement. Une glace sur laquelle ce défaut arrive doit être mise au rebut immédiatement; non-seulement cela occasionne des taches, mais encore, à la place où ces défauts ont pris racine, le collodion, en séchant, s’enlève de dessus la glace, et le portrait part complétement. Il est très facile de reconnaître cet accident en polissant les glaces; il forme comme des marbrures métalliques, qui se voient très-bien quand la glace est nettoyée.
C’est un des accidents les plus graves qui arrivent dans le polissage de la glace, si on ne s’en aperçoit pas pour le prévenir.
Avant d’entrer en matière pour le polissage de la glace, recommandons à l’artiste la plus grande propreté dans ce nettoyage, comme dans toutes les opérations qui suivront; car sans une propreté excessive, la photographie est complétement impossible.
Pour polir la glace, il faut d’abord, si c’est une glace neuve, la bien essuyer avec un chiffon ou une peau; si au contraire c’est une glace qui ait déjà servi, sur laquelle il y ait une épreuve, elle doit tremper dans l’eau acidulée d’acide nitrique, pendant au moins une demi-heure; la bien laver ensuite avec de l’eau ordinaire, laisser égoutter un peu et sécher avec un torchon; en prendre un autre plus sec, pour finir de la sécher complétement.
Lorsque nous sommes pressé et que nous manquons d’acide nitrique, nous mettons aussi nos glaces tremper tout simplement dans l’eau ordinaire; nous nous trouvons presque aussi bien de cette manière que de l’autre. Cependant, lorsque ce sont des glaces sur lesquelles il y a depuis longtemps déjà des épreuves, il vaut mieux les faire tremper dans l’eau acidulée. Par l’autre méthode, il reste quelquefois une silhouette de l’ancien portrait, au lieu que l’acide nitrique enlève complètement jusqu’ aux moindres traces de cette épreuve.
Lorsque la glace, vieille ou neuve, se trouve ainsi parfaitement nettoyée et séchée, on la couvre d’une poudre, nommée photogine, qui se trouve chez les marchands de produits chimiques. Cette poudre, qui est de couleur blanche, enlève complétement, sans qu’il en reste trace, les taches qui se trouvent sur la glace.
Quand on en a couvert la glace, comme nous l’avons dit, y verser quelques gouttes d’alcool, frotter avec un tampon de coton ou avec un chiffon bien mou, laisser ensuite bien sécher cette pâte sur la glace pendant 5 à 10 minutes; un peu plus, un peu moins, ne signifie absolument rien. Cette opération doit être faite des deux côtés de la glace.
Lorsqu’elle est bien sèche, enlever cette poudre et en nettoyer convenablement la glace avec un tampon de coton ou un chiffon, de manière à ce qu’il n’en reste pas du tout. Prendre alors, sur un morceau de papier joseph, ou papier de soie, quelques gouttes d’éther rectifié ; passer promptement sur les deux côtés de la glace. Cette opération doit être faite très-vivement, l’éther étant un produit très-volatil qui s’évapore aussitôt qu’il est à l’air.
Il faut éviter, autant que possible, de se servir de l’éther à la lumière des bougies ou des lampes; ce produit est une matière très-inflammable, il ne faudrait qu’une goutte qui irait toucher la flamme pour faire un encendie considérable; d’autant mieux que les laboratoires des photographes sont toujours garnis de collodion, éther, alcool, etc., toutes matières prenant feu très-facilement.
Il faut donc, autant que possible, éviter de se servir de ces produits dans le cabinet noir, lorsque les opérations que l’on fait nécessitent d’avoir ou une bougie ou une lampe allumée. Du reste, en prenant de grandes précautions, on peut empêcher ces accidents d’arriver; comme il faut quelquefois peu de temps pour occasionner un malheur, nous croyons bon d’avoir fait ces recommandations dans l’intérêt de chacun.
Lorsque les deux côtés de la glace ont été bien imprégnés d’éther, on prend une peau de chamois ou de daim, arrangée en forme de tampon, et on frotte vigoureusement jusqu’à ce qu’on voie la glace bien propre; on souffle dessus, on prend un autre tampon de peau complètement sec, et on passe immédiatement sur la buée, ce qui aide beaucoup à donner du poli et du brillant à la glace, et à la rendre bien pure. Cette opération doit être faite trois ou quatre fois; il faut au moins 10 minutes pour polir convenablement une glace.
Lorsqu’on la jugera convenablement polie, on la transportera, afin de la mettre à l’abri des taches et de la poussière, dans une boîte nommée boîte à glaces, dont la description sera donnée ci-après.
Aux yeux des personnes peu expérimentées, polir une glace n’offre aucune espèce de difficulté ; ce n’est, dira-t-on, qu’un carreau à nettoyer très proprement. Ceux qui pensent ainsi sont dans une erreur complète et qu’il est bon de faire disparaître; la plus petite poussière, le moindre corps gras, amèneraient sans aucun doute des résultats déplorables: l’une occasionnerait une tache certes beaucoup plus forte qu’elle ne l’est en réalité, à cause de la traînée qui se forme entre le collodion et la glace; l’autre occasionnerait non-seulement la perte de l’épreuve, mais encore celle du bain de nitrate d’argent, que la moindre tache de graisse peut empêcher complètement d’être propre à donner des épreuves.
Nous ne saurions trop recommander la propreté, comme premier principe de la photographie. Nous espérons que les artistes, et surtout les commençants, à qui nous nous adressons particulièrement, comprendront toute la portée de nos conseils, et qu’ils les suivront, puisque c’est en même temps pour eux meilleure réussite, économie de temps, car il faut recommencer une mauvaise épreuve; et par cela même, c’est aussi une économie d’argent.
Nous nous servons, pour conserver les glaces à l’abri de la poussière, de boîtes en sapin auxquelles nous donnons le nom de boîtes à glaces. Ces boîtes sont carrées et de la grandeur des glaces; elles ont des rainures pratiquées sur les deux côtés, de manière que les glaces entrent chacune dans leur rainure. Les boîtes dont nous nous servons ont de douze à dix-huit rainures; nous préférons cela à les avoir plus fortes; il vaut mieux en avoir plusieurs qu’une seule qui serait gênante.
Avec ces boîtes fermant hermétiquement, on est presque toujours sûr de n’avoir aucune poussière ni saleté sur les glaces polies. On se sert de boîtes pareilles pour conserver les clichés une fois faits.
Beaucoup d’artistes se servent, pour polir les glaces, d’une planchette dont voici la description: un bâton à vis et deux planches, dont une mobile que l’on fait aller où on veut, en serrant ou en éloignant la vis, afin qu’elle puisse servir pour toutes les grandeurs; on met la glace entre les deux planches, qui possèdent des rebords sur lesquels on place la glace que l’on veut polir. La planchette a deux bâtons de soutien à chaque bout des planches. Cette méthode est très-bonne; nous préférons cependant employer le procédé le plus simple, qui consiste à polir au bout de la main.
Éviter avec soin, dans le polissage des glaces, de mettre les doigts ailleurs que sur les angles; car, en frottant avec la peau, celle-ci promènerait sur toute la surface de la glace la graisse qu’auraient pu y laisser les mains, et l’on serait obligé de recommencer le poli, comme si on n’avait rien fait.
La, meilleure manière dé tenir la glace est celle-ci: un angle appuyé contre la poitrine, et tenir celui qui lui fait face, entre le pouce et l’index de la main gauche; frotter de la droite avec la peau.
Les conditions que nous avons posées pour la bonne réussite ayant été suivies, passons à l’opération du collodionnage.