Читать книгу Encyclopédie de la photographie sur papier, collodion, verre négatif et positif, et sur toile - Adolphe Legros - Страница 8
ОглавлениеSensibiliser la glace.
La glace simplement collodionnée n’est pas sensible à la lumière; on exposerait à la chambre noire après avoir collodionné, que l’on n’obtiendrait aucune épreuve; il faut donc rendre la couche de collodion sensible; c’est ce qui fera l’objet de ce chapitre.
Dans le fond d’une cuvette en porcelaine ou faïence, plus grande environ de 3 ou 4 centimètres sur tous sens que la glace qu’on veut employer, on met une pièce de 5 francs, à la distance où doit venir tomber le bord supérieur de la glace, pour empêcher que le collodion touche le fond de la cuvette, ce qui le déchirerait, ou tout au moins occasionnerait des taches.
Cette bassine doit contenir la solution suivante, en plus ou moins grande quantité, suivant la grandeur de la glace:
Lorsqu’on trempe la glace dans ce bain, elle doit toujours en être parfaitement recouverte.
Quand on croit la couche de collodion convenablement sèche, on plonge la glace, le côté collodionné en dessous, dans le bain ci-dessus indiqué, en ayant bien soin que le bord de la glace touche sur celui de la pièce de 5 francs.
Lorsque la glace est plongée dans le bain sensibilisateur, elle prend une couleur blanc nacré ; il faut généralement qu’en regardant avec une bougie, on voie cette teinte bien épaisse et bien unie. On remue légèrement la bassine dans tous les sens, et, prenant de la main droite un petit crochet en argent, manche en bois, ou bien simplement avec le doigt, on soulève la glace hors de l’eau, ce qui n’est pas difficile puisqu’elle est déjà un peu soulevée par la pièce de monnaie. Il n’y a rien de si facile que de passer le crochet en dessous, ou de lever avec le doigt; on soulève ainsi cinq ou six fois, en abaissant rapidement; la glace collodionnée doit rester dans ce bain de 1 minute à 1 minute et demie. Pour les opérateurs qui ne sont pas très au courant des opérations, ils pourront, lorsqu’ils croiront leur glace assez nitratée, approcher un peu la bougie et regarder la glace: tant qu’il y aura dessus des espèces de corps huileux qui forment comme des traînées sur la glace, il faudra la plonger de nouveau, et la laisser dans le bain jusqu’à ce que ces lignes soient complètement disparues. Lorsqu’elles le seront, mettre la glace dans le châssis, et aller faire l’opération de la chambre noire.
Pour des artistes qui ont l’habitude des manipulations, il vaut beaucoup mieux ne pas se servir de bougie et faire l’opération du nitrate d’argent sans aucune lumière; on doit même placer une planche, ou toute autre chose, entre le bain de nitrate et la bougie. Si, lorsque la glace est plongée dans le bain, elle ne prenait pas la couleur blanc nacré indiquée ci-dessus, il faudrait en chercher la cause, soit dans la vieillesse du collodion, qui perd beaucoup de sa sensibilité en vieillissant, soit dans le dosage du bain sensibilisateur.
Il existe une autre manière de nitrater les glaces: c’est d’avoir une cuvette verticale, au lieu d’être horizontale, soit en gutta-percha, soit en verre, qui doit être pleine jusqu’à l’endroit où vient la hauteur de la glace; on plonge celle-ci dans la bassine, on la laisse tomber sur un crochet disposé exprès pour la recevoir, et on la soulève de temps en temps; le temps qu’elle doit y rester est le même.
Mais les accidents tels que casser le collodion, avoir des stries, des traînées, étant beaucoup plus à craindre, nous préférons nous servir de la cuvette plate.
Après avoir terminé complètement l’épreuve, il arrive quelquefois des stries ou traînées qui se trouvent sur tout ou partie de la glace; cet accident peut être attribué à deux causes différentes: ou le collodion est trop clair, et il est facile d’ajouter, soit un peu de coton-poudre, soit un peu de collodion du commerce; il est alors épaissi et va très bien; ou bien on n’a pas laissé assez longtemps dans le bain sensibilisateur, l’argent s’est condensé par places sur la couche decollodion, et a formé des lignes qui gâtent complètement l’épreuve.
Comme nous l’avons déjà dit, il faut de 1 minute à 1 minute et demie pour que la glace soit convenablement sensibilisée.
Si après avoir plongé la glace dans le bain de nitrate d’argent, le collodion se déchirait, ce serait ou qu’il n’aurait pas un degré de ténacité convenable, et alors il faudrait l’épaissir comme nous venons de le dire; ou bien il ne serait pas resté assez longtemps à sécher. Dans les deux cas l’épreuve devrait être recommencée si la déchirure attaquait ou la figure ou les habits.
Lorsque la glace est assez nitratée, on la laisse égoutter dans la bassine, par un angle, pendant environ 5 ou 10 secondes; il ne faut cependant pas perdre de temps, la couche de collodion nitratée devenant beaucoup moins sensible en séchant.
On met la glace dans le châssis, le collodion en dessous, et on va faire l’opération de la chambre noire, autrement dit on va tirer l’épreuve. Nous donnerons plus tard la description du châssis ci-dessus mentionné.