Читать книгу Mémoires de Garibaldi - tome 2 - Alexandre Dumas - Страница 7
13III
LE COLONEL NEGRA
ОглавлениеLe 17 novembre de la même année, la légion italienne se trouvait de service aux avant-postes; je m’y trouvais avec elle.
Après le déjeuner, le colonel montévidéen Negra monta à cheval et parcourut la ligne avec quelques hommes.
On tira sur lui, et il tomba de cheval, blessé mortellement.
En le voyant tomber, l’ennemi chargea et s’empara de son corps.
A peine eus-je appris cette nouvelle, que, ne voulant pas laisser le corps d’un si brave officier exposé aux insultes de l’ennemi, je pris une centaine d’hommes qui me tombèrent sous la main et je chargeai avec eux.
Je repris le corps du colonel.
Mais alors ce furent les soldats d’Oribe qui s’acharnèrent, et il arriva à l’ennemi un tel renfort d’hommes, que je me trouvai enveloppé. Les nôtres, voyant cela, vinrent à mon secours, si bien que, peu à peu, toute la légion se trouva aux prises.
Exaltés par ma voix, mes hommes alors s’élancèrent en avant, culbutèrent tout, prirent une batterie et chassèrent l’ennemi de ses positions.
Mais bientôt il revint sur nous en masse.
Toutes les forces, ou à peu près toutes les forces de la garnison sortirent; le combat devint général et dura huit heures.
Nous avions été obligés d’abandonner les positions prises du premier élan; mais nous avions fait subir à Oribe une perte énorme, et nous rentrâmes à Montevideo, vainqueurs en réalité et convaincus désormais de notre supériorité sur l’ennemi.
Nous avions eu soixante hommes tués ou blessés.
Je m’étais laissé emporter à charger comme un simple soldat; je n’avais donc vu que ce qui se passait autour de moi.
Mais, au milieu de la mêlée, j’avais aperçu Anzani combattant avec son calme ordinaire, et je savais que, dominant la lutte, aucun détail ne lui avait échappé.
Le soir même, je lui demandai un rapport sur ceux qui s’étaient distingués.
Le lendemain, je réunis la légion, je la louai et la remerciai au nom de l’Italie, et je fis des promotions d’officiers et de sous-officiers.
Après ces deux combats, la légion italienne avait pris une telle influence sur l’ennemi, que, lorsqu’il la voyait marcher sur lui à la baïonnette, il ne l’attendait plus, ou, s’il l’attendait, il était culbuté.
Pendant ce temps, Rivera était parvenu à réunir un petit corps d’armée de cinq ou six mille hommes, avec lequel il tenait la campagne et combattait l’ennemi.
Il avait devant lui Urquiza, aujourd’hui président de la république Argentine. De temps en temps, il envoyait par le Cerro des approvisionnements à Montevideo.
Oribe se lassa de voir manœuvrer ainsi Rivera; il détacha un certain nombre d’hommes de son armée, leur ordonnant de joindre Urquiza et de lui transmettre l’ordre de combattre et de détruire Rivera à l’aide du renfort qu’il lui envoyait.