Читать книгу Documents sur les tremblements de terre et les phénomènes volcaniques au Japon - Alexis Perrey - Страница 4

Ile Formose.

Оглавление

Table des matières

«La fréquence des tremblements de terre qui se font sentir avec tant de force dans l’île de Formosa, peut donner lieu de supposer que la chaîne volcanique des Philippines se perd sous le continent de la Chine.» Telles sont les seules lignes que de Buch consacre à l’île de Formose (Description des îles Canaries, p. 439 de la traduction française).

De Humboldt qui, dans son dernier travail sur les volcans, la rattache aux îles de l’Asie Méridionale, n’est guère plus explicite. «Nous comprenons, dit-il, sous cette dénomination l’île de Formose (Thaï-wan), les Philippines, les îles de la Sonde et les Moluques. Klaproth nous a fait connaître le premier les volcans de Formose, d’après les sources chinoises, toujours si abondantes en descriptions minutieuses de la nature. Formose contient quatre volcans, parmi lesquels le Tschy-kang, ou Montagne-Rouge; qui a eu de grandes éruptions enflammées, et sur lequel existe un cratère-lac rempli d’eaux brûlantes.» (Cosmos, t. IV, p. 421 de la traduction française).

Voici les renseignements que je trouve dans un article de Klaproth, sur l’île Formose, et auxquels de Humboldt fait allusion.

«Le Phy-nan-my-chan, au sud-est de Fung-chan-hian, est une montagne très-élevée et couverte de pins. On dit que, pendant la nuit, on y distingue une lueur qui ressemble à du feu; peut-être est-ce un volcan... .

» Le Tchy-kang ou la Chaîne-Rouge est au sud de Fungchang-hian. Il s’y trouve un lac dont l’eau est chaude: on dit que sa cime, éloignée de 140 ly de la ville, a autrefois vomi du feu .

» Le Ho-chan ou Mont de feu, au sud-est de Tchou-lo-hian, est rempli de pierres entre lesquelles coulent des sources dont les eaux produisent constamment des flammes. Il paraît par conséquent, que la terre, dans cet endroit, contient beaucoup de naphte, ou que ses exhalaisons sont du genre de celles de la Pietra-Mala, dans les Apennins, ou du voisinage de Bakou, sur les bords de la mer Caspienne, qui donnent continuellement du feu .

» Le Lieou-houang-chan, ou Mont de soufre, s’étend au nord de la ville de Tchang-houa-hian jusqu’à Tan-chouy-tching. On voit continuellement des flammes à sa base; les exhalaisons sulfureuses sont si fortes qu’elles peuvent étouffer un homme. On extrait une grande quantité de soufre des terres de cette montagne.» (Ann. des Voyages, t. XX, (t. IV de 1823), p. 203-206).

Tels sont les quatre volcans ou pseudo-volcans qu’a fait connaître Klaproth et que de Humboldt a signalés dans ses Fragments asiatiques, p. 82.

Plus tard, dans une lettre adressée à M. Arago et insérée aux Comptes rendus, t. X, p. 832-834 (1840), M. Stanislas Julien donne des extraits d’une Histoire abrégée de la pacification de l’île de Thaï-wan ou de Formose, parmi lesquels se trouve l’article suivant intitulé Ho-chan (littéralement Feu-montagnes), c’est-à-dire volcans.

«Il y a deux volcans dans l’île de Formose; tous deux se

» trouvent compris dans les limites du district de Tchou-lo-hien.

» L’un est situé au nord de Pantsiouen (c’est actuellement le

» district de Tchang-hoa-hien), à l’est des deux montagnes ap-

» pelées Miao-lo-chan et Miao-wou-chan. Pendant le jour, il

» s’en élève constamment des colonnes de fumée, et pen-

» dant la nuit, il répand au loin une lueur éclatante. Il se

» trouve dans la partie de l’île habitée par des tribus sau-

» vages que l’on n’ose aborder.»

Cette description, si elle est exacte, indique évidemment un volcan actif. Elle paraît s’appliquer, suivant M. Stanislas Julien lui-même, à la montagne indiquée plus haut sous le nom de Lieou-hoang-chan, que le savant orientaliste français décrit ainsi: «Elle est située au nord du district de Tchang-hoa-hien, tout près de la ville de Tan-chouï-tchhing, ou la ville de l’eau douce. Suivant une ancienne géographie, il existe, au pied de cette montagne, un foyer brûlant qui projette une lueur éclatante. Quand le soleil y darde ses rayons, il s’en échappe des vapeurs qu’on ne peut respirer sans danger. On fait bouillir la terre (de cette partie de la montagne) et l’on en extrait une grande quantité de soufre.» L. c. p. 834).

«L’autre volcan, dit M. Stanislas Julien (L. c. p. 833), fait partie du rameau gauche qui s’étend au sud de la ville principale dé ce district; il est situé derrière le mont Yu’-an-chan ou Mont de la Table de Jade.» D’après cette position, c’est évidemment le Ho-chan.

A ces documents empruntés aux livres chinois se bornent nos connaissances sur les volcans de l’île Formose, dont l’intérieur n’a pas encore été exploré. M. Berghaus n’a fait que traduire Klaproth , dans le 47e chapitre de sa Géographie. M. Landgrebe, dans son Histoire naturelle des Volcans , ne donne pas d’autres détails; seulement il change l’ordre des deux premiers. Suivant lui, le Tschy-kang est le plus méridional des quatre; vient ensuite le Phy-nan-my-chan, situé sur la côte sud-est, puis le Ho-chan qui se trouve à peu près sous le tropique du Cancer, et enfin le Lieou-houang-chan, le plus septentrional qui s’élève sur l’axe central de la chaîne longitudinale.

M. W. Hermann n’en marque que trois sur sa carte volcanique , et, chose curieuse, c’est le Tchy-kang qu’il supprime, c’est-à-dire celui que de Humboldt signale dans son dernier travail sur les volcans. Du reste, il place les autres dans l’ordre indiqué par M. Landgrebe.

M. le baron Ferdinand de Richthofen vient de publier un Mémoire très-intéressant sur cette île encore inconnue au point de vue géologique. J’en traduirai ici quelques passages.

«La frégate prussienne la Thétis ayant visité le havre de Tamsui, sur la côte septentrionale de l’île, j’ai profité, dit-il, de cette heureuse occasion pour en étudier les roches, et quoique la relâche n’ait été que d’un jour, j’ai pu faire des observations qui ne me paraissent pas dénuées d’intérêt.

«Formose est formée par une haute chaîne de montagnes qui s’élèvent jusqu’à 12000 pieds de hauteur au-dessus du niveau de la mer. Cette évaluation n’est pas fondée sur des mesures hypsométriques; mais elle est probable, puisque les plus hauts sommets restent couverts de neige pendant la plus grande partie de l’été. Généralement leurs flancs sont abruptes, et dans quelques endroits, comme au village de Chocke-day, sur la côte orientale, elles forment des falaises escarpées de six à sept mille pieds.

» En approchant de la côte nord-ouest, on aperçoit, de la mer, deux hautes montagnes isolées, entre lesquelles se trouve l’embouchure de la rivière Tamsui; à droite et à gauche, s’étend un plateau de quatre à cinq cents pieds d’altitude. Les caries marines dressées par les Anglais portent la hauteur de la montagne du nord à 2800 pieds, et celle du sud à 1720. La première paraît être l’origine d’un groupe qui s’étend très-loin a l’est; celle du sud est la plus petite, plus abrupte et semble isolée. Toutes deux rappellent par leurs formes les montagnes trachytiques. Nous venions de visiter Nangasaki, qui est environnée de montagnes de cette nature, et la ressemblance est frappante.

» ROCHES DE LA PÉRIODE TRACHYTIQUE. — 1. Trachyte. Ce que la forme des deux montagnes (situées à l’embouchure de la rivière Tamsui), fait soupçonner de leur composition trachytique, est parfaitement confirmé, pour celle du nord, par le grand nombre de blocs qui s’en sont détachés; et je ne peux guère douter que celle du sud ne soit formée des mêmes roches. Ces blocs sont composés de deux espèces de trachytes. L’une, qui l’emporte par le nombre, est un trachyte avec hornblende et oligoklas, sans sanidine et sans augite. La pâte grise, à grains, abonde en cristaux isolés. L’amphibole est d’un rouge brun sombre et s’écaille facilement en aiguilles de deux à six lignes de long. Leur disposition est toute particulière. Quand on brise la roche, on aperçoit à la surface de la cassure des stries très-brillantes, formées par les cristaux qui se croisent dans toutes les directions. L’oligoklas est d’un blanc verdâtre; les cristaux sont plus petits que ceux de l’amphibole; mais leur disposition est à peu près la même. Sur la même cassure où brillent les stries amphiboliques, on voit l’oligoklas former de petites taches arrondies, moins brillantes et parfois visibles sans aucun éclat. — Ces deux minéraux impriment à ce trachyte un cachet caractéristique. On y rencontre encore un autre minéral dur et verdâtre qui réclame un examen ultérieur. La roche a dans son ensemble une cassure irrégulière, plus facile dans le sens des stries brillantes et cristallines dont je viens de parler, difficile et écailleuse suivant les autres directions. Les influences météorologiques ont exercé un double effet à la surface, dont se détachent de petites écailles d’un gris de rouille et de l’épaisseur d’une feuille de papier, tandis qu’à l’intérieur elles forment des lamelles d’un brun rouge sombre, épaisses d’une ligne; la différence est parfaitement tranchée.

» La deuxième espèce de trachyte est basaltique, très-cassante, à écailles planes avec des angles tranchants; elle est formée d’un mélange minéralogique à grains fins et d’une teinte d’un gris noir, dans lequel se distinguent des cristaux irréguliers et cassants d’une augite transparente qui a la teinte vert-foncé du poireau. Les agents atmosphériques ont exercé la même influence sur cette espèce que sur la première, seulement elle est moins profonde, et la teinte de rouille est d’un brun plus jaunâtre.

» Je ne puis pas dire quel est celui de ces deux trachytes qui est le plus abondant. On y remarque encore beaucoup d’autres éléments, mais tous paraissent subordonnés.

» 2. Conglomérat trachytique grossier. — En plusieurs endroits de la côte, près de Ho-bi, se montre un conglomérat grossier, qui paraît former la base des dépôts sédimentaires dont sont composées les collines, et qui contient de nombreux fragments anguleux des deux trachytes dont nous venons de parler. C’est une masse dure, de nature trachytique, dans laquelle on reconnaît à la fois des couches de matière éruptive qui a probablement coulé, et des tuffs qui sont venus les recouvrir. La solidité de la pâte est trop grande pour un simple dépôt sédimentaire, et son étendue trop plane et unie pour être d’origine purement éruptive. Le niveau auquel apparaît cette roche est le même sur une immense surface; ce n’est que sur la côte qu’on en trouve des blocs désagrégés; on en voit un grand nombre à droite de l’embouchure de la rivière Tamsui.

» 5. Tuffs trachytiques. — Ils sont colorés en brun-rougeâtre et forment une masse terreuse qui indique une décomposition déjà avancée. Je ne les ai vus nulle part dans leur forme primitive. Ils composent les collines superposées aux conglomérats précédents. Mais on y reconnaît encore assez exactement la structure et les couches horizontales de cette formation. Quelques-unes de ces couches sont remplies de blocs trachytiques; ceux-ci sont aussi altérés et changés en une masse terreuse qui forme un ciment par lequel sont réunis divers minéraux décomposés et entassés en couches épaisses de couleur blanc-jaunâtre. C’est à ces tuffs désagrégés par les agents météorologiques que les environs de la rivière Tamsui doivent leur fertilité qui se montre dans des cultures nombreuses et variées.

» Ces trois formations de la période trachytique constituent la région du havre de Tamsui. Les tuffs y ont pris une extension extraordinaire. A en juger par la puissance uniforme des couches qui forment les montagnes et leur position horizontale et non bouleversée, il est plus que probable que le vaste plateau qui s’étend le long de la côte, au sud-ouest d’Ho-bi, est également composé des mêmes tuffs.»

L’auteur rapporte la formation de ces montagnes trachytiques, des conglomérats et des tuffs à l’époque tertiaire. Elle aurait été suivie d’un affaissement du sol, auquel aurait succédé un nouveau soulèvement, lequel paraît se continuer encore aujourd’hui d’une manière lente.

Suivant le lieutenant Preble du Macedonian, la petite Kilung, située à l’entrée du port de même nom et haute de cinq à six cents pieds, serait volcanique. M. Jones dit qu’elle est formée de syénite.

L’auteur donne de nombreux détails empruntés à la relation d’une excursion faite en 1858, dans l’intérieur de l’île, par M. Svinhoe, qui l’a publiée dans le Journal of the North China branch of the Asiatic society, n° 11, mai 1859 ; mais aucun n’est relatif aux volcans. Il dit seulement, après avoir parlé des mines de soufre situées entre Tamsui et Kilung: «D’après la description qu’en donne M. Svinhoe, ce qui reste de l’ancienne activité volcanique ne laisse aucun doute; mais quoi qu’en ait dit Klaproth, c’est plutôt une solfatare qu’un véritable volcan encore actif.»

Enfin il termine son intéressant travail par les conclusions suivantes:

«La partie la plus septentrionale de Formose consiste à l’intérieur en montagnes anciennes dont les nombreux blocs, disposés dans le lit de la rivière Tamsui, indiquent clairement la nature trachytique. Mais la côte paraît exclusivement formée de produits éruptifs de l’époque tertiaire qui, en partie, reposent sur les hautes montagnes trachytiques, en partie s’étendent fort loin de ces montagnes sous forme de tuffs éruptifs, et en partie forment un puissant système de tuffs sédimentaires. Ces derniers constituent un immense plateau, couvert de collines, qui embrasse les montagnes situées auprès de la rivière Tamsui, s’étend au sud-ouest vers Namkan-Point et Paksa-Point, et va, en s’abaissant, former un plateau plus bas, dans lequel se trouvent compris le port de Kilung et ses dépôts de charbon de terre.

» Des traces d’ancienne activité volcanique, qui se manifeste encore dans les dernières phases de son action, se rencontrent dans les mines de soufre, non loin de la pointe nord de l’île.

» Les formations récentes prouvent, tant au havre Tamsui qu’à Kilung, que le sol est encore aujourd’hui soumis à un mouvement de soulèvement lent, comme dans l’archipel des Lou-Tchou et à l’île Kiou-siou.»

Documents sur les tremblements de terre et les phénomènes volcaniques au Japon

Подняться наверх