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SAILLIE — GESTATION — SOINS AUX MÈRES ET AUX POULAINS — ÉLEVAGE.

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Table des matières

Il existe très peu d’établissements en Bretagne où l’élève du cheval se fasse véritablement en grand. Chaque cultivateur, suivant l’étendue de son domaine, les ressources de la localité qu’il habite, se constitue un élevage toujours très restreint, plus ou moins bien sélectionné, se composant de 2 à 5 juments au plus.

Sur le littoral, spécialement dans le Léon, là où le terrain a une très grande valeur (g à 10.000 fr. l’hectare) et se loue de 2 à 300 francs, la culture maraîchère, celle des primeurs, est éminemment prospère. Les pièces de terre, d’une contenance très réduite, ayant rarement plus de 5o ares, sont entourées de talus élevés sur lesquels croissent des ajoncs, des pruniers sauvages, formant tout à la fois de véritables clôtures et des abris contre les vents du large.

Partout on pratique la culture intensive, encore favorisée par l’abondance des engrais marins, et l’on conçoit que, dans ces conditions, les prairies doivent être rares. L’élevage se fait pour ainsi dire d’une façon continue à l’écurie.

Dans l’intérieur, au contraire, voire même dans le Sud-Finistère, les fermes ont une bien plus grande étendue, et leur accès est le plus souvent difficile, à travers des chemins creux souvent transformés en marécages. Le sol y est moins bon, accidenté, montagneux, couvert de landes. A proximité des habitations on trouve de vastes pâtures, où les juments nourrices, suivies de leurs poulains, peuvent prendre un exercice favorable à leur santé.

Autrefois conduites à l’étalon dès l’âge de deux ans, les juments ne sont plus aujourd’hui saillies qu’à trois. La gestation n’arrête plus leur croissance et elles peuvent, dès la première année, donner un produit viable et vigoureux.

Suivant qu’elles sont couvertes par les étalons de l’Administration ou par ceux de l’industrie privée, les juments sont conduités aux stations de monte ou servies par le mâle à domicile.

Pendant la gestation elles ne reçoivent pas de soins spéciaux, travaillent comme à l’habitude aux charrois, aux travaux des champs, soit seules, comme dans le Léon ou le littoral des Côtes-du-Nord, soit devant les bœufs, comme dans la Montagne bretonne.

L’hiver, on leur distribue, en Léon, une nourriture très substantielle: de la paille, des carottes, des panais, des pommes de terre, du trèfle, des ajoncs pilés qui, crus ou cuits, parfois additionnés de farineux, les poussent au gros et les rendent grasses et luisantes. Il en est à peu près de même dans les environs de Lannion, Tréguier, Paimpol, Pontrieux, ainsi que sur le reste du littoral nord.

Si la nourriture est abondante, l’hygiène laisse fortement à désirer. Encore aujourd’hui, dans la plupart des exploitations, les écuries sont basses, sombres, mal aérées. D’ailleurs, pas de plafond. Un mauvais grenier à fourrage, d’où la poussière tombe dans les yeux des animaux, en tient lieu.

Quant au fumier il séjourne des mois entiers dans les écuries et arrive à avoir une hauteur considérable. C’est dans toute l’acception du mot l’emploi de la litière permanente.

A partir de la mise-bas jusqu’au sevrage, qui a généralement lieu vers 4 à 5 mois, le poulain accompagne sa mère soit à la pâture, soit au travail et ne reçoit que son lait si elle est bonne nourrice. Si la mère est mauvaise laitière, on substitue en partie, à l’alimentation normale, du thé de foin additionné de farineux. Souvent, quand la mère travaille, le poulain reste à l’écurie. Il ne tète alors qu’à des heures déterminées et il s’en trouve d’ailleurs parfaitement.

Sur tout le littoral nord, le poulain, habitué dès les premiers jours au contact de l’homme, devient rapidement très sociable.

Presque jamais abandonné à lui-même, sorti et rentré au moins deux fois par jour, il n’est laissé libre que dans les petits parcours dont nous avons parlé, bien clos par des talus de terre ou de pierre recouverts d’ajoncs, qu’il ne peut franchir, pas plus que les barrières qui ferment les brèches.

Dans la plupart des fermes, où vit une famille souvent nombreuse, c’est presque toujours le maître ou l’un de ses enfants qui soigne les chevaux, petits et grands, qui leur fait prendre de l’exercice dans les cours ou sur les routes, les conduit à la longe paître autour des champs de blé.

Aussi les jeunes chevaux de cette contrée sont-ils généralement doux, familiers et très faciles à dresser.

Dans la montagne, le cultivateur, généralement plus pauvre, nourrit juments et poulains avec parcimonie pendant la période hivernale. L’été, ils trouvent dans les prairies, dans les landes ou sur les routes, une herbe courte et fine assez nourrissante, à laquelle vient se joindre l’ajonc cultivé, dont les jeunes pousses, hachées menu ou concassées, donnent aux chevaux muscles, santé et vigueur.

Le département des Côtes-du-Nord, où l’on fait naître surtout, exporte annuellement 25.000 poulains de 6 mois à 1 an qui, pour la plupart, sont transportés dans le Léon où, sous l’influence d’un régime spécial, ils acquièrent un développement considérable.

Constitué par des terres médiocres, des landes, des bois de pins et des marécages, le Morbihan ne fait naître que dans les régions avoisinant l’Océan. Encore, un grand nombre de poulains émigrent-ils vers le Léon, où ils se transforment sous le rapport de la taille et de l’ampleur.

C’est à 18 mois que l’on commence à les atteler, pour les travaux de la ferme, les premières fois pendant une heure ou deux seulement et chacun d’eux avec des chevaux faits, en la compagnie desquels ils sont habitués à vivre. Au début on n’exige pas d’efforts. C’est, en somme, un véritable exercice qui favorise le dressage. Ce n’est guère que vers 2 ans ou 2 ans 1/2 qu’ils gagnent complètement leur nourriture.

Les éleveurs du Léon qui se livrent principalement au commerce de l’étalon postier, d’ailleurs très prospère aujourd’hui et qui l’ont pour ainsi dire monopolisé, ont un talent tout spécial pour rendre leurs produits gros, gras, brillants, luisants, en les soignant comme de véritables animaux d’engraissement.

M. le comte de Robien, avec beaucoup de raison, critique cette façon d’opérer, qui plaît cependant au commerce. «Dans le Nord du Finistère, vulgo «Léon» — écrit-il — l’élevage se fait à l’écurie, j’allais dire à l’étable. C’est en opposition avec l’élevage sportif au grand air, mais d’alimentation quelque peu parcimonieuse, de la Montagne Bretonne, l’engrais en vase clos, à l’étuve, où le suif remplace le muscle sous le poil luisant et trompeur.»

Nous né saurions mieux dire. C’est d’ailleurs cet engraissement exagéré qui rend les postiers bretons absolument inaptes à un travail immédiat et favorise chez eux le développement des maladies d’acclimatement.

Le cheval de trait, races françaises

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