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LE NORFOLK-BRETON

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Les animaux de race postière, s’ils ont entre eux des caractères de famille qui permettent de les classer à part, sont cependant loin d’avoir toujours la même origine.

Il est toutefois indispensable, pour qu’ils puissent mériter ce nom, qu’ils possèdent un courant de sang Norfolk, que ce courant soit apporté directement par un Norfolk anglais, ou indirectement par un de ses dérivés, le Norfolk-Breton.

Etalon de croisement, le trotteur du Norfolk, le hackney, comme on l’appelle aujourd’hui, est, suivant les pays où il est employé comme reproducteur, allié avec des juments de trait, de demi-sang breton, de demi-sang Norfolk-Breton, de demi-sang normand, de pur-sang anglais et de pur-sang arabe.

Si, Gomme nous le verrons en étudiant les centres de production, on réclame l’infusion du sang Norfolk dans la Seine-Inférieure, le Berry, le Gers, ainsi d’ailleurs que dans quelques départements du Sud-Est, ce ne sont là que des exceptions.

Les véritables berceaux du postier sont les départements bretons desservis par les dépôts d’étalons de Lamballe et de Hennebont, et, parmi eux, les Côtes-du-Nord et le Finistère tiennent à coup sûr une pince prépondérante.

TOPOGRAPHIE, GÉOGRAPHIE, GÉOLOGIE, CLIMAT.

Par sa constitution géologique, le voisinage de la mer qui baigne ses côtes sur une étendue considérable, son climat tempéré et humide, la péninsule armoricaine, qui forme l’extrémité occidentale de la France, est exceptionnellement favorable à l’agriculture et à l’élevage, tant des chevaux que des bêtes à cornes.

Divisée en deux parties, l’une nord, l’autre sud, par les montagnes ou plutôt les hautes et arides collines qui la sillonnent de l’Està l’Ouest: les monts du Menez, les Montagnes Noires et les montagnes d’Arrée, pour venir se terminer aux falaises abruptes que battent sans relâche les vagues de l’Océan, la Bretagne appartient, quant au régime des eaux, au bassin de la Manche et à celui de l’Atlantique.

Roches, éruptives, terrains primitifs et primaires constituent l’ossature de cette région pittoresque entre toutes. C’est dire que partout l’on rencontre le granit, les schistes, de vastes plateaux plus ou moins arides émaillés de menhirs, des chaînons de coteaux toujours mouvementés, entrecoupés de vallons profonds où serpentent d’innombrables rivières ou rivièrettes.

Au point de vue agricole, la Bretagne forme deux régions bien distinctes: celle du littoral et celle de l’intérieur.

La région du littoral qui, comme son nom l’indique, avoisine la mer, est la mieux partagée sous le rapport de la richesse du sol. Elle est habitée par une population dense, active, industrieuse, qui cultive admirablement les terres et qui trouve un appoint considérable dans le varech et la tangue, c’est-à-dire dans les engrais de mer.

La région de l’intérieur, au contraire, où l’on rencontre les monts du Menez, de l’Arrée ou les Montagnes Noires, n’est qu’une succession ininterrompue de massifs granitiques ou de grès, de plateaux incultes, de landes stériles, de champs de bruyères, que le paysan défriche à la sueur de son front et dont le sol, formé d’argile et de fragments de schistes, constitue une terre froide dans laquelle les apports de chaux et d’acide phosphorique sont indispensables.

Alors que, dans l’intérieur, le cultivateur végète et peine, sur le littoral tout chez lui respire l’aisance, la prospérité et la richesse et l’on cite des terres, où l’on pratique la culture maraîchère, dont le revenu s’élève jusqu’à 4 et 6oo francs par hectare.

Dans le Finistère, sur une superficie totale de 672.112 hectares, on trouve 316.393 hectares de terres labourables; 52.534 hectares de prés et herbages.

Dans les Côtes-du-Nord, dont la superficie totale est quelque peu supérieure: 688.562 hectares, les terres labourables l’emportent de beaucoup. On en trouve en effet 455.689 hectares et 60.767 hectares de pâturages.

Ces deux départements tiennent les premiers rangs quant à leur population chevaline.

On estime, en effet, d’après les derniers recensements, que le Finistère arrive en tête avec 104.070 chevaux, suivi de près par les Côtes-du-Nord, qui en comptent 96.000 .

Le nombre des juments saillies est d’ailleurs considérable. D’après le rapport de l’Administration des Haras, les étalons nationaux approuvés et autorisés ont, en 1906, couvert 35.490 juments, 20.988 en Finistère, 14.502 dans les Côtes-du-Nord; mais si l’on songe qu’en regard de ces 469 étalons 1.074 reproducteurs admis par les Commissions d’examen saillissent en moyenne de 70 à 80 poulinières, on arrive à un chiffre total qui, pour les deux départements qui nous occupent, n’est pas inférieur à 116.000.

Origines de la race.

L’introduction en France des trotteurs du Norfolk date de 1834, époque à laquelle fut importé en Normandie le demi-sang anglais Fire-Away, mais ce n’est toutefois qu’à partir de 1844 que, dans le but d’améliorer, de régénérer notre race de demi-sang normand, l’Administration des Haras se décida à faire en Angleterre des achats réguliers d’étalons de Norfolk.

Obtenue par le croisement d’étalons de pur sang avec des juments du Norfolk possédant à un très haut degré des qualités de vitesse et d’énergie, unies à la beauté et à la régularité des allures, cette race présentait un ensemble de caractères qui, après les essais malheureux tentés à l’instigation du Jockey-Club, devaient rendre son importation toute rationnelle.

Après Fire-Away qui, de 1834 à 1844, fait la monte au Pin et à Saint-Lô, on introduit en Normandie Performer, par Performer et une fille d’Old Président. Au Pin, de 1844 à 1855; au haras de Serquigny, chez le marquis de Croix, après cette époque, Performer a donné naissance à des produits remarquables, entre autres à Eclipse (1846) issu de Léda, par Tigris.

Parmi les Norfolks importés en 1851 et 1852 citons: Gainsborough, Corsair (Saint-Lô), Telegraph , The Black Norfolk Phoenomenon (Le Pin), Wildfire, etc.

The Black Norfolk Phœnomenon a produit Y (1858), qui se dispute avec Crocus (1864) la paternité de Lavater. Il a donné également Ipsilanly et Niger.

Les trotteurs de Norfolk, importés en Normandie, peuvent donc être considérés comme les véritables fondateurs de notre race de demi-sang actuelle qu’ils ont complètement transformée.

En Bretagne, le terrain d’action des Norfolks devait être beaucoup plus étendu qu’en Normandie et comprendre tout à la fois le Littoral, la Montagne et l’Intérieur.

L’agent améliorateur devait agir non seulement sur les races de selle de la Montagne, de la Cornouaille, sur le bidet de Briec, mais encore et surtout sur les races de trait léger ou de gros trait indigènes, auxquelles il allait donner plus d’épaule, plus de vigueur et plus d’allures.

C’est en 1844 que le premier étalon Norfolk, Sir Henry Dimsdale, fut introduit en Bretagne.

Nous avons en effet sous les yeux les noms des étalons composant l’effectif du dépôt de Lamballe, lors de son rétablissement, en 1843; ceux du dépôt de Langonnet à la même époque. On y trouve des chevaux de pur sang et de demi-sang, des arabes du Nejd, voire même un cheval persan, mais pas de Norfolks.

En 1852, la station de Saint-Pol-de-Léon, sur 12 étalons, ne comprend qu’un Norfolk, Grey Shales, cheval gris, importé en 1851, que l’on retrouve — dit M. Gast dans son Essai sur la Bretagne hippique — dans le pedigree d’un assez grand nombre d’étalons postiers.

En 1854, le dépôt d’Hennebont reçoit The Norfolk Héro qui, comme Grey Shales, figure dans plusieurs pedigrees, puis, à partir de cette époque, l’introduction des Norfolks anglais en Bretagne est à peu près constante et régulière.

En somme, de 1844 à 1906, soit en 62 ans, il a été importé en France 133 Norfolks anglais qui,pour la plupart, ont été mis en station en Bretagne.

Parmi les Norfolks anglais ayant le plus contribué à la création du postier breton, du Norfolk-Breton, on doit citer, The General, Old Times, Good by, Lord Randy, Pretender, étalons d’un parfait modèle, membrés, près de terre, joignant à une musculature très développée, du sang, de l’énergie et des allures.

Il faut citer Flying-Cloud, introduit à Lamballe en 1864, qui, avec une jument ayant trois croisements de pur sang, Thérésine, donna le jour à Corlay dont la production, en Cornouailles, a été remarquable.

C’est en effet à Corlay que l’on doit les trotteurs Martial et Glazard, issus d’une Krestoffski, poulinière russe, et le fameux Voltaire, père lui-même de Kerbescoud, de Korrigan, de Léopard.

On peut dire de Corlay qu’il est le premier Norfolk-Breton qui, après avoir brillé sur le turf, a merveilleusement tracé pendant près de vingt ans et laissé dans son pays d’inoubliables souvenirs.

Le cheval de trait, races françaises

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