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CINQUIÈME LEÇON.

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Table des matières

De l’humidité de l’atmosphère. — Effets de l’air humide et chaud. — Effets de l’air humide et froid. — Moyens de se soustraire à l’influence de la chaleur humide. — Moyens de combattre l’influence du froid humide. — Importance du mode de vêtement. — De l’usage de la flanelle. — De l’alimentation dans les temps humides. — Forces musculaires et intelligence.

«Quant aux constitutions de l’année, a dit Hippocrate, les temps secs sont, en général, plus salubres et causent moins de mortalités que les temps pluvieux.»

L’humidité de l’air a effectivement une influence considérable sur toutes nos fonctions, et elle peut être placée au premier rang parmi les modificateurs atmosphériques dont nous subissons constamment l’influence. L’air, quelque sec qu’il nous paraisse, contient toujours une certaine proportion de vapeur d’eau, ce qui est facilement démontré par les instruments nommés hygromètres, dont les physiciens se servent pour mesurer le degré d’humidité de l’atmosphère; mais c’est surtout par sa combinaison avec le calorique que l’humidité a un puissant empire sur le jeu de nos organes, ce qui fait que l’air humide et chaud a une action différente de celle de l’air humide et froid.

Lorsque l’air est humide et chaud, nous le supportons difficilement, il semble qu’il nous accable de son poids, tandis qu’en réalité nous sommes gênés par la vapeur aqueuse qui sature l’atmosphère, et qui par sa présence a diminué la quantité d’air respirable. Lorsque l’on subit l’influence que nous signalons, l’oppression des forces s’étend aux diverses fonctions de l’organisme et produit la faiblesse et la lenteur de la circulation du sang, la diminution de l’appétit, une modification dans les digestions qui. deviennent plus laborieuses; la force-musculaire est considérablement diminuée, les facultés intellectuelles elles-mêmes sont affaiblies.

Des phénomènes qui peuvent s’apprécier, en quelque sorte matériellement, sont également produits par l’air humide et chaud; ainsi, tandis que l’évaporation pulmonaire diminue, la sueur s’accumule à la surface de la peau, et sa vaporisation trouvant un obstacle incessant dans l’humidité qui l’environne, elle ruisselle et semble gonfler les tissus. En revanche la sécrétion des urines est activée, mais cette voie ne suffit pas à débarrasser l’organisme, et le poids du corps se trouve momentanément augmenté.

L’air humide et froid opprime aussi tous les actes fonctionnels de la vie, mais d’une façon un peu différente que celle de l’air chaud et humide. Il détermine en outre une véritable souffrance, et la soustraction du calorique est beaucoup plus pénible par un temps humide que par un temps sec; ainsi, telle personne qui n’est que légèrement incommodée par le froid à la température de un ou deux degrés centigrades au-dessus de zéro, éprouve une sensation pénible à sept ou huit degrés, lorsque l’atmosphère est saturée par l’humidité. Il semble que l’air humide se glissant entre les vêtements et la peau, va porter le froid sur toutes les régions du corps; le froid, comme on le dit alors, est pénétrant. Aussi est-ce sous l’empire des constitutions atmosphériques que nous signalons, que l’on voit surgir les rhumes, les catarrhes, les embarras gastriques, les rhumatismes et même les pleurésies et les inflammations du poumon, ainsi qu’une foule d’autres maladies.

De même que sous l’influence de l’air chaud et humide les fonctions digestives sont altérées, de même la circulation diminue d’activité et la respiration devient plus pénible, mais la force musculaire est moins affaissée, ce qui tient à ce que, dans le premier cas, elle subissait l’influence du calorique. L’intelligence ne semble pas notablement modifiée, une sorte de souffrance causée par l’impression de l’air ambiant sur la peau pourrait tout au plus diminuer son énergie et son originalité individuelle.

L’action la plus facile à constater, la plus visible en quelque sorte, est l’absence de toute transpiration de la peau. A peine cette membrane exerce-t-elle une perspiration très-faible et non apparente. L’évaporation pulmonaire est très-peu considérable, et ce sont encore les organes de la sécrétion urinaire qui sont chargés de suppléer au manque d’énergie des autres fonctions.

Lorsque l’on connaît l’action de l’humidité sur les fonctions de l’organisme, lorsque l’on peut se rendre compte de l’altération des forces opprimées par l’air chaud ou froid chargé de vapeurs humides, on possède déjà les moyens de combattre ces funestes effets; car s’il est très-difficile de se soustraire complètement à l’influence atmosphérique dans laquelle on vit, on peut au moins, à l’aide de certaines précautions, en atténuer considérablement les effets.

L’air que nous respirons dans nos habitations est susceptible de recevoir certaines modifications qui en changent la qualité. Ainsi lorsqu’il est chaud et humide on peut souvent établir des courants qui, au moyen du renouvellement continuel de l’air, font pénétrer dans les appartements une plus grande quantité d’air respirable; dans un temps donné, on a été entouré d’une plus grande quantité de vapeur d’eau, mais les poumons ont pu absorber beaucoup plus d’oxygène. Il n’est pas nécessaire pour cela de se placer au milieu des courants d’air, ce serait, comme nous le verrons plus tard, une grave imprudence.

Mais au lieu d’avoir à déplacer un air humide et chaud, il s’agit souvent de remplacer un air froid et chargé d’humidité. Dans ce cas l’importance est encore plus grande, car c’est le dernier surtout qui est le plus fatal à l’organisme, et il est indispensable au jeu régulier des fonctions de ne pas subir trop longtemps son action débilitante. Nous pourrions, pour en rendre la preuve plus palpable, indiquer des contrées entières dont les habitants, sans cesse enveloppés d’un épais brouillard, ont acquis une constitution spéciale, qui se transmet des parents aux enfants et de ceux-ci à leurs descendants, et les prédispose aux engorgements des viscères, à l’hydropisie, au scorbut, aux affections rhumatismales, catarrhales, etc. De cette modification complète en résultent nécessairement d’autres; les formes extérieures perdent leur précision et leur élégance, et les qualités intellectuelles finissent par éprouver des changements très-appréciables.

Les grandes influences climatériques dont nous venons de parler ne s’exercent pas, il est vrai, à l’occasion des simples vicissitudes de l’atmosphère, et ne sont pas produites par l’air que nous respirons dans nos appartements, lorsque ces vicissitudes surviennent. Mais de ce que l’action est passagère, elle n’en est pas moins pernicieuse, et l’on doit s’efforcer de la combattre. Il faut donc, lorsque nous sommes entourés d’un air humide et froid, chauffer les pièces d’habitation jusqu’à ce que l’air y ait acquis une température modérée, afin que le calorique, en dilatant l’air ambiant, lui rende son élasticité et le dégage des vapeurs humides dont il est saturé. Le chauffage a en outre l’avantage, lorsqu’il est bien organisé, de faire un appel incessant à l’air extérieur et de renouveler ainsi l’air vicié par la respiration et les autres causes de son altération. Chauffer les appartements par un temps humide et froid est donc chose plus importante pour la santé que de les chauffer par un froid sec, lors même que la température serait beaucoup moins basse dans le premier cas que dans le second.

Après les précautions indiquées pour modifier les qualités de l’air qui nous entoure, il est bon d’en mettre plusieurs autres en usage si l’on veut augmenter les chances que l’on a de se soustraire à l’action débilitante de l’humidité. La manière dont on est vêtu, par exemple, occupe le premier rang parmi les moyens préservatifs: c’est ainsi que les flanelles douces et molles, dont le tissu est très-lâche, sont excessivement précieuses pour couvrir la peau dans les temps froids et humides. Appliquées directement sur la membrane tégumentaire, elles y représentent pour le corps une seconde enveloppe, dont la présence protectrice le défend incessamment contre le froid humide, l’un de ses plus cruels ennemis. A l’abri de ce moelleux vêtement emprunté par le génie de l’homme aux dépouilles des animaux, la peau fonctionne avec plus de facilité, et si le tissu n’est pas trop serré la transpiration cutanée s’exerce suffisamment pour équilibrer les autres fonctions et empêcher que certains appareils d’organes n’acquièrent une activité qui favorise leurs maladies. Tout le monde sait que les médecins trouvent dans beaucoup de cas un puissant auxiliaire dans l’usage de la flanelle, qui a même fini par être désignée dans le commerce par le nom de flanelle de santé.

Doit-on employer le même moyen contre la chaleur humide, et est-il avantageux, comme on le croit assez généralement, de porter de la flanelle par les temps chauds et humides?

Non, nous le déclarons ici hautement afin de combattre un préjugé qui s’est élevé à la hauteur d’une croyance hygiénique, la flanelle est plus nuisible qu’utile lorsque l’atmosphère est chaude et saturée d’humidité. N’avons-nous pas dit au commencement de cette leçon que, dans les circonstances atmosphériques que nous signalons, la sueur s’agglomère sur la peau et qu’elle est empêchée de se vaporiser à cause de l’humidité de l’air qui l’enveloppe? Eh bien, si à ce puissant obstacle vous en ajoutez un autre; si non-seulement votre corps est entouré d’air humide, mais si vous le mettez en contact avec un tissu qui sera bientôt non-seulement humide mais imprégné d’eau, comment voulez-vous que la peau se débarrasse de la couche d’eau qui la couvre?

La flanelle, dira-t-on, absorbe l’humidité de la peau. Oui, elle s’en empare et s’en sature, mais bientôt elle ne pourra plus ni la prendre ni la garder, et la sueur n’en ruissellera pas moins à la surface cutanée. Une pratique plus sage consiste à mettre au contact de la peau du linge sec et moelleux, et celui de coton est alors préférable; ce linge permettra en partie la vaporisation du liquide, et si l’on a la précaution de le renouveler lorsqu’il est humide et d’essuyer la peau avec soin, on se trouvera dans les meilleures conditions possibles pour ne pas éprouver les fâcheux effets du froid et de l’humidité combinés.

Les fonctions digestives subissant dans les temps humides, quelle que soit la température, une notable oppression, on doit diminuer l’alimentation et choisir de préférence les aliments dont la digestion s’opère avec facilité. La nature sert, en cela, merveilleusement l’organisme, car si la faculté de digérer a perdu de sa puissance, l’appétit participe à cet abaissement d’énergie fonctionnelle et vient nous inviter à une modération salutaire.

Est-il bon dans les temps humides et froids de faire usage des alcooliques? Nous pensons que si certains tempéraments doivent en être très-sobres, que si personne même ne peut être juge dans sa propre cause et doit consulter le médecin qui lui donne habituellement des soins et sait ce qui convient à la constitution dont il est doué, beaucoup d’individus peuvent, contre cette sorte de vicissitude atmosphérique, user avec beaucoup de prudence et de modération des liqueurs alcooliques et du café noir. Sous leur influence stimulante, la circulation augmentera d’activité et les forces musculaires y gagneront.

Puisque la faiblesse musculaire est considérable lorsque l’atmosphère est chaude et humide, puisque les facultés intellectuelles sont même diminuées, il faut, si on le peut, diminuer aussi l’activité du travail physique et donner moins de labeur à l’intelligence; mais nous sommes rarement à même de régler notre travail sur l’incertitude de l’atmosphère, elle servirait d’ailleurs trop souvent d’excuse à notre paresse, et les devoirs sociaux, ceux de la famille et de la profession, sont un stimulant assez puissant pour nous faire surmonter les obstacles que les influences extérieures apportent à l’exercice de nos facultés. Dans d’autres régions, là où les conditions climatériques sont peu variables et obligent les habitants à certain genre de vie, à certaines habitudes, les mœurs et les coutumes se moulent aux exigences du climat. En France, pays d’activité, d’initiative et d’intelligence, on est habitué de bonne heure à braver les vicissitudes atmosphériques et à déployer, chacun dans sa sphère, un courage et une énergie qui ne varient guère; mais on néglige trop souvent les précautions hygiéniques qui peuvent aider à surmonter les obstacles, et une foule de gens subissent les fâcheuses conséquences de l’humidité atmosphérique, tandis qu’il leur serait très-facile, ainsi que nous croyons l’avoir démontré, de s’y soustraire, au moins en grande partie.

Cours élémentaire d'hygiène en vingt-cinq leçons

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