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QUATRIÈME LEÇON.

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Table des matières

Influence de la lumière sur l’organe de la vue. — Lumière artificielle, éclatante ou insuffisante. — Lumière naturelle directe et lumière réfléchie, précautions à prendre. — De la température. — Moyens naturels de résistance à la chaleur et au froid. — Source principale de la chaleur du corps. — Mécanisme de la résistance aux températures extrêmes. — Moyens de lutter contre une température très-basse, dangers à éviter. — Régime convenable dans une température élevée, soins importants. — Les enfants en présence des variations atmosphériques.

Examinons maintenant les dangers que fait courir, dans certains cas, la lumière à l’organe de la vue.

Ici l’action de cet agent est beaucoup plus énergique et cela se conçoit, puisqu’il est l’excitant naturel de l’œil. Aussi tandis que la lumière artificielle, ainsi que nous l’avons dit, ne produit aucun effet appréciable sur la peau, elle suffit au contraire pour agir avec énergie sur l’appareil de la vision. Les individus qui sont obligés de travailler à une lumière éclatante, comme les verriers, les fondeurs, etc., sont exposés à perdre la vue de très-bonne heure; il en est de même de ceux qui fixent des objets très-petits à une vive lumière, tels que les horlogers, les joailliers, etc. Si ce genre de travail est trop persistant, si de nombreux moments de repos ne viennent pas le suspendre, des maladies graves des yeux peuvent en être la conséquence. Une foule de professions courent les dangers que nous venons de signaler: suivant M. Chevallier, la vue des compositeurs d’imprimerie finirait souvent par être compromise à cause du brillant des caractères neufs; mais il est probable que dans ce cas l’excès du travail des yeux, et la nécessité de fixer pendant de longues journées, avec la plus grande attention, des objets très-petits, suffisent seuls pour altérer et user la vue.

Les personnes qui travaillent dans un jour insuffisant voient aussi leur vue s’affaiblir par un autre mécanisme. Celles qui sont obligées de fixer constamment des surfaces blanches qui reflètent la lumière, ou des corps complètement noirs qui l’absorbent et obligent les yeux à faire un effort, sont également dans de mauvaises conditions pour conserver longtemps l’intégrité de la vue. Mais un danger réel résulte toujours du passage rapide de l’obscurité ou même d’un jour terne à une lumière éclatante, et l’on sait que la lumière brillante de l’éclair a quelquefois rendu immédiatement aveugles des individus dont les yeux étaient auparavant dans un état parfait d’intégrité.

Lorsque la lumière du soleil est très-intense, et lorsque les yeux sont obligés d’en soutenir l’éclat pendant un temps un peu long, ces organes peuvent éprouver de graves lésions dans leurs fonctions. La lumière reflétée aussi bien que celle qui arrive directement produisent le même résultat. Ainsi, l’on voit les surfaces blanches des murailles exposées au soleil, les plaines sablonneuses dans certains pays, et la lumière réfléchie par la neige déterminer la cécité. L’histoire grecque nous apprend que, lors de la retraite de Xénophon, à travers les montagnes de l’Arménie couvertes de neige, un grand nombre de ses soldats perdirent la vue, et les relations des voyageurs nous offrent beaucoup d’exemples analogues. Il est donc important, en pareil cas, de se prémunir contre le danger que nous signalons; le meilleur moyen d’y parvenir est d’interposer entre les yeux et les objets qu’ils doivent fixer, des verres légèrement colorés en vert ou en bleu, et ceux qui, par profession, sont fréquemment exposés à une vive lumière doivent employer constamment cette précaution.

La température tient, parmi les modifications atmosphériques, un rang aussi important que la lumière, et l’étude de la première doit être d’autant mieux rapprochée de celle de la seconde, que dans beaucoup de circonstances, c’est par une action commune qu’elles agissent sur le corps de l’homme.

L’élévation de la température atmosphérique produit, comme on le sait, la sensation de la chaleur, et de son abaissement résulte celle du froid. Toutefois, cette sensation est subordonnée à l’état de la chaleur naturelle du corps, à la constitution de l’individu, à l’âge, au sexe et même aux habitudes qu’il a contractées. Ainsi, les constitutions vigoureuses sont moins aisément influencées par la température que les constitutions faibles; les enfants et les vieillards sont plus sensibles à son action que les adultes, et les femmes y sont plus impressionnables que les hommes.

L’habitude de vivre dans tel ou tel climat est une des causes les plus importantes qui permettent à l’homme de résister à la chaleur ou au froid auxquels il est habitué depuis longues années; ainsi tel degré qui semble brûlant pour les Européens, paraît naturel aux habitants du Sénégal. Mais il n’est pas besoin., au reste, d’aller chercher des exemples dans des climats lointains, car les vicissitudes atmosphériques, qui sont fréquentes sous notre ciel, nous font assez sentir que si nous passions tout à coup de la température du mois de janvier à celle qui règne habituellement en juin, nous aurions une très-grande peine à la supporter.

L’homme est doué par lui-même d’une certaine caloricité qui lui permet de résister aux variations extérieures. Cette caloricité intérieure, qui varie très-peu et qui est presque indépendante du milieu dans lequel il se trouve, porte la température du corps humain à environ 37 degrés centigrades; celle des enfants s’élève jusqu’à 39 degrés, tandis que chez les vieillards elle est plus basse que chez les adultes. La source principale de cette chaleur a son siège dans l’acte de la respiration, aussi la calorification est-elle toujours proportionnée à l’énergie des fonctions respiratoires; on conçoit dès lors quelles sont les conditions qui permettent à l’homme de résister plus ou moins avantageusement à l’action de la chaleur et du froid.

On a vu des individus résister quelques instants dans des étuves sèches à une température de plus de cent degrés, et dans certaines contrées, le thermomètre atteint parfois près de quarante-cinq degrés centigrades qui sont très-bien supportés par les habitants. Cette résistance s’explique parfaitement par l’évaporation continuelle qui se fait à la peau et dans les canaux respiratoires, et l’on connaît en effet cette loi de la physique par laquelle l’eau ne peut se réduire en vapeur que par l’absorption d’une très-grande quantité de calorique. C’est donc par ce mécanisme que le corps est débarrassé du calorique extérieur qui vient l’opprimer.

La résistance au froid augmente en proportion de l’abaissement de la température, car le pouvoir calorifique ayant, ainsi que nous l’avons dit, sa source principale dans la respiration, cette fonction accroît son énergie et le poumon absorbe beaucoup plus d’air pendant l’hiver que pendant l’été. On a vu des navigateurs endurer des froids de près de cinquante degrés centigrades au-dessous de zéro. Mais lorsque l’homme est exposé à un froid considérable, il est obligé, pour résister à ce froid et exagérer les fonctions respiratoires, de multiplier ses mouvements et de ne pas se laisser aller au sommeil. C’est par suite d’une conduite opposée et sous l’influence de la fatigue que beaucoup de nos braves soldats ont péri pendant la retraite de Russie.

La manière dont sont disposés les vêtements, l’espèce de tissu qui les forme, ont, comme nous le verrons plus tard, une grande part dans les moyens de protection contre le froid; toutefois, ces ressources sont insuffisantes et ne viennent qu’en seconde ligne après celles que nous avons indiquées et que l’individu puise dans sa propre organisation.

Ainsi que nous l’avons vu, l’homme possède en lui les moyens de résister aux températures extrêmes, il est puissant contre la chaleur et contre le froid, mais il se trouve presque sans défense en présence des variations brusques de l’atmosphère. En effet, la résistance a peine à s’organiser tout à coup, et l’organisme est pour ainsi dire surpris par la température nouvelle, de là la cause d’une foule de maladies.

Néanmoins, on peut, au moyen de certaines précautions, lutter avec avantage contre les vicissitudes qui nous occupent ici; c’est ainsi que le régime alimentaire a une très-grande influence et modifie puissamment l’action de la température. Lorsqu’il s’agit de résister au froid, les repas doivent être plus copieux, les mets plus abondants; les liqueurs stimulantes et alcooliques peuvent être prises en petite quantité et sont plus avantageuses pour calmer la soif que l’eau glacée ou la neige dont usent quelquefois les armées en campagne ou les voyageurs. Ces dernières substances enlèvent alors une portion du calorique qui doit être précieusement ménagée. Le repos est, ainsi que nous l’avons dit, la source d’un grave danger, et l’on doit résister au sommeil qui surprend et poursuit celui qui séjourne au milieu des glaces et des neiges. Il est également très-important de ne pas exposer à un feu vif telle portion du corps qui vient de souffrir d’un froid très-intense; la chaleur doit être employée très-graduellement; on a souvent vu la gangrène survenir en suivant une conduite opposée. Il est même dangereux, après avoir subi un froid considérable, de séjourner dans une pièce très-chaude, des douleurs vives des membres, des fourmillements, des congestions cérébrales et autres accidents peuvent en être la conséquence.

On peut lutter contre la chaleur en employant d’abord une partie des précautions indiquées précédemment contre la lumière excessive, puisque le mode d’action de ces deux agents a beaucoup d’analogie. Puis on oppose avec avantage à ses effets un régime peu substantiel, plutôt végétal qu’animal, en faisant usage de boissons légèrement acidulés, telles que des limonades au citron et évitant les alcooliques qui sont alors très-pernicieux. Le repos, pendant l’extrême chaleur du jour, modère la transpiration cutanée et empêche la déperdition des forces. Les boissons chaudes, en même temps qu’elles débiliteraient l’estomac, seraient fort peu agréables, mais il faut éviter avec le plus grand soin les boissons très-froides qui peuvent déterminer des inflammations internes de la plus grande gravité.

Lorsque l’on emploie le froid sous quelque forme que ce soit, soit intérieurement, soit extérieurement, dans le but de diminuer le calorique dont on est accablé, on doit le faire avec des précautions très-minutieuses, afin qu’il n’en résulte aucun accident. Il n’est personne qui ne connaisse le danger auquel nous expose un courant d’air froid pendant les chaleurs de l’été, ou celui qui peut résulter de l’ingestion d’un verre d’eau glacée. C’est donc une faute grave contre les lois de l’hygiène que d’abuser de ces glaces et sorbets dont beaucoup de gens sont si friands; et si nous ne voyons pas plus de maladies en résulter, c’est parce que le plus grand nombre de ceux qui en usent les prennent le soir, lorsque la température a déjà subi un abaissement très-marqué. Nous connaissons un médecin qui a toujours soin, pendant les chaleurs de l’été, d’exposer durant quelque temps au soleil l’eau qu’il doit mélanger au vin pendant ses repas. Nous ne saurions trop louer et recommander cet exemple, et nous sommes convaincus que si la même prudence était plus générale, une foule de maladies ne se produiraient pas. Lors des terribles épidémies du choléra qui eurent lieu en 1832 et en 1849, un grand nombre de cas ont été produits pour avoir bravé les lois hygiéniques que nous citons ici.

Doit-on, d’après tout ce que nous avons dit du danger des variations subites de la température, élever les enfants ainsi que le font certains philosophes qui prétendent les endurcir contre les intempéries des saisons, en négligeant complètement les précautions que l’hygiène réclame? Non assurément, les enfants d’une forte constitution ont seuls le privilège de survivre à ces habitudes presque sauvages, et dès lors il devient presque superflu de les endurcir contre la chaleur et le froid puisqu’ils sont bien organisés pour y résister. Quant aux faibles ils sont destinés à succomber par un pareil régime, aussi faut-il toujours prendre un moyen terme, ce qui est plus raisonnable. Il ne faut pas élever les enfants avec trop de précautions, lesquelles finiraient par les rendre très-impressionnables à l’action des modifications atmosphériques, mais il est cependant très-important de les préserver contre les grandes variations de la température.

Cours élémentaire d'hygiène en vingt-cinq leçons

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