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TROISIÈME LEÇON.

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Table des matières

Influence de l’air atmosphérique et de ses vicissitudes sur la santé des hommes. — Des grands modificateurs atmosphériques. — Du rôle de l’électricité. — Les effets de la foudre. — Peut-on se soustraire aux influences électriques? — De la lumière. — Son action sur la constitution des êtres organisés. — Sa puissance sur la coloration de la peau. — Dangers d’une lumière intense, maladies qu’elle détermine. — Moyens de s’en préserver. — Action sur l’homme malade.

Les vicissitudes incessantes que subit l’atmosphère influent considérablement sur la santé des hommes, et l’on peut affirmer qu’elles sont une des causes les plus puissantes, peut-être la plus importante, parmi celles qui déterminent nos maladies. L’homme est soumis, pendant toute la durée de son existence, aux influences de la masse d’air dont il est entouré, et cet air a une telle action sur son organisation, que non-seulement il peut à chaque instant troubler sa santé, mais qu’il est également efficace pour la fortifier ou la rétablir.

Un auteur, qui ne manquait pas de mérite, a déjà dit: «Tel air, tel sang.» (Ramazzini, De constitutione, anni 1691.) Ces quelques mots renferment une grande vérité et toute une théorie de la puissance de l’air sur la composition chimique du sang. En effet, le sang se présentant constamment au contact de l’air, dans les poumons, en reçoit de telles modifications, que lorsqu’il parcourt tous les vaisseaux de l’arbre circulatoire, il transmet en même temps aux différents organes les principes salutaires ou pernicieux que cet air renferme. L’étude de l’air atmosphérique, et des vicissitudes qu’il peut présenter, constitue donc l’une des parties les plus importantes de l’hygiène.

Lorsqu’il est question de l’atmosphère, et de ses rapports avec la santé, la première pensée qui se présente naturellement est celle de sa température. Certes, cet élément joue un très-grand rôle dans la question qui nous occupe, mais il est loin d’être unique. En outre du calorique qu’il contient, l’air agit encore sur les êtres organisés par l’électricité, la lumière, l’humidité, par sa pression, et enfin par sa composition chimique. Ce sont ces différents modificateurs atmosphériques qui, par leur qualité, leur quantité, et la manière dont ils se composent, constituent ces grands changements annuels auxquels on donne le nom de saisons, et aussi ces vicissitudes qui ont tant d’empire sur la santé. Connaître l’influence de ces grands modificateurs, c’est connaître par conséquent celle des vicissitudes atmosphériques.

L’électricité, répandue dans l’atmosphère, joue un rôle très-important sur les phénomènes de la vie. Souvent ses résultats passent inaperçus; mais, dans d’autres circonstances, ses effets sont très-marqués; c’est ainsi que dans les temps d’orages, beaucoup de personnes, surtout celles qui ont un tempérament nervoso-sanguin, éprouvent un malaise plus ou moins général, se plaignent du mal de tête, ressentent des douleurs dans les poignets et dans les autres articulations. Les malades voient leurs souffrances augmenter par la même cause, mais, par contre, beaucoup de maladies peuvent être améliorées ou guéries, en employant l’électricité que l’on développe par des moyens artificiels.

Tout le monde connaît les effets extraordinaires de la foudre, et l’on sait que les individus qui en sont frappés peuvent éprouver des choses très-différentes. L’électricité, ainsi accumulée, désorganise les corps vivants aussi bien que les corps inertes; toutefois les premiers ne sont lésés dans leurs fonctions qu’en proportion de l’importance des organes endommagés. Quelquefois il n’en résulte qu’une déchirure de la peau, une brûlure plus ou moins étendue, mais si les centres nerveux sont atteints, la paralysie ou la mort en sont souvent la conséquence. On a vu des cas dans lesquels la foudre a perforé le crâne comme s’il l’eût été par un instrument aigu, et la lésion du cerveau était alors facile à vérifier; dans d’autres circonstances, les recherches les plus minutieuses n’amènent aucun résultat, on ne trouve aucune altération du tissu nerveux, et cependant la mort a été produite avec une rapidité extraordinaire. La modification qui s’opère dans les organes, pendant ce court moment, est encore inconnue; diverses théories ont été émises, mais aucune ne rend un compte suffisant de ce terrible phénomène.

Est-il possible de se garantir de l’action de l’électricité? Non, c’est une influence occulte qui agit malgré nous sur notre organisation, et contre laquelle nous ne pouvons guère nous prémunir. Dans les circonstances ordinaires, cette influence passe, au reste, inaperçue et agit à notre insu; il est même évident qu’elle est nécessaire; mais lors des perturbations électriques de l’atmosphère, dans les temps d’orage, c’est une force qui nous opprime et à laquelle nous ne pouvons opposer aucune espèce de défense.

Le danger que nous fait courir la foudre peut être, jusqu’à un certain point, conjuré, et l’on a donné assez souvent le conseil d’éviter, pendant l’orage, de s’abriter sous les arbres élevés, au pied des grands édifices, et de s’éloigner des courants d’air pour que nous nous dispensions d’y revenir. Lorsque les accidents sont produits, et que la vie a cependant été épargnée, l’art médical peut, dans beaucoup de cas, secourir efficacement celui qui a été frappé. C’est ainsi que les congestions pulmonaires ou cérébrales sont guéries par des saignées et autres moyens appropriés, que les brûlures et les plaies sont pansées et soignées selon la méthode qui leur est applicable.

La lumière mérite une large part de notre attention, car elle a sur l’homme une puissance considérable. Il y aurait un ouvrage immense à faire, si l’on voulait traiter à fond de l’influence de la lumière sur notre organisation, et les conclusions physiologiques et philosophiques auxquelles on arriverait seraient du plus grand intérêt.

On peut affirmer que la lumière est indispensable à l’existence de tous les êtres organisés. Les plantes comme les animaux en ont le plus grand besoin, et c’est à peine si quelques mousses se rencontrent dans les cavités profondes où ne pénètrent pas les rayons lumineux. De même que les plantes qui sont soustraites à l’action de la lumière s’étiolent, se décolorent et dégénèrent; de même les hommes et les animaux, qui n’éprouvent pas cette influence bienfaisante dépérissent et deviennent rapidement malades. Les mineurs, les prisonniers enfermés dans les cachots, les ouvriers qui travaillent dans des endroits ténébreux portent sur leur visage le triste cachet de leur vie souterraine. C’est aussi pour la même cause qu’une partie des habitants les plus malheureux des grandes villes, logés dans des endroits obscurs, éclairés par de petites fenêtres qui s’ouvrent sur des cours étroites, sont blêmes, rachitiques, scrofuleux, et souvent phthisiques. Dans beaucoup de circonstances, il ne leur est pas possible de faire autrement, mais un grand nombre d’entre eux pourrait modifier les conditions hygiéniques dans lesquels il se trouve. Malheureusement l’avantage qui résulte de l’action de la lumière est encore ignoré par beaucoup d’êtres, auxquels il ne manque pas cependant une certaine intelligence. Les femmes du monde, elles-mêmes, habituées à faire du jour la nuit, et de la nuit le jour, conviendraient difficilement que la pâleur dont elles sont atteintes, que les migraines et les affections nerveuses qui les affligent, ne leur sont acquises que parce qu’elles évitent avec soin les rayons du soleil. En vain s’exposent-elles pendant les fêtes de nuit aux clartés de mille bougies étincelantes, la lumière artificielle ne peut jamais remplacer la lumière naturelle, et leur peau molle et blanche, leurs chairs bouffies, sont la condamnation évidente de l’existence déraisonnable qu’elles mènent.

Ainsi d’une part, tous ceux qui, par profession ou par habitude, vivent dans des endroits mal éclairés, doivent faire tous leurs efforts pour améliorer leur situation, et se placer dans des conditions hygiéniques opposées. Les persuader de l’importance que l’on doit attacher à cette règle, leur faire comprendre qu’il y va de la santé et de la vie de leur famille et d’eux-mêmes, est un devoir pour tous les hommes que l’éducation ou l’intelligence ont mis à même de juger cette question.

D’autre part, les dames du grand monde, entraînées par le tourbillon des plaisirs, se couchant quand le plus grand nombre des gens laborieux se lève, et se levant dans un demi-jour, lorsque quelques heures seulement séparent encore le jour de la nuit, devraient êtreconvaineues que la santé est incompatible avec un pareil genre de vie. Qu’elles sachent bien que si elles mettent au monde des êtres chétifs et rabougris, la faute n’en est qu’à elles-mêmes, et que si la jeune génération des grandes villes tourne au crétinisme, elles seules en sont coupables.

Non seulement l’exposition aux rayons du soleil favorise la santé et assure l’existence, mais elle a sur l’organe de la vue et sur la peau une action très-importante, Ainsi que nous le disions tout à l’heure, les personnes qui sont habituellement privées des rayons du soleil ont une pâleur remarquable; par contre, les habitants des campagnes, et surtout les moissonneurs, ainsi que tous ceux qui travaillent dans les champs, ont une coloration rouge et quelquefois basanée de la peau de la face, du cou et des mains. Plus on se rapproche de l’équateur, plus cette coloration est manifeste chez les différents peuples du globe jusqu’à ce que la couleur de la peau, après avoir passé par les différentes nuances qui s’éloignent du blanc, se présente tout à fait noire. Il est vrai que si dans quelques-unes de ces contrées qui sont inondées de lumière, les habitants ne sont pas complètement nègres, cela tient à ce que d’autres conditions atmosphériques viennent modifier l’influence du soleil; telle est la présence de certains vents, le voisinage de la mer qui produit des courants d’air et une grande évaporation d’eau, l’ombrage des bois. On remarque, au contraire, que les habitants des grandes plaines découvertes sont parfaitement noirs.

Ce ne sont pas seulement les indigènes qui subissent l’influence de ce ciel lumineux, les Européens qui habitent longtemps ces contrées finissent par être très-fortement colorés, et nous en constatons la preuve évidente dans notre armée d’Afrique. Nous avons vu tout récemment un capitaine de cavalerie, auquel un séjour de douze années en Algérie a donné un teint si fortement basané que quatre années passées en France n’ont pu modifier encore la couleur de la peau; il est vrai qu’il remplissait en Afrique les fonctions de capitaine instructeur, ce qui l’obligeait à être exposé chaque jour, pendant plusieurs heures, aux rayons du soleil.

Une lumière excessive et dont l’intensité est toute nouvelle pour celui qui la reçoit peut déterminer diverses maladies de la peau. Le moindre de ces désordres est cette coloration partielle, connue sous le nom de taches de rousseur; les personnes à peau fine et blanche y sont particulièrement prédisposées. Ces taches sont persistantes, résistent aux diverses applications qui ont pour but de les détruire, et ne disparaissent qu’avec le temps et surtout le changement de saison.

Un autre accident assez commun chez les individus qui ne sont pas habitués aux rayons du soleil et qui s’y trouvent subitement exposés, est ce qu’on appelle vulgairement coup de soleil. C’est une inflammation de la peau qui est caractérisée par de la rougeur et du gonflement, et qui occupe ordinairement une surface plus ou moins considérable, laquelle tranche très-visiblement sur la peau saine. Cette maladie est évidemment produite par la lumière solaire, à laquelle une certaine portion de calorique unit son action pour la produire. Elle guérit d’elle-même en quelques jours et se termine par la chute de l’épiderme; des lotions d’eau de sureau et des bains de pieds sinapisés favorisent la guérison.

Mais d’autres affections de la peau peuvent se produire par la même cause, des éruptions graves peuvent survenir, l’érysipèle de la face et du cuir chevelu se développer. Sous la même influence apparaissent encore divers accidents cérébraux très-sérieux: telles sont de vives douleurs de tête, des apoplexies, des inflammations cérébrales, des aliénations mentales, etc., etc, On voit même quelquefois la mort se produire instantanément, et chaque année ces événements se renouvellent, soit chez les moisonneurs, soit parmi les soldats qui font des marches forcées.

En présence de tous ces dangers, on ne doit pas négliger les moyens de s’en préserver. Le premier et le plus sûr est d’éviter l’exposition au soleil lorsque sa lumière est très- intense, et lorsque, dans nos contrées, il darde perpendiculairement ses rayons vers le milieu de la journée. Il est encore utile d’abriter la tête et les épaules, soit avec un large chapeau de paille, soit au moyen d’autres coiffures, ainsi que le font les Arabes et les autres peuples qui se trouvent dans les mêmes conditions. Les substances légères et poreuses doivent toujours être préférées afin que leur poids ne soit pas incommode, et parce que l’évaporation de la sueur est alors plus facile. Les couleurs claires, et surtout la couleur blanche, sont plus avantageuses que les autres; nous avons déjà signalé ce fait à propos de l’influence des climats. Enfin, lorsque la nécessité oblige un individu à modifier ses habitudes et à subir fréquemment l’action des rayons solaires, il doit avoir soin de s’y habituer graduellement, ne s’y exposant d’abord chaque jour que très-peu de temps, afin d’arriver sans danger à supporter cette influence et à braver les conséquences qui peuvent en résulter.

Mais puisque la lumière agit avec autant d’intensité sur l’homme sain, et qu’elle détermine si facilement l’inflammation des centres nerveux, n’est-il pas raisonnable de soustraire l’homme malade à sa puissance? En effet, dans beaucoup de circonstances, non-seulement la lumière vive est malfaisante, mais la lumière diffuse, le jour lui-même est dangereux pour l’être souffrant. C’est ainsi que dans la plupart des maladies cérébrales, dans les fièvres graves, dans les affections des yeux, on se trouve bien de placer les malades dans une demi-obscurité.

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