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CHAPITRE II

Table des matières

DE L’INDIGESTION

L’indigestion, ce trouble subit, cet arrêt passager de l’acte digestif, reconnaît un grand nombre de causes diverses. La simple impression subite du froid ou du chaud, la tension intellectuelle après le repas, certains mouvements anormaux du corps, tels que ceux qui résultent de la balançoire, des chevaux de bois, de la danse, du voyage en chemin de fer, etc., suffisent pour déterminer l’indigestion. Elle est fréquente dans le grand âge, à cause du défaut d’activité de la nutrition en général: chez le vieillard, l’appétit diminue, tandis que les sécrétions salivaire et gastrique se tarissent, et que la vigueur musculaire des tuniques de l’estomac (dont la mission est de bousculer, de brasser le bol alimentaire) déchoit à son minimum. Voilà les causes intimes de la langueur et de l’inaptitude digestives de la vieillesse. En vain, s’écrie justement Peter, en vain essayez-vous de raviver la fonction éteinte: l’indigestion est au bout de vos tentatives malavisées!

L’action de manger trop vite et l’absence de dents, en rendant incomplète la mastication, adressent à l’estomac des substances imparfaitement triturées, insuffisamment insalivées, que cet organe est, dès lors, impuissant à transformer en chyme. Les aliments deviennent ainsi, pour lui, autant de corps étrangers, dont il lui tarde de se débarrasser par le vomissement. Un état nerveux, résultant d’excès vénériens ou autres, une émotion vive, une contrariété soudaine, arrêtent également la digestion, à la faveur probable d’une inhibition sécrétoire. C’est ainsi qu’agiront aussi le travail après le repas, une vue antipathique (un cheveu, une mouche dans un plat), ou même l’invincible souvenir d’un objet dégoûtant..... Enfin, il existe à l’indigestion des causes mécaniques: un corset trop serré, un travail capable de comprimer l’épigastre, peuvent la provoquer par une sorte de pression évacuatrice.

C’est parmi les causes mécaniques qu’il nous faut ranger l’abondance ou l’excès des aliments et des boissons; les gourmands qui se gorgent de vins et de victuailles paralysent les parois de leur estomac, à force de les distendre: le suc gastrique devient impuissant à secouer l’inertie digestive, chez ces sujets coutumiers d’abuser ainsi de leur ventre; et, comme l’a dit Raspail: l’indigestion du riche venge la faim du pauvre!

Nous ne nous étendrons pas sur les différences à établir entre les aliments indigestes et les aliments digestifs: tous ceux qui ont lu notre Hygiène de l’Estomac savent à quoi s’en tenir sur ces distinctions, purement théoriques, souvent même arbitraires. L’indigestion peut, toutefois, être causée par des aliments de mauvaise qualité : mais alors, elle retombe dans la catégorie des empoisonnements. L’ingestion abondante de liquides et la brusque déglutition d’une glace ou d’un liquide très froid sont, chez certains sujets, susceptibles d’empêcher l’acte digestif d’arriver à ses fins et de le paralyser, en quelque sorte.

Quelques heures après le repas, le malade ressent comme un poids gênant et lourd à l’estomac. Cette sensation devient douloureuse. et s’accompagne d’anxiété, d’étourdissements, de vertiges. Bientôt, l’éructation, ce vomissement gazeux, et le hoquet, spasme diaphragmatique, se présentent, en avant-coureurs de l’indigestion. Le malaise oppressif tient au refoulement du diaphragme par l’estomac dilaté : les palpitations, les sueurs froides, les maux de tête et les coliques accompagnent les nausées, pour indiquer une participation presque générale de l’économie aux troubles gastriques.

Le vomissement, acte réflexe provoqué surtout par les contractions des muscles ambiants, expulse les aliments plus ou moins altérés. Il est suivi d’un soulagement indicible. Parfois, l’indigestion est aussi intestinale, se traduisant alors par de la diarrhée. Toutes ces indispositions se guérissent, habituellement, en quelques heures, ne laissant derrière elles qu’un peu de courbature, de l’inappétence et de la soif, avec langue blanchâtre et bouche légèrement amère, par suite des mouvements de la bile.

Les choses ne marchent pourtant point toujours ainsi. L’indigestion va parfois jusqu’à la syncope et au coma, se confondant presque avec l’apoplexie. Cela a surtout lieu chez les convalescents, les cérébraux, les cardiaques. Chacun sait que, dans l’enfance, il n’est point rare de voir apparaître, à cette occasion, des convulsions plus ou moins graves.

Dans le traitement de l’indigestion, il faut chercher, tout d’abord (par le café alcoolisé, le thé à la fleur d’orange, l’eau de seltz additionnée d’eau de mélisse, etc.), chercher à arrêter la marche des accidents. Si l’on ne pense point y réussir, on facilitera le vomissement par la titillation de la luette, la poudre d’ipéca dans de l’eau tiède, et au besoin la sonde ou la pompe stomacales. C’est surtout dans le cas de soupçon d’un empoisonnement alimentaire (champignons, conserves, charcuterie, sels de cuivre ou de plomb) qu’on aurait tort de reculer longuement devant ces moyens de déplétion gastrique expéditive.

Sous ce rapport, nous sommes (heureusement! ) moins courageux que nos ancêtres les Romains. On sait que, pour éviter l’indigestion et, tout à la fois, pour satisfaire une incroyable gloutonnerie, ces maîtres du monde avaient inventé la dégoûtante pratique du syrmaïsme. Les Français les plus décadents n’en sont pas encore arrivés à remplir le programme cicéronien: manger pour vomir et vomir pour manger; quitter la table le ventre plein, vider son estomac et revenir l’emplir de nouveau. C’est grâce au syrmaïsme, que les patriciens, stigmatisés par Sénèque et par Juvénal, réussissaient à engloutir les menus effrayants des Apicius, des Lucullus et des Lentulus, et se livraient, vingt-quatre heures durant, à ces travaux d’Hercule (ou plutôt de Pantagruel), dont le triclinium antique offrait le dégradant spectable.

Malgré leur corruption proclamée, les races civilisées d’aujourd’hui n’en sont point là. La plupart considèrent plutôt l’indigestion comme une messagère providentielle, chargée d’avertir nos estomacs et de leur faire de la morale: ceux qui s’indigèrent ou s’enivrent, a dit un prince de la science gastronomique, ne savent ni boire ni manger.

TRAITEMENT DE L’EMBARRAS GASTRIQUE

Ipéca stibié. Donner des purgatifs salins si le vomitif n’a pas suffi. Diète absolue.

LIMONADE DE BOUCHARDAT


PILULES AMÈRES DE GALL


PILULES DE THIBAULT


EMBARRAS GASTRIQUE BILIEUX (Monin).


Seize cachets, un matin et soir, aux repas.


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