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Chapitre III : Le frère Théatin.

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Quelques jours après les événements que nous venons de décrire, plusieurs habitants de Beaujeu, réunis sur la place, lisaient une affiche qui avait été placardée le matin sur le portail de l’église.

Elle était ainsi libellée :

Arrêté du Parlement de Grenoble.

Au nom du Roi, nous déclarons le sieur Louis Mandrin coupable de rébellion envers Sa Majesté, et le condamnons par contumace à être roué vif, en même temps que nous enjoignons à tous les su jets de Sa Majesté de s’emparer de sa personne, ainsi que de tous ceux qui se seraient faits ses complices, soit en lui prêtant asile, soit en traitant avec lui de quelque façon que ce soit.

Tandis que les curieux échangeaient avec animation leurs impressions — et nous devons reconnaître qu’elles étaient plutôt favorables à Mandrin que sympathiques au décret parlementaire — Mr, Mme et Mlle Malicet faisaient leur apparition sur la place. Intrigués par ce rassemblement, ils s’approchèrent, pour prendre connaissance à leur tour du terrible document.

— Enfin ! approuvait l’entreposeur des tabacs. On se décide à agir contre ce misérable.

— Silence ! imbécile ! grondait l’irascible commère, en accompagnant, comme toujours, ses paroles d’une bourrade vigoureuse à l’adresse de son somnolent mari.

— Thérèse ! tu me fais mal !… protestait Agénor.

— Assez ! te dis-je !…

Et baissant la voix, elle ajouta :

— Il se pourrait fort bien qu’un espion de Mandrin rôdât aux alentours et surprît tes paroles. S’il te plaît d’être rôti à petit feu ou coupé en morceaux, c’est ton affaire, et, pour ma part, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais, moi, j’aime mieux mourir dans mon lit, et le plus tard possible. Voilà pourquoi je t’ordonne de te taire.

Tandis que le ménage Malicet échangeait ces aménités, menue monnaie de leurs discussions conjugales, une scène étrange se déroulait tout près d’eux.

Un paysan s’était approché furtivement de Nicole dont le regard attristé demeurait fixé sur l’ordre implacable qui condamnait Mandrin à mort ; et, après lui avoir glissé rapidement un billet dans la main, il disparaissait avant que la jeune fille eût le temps de revenir de sa surprise.

Instinctivement, Nicole cachait le billet dans son corsage. Il était temps. Ses parents se retournaient vers elle.

— Ah çà ! qu’est-ce que tu as ?… interrogeait sa mère, en remarquant la tristesse répandue sur ses traits.

— Rien, maman.

— Tu mens… on dirait que tu vas pleurer.

Et, tout en entraînant Nicole, Mme Malicet se mit à vitupérer :

— Ce n’est pas une raison parce que ce Mandrin nous a offert quelques bouts de dentelles pour que tu t’attendrisses ainsi sur son sort.

Nicole refoula deux larmes prêtes à jaillir de ses paupières.

— Ah çà ! mademoiselle, s’exclamait l’irascible Thérèse, est-ce que ce bandit vous aurait tourné la tête ?

— Mandrin n’est pas un bandit, ripostait d’un élan la jolie Nicole.

— Ma fille ! intervenait le bonhomme Malicet avec indignation.

Il n’acheva pas.

D’un vigoureux coup de coude dans le creux de l’estomac, sa respectable épouse venait d’interrompre, une fois de plus, le fil de son discours.

— Toi ; d’abord s’écria-t-elle… mêle-toi de ce qui te regarde… Quand on n’est bon, comme toi, qu’à boire, à manger et à dormir, on boit, on mange, on dort… mais on se tait… Tu m’as compris ?

— Oui, Thérèse.

Dompté, mais soufflant à pleins poumons, Agénor Malicet se résigna à suivre non sans peine, sa femme et sa fille, qui regagnaient leur demeure.

Tandis que Malicet s’installait dans son fauteuil, désireux de se remettre, par un bon somme, des émotions qu’il venait de traverser, Mme Malicet passait sa mauvaise humeur sur sa servante Martine, qu’elle avait surprise en train d’échanger des baisers par la fenêtre de sa cuisine avec l’un des scribes de son mari… Et Nicole, s’esquivant par une petite porte, gagna le jardin et s’en fut s’asseoir près de la margelle d’un vieux puits.

Tirant de sa cachette le billet que le mystérieux inconnu venait de lui remettre, toute tremblante d’émotion, elle le déplia et en commença la lecture.

Aussitôt, une vive rougeur colora ses traits. Son cœur se mit à battre précipitamment sous la fine mousseline du corsage… et, en un geste spontané, elle porta le billet à ses lèvres, qui s’entr’ouvraient en un sourire de virginale extase.

Voici ce qu’elle venait de lire :

« Je pense à vous et je vous aime.

Capitaine MANDRIN. »

Il m’aime ! Il m’aime !… murmura-t-elle… avec une expression de joie, adorablement triomphante.

C’est que si, depuis le jour de leur première rencontre, Mandrin n’avait pas cessé de rêver à Nicole, Nicole n’avait pas cessé de rêver à Mandrin,

Mais si l’aventurier s’était tout de suite laissé aller, sans s’en défendre, au charme d’un rêve par lui encore insoupçonné, Nicole, dans toute la pureté de son cœur, s’était défendue contre le sentiment dont elle n’avait pas tardé à comprendre, non sans frayeur, l’irrésistible intensité et la délicieuse tyrannie !…

Elle ne pouvait détacher sa pensée de celui qui lui était apparu tout à coup si beau, si généreux, si vibrant, si romanesque… Sa voix chantait sans cesse à ses oreilles. Elle gardait sur sa main satinée, tout près de la bague qu’il lui avait donnée, l’ineffable mais très douce brûlure de ce baiser qu’y avait déposé le galant capitaine.

Et malgré elle, cherchant à se mentir à elle-même, elle soupirait :

— Tout cela n’est que folies, que chimères Vaillante et chaste jusqu’au bout, elle se raccrochait à l’espoir que l’oubli la délivrerait bientôt de ce rêve impossible.

Ah ! comme elle se trompait, la pauvre petite… Elle l’avait bien senti, en lisant l’arrêt du Parlement de Grenoble, puisqu’elle avait eu grand’peine à retenir ses larmes et que, du fond de son cœur, avaient jailli ces mots :

— Quel malheur ! Je ne le reverrai plus jamais.

Et voila que ce simple billet si décisif dans son laconisme, lui apprenait qu’elle aussi était aimée.

A la première minute d’indicible bonheur qui l’avait galvanisée, succédait maintenant un désarroi qui allait vite se préciser en un irrésistible besoin de confidence.

Mais à qui ouvrir son cœur ?… A ses parents ?… Il ne fallait point y songer… A ses amies ?… Elle ne pouvait compter que sur leur indiscrétion et leurs moqueries… Un tel secret était trop grave pour le confier à des êtres humains. Il ne relevait que de Dieu ; et Nicole, bouleversée, résolut de se rendre aussitôt à l’église. Se levant, elle fit quelques pas dans l’allée et jeta un coup d’œil à l’intérieur de la maison.

A travers la fenêtre entr’ouverte du petit salon campagnard, elle aperçut son père qui reposait béatement dans son fauteuil, puis… Mme Malicet qui ajustait à son bonnet les dentelles dont Mandrin lui avait fait présent.

Alors, tranquillisée, elle se dirigea vers la porte du jardin qui donnait sur la rue, et elle allait en franchir le seuil, lorsqu’elle se trouva en face d’un moine, courbé en d.eux sous sa robe de bure et qui, le capuchon rabattu sur les yeux, lui tendait la main en un geste d’aumône.

— Mon enfant, murmurait-il, avec la voix cassée d’un vieillard qui a beaucoup souffert, je suis un frère quêteur de l’ordre des Théatins… Pour l’amour de Dieu, je vous demande la charité.

Nicole tira de sa bourse une pièce d’argent qu’elle remit au moine. Celui-ci, tout en la faisant disparaître dans une poche de son froc, reprenait d’un ton de plus en plus dolent :

— Je suis harassé de fatigue. Voulez-vous me permettre de me reposer ?… Un peu de paille me suffirait…

— Mon frère, déclarait la jeune fille avec un accent de grande bonté, ceux qui agissent au nom des pauvres sont toujours les bienvenus dans notre demeure… Venez.

Le Théatin, d’un pas traînant, mal assuré, suivit Nicole dans le jardin ; et comme il était sur le point de succomber à la fatigue qui l’accablait, il se laissa choir sur la margelle du puits.

Tandis que Nicole le contemplait avec pitié, le moine, brusquement, releva son capuchon… Nicole eut un cri étouffé. Elle venait de reconnaître Mandrin.

— Je suis venu pour vous… attaquait le beau capitaine avec un accent enflammé… oui pour vous, dont la pensée remplit maintenant ma vie à un tel point que je ne trouve pas de mots pour vous le dire.

Nicole, bouleversée, se cacha la tête entre les mains.

Mais Mandrin, dont le froc était tombé à terre, poursuivait avec un accent de sincérité et d’ardeur :

— Nicole, la fleur que vous m’avez lancée quand je passais devant vous, la jolie rose aujourd’hui flétrie, mais que je garderai toujours comme le plus précieux des talismans, m’a enveloppé d’un délicieux sortilège.

« Grâce à elle, je connais le plus doux des bonheurs : celui d’aimer Car je vous aime… de toutes les fibres de mon être… de tous les élans de mon cœur…

« Oui, vous avez accompli ce miracle d’apporter, à travers la tempête qui était en moi, la clarté d’un soleil qui me permet de contempler la beauté dans tout ce qu’elle a de plus pur, de plus noble et de plus attirant…

« Mais rassurez-vous, je ne veux pas troubler votre existence, vous arracher à votre foyer, vous emporter…

« Non ! je veux simplement vous dire : Moi qui vous adore, puis-je espérer qu’un jour par vous je serai un peu aimé ? »

Nicole, éperdue, allait tomber dans ses bras ; mais se ressaisissant devant le danger, elle reprit, d’une voix dans laquelle passait un tremblement de sanglots, qui était comme un demi-aveu de sa faiblesse :

— Comment pourrais-j e vous aimer ? N’êtes-vous pas hors la loi ?

— Oui, reprit Mandrin, dont le front s’était assombri… Oui, l’arrêt du Parlement de Grenoble me condamne à la roue… Mais ils ne me tiennent pas encore et j’ose même dire qu’ils ne me tiendront jamais.

Nicole se cacha la tête entre les mains.

Le beau capitaine poursuivait avec amertume :

— Je vous fais peur, n’est-ce pas ?… Sans doute, vous ne voyez en moi qu’un brigand, qu’un misérable… digne du supplice que l’on me promet… Et pourtant, je vous le jure, je ne suis pas un bandit… Je suis un justicier.

Nicole voulut s’enfuir… mais Mandrin lui prit les mains et les emprisonnant tendrement dans les siennes, il la supplia :

— Ecoutez-moi… je vous en conjure.

Nicole, à bout de forces, crut qu’elle allait défaillir ; mais le capitaine la faisait s’asseoir auprès du puits et, avec une émotion tellement intense qu’elle acheva de désarmer la pauvre enfant, il reprit :

— Laissez-moi vous dire qui j’étais et ce que je suis devenu.

Et, posant un genou sur le rebord de la margelle, penché vers la jeune fille, dont le cœur battait à se rompre, il commença :

— Je suis né non loin d’ici, à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, petite ville rustique, qui se tasse dans le creux de la plaine de Bièvre. Mon père était maquignon… ; et j’avais appris avec lui ce métier, Lorsqu’il mourut, en 1742, il laissait une femme et sept enfants… J’étais l’aîné, j’avais dix-sept ans… Chef de famille à cet âge… c’était déjà bien lourd pour moi…

Ma mère tenait un petit commerce d’épicerie qui n’allait guère. Moi, je courais les foires les plus renommées, achetant et revendant des chevaux et des mulets… Mais les affaires n’étaient guère brillantes, et je gagnais juste de quoi assurer à mes frères et sœurs le pain quotidien. Un jour, je suis chargé, pour le compte de la commune, de me procurer et de conduire à l’armée du Piémont une centaine de mules.

C’est une aubaine inespérée pour moi… presque le commencement de la fortune. Mais, en route, une épidémie se déclare sur mes bêtes… Beaucoup succombent, et celles qui survivent sont dans un si piteux état que je suis obligé de les revendre à un vil prix.

« C’est plus qu’un désastre… C’est la ruine définitive de toutes mes espérances. Mais ce n’est rien encore. Vous allez voir et vous allez comprendre ce que j’ai pu souffrir.

— Mon ami, murmura malgré elle Nicole, profondément touchée par le récit du capitaine.

Celui-ci continuait :

— Je rentre au pays… En arrivant devant notre demeure, quelle n’est pas ma douleur, et aussi ma colère, en voyant nos meubles dans la rue.

« Les agents des fermiers généraux… les maudits « gâpians », sont venus en mon absence saisir le maigre bien de ma pauvre famille, qui n’a pas su s’acquitter de l’impôt.

« Je pénètre dans la maison… Ma mère, entourée de tous ses enfants en larmes, supplie en vain un de ces monstres de lui laisser au moins le crucifix qui a recueilli le dernier soupir de mon père… Une de mes sœurs m’aperçoit et s’élance vers moi en sanglotant :

« — Grand frère, nous rapportes-tu un peu d’argent pour donner à ces hommes ?

« Je jette sur la table les quelques écus qui traînent au fond de ma bourse…

« Un des gâpians les empoche aussitôt… Mais la somme n’est pas suffisante et la saisie continue… Ces gredins s’emparent d’un berceau où pleure mon plus jeune frère, âgé de deux ans…

« Ma mère veut s’élancer… Brisée de douleur, elle s’effondre à terre… Marie, ma sœur aînée, se précipite pour protéger l’innocent… Mais un gâpian, brutalement la repousse… Alors, la colère qui grondait en moi éclate… Je saisis un escabeau… et le lance à la tête du gâpian, qui tombe assommé… J’en empoigne deux autres… Je les cogne l’un contre l’autre avec fureur… et en un clin d’œil, ils ne sont plus que deux loques entre mes mains… Mais leurs camarades accourent à leur aide… Maintenant, ils sont dix contre moi… Je vais succomber… Tout à coup, je songe qu’ils vont m’emprisonner, me condamner à la prison, aux galères… Il faut que je reste libre, que je vive… que je me batte encore pour eux… Sans moi, que deviendraient-ils ?

« Ma mère qui s’est relevée, me crie : « Louis, mon fils ! mon enfant !… » Mes sœurs, mes frères, poussent des hurlements de terreur et de détresse. Alors, en un effort suprême, je me dégage… Je bondis au dehors… Les gâpians veulent me poursuivre. Mais ceux de Saint-Geoirs, qui sont là devant la porte, les arrêtent et me permettent de fuir… Je me réfugie dans la campagne… marchant à travers les ronces… Bientôt, mes vêtements sont en lambeaux… Une fièvre ardente me brûle… Je me désaltère à l’eau d’une source… Je m’évanouis… et quand je reviens à moi, je me trouve au milieu d’une bande de contrebandiers qui m’ont recueilli… Ce sont tous, comme moi, les victimes des oppresseurs. Dès qu’ils connaissent ma triste histoire, ils s’empressent de m’offrir une place dans leurs rangs. J’accepte… Je prends part aussitôt à leurs expéditions… Je deviens vite leur ami… et bientôt leur chef…

« Devinant tout le parti que l’on peut tirer de ces hommes résolus à tout, sûr de leur dévouement, de leur loyauté, de leur courage et de leur confiance… je leur développe mes plans de guerre implacable et sans merci à tous ceux qui sont les ennemis du peuple, les sangsues de la France… mon idée les enthousiasme, et nous entrons en campagne.

« Vous connaissez à présent mon histoire. Mais ce que je tiens à vous dire encore, à vous jurer sur la tête des miens, c’est que je ne me suis jamais attaqué qu’aux fermiers généraux et à leurs agents, à ces bourreaux des malheureux, et que je suis innocent de tous les vols, de tous les crimes dont on cherche à me salir… Je vous le répète, je suis un justicier, rien qu’un justicier… Et maintenant, Nicole, jugez-moi ! »

La jeune fille qui avait écouté Mandrin avec une grande émotion… s’empara à son tour de sa main… et, dirigeant vers lui son regard où se lisait tout son amour, elle s’écria :

— Louis, je vous aime !

Mandrin s’inclina vers le front si pur qui s’offrait à lui et, longuement, y déposa ses lèvres.

Une rumeur accompagnée d’un roulement de carrosses, de claquements de fouets et de tintements de grelots, s’élevait dans la rue toute proche.

Mandrin et Nicole, brusquement, se séparèrent.

Nicole, effrayée, courut à la porte.

- Une chaise de poste était arrêtée devant la maison de ses parents… Un gentilhomme en descendait, suivi d’un homme tout de noir vêtu.

— Bouret d’Erigny ! s’écriait Nicole, en pâlissant.

— Le fermier général !… ajoutait Mandrin, qui avait rejoint la jeune fille.

— Lui-même.

— Vous le connaissez donc ?

— Oui, mais fuyez… car je le vois qui donne, à voix basse, des ordres à un exempt… Peut-être avez-vous été trahi.

Mais Mandrin, le regard étincelant, s’écriait :

— Ce coquin de fermier général ne me fait pas peur, et je ne serais nullement fâché de lui dire ses vérités en face.

— Il frappe à la porte ! Il n’y a pas un instant à perdre, je vous en supplie… partez.

— Vous l’exigez ?

— Je vous le demande en grâce… Car je ne me consolerais jamais s’il vous arrivait malheur à cause de moi.

— Alors, je vous obéis.

Nicole jeta sur les épaules de Mandrin le froc qu’il avait laissé tomber à terre, et, le prenant par la main, elle l’entraîna vivement au fond du jardin, vers une porte qui donnait sur la campagne.

— A bientôt ! s’écria le beau capitaine.

— Oui, à bientôt.

— Et qui sait ? peut-être à toujours.

Mais Nicole repoussait le battant et regagnait la maison.

Mandrin réfléchit quelques secondes.

Puis, entrebâillant la porte et rentrant dans le jardin, il se glissa à pas de loup à travers les buissons des lauriers-roses… se rapprochant peu à peu de la fenêtre entr’ouverte… et il demeura là, le regard tendu, l’oreille aux aguets et tourmentant nerveusement la crosse d’un pistolet accroché, sous son froc, à sa large ceinture…

Mandrin, roman d'aventures

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