Читать книгу Les Contes; ou, Les nouvelles récréations et joyeux devis - Bonaventure des Périers - Страница 3
AVERTISSEMENT.
ОглавлениеM. Charles Nodier, dans son excellente notice sur Bonaventure des Periers, a si bien dit tout ce qu’il faut dire du charme exquis et du mérite supérieur de ces Contes, que nous renonçons à y ajouter quelque éloge qui les fasse lire et apprécier davantage: nous les regardons comme un des trésors les plus purs de notre littérature du seizième siècle, et voilà pourquoi nous les réimprimons avec l’espoir de les rendre populaires. Bonaventure des Periers, spirituel et gracieux conteur, est en outre, un des bons écrivains qui ont concouru à former la langue avec Rabelais, Calvin, Amyot et Montaigne.
Antoine Dumoulin, qui avait mis au jour, en 1544, le Recueil des Œuvres de des Periers en vers et en prose, trouvées dans ses papiers, fut sans doute aussi l’éditeur des Contes, quoique La Croix du Maine attribue la plus grande part de ces contes à Jacques Pelletier, du Mans, et Nicolas Denisot, également amis de Bonaventure des Periers. Cette première édition est intitulée: Les nouvelles Recréations et joyeux Devis, contenant quatre-vingt-huit contes en prose, Lyon, Robert Granjon, 1558, petit in-4o, imprimé en caractères dits de civilité (on les appelait autrefois lettre française).
Jacques Pelletier et Nicolas Denisot avaient sans doute travaillé avec Antoine Dumoulin à revoir et à compléter l’ouvrage de leur ami; puisque ces contes renferment des interpolations qui ne peuvent avoir été glissées dans le texte qu’après la mort de l’auteur, ils joignirent aux éditions suivantes quatre contes qui paraissent sortis de la même main que les premiers, et ensuite trente-sept autres qui sont empruntés évidemment à divers auteurs contemporains. Ce livre, ainsi augmenté, a été réimprimé neuf ou dix fois jusqu’en 1735, date de la dernière édition. Voilà donc plus d’un siècle que Bonaventure des Periers n’a eu les honneurs d’une réimpression!
Ces éditions sont les suivantes: Lyon, J. Roville, 1561, in-4o; Paris, Galiot du Pré, 1564 et 1568, petit in-12; Lyon, Benoît Rigaud, 1571, même format; Paris, Nicolas Bonfons, 1572, in-16; Paris, Claude Bruneval, 1582 ou 1583, in-16; Paris, Didier Millot, 1588, in-12; Rouen, 1606, in-12; Rouen, David du Petit-Val, 1615, in-12; Cologne, Gaillard, 1711, 2 vol in-12 (cette édition contient les notes de La Monnoye, avec des observations du même sur le Cymbalum mundi); Amsterdam; Z. Chatelain (Paris); 1735, 3 vol. in-12.
C’est le texte de cette édition que nous avons suivi, car il avait été collationné par La Monnoye sur les éditions originales. Mais, comme l’édition de 1735 fut faite, depuis la mort de La Monnoye, d’après un exemplaire corrigé et annoté par lui; Saint-Hyacinthe, ou Prosper Marchand, qui semble avoir été l’éditeur anonyme, n’a pas donné au texte toute la correction désirable, et y a laissé beaucoup de fautes qui accusent une extrême négligence, sinon peu de connaissance de ce qu’on nommait alors notre vieux gaulois. Cet éditeur a eu raison d’abréger çà et là les notes de son savant devancier, en y mêlant les siennes.
Nous avons encore abrégé ce commentaire, en modifiant le style et souvent les idées du commentateur; nous y avons incorporé nos propres remarques, sans autres prétentions que de faire mieux comprendre le langage et d’expliquer quelques faits obscurs. Nous nous sommes attachés particulièrement à rendre le texte intelligible par la ponctuation; mais, suivant notre système, nous ne respectons pas l’ancienne orthographe, qui n’est qu’un obstacle inutile à la lecture et à la popularité des chefs-d’œuvre de notre ancienne littérature.
Paul L. JACOB,
Bibliophile.