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Le temps, glouton dévorateur de l’humaine excellence, se rend souvente fois coutumier (tant nous est-il ennemi) de suffoquer la gloire naissante de plusieurs gentils esprits, ou ensevelir d’une ingrate oubliance les œuvres exquises d’iceux: desquelles si la connoissance nous étoit permise, ô Dieu tout bon, quel avancement aux bonnes lettres! De cette injure, les siècles anciens, et nos jours mêmes, nous rendent épreuve plus que suffisante. Et vous ose bien persuader, ami lecteur, que le semblable fût advenu de ce présent volume, duquel demourions privés sans la diligence de quelque vertueux personnage, qui n’a voulu souffrir ce tort être fait, et la mémoire de feu Bonaventure Des Periers, excellent orateur et poète, rester frustrée du los5 qu’elle mérite. Or, l’ayant arraché de l’avare main de ce faucheur importun, je vous le présente avec telle éloquence que chacun connoît ses autres labeurs être doués. D’une chose je m’assure, que l’ennuyeux pourra abbayer6 à l’encontre tant qu’il voudra, mais y mordre, non. Davantage7, le front tétrique8 ici trouvera de quoi dérider sa sérénité, et rire une bonne fois: tant est gentille la grâce de notre auteur à traiter ces facéties. Les personnes tristes et angoissées s’y pourront aussi heureusement récréer et tuer aisément leurs ennuis. Quant à ceux qui sont exempts de regrets et s’y voudront ébattre, ils sentiront croître leur plaisir en telle force, que le rude chagrin n’osera entreprendre sur leur félicité; se servant de ce discours comme d’un rempart contre toute sinistre fâcherie. De faire à notre âge offre de chose tant gentille, je l’ai estimé convenable, mêmement en ces jours tant calomnieux9 et troublés. Votre office sera, débonnaire lecteur, de le recevoir d’une main affable, et nous savoir gré de notre travail: lequel sentant bien reçu, serons excités à continuer en si louable exercice, pour vous faire jouir de choses plus ardues et sérieuses. Adieu.

De Lyon, ce 25 de janvier 1558.

Les Contes; ou, Les nouvelles récréations et joyeux devis

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