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POLÉMIQUE SUR L’USAGE DU TABAC.

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Table des matières

Il n’est peut-être aucune substance qui, depuis son introduction en France, ait, plus que le tabac, suscité d’écrits: les uns, pour exalter fanatiquement ses propriétés; les autres, par esprit de contradiction peut être ou plutôt par impuissance de comprendre l’espèce de jouissance que cause son usage habituel, ont mis de la passion à le critiquer. C’était assurément, en France surtout, le moyen le plus actif de faire la fortune du tabac.

Sans parler ici des auteurs anciens qui énumèrent toutes les maladies dans lesquelles le tabac est employé avec succès, nous citerons particulièrement un passage de Jaques Gohori, Parisien (loc. cit, page 6, b): «Icy donques ses propriétés sont éprouvées à guarir les playes, les vlcères aposthumes, contusion, morphée, mesme la piqûre de la vive, appelée par les. Latins Draco marinus, qui est bien souvent mortelle: comme est apparu n’a pas longtemps en la vefve du feu lieutenant particulier Bragelonne qui en est morte...

» Le docte advocat de la Cour, Tusan, ne forlignant de son oncle Tusanus ès langues grecque et latine, m’a affirmé cette piqûre de vive avoir été guarie en sa maison par cette herbe (tabac) dont il en avait eslevé de belles et plantureuses en vn jardin. Quant à la cure des playes, j’en ai fait souvent l’expérience de la feuille seule pilée, dont m’a fourny abondamment le sieur de la Brosse, mathématicien du roy, très-docte, de son beau jardin garny d’vne infinité de simples rares et de fleurs exquises. J’en ai guary vne contusion de plus de deux ans tournée en pourriture en vne vieille femme passementière, près la cheville du pied; et à plusieurs hommes et femmes des rougeurs de visage et des galles farineuses invétérées au front. Un Sicilien s’est vanté à moy d’en avoir extirpé par l’eau distillée la racine des écrouelles en maintes personnes.» (J. Gohori, p. page 7 a,)

Dans sa Tabacologie, Jean Ménandre parle avec enthousiasme de la vénération que les insulaires de l’Amérique avaient autrefois pour le tabac; ils croyaient, dit-il, que fumer était le plaisir habituel de leurs dieux. Il rapporte que Thomas Horiot, voyageur, qui a donné une description de la Virginie, dit que les sauvages jetaient du tabac en poudre dans les feux sacrés; que, dans leurs navigations, s’ils étaient assaillis par une tempête, ils en jetaient en l’air et dans la mer, pour apaiser le courroux du ciel et celui des vagues; que le considérant comme un préservatif contré les mauvais génies et les armes de leurs ennemis, ils en portaient tous un paquet supendu à leur cou; qu’en le fumant ou le prisant, ce qu’ils faisaient avec une grande avidité, ils se délassaient des fatigues d’une longue course.

Plusieurs auteurs ont rapporté plus ou moins textuellement ce passage, que nous reproduisons saris altération, et qui prouve la confiance aveugle que les Indiens avaient dans la fumée du tabac:

«C’est ceste plante (le tabac) tant célébrée par les prestres indiens, de laquelle ils souloyent (avaient coutume de) user pour donner, responces; car la coustume estoit entre eux qu’on demandoit conseil, et s’enquestoit-on des prestres, touchant l’issue et événement des guerres et des affaires de grande importance. Le prestre donc à qui on demandoit advis brusloit les feuilles seiches de ceste plante, recevant la fumée dedans sa bouche par un petit tuyau ou canne, puis après il tomboit comme ravi, en extase, sans se mouvoir aucunement, demeurant ainsi quelque teins; la vertu et faculté de ceste fumée ayant faict son action, il revenoit à soy, racontoit qu’il avait parlé avec le malin esprit, et donnoit des responces ambiguës; en sorte que, de quelque manière que les choses advinssent, il leur peut facilement persuader et faire accroire qu’il les avoit prédites.» (Garcie Du Jardin, loc. cit., liv. V, p. 39.)

Le même auteur, livre V. page-37, écrit que les feuilles de tabac «résistent au venin et à ceste poison très-pernicieuse dont les Cannibales empoisonnent leurs flèches, comme quelques-uns ont expérimenté despuis peu de temps en ça; car auparavant ils avoient accoutumé de sinapiser les plaies avec du sublimé. Mais a présent les Espagnols ont appris en ceste matière de rompre la force de ceste poison.

» Il advint un jour que quelques Cannibales se mirent dedans leurs nascelles, pour aller vers Saint-Jean, port riche, en intention que s’ils abordaient quelques Espagnols ou Indiens, de les tuer avec flèches empoisonnées. Comme ils y abordèrent, ils tuèrent quelques Indiens et Espagnols, et en blessèrent plusieurs: mais n’ayant point de sublimé, ils furent enseignés par un certain Indien qu’ils missent sur leurs playes le suc de tabaco, et puis y appliquer dessus le marc des feuilles broyées: par ce moyen furent appaisées, Dieu mercy, les douleurs des playes et tous les symptômes qui ont accoutumé de suivre et accompagner ce venin, et le venin surmonté, les playes par après guéries. Despuis ce temps là on a commencé à mettre en vsage les feuilles de ceste plante contre les poisons. Le Roy Catholique mesme voulant expérimenter les vertus de ceste plante, commandas que l’on blessat un chien au gozier, et qu’on frottast la playe avec la poison de laquelle les chasseurs se servent, et peu après qu’on fist distiller dedans bonne quantité de suc, et qu’on lui attachast sur les playes les mesmes feuilles broyées; le chien fut guéri avec une grande admiration de tous.»

Everhart et Mouart, contemporains de Ménandre, ont été aussi les apologistes du tabac.

Nous n’en finirions pas, si nous voulions passer en revue tous les ouvrages qui ont été faits pour vanter les propriétés singulières du tabac. On a été jusqu’à prétendre qu’il guérissait les écrouelles, les cancers, les dartres, et d’autres maladies incurables que les médecins de nos jours, il faut bien l’avouer, n’ont pas encore trouvé le moyen de guérir.

Mais, à côté de tous ces prôneurs exaltés, il y avait un bon nombre de détracteurs non moins opiniâtres qui ont mis tout en œuvre pour dénigrer les qualités du tabac. Ils ont avancé sans preuves que le tabac, pris sous quelque forme que ce soit, exerçait une influence fâcheuse sur le physique et sur le moral, que la mémoire et les autres facultés intellectuelles étaient affaiblies. C’est ainsi que de nos jours encore, un écrivain qui du reste n’est pas sans quelque mérite, émettait cette singulière idée que la décadence de certains peuples, les Chinois et les Turcs, était due à l’usage du tabac. C’est une assertion qu’il convient de relever, car elle n’est pas exacte.

A ce compte, il ne serait plus une seule nation florissante, un seul peuple fort et vigoureux, puisque le tabac a pénétré partout. Le monde irait ainsi s’amoindrissant, pour ne pas dire plus, par l’usage du tabac, ce qui ne nous paraît nullement prouvé. Il y a d’ailleurs fort loin des effets produits par le tabac, quelle que soit la forme sous laquelle on l’emploie, à ceux que produit l’opium, et les auteurs auxquels nous faisons allusion seraient bien mieux venus de dire que c’est à l’opium qu’il faut attribuer cette décadence de laquelle ils parlent. Sous ce rapport, les Chinois, les Persans et les Turcs, qui en font un fréquent usage, seraient la justification la plus exacte de ce que nous venons d’avancer. En France, en Belgique, en Angleterre, en Hollande, en Russie, on fume tout autant, sinon davantage, qu’en Orient, et pourtant on n’a pas coutume de dire que le physique ou le moral de ces divers peuples se soient abâtardis; nous en trouvons la preuve sous mille formes .

M. A. Toussenel, auteur d’un article, fort spirituel d’ailleurs, inséré sous forme de feuilleton dans la Démocratie pacifique, en mars 1844, n’a pas craint d’affirmer que la révolution de 89 serait encore à faire, si l’impôt du tabac eût rapporté 50 millions en France, il y a 72 ans. En 1830, les bénéfices sur les tabacs ont fortement approché de ce chiffre, et la révolution de juillet ne s’en est pas moins faite avec une énergie et une intelligence bien supérieure à ce qui a eu lieu en 89. Le chiffre des bénéfices sur le tabac a dépassé 80 millions, et la révolution de février, comme celle de juillet, ne s’en est pas moins effectuée en trois jours. Il y a mieux, c’est qu’il est reconnu par tout le monde que ces révolutions se sont faites avec plus de sagesse qu’en 89, ce qui eût dû être le contraire si le tabac avait abruti la population. La bonne conduite de la masse, dans ces moments de guerre civile, ne peut guère être logiquement mise sur le compte de l’abrutissement ou de l’abâtardissement du peuple.

Il ne faut donc guère s’étonner si, de temps en temps, en présence d’idées aussi fausses, on voit surgir des brochures ayant pour but de les combattre et de venger les médisances débitées sur le compte du tabac. Voilà pourquoi vous pourrez rencontrer une thèse du docteur Contugi ayant pour titre: Non ergo nocet cerebro tabacum, dans laquelle le jeune docteur prouve d’une manière péremptoire que la fumée du tabac, loin de nuire au cerveau, exalte l’imagination en le dégageant de ses humeurs superflues.

Nous l’avons dit, les défenses produisent bien souvent un effet opposé à celui que l’on en attend; elles donnent immédiatement aux choses cette saveur prestigieuse du fruit défendu dont l’Écriture nous a fourni un premier exemple. Aussi peut-être faut-il un peu attribuer la grande vogue du tabac aux mesures sévères que prirent les puissants dont nous allons dire un mot.

Un des plus grands ennemis du tabac a été Jacques Ier, roi d’Angleterre, qui composa une violente dissertation contre le tabac, (Misocapnos de μĭσoς, et de ϰαπνòς, fumée), devenu en Angleterre d’un usage extrêmement commun Quoique écrite sous l’inspiration de la colère, il fit peu d’impression, et les amateurs de tabac n’en continuèrent pas moins l’exercice de leur distraction favorite.

Quelques souverains allèrent même jusqu’à prononcer des peines extrêmement sévères et barbares contre l’usage du tabac.

Le sultan Amurat IV, empereur des Turcs, ayant fait, dit-on, des efforts pour s’habituer à fumer, sans pourtant y être parvenu, prononça les peines les plus rigoureuses contre les priseurs et les fumeurs. Ceux qui étaient convaincus d’avoir usé du tabac recevaient cinquante coups de bâton sur la plante des pieds, et quand ils recommençaient, on leur coupait le nez.

Le Grand Sophi, souverain des Persans, non moins acharné contre le tabac, et non moins cruel que le sultan Amurat, faisait couper la lèvre à tout homme surpris ayant une pipe ou un cigare à la bouche, et le nez à ceux qui osaient se procurer la jouissance d’une prise de tabac.

Tavernier raconte que le roi de Perse Sha-Séphi défendit l’usage du tabac à fumer, et que deux marchands indiens ayant été surpris en flagrant délit de désobéissance, furent saisis, liés et menés au roi, qui leur fit verser du plomb fondu dans la bouche, jusqu’à ce qu’ils fussent morts.

Chardin dit aussi que Cha-Abas Ier, grand-père de Sha-Séphi, avait déjà tenté par divers moyens d’empêcher l’usage du tabac, sans y avoir réussi; que, pour punir les grands de sa cour qui en usaient, à la suite d’un festin, il leur fit offrir des callions (sortes de pipes), dont le godet ou foyer, au lieu de tabac, était plein de crotte de cheval séchée et broyée. Le roi leur demandait de temps en temps: «Comment trouvez-vous ce tabac? C’est un présent de mon visir d’Hamadan qui, pour m’en faire prendre, mande que c’est le plus excellent tabac du monde.» Il lui fut répondu: «Sire, c’est un tabac merveil leux, il ne peut s’en trouver de plus exquis.» Enfin, s’adressant au général des Courtches (ancienne milice de Perse), qui passait pour être d’un esprit ferme et droit, le roi lui dit: «Seigneur, je te prie, dis-moi librement et au vrai comment tu trouves ce tabac. — Sire, répondit-il, je jure sur votre tête sacrée qu’il sent comme mille fleurs.» Le roi les regardant tous avec indignation, s’écria: «Maudite soit la drogue qui ne se peut pas discerner d’avec la fiente de cheval!»

Disons pourtant, pour l’honneur des fumeurs persans, que rien ne doit nous étonner dans cette manière de penser de la fumée de fiente de cheval, qui, n’étant après tout que des débris de végétaux. particulièrement de graminées, devaient, pendant la combustion, donner des produits empyreumatiques assez analogues à ceux que produit la combustion du tabac, et de plus, qu’un grand nombre de graminées brûlées donnent en même temps une odeur qui ne s’éloigne pas beaucoup de l’odeur de la vanille. On sait, par exemple, que l’avoine torréfiée a été proposée comme pouvant remplacer la vanille. Enfin, l’urine des chevaux, qui contient l’acide hippurique, facile à transformer en acide benzoïque, ne doit cette propriété qu’aux graminées dont ils font leur nourriture ordinaire.

En Russie, où le tabac a promptement été en grande vogue, le nombre des fumeurs devint si grand que l’autorité s’en alarma; mais on n’osa pas d’abord le proscrire; on se contenta de classer les fumeurs dans la catégorie des suspects . Alors la passion de fumer était telle que les dames moscovites fumèrent du tabac dans d’élégantes pipes ornées de tous les agréments et de tout le luxe possible. Seigneurs et bourgeois s’endormaient souvent la pipe à la bouche. Un malheureux fumeur, en s’endormant, laissa tomber sa pipe, qui communiqua le feu à quelques meubles, et peu à peu la maison du fumeur devint la proie des flammes, lesquelles ne tardèrent pas à envahir plusieurs quartiers qui furent de cette manière entièrement détruits.

En présence de cet affreux accident, l’empereur de Russie, Michel Fédérowith, en prit occasion pour rendre un ukase qui défendait à tous les Moscovites de fumer ou de priser, sous peine de recevoir soixante coups de bâton sur la plante des pieds ou d’avoir le nez coupé. On ne fuma ni ne prisa pendant quelque temps, mais, à l’avènement de Pierre le Grand, le tabac reprit son empire avec une nouvelle fureur.

Quelques auteurs prétendent qu’un grand-duc de Moscovie, dont ils ne disent pas le nom, défendit, sous peine de mort, l’introduction du tabac dans ses États.

Après son introduction en Italie, le tabac ne tarda pas beaucoup à devenir d’un usage général, et l’on fumait même dans les églises. Le pape Urbain VIII, ennemi du tabac, par une bulle lancée en 1604, excommunia toutes les personnes qui fumeraient dans les églises, disant que c’était un sacrilége. Effrayés un instant, les fumeurs reprirent bientôt leur pipe, et le tabac fit encore plus vite la fortune des marchands.

Des évêques et des moines voulurent imiter le saint pontife; ils parvinrent bien à effrayer le peuple, qui n’osa pendant quelque temps ni fumer ni priser, mais les seigneurs et le clergé n’en continuèrent pas moins l’usage du tabac.

Abusant de leur puissance spirituelle, les évêques usèrent d’Intolérance, comme le moyen le plus sûr d’arriver à leurs fins. L’évêque de la Grande Canarie, don Bartholomè de la Camara, en 1629, adressa à son clergé et aux fidèles de son diocèse un mandement dans lequel il défendait aux prêtres de priser ni avant de dire la messe, ni deux heures après. De plus, il interdisait au clergé et aux paroissiens de priser dans les églises, sous peine d’être excommuniés et de payer une amende de 1,000 maravédis.

Comme on le voit, le tabac a de tout temps eu ses partisans et ses détracteurs. En présence d’un pareil conflit, les médecins ne devaient pas rester inactifs: aussi voit-on de temps en temps sortir de leurs cerveaux des discours, des thèses ou autres écrits, les uns exaltant les vertus et les propriétés extraordinaires du tabac; les autres, au contraire, inventant toute espèce de fables ou d’idées ridicules les plus propres à le faire tomber en discrédit, selon qu’ils sont ou ne sont pas amateurs de tabac.

En 1699, Claude Berger, au dire du père Labat, soutint à l’École de Paris une thèse sur la question de savoir si le fréquent usage du tabac abrège la vie, et conclut pour l’affirmative. Fagon, premier médecin du roi, présidait à la thèse du candidat, et l’on sait que ce médecin publia aussi une dissertation contre le tabac, intitulée: Ergo ex tabaci usu vita brevior. Or, quoique d’accord sur le fond, le juge et le candidat n’avaient pas les mêmes vues sur certains points de la question; et ce qu’il y a de remarquable, c’est que l’un et l’autre, pour mieux défendre leurs opinions, allaient incessamment puiser leurs arguments au fond d’une tabatière.

A peu près à la même époque, une inconséquence du même genre se présenta, que nous devons rapporter ici, parce qu’elle est devenue populaire. Un médecin du nom de Poirson fit connaître dans Paris qu’il soutiendrait une thèse en faveur du tabac dans la grande salle de l’Académie de Médecine, et défia ses confrères à un combat à outrance. Fagon regarda l’annonce de cette thèse comme une injure directement à son adresse. Quoique désirant répondre lui-même au défi qui lui était jeté, Sa Majesté se trouvant ce jour-là indisposée, il ne put quitter Versailles, et se contenta d’envoyer à sa place un de ses acolytes, nommé Barbin.

La salle de l’Académie était pleine de docteurs, de chirurgiens, d’apothicaires et de gens du monde. Le fervent défenseur du tabac parla longtemps avec une véritable éloquence et une telle volubilité, qu’il était impossible de l’argumenter; mais, Barbin, fier de tenir la place du médecin du roi dans cette solennelle circonstance, se leva avec impatience, interpella vivement l’orateur, et la lutte s’engagea. Des flots d’arguments furent lancés de part et d’autre, et la victoire semblait indécise, quand Barbin, qui, tout le temps de la discussion, reniflait d’énormes prises de tabac, dans un mouvement de colère, ferma sa tabatière avec bruit. Ce fut un trait de lumière pour Poirson, qui s’en aperçut, et qui lui cria aussitôt: «Maître Barbin, vous argumentez contre le tabac, vous calomniez cette plante divine sans vous apercevoir que vous prisez comme un gentilhomme lorrain.» Ce piquant à-propos souleva dans l’assemblée un tonnerre d’applaudissements; Barbin fut hué et bafoué ; sa tabatière fut le sujet de mille quolibets, et le bruit de cette plaisante discussion étant arrivé à la cour, Louis XIV ne manqua pas de railler son médecin Fagon, lequel congédia aussitôt son maladroit représentant.

Nous ne pouvons passer en revue toutes les publications qui ont été faites et qui se font encore contre le tabac, très-souvent avec un aveuglement tel que la plus mauvaise foi s’y trahit sous des assertions les plus mensongères. Que penser, par exem ple, d’un médecin italien, nommé Pauli, qui vient dire qu’il a vu le crâne d’un fumeur que la fumée avait rendu tout noir? Comment juger un certain Borry qui assure avoir connu un priseur dont le cerveau était tellement desséché, qu’il ne formait plus qu’un grumeau noir, composé de membranes? Pauvre humanité, que de sottises les passions te font dire ou faire!

«Malgré toutes les oppositions, dit M. Grenet , le tabac a été reconnu une utilité publique, sans doute, puisqu’il a conquis le monde. Les anciens poëtes grecs prétendaient que Bacchus, c’est-à-dire le vin, avait subjugué les Indes; les conquêtes du vin ne sont rien en comparaison de celles du tabac: on le cultive sous toutes les latitudes; il plaît au nègre, au Hottentot, au Samoïede de la Nouvelle-Hollande; chez les peuples soi-disant civilisés il a plus de vogue que le café, le thé, l’eau-de-vie, etc. Le blé n’est pas si répandu que lui sur le globe.»

Monographie du tabac

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